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Critiques de Cécile Coulon (1782)
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Une bête au paradis

°°° Rentrée littéraire 2019 #1 °°°



Le voilà, mon premier coup de coeur de la rentrée littéraire, de la trempe d'un Né d'aucune de femme de Franck Bouysse.



L'histoire d'une lignée de femmes ( la grand-mère et la petite-fille ) qui renoncent à leur vie pour une terre, celle de la ferme du Paradis, comme une malédiction. Quasiment une tragédie grecque, presque un conte intemporel sous forme d'un huis clos au Paradis. La tension gonfle, l'angoisse sourde monte. Il est difficile de savoir quelle forme le Mal prendra, mais on sent une sorte de fatalité implacable qui va le faire surgir.



Chaque chapitre porte le nom d'un verbe «  Faire mal », « protéger », « construire », «  surmonter », «  grandir » ... «  venger », « surgir », « mordre », «  vivre » ... ils remontent des tréfonds des âmes pour parler de liberté, de fatalité, de renoncements, de passions, de trahisons, de vengeance dans un mouvement organique d'une rare densité.



Il y a beaucoup de chair dans ces pages, celles des corps qui s'aiment, celles des êtres qui souffrent. Les personnages de Cécile Coulon sont remarquablement caractérisés, d'une terrible humanité, psychologiquement intenses. Leurs tourments et leurs excès s'entrechoquent :



- la vieille Emilienne, la matriarche qui tient ferme l'exploitation agricole, elle dont le corps était celui « d'une ogresse affamée, d'une rudesse et d'une solidité à toute épreuve, capable de douceur comme de violence, capable de caresse comme de gifle, et tous autour d'elle s'appuyaient sur ce corps pour rester debout »



- Blanche, « depuis la mort de ses parents, elle restait aux yeux des autres une enfant seule que l'absence avait frappée au moment des naïvetés normales et nécessaires. Ce chaos avait fait de Blanche une guerrière de cinq ans ». Elle qui lorsqu'elle aime, c'est à la vie à la mort, pour toujours, droite dans son amour. Une héroïne absolue.



- Louis, le commis d'Emilienne, qui aime passionnément Blanche alors que pour cette dernière, « il n'avait aucun charme, aucun pouvoir érotique, il occupait la place d'un animal domestique, intelligent et docile. »



- Alexandre, le premier amour de Blanche, qui rapidement comprit que «  ses parents redeviendraient vite des gens dont on ne retient pas le nom, des gens qu'on appelle ceux qui ont la petite maison oui mais laquelle, la troisième avec le pré derrière, mais le pré n'est pas à eux, c'est tout de même dommage », celui qui construit son ambition de s'extraire de ce milieu dès l'enfance.



- Gabriel, le frère de Blanche, hanté par la tristesse, «  aussi frêle dans sa peau que gigantesque dans son chagrin » avançant sur le bas côté dans l'ombre de sa soeur et de sa grand-mère.



Tous inoubliables. Cécile Coulon veut que le lecteur ressente des choses pour eux, soit habité par eux. Et cela fonctionne parfaitement car cette très jeune auteure ( 29 ans seulement ) déploie une virtuosité narrative rare avec une écriture qui m'a râpé la couenne au plus profond et a fait vibrer chacune de mes cellules. Je me suis délectée de ses mots si bien lâchés, entre poésie et rudesse, violence tapie et lyrisme. C'est exactement ce que je recherche lorsque je lis, de l'organique, du tellurique, du vital. On sent à quel point l'auteure doit aimer Steinbeck, Faulkner, Tennessee Williams.



Cécile Coulon a dit qu'avec ce roman elle voulait arrêter d'être l'auteur très sage qu'elle est depuis 12 ans. Elle y est parvenue tant ce roman est plus noir, plus violent, plus sexuel aussi que ces précédents romans.



Un roman empli d'un souffle puissant, profond, hypnotique, à l'empreinte singulière.



Disponible à partir du 21 août
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Seule en sa demeure

Rentrée littéraire 2021 #2



Fin XIXème siècle, dans le Jura forestier. Aimée, mariée à Candre, un riche propriétaire terrien, découvre qu'elle ne peut plus sortir de la propriété conjugale. Au fil du temps et de ses désirs, elle va comprendre ce qu'il s'y est passé avant elle.



Cécile Coulon est joueuse. Elle a mis en récit un conte empli de références assumées entre Dracula et Orgueil et préjugés, avec une touche de soeurs Brontë et de Daphné du Maurier. Au carrefour de nombreuses atmosphères, elle s'amuse des codes du huis clos, de l'enquête policière et du roman gothique, excellant à caractériser les personnages dont on imagine parfaitement l'apparence et la gestuelle :



- la jeune ingénue, vierge et innocente, pleine d'espoir et d'illusion, prête à s'éveiller à la connaissance de soi et à la sensualité

- le mari énigmatique, rigide d'apparence, d'où semble émaner un certain danger, encore non identifié

- le fantôme de la première épouse dont la présence invisible plane au-dessus de chaque situation

- le serviteur sauvage et muet, toujours tapi à espionner

- une sorcière qui se cache derrière des atours anodins.



Avec une qualité d'écriture aiguisée et fine, souvent poétique, pleine de musique et de sons, elle excelle tout particulièrement dans les descriptions des lieux, la forêt du domaine et bien évidemment l'inquiétant manoir qui semble prendre vie pour menacer Aimée dès son arrivée :



« le château se fondait dans la végétation, comme s'il était né de la forêt, protégé par elle sans qu'elle le dévore, habillé par ses feuilles et ses plantes grimpantes, bourdonnant d'abeilles, et pourtant étincelant et propre comme les costumes de Candre. Elle imaginerait un oeil géant, de lumière et de verdure, tandis que la voiture s'arrêterait devant l'escalier, usé, vestige des caprices de Jeanne Marchère. Un oeil immense posé sur elle, aux cils de vantaux plats, aux cernes de vitres impeccables. Elle ne saurait en ces lieux quoi répondre aux silences de la forêt. »



Loin d'être une pale copie ou une plate compilation hommage à des inspirations extérieures, le récit mystifie en n'allant jamais là où on croit qu'il va aller. C'est toute l'habileté de l'auteure de parvenir à berner le lecteur en l'aspirant dans sa focalisation interne à la troisième personne. On colle à Aimée, à ses doutes, à ses suspicions à mesure que sa psyché évolue … mais Cécile Coulon désamorce systématiquement nos reflexes et nos hypothèses influencées par le parcours d'Aimée et la confusion qui l'habite. On est côte à côte avec elle lorsqu'elle prend conscience de son corps et de ses désirs, avec elle lorsqu'elle enquête sur la mystérieuse épouse decédée quelques mois après son mariage. Des secrets sont révélés, pas ceux qu'on imaginait, dans le dernier quart.



