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Citations de Claire Marin (480)


Il est vital de se débarrasser d'un faux-moi entièrement façonné de l'extérieur et imposé avec beaucoup de rigidité à l'enfant.
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Patience. C’est mon statut et l’ordre auquel je dois obéir. C’est un nom, un adjectif et un verbe à l’impératif. Ce qui me caractérise, c’est d’obéir à cet ordre qui m’est sans cesse implicitement rappelé. Patiente. Attends. Attends que la crise passe, attends que la douleur diminue, attends que le sommeil te délivre. Attends que cela fasse l’effet. Une heure, trois jours,deux semaines. Attends que les effets secondaires s’atténuent. Subis, supporte, accepte, résigne-toi. Fais avec.
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Il jugent ma santé, jauge ma vie, s’immisce dans mon intimité, sermonne mes proches. Il ne se contente pas d’évaluer l’état de mon corps, il m’en tient pour responsable. Comme si je lui présentais un dossier mal ficelé, un travail bâclé. Il se tient bien droit et domine de toute sa hauteur cette armée de malades courbés, ou assis. Dans blouse blanche, il est le phare de cette île de lamentations, de corps échoués, de regards éprouvés. Il parle posément de sa voix grave comme pour mieux dissimuler son mépris pour les malades. Il ne les aiment pas. Il leur en veut de se plaindre, de ne pas guérir, d’être vieux ou trop jeunes, d’être résignés, d'être toujours insatisfaits. Il leur en veut d’exiger de lui l’espoir et la vitalité qui leur manquent. Je connais l’issue de la partie. À la fin, il gagne. Je repars avec mon dossier de douleurs sous le bras. Il l’a encore refusé. incomplet à ses yeux. Pour moi il est déjà trop lourd.
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Je comprends que la logique de mes sensations importe peu. Que des liens évident pour celui qu’il les vit, sont secondaires ou insignifiants pour le médecin . Il n’est pas là pour soulager les douleurs qui ne qui ne lui incombent pas, qui se situent en dehors de son domaine d’action. Il est là pour réparer les défaillances techniques des pièces spécifiques. Ce n’est pas un homme à tout faire. C'est inscrit dans son titre. C’est un spécialiste. Il est rhumatologue, pneumologue, cardiologue. Qui parle de ses problèmes de chaudière à son garagiste ?
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Je ne maîtrise pas bien la langue médicale. J’ai appris sur le tas, si l’on peut dire. Il me manque les bases, la grammaire, la conjugaison. Mais je tiens bon et je corrige mes erreurs.
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Je décris mes symptômes le plus cliniquement possible. Mais comme dans les langues mal maîtrisées, il y a toujours un moment où le discours dérape, sort de sa voie. Je ne parle pas de la maladie comme les médecins. Je parle de la maladie réelle, vivante, vulgaire. Je vois bien que ce n’est pas la même chose. La maladie des médecins est ordonnée, elle se manifeste par le biais de symptômes spécifiques selon un protocole clairement défini.
La maladie vulgaire n’en fait qu’à sa tête, se permet des réactions non répertoriées, transgresse les lois auxquelles elle devrait obéir. Elle n’est pas prise au sérieux bien sûr.
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Si on peut écrire tout un libre sans la lettre E, on peut traverser une vie, même trouée d'une absence qui prend toute la place. Si on peut écrire un livre sans E, sans la lettre dont on a le plus besoin dans sa langue maternelle, on peut vivre toute une vie sans les personnes auxquelles on tenait le plus. On peut continuer à dérouler le récit d'une existence, même si cette absence change notre grammaire, assombrit notre vocabulaire. Quand on a perdu ceux qui comptaient le plus pour nous, il faut de la folie et de l'ingéniosité pour vivre sans eux, comme il en faut pour écrire une histoire sans E. Et cette vie, malgré l'absence, sera désormais la la nôtre.
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Il devient de plus en plus difficile d'occuper durablement la même place. Dans certains domaines, l'obsolescence rapide des savoirs, des pratiques, les transformations des interactions professionnelles et sociales, font que les exigences sont sans cesse redéfinies et les places semblent mouvantes.
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On n'a pas le même enthousiasme ni la même efficacité lorsque l'on tente d'intéresser des visages sur un écran ou des personnes présentes dans le même espace réel que soi. En virtuel, nous sommes des hommes-troncs, réduits dans notre expression corporelle, privés d'une partie de ces signifiants implicites essentiels. Les corps ainsi corsetés par le cadre de la video perdent énormément en expressivité.
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Nous n'avons pas tous la même disposition à oublier le passé. [...] Une petite écorchure est insupportable sur une peau brûlée.
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Parce que nous craignons de perdre notre place, d'être remplacé, nous nous contentons d'espaces affectifs ou relationnels qui nous contiennent plus qu'ils ne nous conviennent.
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Il faut prendre des risques. Volontairement. Parce que c'est la seule façon de reconquérir sa propre vie.

p121
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J'ai étudié consciencieusement la maladie d'un point de vue philosophique. Il me semble que ce que j'en ai lu ne m'a rien appris. Ne m'a rien permis de comprendre. Ne m'a prévenue de rien. En matière de souffrance, la philosophie est de piètre secours.
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Et si la place qui compte le plus était celle que l'on avait toujours le plus redoutée ? Et si le lieu de notre chute était celui qui décide radicalement de notre existence, là où elle y commence véritablement ou recommence, reprend ? Ce lieu où un pan de vie s'effondre et tout est dénudé, les faux semblants tombent. Et si c'était sur ces ruines que s'entendait la voix la plus sincère ?
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On n'est pas celui qu'on était en quittant notre famille, mais on ne sera jamais tout à fait semblable à ceux que l'on a rejoint par le hasard des circonstances, de l'exil, de la guerre ou par la force de la volonté.
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Il nous faut sans doute plusieurs espaces pour vivre et nous croire libre, il nous faut d'autres lieux, des lieux de passage ou de transition où nous nous défaisons d'un peu de nous même, où nous nous libérons de la fatigue ou de l'habitude d'être soi.
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Certains soutiendront que c'est précisément parce que je cesse de chercher le bon endroit que j'y atterris. Comme si se devoilait une vérité ou une orientation fondamentale dans l'irréfléchi, sans l'avoir vraiment voulu. Serait ce dans ce détachement que l'on éprouve la certitude d'avoir trouvé là où s'attacher ?
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Ce que je suis devenu, je n'ai pas vraiment choisi le métier que j'exerce, mais les aléas de l'existence m'y ont conduit.
On occupe la place où un acte vous pousse comme ça, de droite à gauche, de bric et de broc. Il a fallu que je prenne la corde en main.
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Et si la place qui compte le plus était celle que l'on avait toujours le plus redoutée ?
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C'est parfois ce que l'on se dit "en passant", l'air de rien, qui résume secrètement, dans une voix qui s'affirmera plus tard, notre intention la plus forte.
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