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Critiques de Cécile Coulon (1793)
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La langue des choses cachées

Cécile Coulon ou l'écriture coule d'une fluidité et d'une âpreté sans pareille....Magistral !



Elle nous entraîne inextinguible vers des méandres dont elle seule a le secret.... le conte qu'elle propose se déroule dans une campagne sauvage, inaccessible où seul les animaux tracent des sentiers... en terre des hommes taiseux, aux vies de dure labeur, un village, une église, un prêtre et ses ouailles, aux âmes pétries de croyances, de secrets de famille..de ces villages où le plus souvent c'est naturel pour des maladies et des petits maux on fait appel à une guérisseuse..

Cette guérisseuse qui devient vieille ne se déplace plus, elle a transmis tout son savoir à son fils...Un jour celui-ci pas être appelé au chevet d'un jeune garçonnet pour rejoindre ce hameau inaccessible au fin fond de la vallée.. Va-t-il réussir à accomplir cette mission, sera -t-il à la hauteur de ce que lui a enseigné sa mère ? Comment va-il être accueilli?



Ce style narratif à la fois sombre et mystérieux inscrit ce conte dans une violence et une noirceur sans commune mesure., ça coupe comme de la glace, ..on est saisi par la puissance de sa plume, Cécile Coulon transfigure ces mots ciselés, précis...cette puissance évocatrice appelle même à des images...; qui m'ont tellement frissonné !!..

Toujours sur la corde raide, des oscillations permanentes entre des ombres et de la lumière et d'une incroyable poésie....une nature morte, cruelle, ésotérique...la langue des choses cachées, des savoirs de sorcières, des secrets, des connexions avec la nature, les animaux qui existent mais qui n'ont pas d'explication...



Cécile Coulon a un indéniable talent ... elle m'a une fois de plus embarqué dans cette campagne que j'affectionne tant où des gens simples et travailleurs connaissaient les plantes, les us et les coutumes, la médecine et l'indicible.. ne s'encombraient de peu de choses mais en harmonie avec Dame nature ...
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Une bête au paradis

Il n'est jamais trop tard pour lire et aimer un roman sorti en 2019. C'est le cas du roman de Cécile Coulon Une bête au paradis.

Nous sommes dans une campagne appelée Le Paradis. Elle n'est pas géographiquement située. Au Paradis il y a la ferme d'Emilienne. Elle élève seule ces deux petits enfants Blanche et Gabriel qui ont perdu leurs parents dans un accident. Il y a aussi à la ferme un commis , Louis.

A l'adolescence arrive le premier amour de Blanche. Il s'appelle Alexandre. Alexandre ambitieux veut parcourir le monde. Blanche, elle, est enracinée dans les terres du Paradis. Leur amour survivra t'il ?

Cécile Coulon à l'égal d'un Franck Bouysse nous livre un roman réaliste, rural , rustique, ancré . Les chapitres sont courts et tous sont nommés par un verbe. C'est court et sa cogne comme un coup de poing. Toute la vie du Paradis est à l'aune de cette rugosité. Que ce soit les humains où les animaux. Tout fait un autour de ce réalisme. C'est un roman habité d'une violence et d'une noirceur qui doit exploser en tragédie.

Le tout porté par des personnages féminins magnifiques et des êtres sensibles différents.
















Lien : http://auxventsdesmots.fr
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Seule en sa demeure

Au milieu de la forêt d'or, le domaine de Candre Marchère, un homme taciturne et très pieux, secondé par Henria, qui l'a élevé et le fils de cette dernière Angelin. Candre, après son veuvage, s'intéresse et courtise Aimée, du clos Deville. La jeune fille, innocente et crédule, attirée par cet homme mais inquiète sur sa vie de femme mariée, s'échappe dans la rêverie. Seuls, les cours de musique dispensés par Éméline rompent la monotonie de sa vie. La vie de recluse d'Aimée va pourtant basculer avec la fuite d'Angelin, un évènement qui va déclencher une chasse à l'homme qui va révéler bien des secrets.



Des personnages oppressants ou dépositaires de secrets, une ambiance angoissante servi par des descriptions sombres de la nature font de Seule en sa demeure un récit étrange dans lequel Cécile Coulon crée un conte presque gothique avec cette nature puissante qui apparait comme un personnage à part entière, à la fois reconfortant et terrifiant, entretenant constamment un climat mystérieux.

Dans ce roman, Cécile Coulon réussit à isoler le lecteur dans un récit presque intemporel, l'entraînant lentement vers les tréfonds de la forêt et de la nature humaine, dosant savamment les retournements de situation, semant le doute sur le passé des personnages, inversant les rôles des forts et des faibles jusqu'à perdre le lecteur dans le dédale des doutes de l'âme humaine.