J'attendais avec impatience le nouveau roman de Cécile Coulon, une des auteures françaises que j'apprécie le plus. Si cette lecture n'est pas un coup de coeur comme il y a deux ans avec Une Bête au paradis ( il m'a manqué une empreinte émotionnelle puissante ), même s'il porte moins la "patte" Cécile Coulon, je l'ai trouvée pleine de charme et l'ai dévorée en quelques heures. A noter sur la couverture la très belle illustration de Vincent Roché : les branches des arbres encadrant le manoir forme en filigrane le visage d'une femme, invisible au départ, puis vigoureusement présent lorsqu'on l'aperçoit.

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La langue des choses cachées

“Car c’est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements.”



Le prologue est exceptionnel de puissance lyrique. Les premières phrases claquent, plaçant immédiatement le récit dans la tragédie de la condition humaine vouée irrémédiablement à la prédation et la violence. Puis le récit se resserre dans le huis clos d'un hameau isolé où se rend un jeune guérisseur au chevet d'un garçonnet, le temps d'une nuit de terreur ancestrale.



Comme dans un conte, on est totalement hors du temps tant l'histoire

pourrait se passer aussi bien au Moyen-Âge qu'aujourd'hui. Comme dans un conte, les personnages n'ont pas de prénom, c'est juste le fils, c'est la mère, c'est l'homme aux épaules rouges. Comme dans un conte, il y a un interdit, ici laissé par la mère un peu sorcière qui passe le relais à son fils : ne jamais s'écarter de sa mission de guérisseur, sinon ...



« Au milieu de cette foule aveugle, titubante ( les hommes ), certains comprennent les choses cachées. Ils devinent en silence les grands tremblements du corps, les affaissements soudains du sang, ils possèdent le don, la force. Ils se mêlent aux autres et les soignent, les apaisent, ils ressemblent à des hommes et des femmes mais ils portent en eux des décennies de douleur et de joie, ils connaissent le feu, ils l'ont en eux, ils maîtrisent les flammes. »



Le fils comprend la langue des choses cachées, il comprend ce qu'il se passe dans les maisons, dans les corps, dans les têtes, il ressent ce qui ne se voit pas, il entend le langage qui existe dans les silences et ses sous-textes qui sont les secrets. Nous sommes dans un conte noir sur le passage à l'âge adulte, une histoire de transgression. Le fils aura une décision à prendre en s'affranchissant d'un ordre établi venu du fonds des âges, il devra agir contre tout ce que sa mère lui a transmis, quitte à réveiller les fantômes et tout risquer d'embraser.



L'écriture de Cécile Coulon accompagne le parcours nocturne du fils avec une force incroyable. Avec peu de mots - mais terriblement évocateurs-, elle convoque une atmosphère pleine de mystères, de malédictions, d'opacité irrationnelle à la lisière de l'horrifique, tout en déroulant un récit à la limpidité évidente. Le lecteur ne voit rien mais comprend tout des enjeux suggérés, pris dans des sensations intenses qui le retournent et le glacent lorsqu'il entrevoit le terrible du destin passé et en marche lors de quelques scènes aussi fulgurantes que poétiques.



Il est rare de lire un roman aussi court et fervent qui parvient à décrire un microcosme humain éruptif avec une scénographie des lieux marquante. La concision sert la sidération de ce qui est raconté sur l'histoire éternelle de la résilience des femmes face à la brutalité du monde et des hommes.



« Oui c'est ainsi que vient la mort.(...) elle se révolte contre ce qui était prévu, écrit, mis en place, elle se fiche des lois qui ne sont pas les siennes. Seuls comptent pour elle la langue des choses cachées, les fantômes pris dans leurs chaînes comme un grand amour dans un cœur brisé, les animaux coupés en deux au bord de forêts sombres dévastés par la pluie, les bâtiments écroulés où naissent encore des oiseaux grinçants de faim. C'est ainsi que vient la mort, nous l'accueillons avec des bars pleins de fleurs, des yeux pleins de larmes surpris qu'elle nous connaisse si bien, et qu'elle éveille en nous des amours plus fortes que la vie elle-même. »



Je suis très admirative du travail de Cécile Coulon, que ce soit ses poèmes ou ses romans. Celui-ci est assurément un de mes préférés avec Une Bête au paradis.

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Une bête au paradis

Cécile Coulon n’a pas peur de trancher dans le vif et dans le lard. Son écriture est parfois sobre souvent vive toujours directe.

Dès les premières pages on devine un drame.

Le livre débute par une scène d’amour entremêlée avec une scène de tue-cochon. L’odeur de la peau, de la sueur, la confusion des premières fois se mêlent à l’odeur du sang et des cris de l’animal. Mauvais présage.

Malaise du lecteur qui d’emblée plonge dans une atmosphère fiévreuse à la fois empreinte de sensualité et de brutalité.

Blanche et son frère Gabriel perdent leurs parents très jeunes et sont recueillis par leur grand-mère Émilienne dans la grande ferme familiale « Paradis ». Les rejoindra le commis Louis secrètement amoureux de Blanche.

Solide et courageuse Blanche est perçue comme une guerrière le travail à la ferme et sa terre deviennent son tout.

Elle voue un attachement profond à ce domaine avec lequel elle fusionne et sur lequel elle veille viscéralement.

Puis vient la rencontre avec Alexandre entre eux, l’attirance est fatale, leur relation débute par une alliance avant de devenir passion amoureuse.

Ambitieux, promis à un bel avenir il décide de quitter cette vie étroite et abandonne Blanche.

Comment faire le deuil d’un « amour vivant »? Voie sans issue. Début de la transformation.

Cet abandon déclenche un désespoir et une rage incontrôlables. Blanche devient une ombre « elle se déplace dans sa vie comme un fantôme dans une forteresse ».

La bête, c’est elle.

Dévastée par le chagrin elle perd pied, devient fuyante et silencieuse. Inconsolable elle tente pourtant de reprendre le contrôle de son corps disloqué et est en proie à des réactions extrêmes.

Le Paradis devient un tombeau dans lequel on côtoie « plus de fantômes que de vivants ».

Le retour brutal d’Alexandre quelques années plus tard et son comportement vont relancer un rouage temporairement désactivé et conduire à la mise en place d’une mécanique implacable.

Dans cette histoire la trahison, la manipulation et le désir de vengeance réveillent une animalité chez Blanche, pourtant non dénuée d’humanité, et donne une tonalité intéressante au récit.

Un bon moment de lecture.







