AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Claire Marin (480)


Il est possible qu'à certains moments de notre existence, la passion trahisse un profond désir de mise à mal de soi, une envie de se saborder, un désir d'auto-destruction. La jouissance est alors dans la négation de cette construction qui s'est faite en partie à notre insu. Qu'y a-t-il d'authentique, de personnel, de consenti en moi? La passion est épreuve du feu, en ce qu'elle nous confronte brutalement à notre propre vérité. Suis-je méconnaissable parce que défiguré par la brûlure de l'amour ou parce que le masque se lève sur qui je suis vraiment ? Pourquoi se laisser emporter jusqu'à la catastrophe à laquelle nous condamnent certaines histoires d'amour ? [...] La passion est cette évidence à laquelle je ne peux qu'acquiescer, dans la conscience lucide de ce qu'il y a à perdre ma vie d'avant. Mais c'est précisément parce que cette vie d'avant ne signifie désormais, au regard de cette puissance amoureuse, que l'oubli de soi, qu'on l'embrasse comme ce qui, de manière éphémère, paraît nous sauver.
Commenter  J’apprécie          00
Du désir, Gilles Deleuze dit qu'il nous déterritorialise, ce qui signifie qu'il nous expulse de notre terrain de jeu habituel, produisant un sentiment de nouveauté et d'altérité. Céder à ce désir est alors une manière de se défaire de soi ou de se découvrir autre. Ce désir de l'autre est tout autant désir d'être autre, d'être neuf, de se vivre de manière inédite. C'est bien ce déplacement que je recherche dans le désir : ce plaisir d'être dépaysé, désorienté. Ou plus radicalement encore, comme le dit Anne Dufourmantelle, rencontrer l'inoui.
Commenter  J’apprécie          00
Le désir, imprévisible, perturbe parce qu'il semble remettre en question nos choix et nos efforts démesurés, ceux qu'on a faits pour partir pour une grande ville et "se convaincre qu'on en est digne". Le milieu qu'on a quitté parce qu'on s'y sentait déjà décalé, nous rattrape par le col, par le biais de la passion. Cette langued d'avant qui pourtant n'a jamais vraiment été la nôtre nous revient avec une familiarité troublante.
Commenter  J’apprécie          00
Le «lieu » où nous devons être, selon une nécessité intérieure propre à chacun, se manifeste par le sentiment de puissance qu'il dégage. Si sa forme extérieure est celle de la possession et de la limitation - je suis tout entier réquisitionné par cette activité - sa réalité intérieure est celle d'un accroissement de puissance du sujet, une affirmation essentielle d'une capacité à créer.
Commenter  J’apprécie          00
Comme l'exilé, le transclasse ne revient jamais tout à fait en terre connue, il n'obtient jamais complètement non plus la nouvelle nationalité. Il est marqué par le sceau d'une double différence: étranger en son pays, étranger en terre conquise. Il danse d'un pied à l'autre, ne cesse ces aller-retours intérieurs, sans jamais parvenir à vraiment se poser quelque part. Mentalement, affectivement, culturellement, il est constamment pris dans ces va-et-vient entre deux pôles.
Commenter  J’apprécie          00
Les images photoshopées, en dictant les nouvelles normes de la beauté, créent en réalité de nouvelles pathologies psychiques. Délire d'un monde virtuel, hypertechnologique où les corps seraient libérés de ce qui les rend singuliers, émouvants et sensibles.
Commenter  J’apprécie          00
Que faisons-nous de ce que la maladie a fait de nous?
[...]
L'homme malade que nous avons été ne s'efface pas miraculeusement en sortant de sa chambre d'hôpital... Celui qui sort de la maladie apprend pourtant à en tolérer les marques en lui-même. Qu'il s'agisse de cicatrices physiques ou psychiques, la maladie laisse une trace tenace [...]
La force de la rééducation tient dans sa capacité à faire renaître un sujet coincé dans des souffrances, empêtré dans des blocages, enfermé dans des impossibilités corporelles [...]

L'image de la kinésithérapie doit aussi nous guider sur un point : l'importance du toucher dans la relation de soin. Parce que le toucher peut manifester la relation, l'attention, le souci pour l'autre, parce qu'il permet au malade de prendre conscience des nouveaux contours de son corps, parce qu'il peut apaiser ce corps nerveux, tendu, curieux et inquiet de se tester. On peut comprendre la rééducation comme le fait de reprendre contact avec le sentiment corporel de soi, d'investir son corps, par le biais de la main de l'autre, mais dans un rapport qui ne soit pas celui de possession (comme dans le désir) .
Commenter  J’apprécie          00
C'est aussi par le rejet, le dégoût ou la peur qu'elle créent chez les autres que les maladies nous atteignent dans notre image de nous-mêmes. [...]