Un conte gothique mystérieux réussi.
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Seule en sa demeure

A la lecture de ce livre, j'ai éprouvé un plaisir immense dû à l'écriture si belle, unique. Je relisais parfois des phrases pour mieux m'en imprégner.

Candre , veuf en première noce, épouse Aimée et l'emmène dans son domaine.

Celle-ci, très jeune, innocente, gâtée par ses parents, ne trouve pas sa place, se sent très seule, entourée de mystères, oui, au pluriel.

Les habitants, passés et présents, cachent des secrets, mais lesquels se demande Aimée.

Même la forêt d'Or, dont Candre tire ses revenus, lui paraît menaçante.

Un très bon roman dont je ne peux que recommander la lecture.
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Une bête au paradis

Je vais faire un peu comme l'auteure c'est à dire attirer le lecteur avec une belle plume, une belle écriture, des personnages qui endurent la vie, qui commencent une vie sans trop de bonheur mais qui vont essayer de s'en sortir tant bien que mal...

Un style de roman du terroir, un roman noir qui se veut tendance contemporaine, un huis-clos qui rend l'atmosphère profonde, de la barbarie qui émane d'un personnage et pour lequel on se demande pourquoi cela surgit inopinément. C'est à ce moment que j'ai envie de refermer le livre mais je laisse tout de même la chance au produit, car avant de l'ouvrir je lis "prix du journal Le monde 2019" mais comment se fait-ce puisque le livre vient de paraître? Incroyable!!

Quelle surprise, je vais jusqu'au bout car Mme Coulon sait me faire tourner les pages et écrit aussi de courts chapitres.

Et plus j'avance dans ma lecture et plus j'espère que la fin ne me décevra pas, pourvu que les personnages ne sombrent pas au plus profond de leur être!! Misère mais quelle fin, j'aurais dû franchement m'arrêter et ne pas lire les derniers chapitres, je suis dans l'incompréhension totale, comment l'esprit de vengeance peut il animer autant les individus ? Quel est cet état d'esprit qui les contrôle plutôt que de relever la tête en bravant les obstacles. Je ne me relèverai pas non plus... mais une chose est sûre, c'est une auteure que je classerai sur mon étagère avec les autres livres que je laisse dans leur pathos bien ancré.



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Trois saisons d'orage

« Les Fontaines » petit village d’une centaine d’âmes s’étend au pied de l’imposant massif des Trois-Gueules.

« Un défilé de roche grise, haute et acérée, divisé en trois parties, en trois sommets successifs qui ressemblent à s'y méprendre à trois énormes canines. »

Le décor est planté, hostile, étouffant, un cadre idéal pour un drame à venir.

Une centaine d’habitants, jusqu’à l’arrivée des Frères Charrier et leur entreprise d’extraction de minerai, « les fourmis blanches » sont arrivées pour creuser cette roche qui peu à peu dépose sur leurs cheveux et leur peau une fine pellicule neigeuse.

L’accroissement de la population méritait bien l’implantation d’un cabinet médical et André s’y installa et y passa sa vie.

« Trois saison d’orage » est l'histoire d'André, de son fils Benedict qui deviendra lui aussi médecin, de sa belle-fille Agnès et de la fille qu'ils auront Bérangère ; c'est aussi l'histoire de Valère, fils de paysans, de natifs de la région, de gens qui ne sont pas nés en ville, qui sont d'ici.

Un récit tragique raconté par Clément, un homme d'église qui n'a pas d'histoires à lui mais qui connaît celles des autres, les secrets, les mystères, qui observe, écoute et sait se taire car toutes les vérités ne sont pas faciles à entendre.



Après « Le rire du grand blessé » et la découverte de sa plume incisive, je m'étais promis de lire autre chose de Cécile Coulon, j'ai retrouvé dans « Trois saisons d’orage » la force de l'écriture qui m'avait séduite, cette capacité à exprimer la violence, à donner corps à des émotions et des sentiments trop enfouis.









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Le roi n'a pas sommeil

Avis aux amateurs de plume prometteuse, Le roi n’a pas sommeil de Cécile Coulon en est l’incarnation flagrante. Mais pourquoi me direz-vous ? Et bien parce que Cécile Coulon a seulement 24 ans et déjà deux romans à son actif, et que de surcroît elle peut se targuer d’un vrai talent de conteuse des temps modernes (bon je suis jalouse!). Néanmoins, là réside le paradoxe, à la lecture du Roi n’a pas sommeil, je suis partagée : j’ai trouvé l’histoire presque sans intérêt sans pour autant lâcher le roman, le style et l’atmosphère à la Steinbeck m’ayant ferrée jusqu’au bout. Ah ah, voilà du paradoxe !