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La langue des choses cachées

C'est le premier roman que je lis de l'auteure. Elle nous plonge dans univers d'une extrême noirceur, une histoire hors norme, une situation atypique, Elle nous entraîne dans les méandres de la folie humaine, dans un monde de violence, un monde de désillusions , de vengeance. L'auteure use d'un vocabulaire riche, et avec une grande dextérité , elle place les mots , là ou il faut quand il le faut, faisant ressortir le coté obscur, glaçant de l'histoire, cet univers mystique, fantastique, ésotérisme. Elle a travaillé la psychologie des personnages en profondeur certains dégageants de l’empathie, d'autres sont détestables .La plume de l'auteure est percutante, subtile, sensible et poétique. L'histoire se déroule dans un village celui du "Fond du Puits". Un village qui fait appel au guérisseur "Le fils" ,celui qui doit soigner un enfant malade, "Le fils" remplace sa mère, celle qui lui a enseigné les coutumes ancestrales de la guérison. Le "fils " qui va se retrouver seul face à cette situation, lui qui est présent pour soigner, lui qui va découvrir une erreur du passé engendré par sa mère , qui va changer le court de sa vie, transgresser, bien malgré lui, l' enseignement qu'il a reçu. Messager de " La langue des choses du passé " se trouve face à la réalité immonde de la vie . Un roman court, un roman qui fait peur , qui fait réfléchir . L'auteure signe un livre un récit , époustouflant, Une belle découverte.
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Une bête au paradis

Ne pas se fier au panneau à l’entrée du chemin qui dit : Bienvenue au Paradis. Car il a tout l’air d’un enfer ce paradis là, où Emilienne élève comme elle peut les deux enfants de sa fille, décédée avec son époux dans un accident de voiture, à quelques centaines de mètres de la ferme. Elle-même veuve, elle accepte de bonne grâce l’offre spontanée de Louis : tout le monde y trouve son compte. Emilienne profite d’une aide précieuse pour cette lourde tâche qu’est le travail dans une ferme à l’ancienne et Louis est à l’abri de la violence de son père. C’est aussi pour les deux enfants un repère stable dans l’univers chaotique des deux orphelins.



Le temps passe et les enfants grandissent. Blanche ne résiste pas au charme d’Alexandre, le beau garçon ambitieux que toutes les filles convoitent. Et cela est loin de plaire à Louis…



Dans ce roman aux allures de fable, les femmes sont fortes et indépendantes, affirmées dans leurs choix et leurs passions. Et au contraire l’image de l’homme est associée à la violence ou à la vénalité. Pas de cadeau pour la gente masculine.



Le cadre de la ferme avant que l’on parle d’exploitation agricole est bien représenté, avec ses rites immuables, comme la fête autour de l’abattage d’un cochon, ou les routines du soin aux animaux.



C’est avec une plume claire, solide, que Cécile Coulon narre cette histoire de drames et de passions, au coeur d’un décor suranné mais fondateur.



Qui est la bête dans l’histoire? Au lecteur d’en tirer des conclusions
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Seule en sa demeure

Après m’avoir régalé avec Trois saisons d’orage puis Une bête au Paradis, je retrouve avec grand plaisir l’écriture délicieuse de Cécile Coulon qui avait su bien présenter son dernier roman, Seule en sa demeure, aux Correspondances de Manosque 2021.

Avec un souci constant du mystère et du suspense, cette jeune autrice me plonge au cœur du sort des femmes, en plein XIXe siècle, dans le Jura.

Un homme doux, très croyant, mène d’une main très ferme un vaste domaine forestier, la forêt d’Or. Il se nomme Candre Marchère. Il avait 5 ans quand sa mère est morte d’un arrêt cardiaque juste avant de communier dans l’église des Saints-Frères. Alors, c’est Henria, la fidèle servante qui a pris le relais pour élever Candre comme son fils, un fils qu’elle a d’ailleurs et qui se prénomme Angelin. Cécile Coulon a de l’imagination pour prénommer ses personnages…

À 26 ans, Candre est déjà veuf. Il courtise Aimée, fille d’Amand et Josèphe Deville, qui, elle, a grandi avec son cousin, Claude. Ce dernier rêve de carrière militaire en espérant un meilleur sort que son oncle, Amand, revenu fortement handicapé de sa première campagne. Autour d’Aimée, il voit juste dans ce qui se trame et son rôle sera important au cours de cette histoire qui, peu à peu, devient très angoissante.

Cécile Coulon, peu à peu, nous amène donc jusqu’au mariage entre Candre et Aimée puis sait à merveille faire partager les doutes, les interrogations d’une jeune femme attendant les assauts de son mari alors qu’ils ne partagent pas la même chambre.

Henria, la servante au physique imposant, est toujours là mais son fils, Angelin est muet. Aimée apprend, horrifiée, qu’on lui a coupé la langue parce qu’il passait, disait-on, son temps à jouer dans des lieux mal famés.

Enfin, et surtout, il y a l’histoire d’Aleth, la première épouse de Candre, morte après quelques mois de mariage, dans un sanatorium, en Suisse.

Alors que le père d’Aimée décède subitement, Candre décide de payer des cours de musique à son épouse qui s’ennuie. Pour cela, il fait venir, à grands frais, la meilleure professeure du Conservatoire de Genève : Émeline Lhéritier, pour qu’elle lui apprenne à jouer de la flûte traversière.

Débutent alors des séances de maintien qui font grand bien à Aimée. C’est à partir de là que tout s’accélère et se dégrade, même si cela semble bien fonctionner, au lit, entre les jeunes époux.

Le cousin Claude, Angelin, Émeline, Henria et Aimée jouent un rôle important et décisif permettant d’expliquer tous ces mystères alors que l’autrice fait bien revivre le monde rural et surtout cette nature omniprésente. Candre Marchère est un propriétaire aisé qui mène son domaine d’une main de fer dans un gant de velours, bien abrité derrière une pratique religieuse très confortable. On se déplace en berline tirée par des chevaux mais Aimée, Seule en sa demeure, doit se montrer très forte pour décrypter tout ce qui s’est passé et se passe encore autour d’elle.

Cécile Coulon, sans négliger le petit monde des domestiques et des ouvriers du grand propriétaire et exploitant forestier, a réussi un nouveau grand roman au cœur d’une époque déjà lointaine où chaque femme mariée pouvait subir son sort ou tenter de savoir, de mettre au jour les secrets d’un monde masculin tout puissant.


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Une bête au paradis

Blanche et Gabriel ne sont encore que deux enfants quand leurs parents décèdent d’un accident de voiture, confiés à la grand-mère, à la ferme du Paradis. Blanche, car c’est surtout elle qu’on suit ici vouera un amour obsessionnel et fou pour cette ferme qui la verra grandir.



Coupée quasiment du monde, Blanche ne sera qu’une pauvre orpheline, pantin de terres qui font surgir la sueur sur les fronts, la petitesse agricole d’un monde fermé sur lui-même.

Blanche s’amourache très jeune d’Alexandre qui de son côté nourrit d’autres obsessions que des terres agricoles, au grand damne de la jeune fille.



Un roman de la terre, des bêtes qu’on égorge a sang, qu’on entend hurler pendant qu’Alexandre et Blanche font l’amour, des cochons qu’on affame pour aiguiser la vengeance, une grand-mère qui trucide les poules pour apprendre le respect à sa petite fille. Bref, les animaux dans Une bête au paradis sont de pauvres créatures utilisées par l’auteure pour refléter les facettes de cette humanité mise à mal.