Comment concevoir dès lors le soin? Comme une aide et un soutien dans l'effort pour se réapproprier soi-même. Soigner, c'est alors donner à l'ancien malade le courage de dépasser l'angoisse qu'il ressent dans un corps qui n'est plus le sien et qui lui incombe pourtant. L'aider à aimer et à habiter ce corps m. Le soignant a ce pouvoir d'investir ce corps de valeurs ou d'en révéler des capacités encore inconnues du patient. Le paradoxe du soin tient alors dans le fait de l'accompagner pour qu'il apprenne à être seul, à se supporter lui même dans tous les sens du terme: Se réconcilier avec lui même et ne plus craindre de s'effondrer sans tuteur extérieur.
Commenter  J’apprécie          00
Claire Marin
La maladie est littéralement une catastrophe, bouleversement brutal du monde intérieur, du sens de l'identité du malade, du sens de son existence même. Elle est rupture, fracture dans la continuité de l'expérience mais aussi violente perturbation, brouillage de la représentation du monde et de soi, perte des repères. [...]
Or soigner la douleur de n'être plus soi, qui peut, qui sait le faire? Quelles pratiques, quelles paroles, quels gestes face à la souffrance de celui qui a le sentiment de s'être perdu? Peut on soigner une telle blessure d'identité ? Évidemment ce soin ''existentiel'' ou ''ontologique'' peut sembler moins urgent qu'un traitement, une chirurgie ou une thérapie quand le pronostic vital est engagé. Mais l'urgence biologique ne doit pas faire oublier que la guérison ou la rémission se fait aussi à cette condition de prendre soin de l'identité meurtrie du patient, sous peine de le voir s'enliser dans une maladie qui lui dérobe sa vie ou de voir la maladie devenir l'unique critère d'identification du malade, éclipsant sa singularité propre.
Commenter  J’apprécie          00
Comme dans un violon, il y a sans doute dans l'être humain une petite pièce invisible qui, déplacée ou fêlée, change profondément la tonalité d'un être et l'empêche de jouer sa petite mélodie intérieure.
Commenter  J’apprécie          00
La précarité matérielle s'accompagne le plus souvent d'une réduction de l'espace intime. On perd une dimension de sa vie lorsqu'on est contraint en permanence de chercher les moyens de la gagner.
Commenter  J’apprécie          00
M'inquiète beaucoup ce que j'appellerais le devenir déontologique de l'éthique : sa réduction à une série de devoirs qu'il faudrait enseigner aux soignants, sans s'enquérir des conditions où ils se trouvent.
Commenter  J’apprécie          00
S'endormir, c'est descendre dans une étrange sphère d'oubli, et cette descente est indispensable à la reconstitution de la nappe phréatique du soi.
Commenter  J’apprécie          00
Parce qu'il est pauvre en instinct et vient au monde sans le mode d'emploi du monde, l'être humain ne fait pas que vivre, mais exerce le dur métier d'exister : il doit inventer les chemins de sa vie.
Commenter  J’apprécie          00
À moins d'être un sage stoïcien, je pense qu'il est impossible pour un être humain de vivre complètement dans le présent ; mais réfléchir de manière critique à la forme que l'on donne au temps dans sa propre imagination peut aider.
Commenter  J’apprécie          00
Partir, c'est rompre deux fois, avec celui que l'on était et avec une certaine illusion, celle de se sentir à sa place quelque part (page 12).
Commenter  J’apprécie          00
... la mort de l'autre est une "mort dans l'âme". Autrui meurt d'abord dans notre tête, parce qu'il est devenu trop différent de lui-même, nous tirons un trait sur notre relation avec lui, sur la relation telle que nous la connaissons. Celle-ci change de modalité ou cesse tout à fait.
Commenter  J’apprécie          00
C'est parce que nous tenons encore à notre passé et que nous croyons tenir aussi grâce à ce passé que rompre nous est si coûteux. Il faut alors être capable, non pas de véritablement l'oublier, mais de le transformer, "donner une nouvelle configuration à des formes brisées", dit Nietzsche, la faire surgir de soi. La rupture est créatrice si elle se saisit de ce qu'elle brise. Peut-être cette "force plastique", cette puissance à créer une nouvelle forme de vie nous sauve-t-elle. Elle tient dans la capacité du sujet à réinventer son existence ou son identité en rompant avec les éléments mortifères du passé.
Commenter  J’apprécie          00
Plus d'opacité pour le protéger, son corps est traversé par le regard médical.
Commenter  J’apprécie          00
Le malade est sans cesse traversé par l'étrangeté.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Claire Marin (1055)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz saga Haikyuu

Quel est le personnage principal de cette saga?

Daichi Sawamura
Tobio Kageyama
Tooru Oikawa
Shoyo Hinata

21 questions
23 lecteurs ont répondu
Thème : Haikyu, tome 1 de Haruichi FurudateCréer un quiz sur cet auteur

{* *}