L’histoire est celle de Thomas Hogan, fils d’un homme violent et d’une femme fragile et soumise, Mary, dans une bourgade paumée du cœur des USA à une époque indéterminée (mon imagination associant souvent ce type d’histoire aux années 40/50 allez savoir pourquoi). Dès les premières ligne nous savons que Thomas, l’unique enfant chéri de Mary, sa raison d’être, tourne mal et qu’une chose grave s’est déroulée plongeant sa mère dans un sombre désespoir. Cécile Coulon nous livre ainsi leur histoire, ou comment un enfant gracile, timide et bon élève, gentil et généreux, se meut en jeune homme buveur et joueur invétéré, dont le destin bascule tragiquement. En filigrane notre jeune romancière s’interroge sur la notion d’atavisme, le fils reproduisant malgré lui le comportement de son père (les gènes sont les gènes par une fatalité digne des plus grandes tragédies anciennes). J’avoue ne pas avoir accroché à cette histoire, à cette notion de déterminisme familial et de fatalité. Je suis restée à côté du roman tout en reconnaissant le vrai talent de Cécile Coulon, son écriture, puissante et précise qui s’inscrit dans la droite lignée des auteurs américains que j’affectionne (John Steinbeck et Truman Capote). Elle décortique avec justesse les états d’âme et la puissance dévastatrice des émotions contenues et des frustrations. Malgré un sentiment d’inachevé, j’ai apprécié ce livre que je recommande car je reste persuadée d’avoir trouvé en Cécile Coulon une future grande plume de la scène littéraire française et que son véritable chef-d’œuvre ne saurait tarder. Affaire à suivre…
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Une bête au paradis

Quelle plume !

Des chapitres courts, un style cru, ciselé ; Cécile Coulon ne prend pas de gant pour raconter.

C'est l'histoire d'un amour qui déraille mais aussi d'un amour transi, d'un amour d'une grand mère, d'un amour pour un frère mais malgré tous ces sentiments, ce conte est triste et cruel.

C'est un hommage à la nature ; une nature belle, séduisante mais qui enferme, qui peut faire devenir fou.

Une beau roman, délicat malgré sa noirceur, sa dureté ; il faut un sacré talent pour cela.
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Seule en sa demeure

Aimée est une jeune femme gaie qui vit entourée de l'affection de son père, un officier à la retraite et de son cousin élevé avec elle et qui se destine à devenir officier comme son oncle. Elle doit épouser un jeune veuf, Candre Marchère , un propriétaire terrien qu'elle a rencontré lors d'une vente de chevaux , dans les Vosges au XIX eme siècle . Elle découvre après ses noces sa nouvelle demeure , une grande bâtisse entourée d'arbres et y est accueillie par Henria, une femme qui a élevée , en même temps que son garçon Angelin, Candre comme son fils à la mort de la sa mère .



Aimée va découvrir que l'homme qu'elle aime n'est pas aussi attentionné, tendre et patient qu'il a pu l'être avant le mariage et se sent rapidement prisonnière de cette maison , angoissée par l'ambiance pesante . Cette partie du roman m'a beaucoup évoqué Rebecca de Daphné du Maurier , où la jeune héroïne se retrouve dans la même situation entre une maison oppressante, là ce sont les arbres qui l'entourent comme s'ils voulaient l'envahir , une gouvernante assez revêche et se pose les mêmes questions sur la disparition de la première femme de son époux .



Heureusement, l'histoire prend un autre tour avec l'arrivée d'une professeur de musique, qui si elle permet à Aimée de retrouver une vraie stature alors qu'elle se sentait fantôme , la trouble et des incidents perturbent les cours .



On croit deviner la suite mais l'histoire prend à chaque fois un autre chemin et Cécile Coulon est douée pour nous entrainer vers de fausses pistes et nous surprendre .



Beaucoup de belles descriptions de cette emprise de la maison et de la nature , des songes d'Aimée et de ses peurs , de sa complicité et des souvenirs d'enfance avec son cousin Claude rendent cette lecture fort plaisante . Cécile Coulon a décidemment une jolie plume
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Seule en sa demeure

Aimée est une jeune fille simple et naïve de dix huit ans. Elle se marie à Candre Marchere un riche veuf, propriétaire terrien qu 'elle ne connaît pas, c'est un mariage arrangé comme cela est de mise à l époque, on est au 19 ème siècle. Elle s' en va vivre dans la grande demeure austère de son mari, entourée de grands sapins sombres qui se dressent vers le ciel. Elle se retrouve isolée dans sa nouvelle demeure entre la présence froide de Henria la domestique et un mari fuyant, peu loquace, qu'elle ne voit qu'épisodiquement, aux repas et parfois la nuit. Aimée se sent envahie d'un sentiment de solitude. Elle cherche à découvrir le passé de son mari qui ne lui a rien raconté de sa vie d'avant . Son ancienne femme morte si jeune... Elle est intriguée aussi par Angelin, le fils de la domestique, mutique qui la fuit lui aussi. La seule présence réconfortante est Emmeline la professeur de musique qui vient lui donner des cours depuis Genève, de l'autre côté de la frontière, une fois par semaine.