Si on parvient à percevoir ces subtilités métaphoriques, le roman est plutôt intéressant mais si on s’arrête à cette réalité archaïque du monde agricole, la lecture devient pénible.



C’est un roman qui ne m’aura pas touchée ni retenu mon attention au-delà d’une plume agréable et recherchée. L’atmosphère est sombre, les personnages m’ont semblé creux et insipides, et cette ferme au paradis qui semble patauger dans l’ombre, en enfer, sans la consistance d’un décor ancré, foisonnant d’émotions, de psychologie, et ce manque d’amour pour ces terres, ce chien sans nom, ces animaux qui croupissent dans un bouillon.



Pas convaincue.
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Une bête au paradis

Un roman prenant et magnifique qui hante quelque temps, après sa lecture!

Dès les premières lignes, description est faite de ce qu'est ce Paradis : une ferme isolée au bout d'une route sinueuse, une cour avec au centre un arbre centenaire, des dépendances et une fosse à cochons.

Blanche, 80 ans se souvient.

Émilienne, la grand-mère est la gardienne du Paradis. À la mort de sa fille Marianne et de son gendre Étienne tués dans un accident de voiture, elle élèvera ses deux petits-enfants Blanche et Gabriel.

Louis, un adolescent qu'elle sauvera de la violence de son père viendra vivre à la ferme et lui sera totalement dévoué sans pour autant faire partie de la famille.

Puis, il y aura Alexandre, le bel Alexandre, doux séduisant mais ambitieux qui répugne à vivre la vie simple et résignée de ses parents. Ce sera l'amour de Blanche, le grand amour.

Cécile Coulon raconte une vie à la campagne avec le dur labeur que cela représente, l'isolement souvent, cet attachement à la terre qui fait oublier les peines, les fatigues mais aussi le plaisir et la joie de vivre dans un environnement unique. Malgré tout, c'est un investissement de chaque instant où il ya peu de place pour la vie personnelle. Cette vie rurale n'a pas été sans me rappeler le roman "Joseph" de Marie-Hélène Lafon

Ce qui est le plus remarquable c'est la façon dont elle dépeint chaque personnage. Ses portraits tant physiques que psychologiques sont particulièrement beaux, frappants et d'une étonnante justesse. C'est un roman qui se déroule en crescendo. Comment l'amour peut conduire jusqu'à la folie !. Dès le début, une once d'inquiètude, d'angoisse est latente sans qu'on puisse la définir. Bien vite, nous allons comprendre que cet amour entre Blanche et Alexandre pourrait devenir tragique. Car, si Blanche est folle d'amour pour Alexandre, elle l'est également pour sa terre.

Les sentiments qui vont animer tous les personnages de ce roman, l'amour, la passion, la jalousie, l'ambition, la haine, la trahison, le renoncement, la vengeance sont restitués avec une maîtrise parfaite.

Les titres des chapitres : Faire mal, Protéger, Construire, Surmonter, Grandir, Tuer, Naître... sont autant de verbes qui nous font monter en tension, et donnent un rythme haletant à ce roman.

Bien que connaissant avant de le lire, la trame du livre, j'ai été captivée de bout en bout par cette intrigue, et suis restée admirative devant cette écriture concise, précise, colorée, fluide et avant tout plaisante. Une bête au Paradis est une sublime tragédie, un roman sur la vie à la campagne, noir, mais éblouissant !


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Trois saisons d'orage

C'est le neuvième livre de ce jeune auteur de vingt-sept ans. Cécile Coulon doit à présent être rompue à cet exercice. Je n'ai pas lu ses autres livres, je ne peux donc pas me risquer à des comparaisons. Cependant, je me pose sérieusement la question de savoir si ce n'est pas avant tout du fait de son âge qu'on lui tresse autant de lauriers.



Il s'agit ici d'une histoire sur l'implantation d'une famille à la campagne. On commence par celui qui deviendra le grand-père et on va jusqu'à la troisième génération. C'est raconté chronologiquement et non par allers et retours entre le présent et le passé. Là je m'arrête et me dis : l'histoire de trois générations racontée sur deux cent cinquante pages, ça doit être sacrément condensé. Et je me dis que, en étant arrivé à son neuvième, son style doit être bien affûté. Ce style n'est d'ailleurs pas dénué d'intérêt.



Commençant ma lecture, je découvre de belles descriptions de paysages et du pays qui contiendra cette histoire. Dès les premières pages, il y a de belles images poétiques, certaines m'apparaissant parfois étranges.



Il y a très vite une opposition catégorique entre ceux des Fontaines (le village) et ceux qui viennent de « l'autre côté » (la ville), qui nourrit un sentiment étrange qu'elle ne développe pas et qui au fil de ma lecture finit par me mettre mal à l'aise, comme s'il y avait un trou béant dans son tableau : le décor manque de consistance. Ce lieu est vu comme un paradis terrestre et tout à la fois comme les portes de l'enfer. On est laissés à cette étrange opposition qui ne sera pas développée, pas même par de légères suggestions.



J'ai rencontré beaucoup d'images et de métaphores bancales, non pertinentes et malheureuses, certaines assez grotesques. Il y a un délayage de descriptions et pour certaines très régulièrement rabâchées. Elle veut être bien sûre qu'on ne se perd pas en route, mais ça devient presque une insulte à l'intelligence du lecteur et à sa capacité de mémoriser ce qu'elle nous donne. Elle enfonce le clou pour bien s'assurer qu'on ne comprendra pas autre chose. Je ne citerai qu'une seul phrase de ce procédé qui se répète dans le livre quasiment à chaque page : « L'air frais le rafraîchissait. » p.112. Cette courte phrase résume bien le propos. Il y a probablement eu un manque de temps pour la relecture.



Sans surprise je n'ai pas accroché à l'histoire, la mayonnaise ne prend pas. de trop nombreux aspects manquent de concret et je n'ai ressenti que très peu de chaleur humaine dans cette histoire. Les dialogues sont assez prévisibles et les personnages agissent trop souvent comme des pions qu'on déplace sur un plateau de jeu.



Ce n'est pas que l'écriture soit trop sage, mais elle est froide, elle manque d'investissement affectif. Elle ne gratte pas trop sous la surface convenue que tout un chacun peut percevoir par soi-même. On dirait une démonstration scolaire lapidaire qui se répète uniquement pour faire du remplissage.



L'histoire est donc lisse, manque de développements et d'approfondissements alors qu'il y a la matière pour. Elle reste trop dans la théorie au lieu de donner des anecdotes qui ancreraient le lecteur dans l'histoire. Elle manque d'aspérités, de tout ce qui suscite le sentiment d'avoir des atomes crochus avec au moins un personnage.



C'est un véritable défi de faire tenir une telle histoire dans si peu de pages et, qui plus est, elle délaye à outrance. Je me suis posé la question suivante vers les deux-tiers du livre : si le centre de l'intrigue se situe à la troisième génération, pourquoi partir du tout début et raconter chronologiquement l'histoire de la famille plutôt que de commencer à ce qui intéresse l'intrigue tout en la ponctuant d'évocation de souvenirs en filigrane qui s'entrelaceraient avec la narration de la situation présente ? Évidemment, ça aurait modifié le récit du tout au tout et il faut faire des choix. Je ne blâme absolument pas l'auteur d'en faire, c'est quelque chose de très difficile lorsqu'on compose une histoire. Je suis simplement des pistes de réflexion.



Là où elle pèche le plus, c'est dans la lourdeur d'un style redondant de petites phrases qui se répètent et tournent à vide. Je me risquerai à supposer qu'elle a très peu modifié son premier jet et qu'elle l'a recopié quasiment tel quel, au vu des disparités que j'ai perçues tout au long du récit, les éléments s'articulent assez mal. L'harmonisation est un gros morceau de la phase de relecture et il prend du temps et de l'énergie mais c'est à ça que l'on voit la maturité d'un écrivain. La fin, quant à elle, est bien mais ne rachète pas la lourdeur du développement qui piétine beaucoup trop. On pourrait facilement retirer une bonne centaine de pages sans perdre un seul élément utile de cette histoire.



L'évocation vivante de cette nature fait cruellement défaut (Cécile Coulon a déclaré elle-même que le lieu de ce roman est le personnage principal) pour faire ressentir au lecteur tous les effets et les impressions de ce genre de vie. J'ai vécu à la campagne et je n'ai rien ressenti qui me fît m'y sentir dans ce livre. Il y a trop de distance. Il est froid. Je ne ressens pas d'empathie.



C'est l'opposition catégorique d'Élise, qui disparaît rapidement de l'histoire, et qui n'est pas approfondie, qui a jeté un froid dans mon esprit. Il y avait là matière à des développements intéressants sur l'intranquillité de ce personnage (celle d'Agnès est plus développée) et les raisons de son inadéquation au monde qui est le héros du livre. Ce n'est même pas qu'il y ait trop de flou, il n'y a pas assez d'éléments pour bâtir une histoire solide. C'est d'ailleurs paradoxal vu le sujet.



Je pense qu'un tel sujet est très ambitieux et requerrait au moins une année d'écriture ainsi qu'une immersion pour bien s'imprégner de l'atmosphère à rendre.



Mon sentiment général est que ce livre a été écrit sous la pression d'un délai et avec un grand manque d'investissement affectif, ce qui est terrible pour un ouvrage de littérature et d'autant plus dommage que le sujet lui tient particulièrement à coeur. Je comprends que l'on encourage l'auteur, qui a du talent et de l'envie, mais je trouve déplacé de l'encenser de façon aussi obséquieuse comme si ce qu'elle écrit était génial et parfait. Certes, il y a du bon mais il faut aussi pointer les défauts, qui ne sont pas petits. Si elle s'habitue à ces louanges, cela risque de l'empêcher de progresser.
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La langue des choses cachées

Nous avons tous ressenti ça un jour. Vous savez, cette sensation singulière où il y a dissonance entre ce qui est dit et ce qui est ressenti, une compréhension confuse de non-dits bien plus authentiques que ce qui est dit. Il suffit parfois de presque rien, de toutes petites choses chez l’autre en face de nous, une façon de jouer avec ses mains, de se tenir, une façon autre de parler, une altération minime du regard. Impossibles à prouver, impossibles à rationaliser, ces choses cachées, amalgamées en différentes strates, nous en percevons alors la présence, la profondeur vertigineuse, surtout lorsqu’elles concernent nos histoires familiales intimes, comme si un sixième sens était à l’œuvre. Une voix plus animale et instinctive en nous, plus empathique, une intuition au-delà de toute rationalisation des ressentis, fugace, éphémère, des lambeaux qui parfois nous filent entre les doigts, de petits gouffres dont nous percevons quelques microsecondes la noirceur…Ces choses cachées, tel est l’objet de ce livre magnifique de Cécile Coulon.



Avec poésie, Cécile Coulon nous convie à un voyage au cœur des aspects les plus sombres de l’âme humaine, un voyage dans les secrets dont nous sommes faits. Elle effleure les douleurs cachées, les drames vécues, les atrocités commises qui se répercutent parfois sur des générations et des générations, scellées dans des secrets transmis, cristallisées dans des colères incalmables et des héritages inévitables.



Pour ce faire, l’auteure nous propose un conte et comme dans beaucoup de contes, les personnages n’ont pas de nom, la temporalité n’est pas mentionnée. Cette histoire pourrait se passer aujourd’hui ou il y a des centaines d’années, qu’importe.

Il y a la Mère, le Fils, le prêtre, l’enfant, l’homme aux épaules rouges et la femme aux yeux verts. Mais surtout, comme toujours dans les livres de Cécile Coulon, il y a un lieu, un lieu emblématique, personnage à part entière de chacun de ses ouvrages, point de départ de la naissance de ses histoires, qui lui instille insidieusement son ambiance, ses couleurs, ses tonalités : ici un village aussi sombre que son nom, Le Fonds du Puits, village paumé et moribond niché entre deux collines. Le Fils va venir y effectuer sa première mission, seul, sans la Mère.



La Mère connait bien les choses cachées dont nous parlions au début, elle a la faculté de les percevoir avec acuité au point de savoir parler la langue des choses cachées, elle entend tout ce qui est tu, elle voit ce qui est tapi, elle porte attention et comprend les signes, elle possède ainsi un don de guérison, nos maladies étant souvent la conséquences de nos maux psychologiques et de nos fardeaux, elle que l’on implore lorsque la médecine et la religion ne peuvent plus rien. Ce don, elle l’a transmis à son fils, elle lui a tout appris. La mère se faisant vieille, le fils part donc, seul, pour sa première mission au lieu-dit Le Fond du puits. Oui, un lieu aussi noir que le promet son nom, ce d’autant plus que la Mère ne lui a pas tout dit de ce village où, des années auparavant, elle est déjà venue. Les gens se souviennent, ils n’ont pas oublié, notamment, une certaine cruauté.



« Le Fond du Puits repose toujours à l’ombre : l’eau y est fraiche, l’herbe plus verte que sur les deux seins pelés qui l’entourent, une seule route le traverse, un clocher le grandit. Les maisons y sont bien rangées. Les vivants persistent à vitre. On ne qui jamais le Fonds du Puits sur ses deux jambes, mais toujours portés par d’autres ».



Alors qu’il est venu pour guérir un enfant à l’agonie, il va en réalité dénouer un drame passé dont la Mère a pris part, remuant l’histoire qui se joue entre membres d’une même famille et entre membres d’une même communauté depuis des générations. En pensant faire mieux, faire autrement, en croyant rendre justice à la femme aux yeux verts contre l’homme aux épaules rouges.



« Il voir la longue table et il sait qu’ici des femmes ont été prises.

Le bois : brossé de traces, de mains qui se sont agrippées à son bord, d’assiettes chaudes, de couteaux plantés, d’ongles cassés ».



A fleur de peau avec les sensations et les intuitions qui lui sautent à la figure, le Fils comprend les drames qui se sont joués et quel a été le rôle de sa mère. Elle a certes soigné mais n’a pu rétablir l’équilibre des choses, la justice telle que les humains se la représente. En prenant la décision de faire des choses que la Mère lui a interdit de faire, de transgresser l’ordre établi, de faire ses propres choix, le Fils va rétablir l’équilibre. Pense-t-il tout du moins…En réalité il sera tout aussi cruel qu’elle. A sa manière. En faisant tout le contraire, il arrive finalement au même résultat.



La fin tragique de ce conte m’a fait tressaillir et réfléchir…qu’aurais-je fait à la place de la Mère et à la place du Fils ? En toute sincérité, je ne sais pas et cette question n’a pas fini de m’interroger…Qu’est-ce qui est juste lorsque des atrocités ont été commises ? Est-ce réparable ? La faute des hommes est-elle réparable, eux qui « construisent des villes géantes pour des vies minuscules, et la haine de cette petitesse les pousse à toutes les grandeurs » ? La loi du Talion des hommes, est-ce le juste rétablissement des choses ? N’engendre-t-elle pas plus de haine et de malheurs ?





Mais quelle plume absolument magnifique que celle de Cécile Coulon ! Il n’y a rien à ajouter, rien à retirer, la plume teintée de poésie noire semble aussi ancestrale et authentique que le conte qu’elle narre. Le style, riche, subtile et précis, sensoriel également, doté d’une grande puissance évocatrice, sert magnifiquement cette histoire atemporelle.





Cécile Coulon, via ce conte sombre et initiatique, est implacable sur notre condition humaine.

Elle nous invite cependant à être attentifs aux choses cachées, à conscientiser notre intuition en portant une attention particulière au monde, notamment à nos proches. A tenter de mieux percevoir, mieux ressentir l’indicible, l’invisible. A nous interroger sur les secrets familiaux, à aller traquer les signes et les indices, pour mieux nous connaitre, mieux comprendre nos agissements et mieux transmettre en acceptant avec bienveillance et conscience l’héritage générationnelle.

Ce conte est aussi une leçon d’affranchissement, il nous enseigne en effet que notre façon d’être au monde, notre chemin, forcément singulier, différent de nos aînés, importe plus que le résultat, souvent pas si éloigné finalement de celui que nous ne voulions pas atteindre.



Un conte captivant qui fait réfléchir, sa morale étant soumise à multiples interprétations ce qui en fait un livre très riche. Une lecture marquante assurément ! Définitivement sous le charme du style, de la plume, de l’art de la narration, définitivement amoureuse de la langue ensorcelante de Cécile Coulon !







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Une bête au paradis

Bouleversant, émouvant, après avoir été attendrissant et m'avoir laissé beaucoup d'espérances, Une bête au Paradis, de Cécile Coulon - auteure découverte et appréciée avec Trois saisons d'orage puis rencontrée aux Correspondances de Manosque 2019 – m'a fait passer par tous les sentiments.

Ce roman tellement bien écrit m'a plongé en pleine campagne, dans cette ferme appelée le Paradis, à une époque non précisée que je situerais dans les années 1960. Comme cela arrive assez fréquemment, les premières pages sont prémonitoires mais comment s'y arrêter et même s'en souvenir lorsque, comme beaucoup de lecteurs, je suis impatient de plonger dans l'histoire ?

Cette famille Émard a été frappée par un terrible drame. Émilienne, la grand-mère, s'est retrouvée seule pour élever Blanche et Gabriel, orphelins, leurs parents s'étant tués en voiture, tout près de la ferme.

Après le texte introductif, débute une série de chapitres tous intitulés par un verbe laissant supposer ce qui va se passer mais sans rien révéler. Faire mal est le premier. Sans détour, Cécile Coulon présente ses deux héros, Blanche et Alexandre, à peine sortis de l'adolescence. Ils font l'amour pour la première fois dans la chambre de la jeune fille pendant que le cochon tué par Louis, le commis, hurle à la mort. Odeur de sang, atmosphère de drame, je sens bien que rien ne va se passer normalement dans cette histoire.

Si les personnages vieillissent, quelques retours dans le passé éclairent l'histoire de cette famille qui a recueilli Louis, jeune garçon violenté par son père. Dévoué corps et âme aux travaux et à l'entretien du Paradis, malgré une dizaine d'années de plus, il aime et désire Blanche qui le repousse.

Finalement, tout le drame est là car la jeune fille tombe raide dingue amoureuse d'Alexandre, un camarade d'école, beau garçon à défaut d'être brillant scolairement. D'ailleurs, elle l'aide à réussir ensuite au lycée puis…

Tout se joue dans ce Paradis, sorte de ferme idéale du temps passé où le modernisme agricole outrancier d'aujourd'hui ne semble pas s'être imposé encore même s'il est fait allusion à la concurrence et aux premiers suicides d'agriculteurs. L'auteure ne parle ni machines géantes, ni pesticides, ni engrais chimiques… Malgré tout, cette bête au Paradis est déjà confrontée à l'appétit de promoteurs voulant étaler villes et villages, construire, goudronner, bétonner les meilleures terres permettant de nous nourrir mais c'est un autre débat.

Je vous laisse découvrir, savourer, détester peut-être cette histoire peu ordinaire et très prenante qui confirme un peu plus le talent de Cécile Coulon.


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Seule en sa demeure

Lorsqu’elle s’unit pour la vie avec Candre Marchère, Aimée ne se doute pas qu’elle épouse aussi un domaine, luxueux mais froid, et ses occupants, dont la rude Henria et son fils muet. La jeune femme naïve tente au même rythme que le lecteur de décrypter les codes pour comprendre ce nouvel univers si éloigné de ce que fut son enfance. Les personnages qui gravitent autour d’Aimée ne se laissent pas immédiatement dévoiler. Et en particulier Candre, dont le passé est émaillé de deuils successifs.



Pour un temps, l’atmosphère se détend avec l’arrivée d’une professeure de flute qui éveille Aimée à la musique mais aussi à la sensualité. Elle est malheureusement vite évincée, trop curieuse, trop affutée ?



Cette galerie de personnages riches par leur côté mystérieux est ainsi une accroche solide pour maintenir l’attention du lecteur. Tous ont leur part d’ombres et les mensonges, ne serait-ce que par omission, sèment le doute jusqu’au dénouement final.



C’est un roman dont l’ambiance sombre rappelle certains classiques et particulièrement l’univers

des soeurs Bronte (on pense à Jane Eyre) ou de Daphné Du Maurier avec Rebecca. Et cette raison suffit pour apprécier le texte.



Cécile Coulon évolue avec beaucoup d’aisance dans ce récit aux couleurs surannées, comme celles d’un vieux film italien et le genre lui sied parfaitement.




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Une bête au paradis

Je ressors toute déboussolée , chamboulée de cette histoire. L'auteure nous plonge dans un monde sombre oppressant , suffocant , laissant traverser une petite pointe rayonnante de lumière . Un huit clos, qui tourne autour d' Émilienne , la patriarche, qui fait régner l'ordre, tout doit fonctionner comme elle le souhaite, ange et démon, font partie intégrante de son être. Elle prend en charge , ses deux petits enfants Blanche et Gabriel, qui deviennent orphelins de père et mère , suite à un accident de voiture. Louis , enfant battu, va trouver le courage de partir et se réfugier chez Émilienne, ce dernier lui rendait quelques services. Il devient apprenti , il s’occupe des travaux d'un parfait fermier. Ces personnes vivent dans une propriété nommée "Paradis", Les années passent , Blanche devient une jeune fille attirante et tombe dans les bras d'Alexandre, son premier amour, amour avec un grand A, qui va vriller lorsque ce dernier lui annonce son départ pour ses études, une sorte de mélancolie va l'envahir . Va t'-elle réussir a reprendre les commandes de sa vie. Louis voue une soif de vengeance , de haine envers Alexandre, Lui qui rêve depuis des années former un couple avec Blanche, Ce roman est un véritable petit bijou, les chapitres courts donnent une sensation d’électrochoc. Une sensation intense se dégage de ce récit, L'auteure utilise des mots forts, elle les place avec une grande dextérité, là ou il faut quand il le faut . Elle travaille la psychologie des personnages avec minutie, dégageant ce sentiment d’empathie ,et un sentiment de révolte envers Alexandre Elle a l'art et la manière de nous enrober dans son monde, nous sommes hypnotisés , envoûtes, un ressenti de faire partie des membres de cette famille , avec leurs maux et leurs joies.

La plume de l'auteure est percutante, visuelle, subtile, saupoudrée d'un brin de sensibilité. Une lecture totalement addictive, captivante ,je viens de me prendre une véritable claque , j'en reste bouche bée . Le titre du roman, résume à merveille le contenu de l'histoire.

deuxième roman de l'auteure, deuxième coup de cœur,

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Une bête au paradis

Au Paradis, Émilienne élève seule ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel, depuis qu'un triste et fatal accident de voiture coûta la vie de leurs parents, à quelques centaines de mètres de la ferme. Elle eut très vite besoin de quelqu'un pour l'épauler. Pas pour les enfants, mais pour tout le reste. Aussi, lorsque Louis vint lui proposer son aide, elle accepta. Le jeune garçon se démena et s'épuisa au Paradis. Mais lorsqu'un soir, il vint se réfugier un soir chez elle pour échapper aux coups violents et incessants de son père, il n'en repartit plus. La petite Blanche grandit sous l'œil amoureux du commis. Aussi, lorsque cette dernière tomba amoureuse d'Alexandre, le plus beau garçon du village, il n'en fut que plus jaloux. Mais, Blanche aime son Paradis, sa terre, ses animaux, tandis que le jeune Alexandre rêve d'un ailleurs, de réussite et d'argent...



Le Paradis, ses terres qu'on exploite, ses animaux que l'on soigne ou que l'on égorge et ses deux femmes, Émilienne et Blanche. Deux femmes de la terre, robustes, qui ne quitteront cet endroit pour rien au monde malgré les drames et les souffrances. Même l'amour ne semble pas y avoir sa place... Une bête au Paradis est un roman sombre, une véritable tragédie, un huis clos à l'atmosphère chargée et lourde et un drame que l'on pressent. Cécile Coulon dépeint, avec ferveur et densité, deux portraits de femmes puissantes, volontaires et entières, sculptées à la glaise. Autour d'elles, Gabriel, ange déchu bien trop tôt blessé ; Louis, le commis dévoué qui cherche une famille et Alexandre qui se veut un avenir hors de ces terres. L'auteure en saisit toutes les émotions, toutes les blessures et tous les ressentiments. Elle dépeint également deux mondes parfois inconciliables, celui de la terre et celui de la ville. Le rythme soutenu servi par une plume d'une grande richesse donne à ce roman une dimension à la fois poétique, intense et rugueuse.

Tragiquement beau...
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Le Coeur du pélican

Anthime a un don, il court vite même très vite. Depuis son jeune âge. Il est vite repéré par un entraîneur qui souhaite faire de lui le pélican, le plus grand athlète de tous les temps. Pour Anthime, la course est bien plus que quelques pas rapides devant l’autre. C’est rejoindre des rêves de grandeur, c’est la médaille du gagnant, c’est aussi vider sa tête de tout son superflu, c’est gagner en force, en confiance. Quand surgit un accident lors d’une course, Anthime s’effondre et perdra tout, la femme et la sœur qu’il aime jusqu’à ses rêves, jusqu’à sa propre vie. Pour hériter d’une seconde place et la seconde place pour un gagnant c’est toujours la pire.



Ce roman m’a laissé terriblement perplexe. Il est, ou semble, très bien écrit mais il est aussi truffé d’images, de métaphores, de détails alambiqués que le fond se noie littéralement dans cette bourrasque de détails. Le cadre spatio-temporel est aussi absent, ce qui m’a gênée au même titre qu’on rentre peu en harmonie et empathie avec Anthime et les autres, faute à ces montagnes de détails secondaires qui font certes jolis mais à mon sens desservent totalement l’histoire. J’avais l’impression de lire un exercice de style, sortez-moi un maximum de phrases tordues et stylées. Par contre, les déceptions d’Anthime, sa personnalité, son évolution, tout cela n’est pas abouti. Des émotions, de la psychologie, j’en voulais plus.



J’avais l’intention de lire le dernier roman de Cécile Coulon, Une bête au paradis, du coup, j’hésite fortement. Tant j’ai été déstabilisée et déçue ici. Une histoire avec du potentiel mais tellement surjouée qu’elle en devient transparente et insipide.
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Trois saisons d'orage

Des a priori idiots peuvent nous faire passer à côté de lectures formidables.

J'ai failli bouder ce roman à cause :

- de la maison d'édition, dont certains auteurs me tiennent à distance (F. Vallejo) ;

- de l'auteur, pour diverses raisons : parce que je n'ai pas aimé une de ses nouvelles, parce que je trouve ses titres posés et prétentieux façon Nothomb, parce qu'elle est proche de quelqu'un que je connais, et que je ne pensais pas pouvoir la lire de manière objective.



J'ai bien fait de céder à la curiosité en empruntant cet ouvrage à la bibliothèque.

Je le commence un soir, pour voir. Scepticisme sur les premières pages : j'ai déjà lu ce genre, du roman du terroir contemporain, sans gros sabots terreux, tout en finesse, comme j'aime, de temps en temps, façon Sandrine Collette, Myriam Chirousse, Fabienne Juhel, Franck Bouysse. Alors oui, bien, mais bof, je ne sais pas si j'ai envie de ce genre d'atmosphère en ce moment, avec du rural, du taiseux, du beau paysage... On verra demain.

Je poursuis le lendemain, toujours pour voir, sans grande conviction. Je suis ferrée, rapidement. Malgré un soupçon de maniérisme qui m'agace (trop de métaphores artificielles), j'aime de plus en plus cette plume douce, limpide, pudique. Cécile Coulon raconte très bien, suggère aussi, respecte ses personnages, et à part deux ou trois abrutis finis, nous les fait aimer - les ouvriers de la carrière, les paysans, les médecins et leur famille. La tension va crescendo, les émotions se succèdent - sérénité, crainte, colère, tristesse...



Malgré quelques repères chronologiques (seconde guerre mondiale et mai 68, vite évoqués) cette histoire est atemporelle, tout comme le ton de l'auteur, tellement ciselé qu'il semble être d'une autre époque, et tellement maîtrisé qu'il semble être celui d'un 'vieux sage' - elle est si jeune, Cécile Coulon, elle a écrit cet ouvrage à vingt-six ans !



Ce roman m'a captivée, charmée, émue, et je sens que Valère, André, Clément et quelques autres, avec qui j'ai vécu pendant deux jours, vont m'accompagner encore...
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Seule en sa demeure

Candre Marchère, homme de nom, de foi et de travail, est, aux yeux d'Amand Deville, le mari idéal pour sa fille, Aimée. Une fois les présentations faites, le déjeuner organisé, les balades en tête à tête, la jeune femme n'est pas insensible au charme de cet homme si différent, presque féminin à ses yeux. Au bout de quelques mois, le mariage est organisé. Un mariage simple, sans cris de joie ni lancer de bouquet, et en petit comité. Du côté de Candre, seuls sont présents la bonne, Henria, qui a élevé le jeune homme, sa mère étant décédée alors qu'il n'avait que 5 ans, et son fils, Angelin. Lorsqu'elle quitte ses parents et son cousin, avec qui elle a grandi, pour s'installer au domaine des Marchère, au cœur de la Forêt d'Or, Aimée peinera à trouver sa place auprès d'un mari courtois mais taiseux, de la bonne qui semble régir au delà de ses fonctions et du fantôme de la première épouse décédée deux ans auparavant...



Conte cruel et gothique, revisitant un brin les grands classique tout en y apportant une certaine modernité, ce roman nous plonge dans les affres d'un mariage arrangé. Aimée, qui connaît peu de choses de la vie, encore moins celui du mariage, va découvrir, au fil des jours et des nuits, cette demeure qui ne lui inspire que peu confiance, ses propriétaires mais aussi les non-dits et les secrets qui l'entoure. De plus en plus déçue et enserrée dans son nouveau rôle d'épouse qui ne lui sied pas, Aimée va se sentir de plus en plus enfermée, isolée, la forêt autour s'affichant comme une sorte de rempart. Les personnages, forts, complexes, énigmatiques, sont parfaitement dépeints et s'en révèlent d'autant plus captivants, partagés entre désamour et amours interdits. De sa plume riche, précise, poétique, parfois surannée, Cécile Coulon dépeint avec minutie aussi bien la nature, les sentiments, les simples détails ou encore la beauté du jour.

Un roman tout aussi surprenant que vibrant...
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Les grandes villes n'existent pas

Pas un roman, pas un récit, juste quelques brides où bourdonne le vent dans la campagne, terre de mon enfance, petit village de huit cents habitants. Le bonheur pour nos aïeux que cette terre où tout le monde se connaît. Terre hostile pour ces adolescents qui voudraient danser, se soûler ou se rendre au cinéma, au théâtre, se mélanger à cette foule qu’offrent seulement les grandes villes.

Ode aux années 90, un temps encore protégé des dieux. Internet est une bête curieuse, le gameboy est à la mode, le bon vieux Nokia avec son jeu de serpent. Les jeunes des campagnes sont fourrés dehors, ils construisent des cabanes, ils cherchent des endroits cachés pour un premier baiser, ils n’ont d’autres occupations que le grand air, que les espaces verts. Le samedi, il y a la baguette à la boulangerie avec ses rituels où la politesse est maîtresse en tout lieu. Le dimanche, la messe, où chacun sort son plus bel habit.



Aujourd’hui, la campagne attire les citadins qui ne supportent pas le bruit de nos vastes terrains champêtres. Je pense à Maurice, ce pauvre coq à qui des voisins veulent tant de mal parce que Maurice aime chanter son cocorico le matin. Je pense à ces commerces qui ferment les uns après les autres. Je pense à ces enfants qu’on ne voit plus jouer dehors. Pourtant, l’appel de la forêt, je l’entends, oh toi ma campagne, jamais je ne te quitterai. Tes coqs, tes oiseaux, ton vent gracieux, ton silence apaisant, je ne peux m’en passer.



Cécile Coulon, une bien jolie découverte ici avec sa plume qui danse sur les souvenirs enfouis, sa simplicité musicale à nous conter la vie verte, des mots nostalgiques qui carillonnent sur le tapis vert de nos campagnes.
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La langue des choses cachées

Sera-t-il possible, comme elle l'a tenté pour ne pas nous effrayer, que l'écrivaine dissimule son talent derrière un fromage à pâte molle ?

Je crains bien que ce ne soit là peine perdue !

Car jamais peut-être n'avait on aussi profondément raconté les tréfonds de l'âme humaine, les choses qui ne sont pas ou qui se définissent mal, qui effraient, les cauchemars accrochés à la vie sans devoir jamais s'y diluer.

Le mot a été ici tourné et retourné pour apercevoir l'indicible.

"La langue des choses cachées" est un roman de Cécile Coulon, paru en janvier 2024 aux éditions "L'iconoclaste".

C'est un récit sidérant, sombre et désespérant.

Un récit teinté de surnaturel et entaché par des éclaboussures du cloaque de la condition humaine.

Il me semble que la littérature n'avait pas pris une telle gifle depuis "le faussaire" de Jean Blanzat.

C'était bien avant l'invention du normatif code-barre.

Mais là, il n'a pas pu s'interposer entre le mot et l'émotion.

La langue a retrouvé de sombres accents mystérieux que l'on avait perdus de vue sans même s'en apercevoir.

Le mot est neuf.

Le style lui semble ancestral, aussi vieux que le souffle qui modèle ce récit initiatique et terrifiant.

Le fils a pris la relève d'une mère qui n'avait plus la force des longues marches.

Il est arrivé au "Fond du Puits" pour guérir un enfant.

Il va y dénouer un drame vieux de plusieurs années ...

La langue est riche, l'idée est précise.

Le tout est teinté d'une sombre poésie.

Les chapitres sont très courts.

Les phrases emportent les destins comme le Gave roule les galets au fond de son lit.

La manière de raconter est hors du temps, à la fois ancienne et renouveau de la littérature.

Ce livre est magnifique.

Que Dieu me savonne et qu'Edmond me pardonne mais voilà un prix Goncourt qui aurait du corps, du panache et du style !

Mais rien sur le fromage à pâte molle !



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