La première partie est lente c'est l'installation des personnages et de l'histoire. Alors que la deuxième partie se lit comme un thriller. On sent monter l'oppression, l'angoisse, le malaise qui augmente au fil des pages.

Aimée, dans sa grande demeure sombre et hostile, entourée d'un forêt inquiétante, au fin fond du Jura, va t-elle ouvrir comme la femme de Barbe Bleue la mauvaise porte ? Et tomber sur un secret bien caché qui va la condamner ?

Entre conte gothique, thriller, roman du 19ème, Cécile Coulon instaure une ambiance où règne l'angoisse et le malaise. J'ai pensé à Rebecca de Dapné du Maurier que j'avais adoré, aux Hauts de Hurlevents pour les paysages isolés et inquiétants, aux contes d'Andersen, Aimée enfermée derrière les barreaux d'une grande maison en sucre par la méchante sorcière.

C'est le premier roman que je lis de Cécile Coulon et je n'ai pas été déçue.
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Une bête au paradis

Entre l'amour de la terre et la soif d'une vengeance macabre, Cécile Coulon nous concocte dans Une bête au paradis, un véritable voyage vers l'âme de l'homme, toutes les émotions y passent, et l'autrice nous tient en haleine par son écriture dynamique, rendant ainsi aussi vive cette atmosphère lourde, sombre, ombrageuse et susceptible qui règne dans cette ferme de Paradis...

Une fois de plus, j'ai été conquise par la plume de cette Autriche! Et du traitement des personnages où elle excelle en me faisant frissonnée par leur état psychologique astucieusement démêlé. Et cette part de la nature, cette terre qui semble abreuver la haine, les angoisses, la jalousie, la rage de nos personnages...Un moment avec ce livre, c'est une réelle dégustation!!!
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Noir volcan

Ce que j’ai ressenti:



Je veux écrire à peine, à volcan explosif. Les nerfs secoués. Je veux écrire à peine, pour dire que l’angoisse passe en lisant de la poésie. C’est la seule chose qui me calme, mais ce n’est qu’un volcan endormi…Parfois, la terre tremble juste à deux pas de chez-soi mais aux abords des frontières, un mal a marché en nos lieues. Ce peut être le debut de quelque chose, confiné comme ça, un temps pour soi, un printemps plutôt étrange, une étreinte timide vers le bonheur? Ce peut être juste la voix de la douceur. Merci Cécile pour ce moment de frisson Nature.



Je veux écrire à peine, à volcan explosif. La tête plein de ronces. Je veux écrire à peine, pour dire que le Noir ne fait plus peur, que la poésie veille sur nos trajets, les granges et les fleurs. C’est un peu de quotidien, des naissances de matins, des pardons du soir qui s’ouvrent par ma fenêtre…Parfois le désir prend le dessus et envoie des baisers aux géants, puisent l’essence dans nos campagnes. Ce peut être l’orangeraie, un coin de foin, des tranches de vies qui inspirent…Ce peut être juste un fameux nouveau monde, et après…Merci Mademoiselle pour ces fureurs de douceurs.



Je veux écrire à peine, à volcan explosif. Mon cœur reconnecté. Je veux écrire à peine pour dire le bien-être de trouver en ces lignes, un peu d’éclats noirs et de magie volcanique. C’est tellement beau ce nouveau courant de lyrisme. Je ramasse en morceau de ce qu’elle a laissé tombé entre nos mains. Des couleurs pour nos journées confinées, des mots pour apaiser les efforts piétinés. Ce peut être de la tendresse ou des joies retrouvées, un peu de câlins silencieux. Ce peut être des appels en une syllabes. Merci Noir Volcan d’avoir réveiller les feux en-dedans.



Je veux écrire à peine, à volcan explosif. Je ne peux rien faire sinon être en Love total devant ce recueil de poésie. Ma main dans un mouvement énergique, trouvera bien quoi écrire demain.
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La langue des choses cachées

Voilà un roman qui m’a happé dans ses mots, directement, comme si j’étais aspiré par le récit, par ses ambiances et que je m’étais retrouvée en train de cheminer aux côtés du fils (nous ne connaîtrons jamais son prénom), un rebouteux, un guérisseur, tout comme sa mère, un homme qui, tout comme sa génitrice, connait la langue des choses cachées.



Une fois happée par la prose de l’autrice, par le choix de ses mots (sans le choc des photos), il m’a été impossible de fermer ce court roman (145 pages) avant de l’avoir terminé.



Le récit est écrit à l’os, sans grandes descriptions, avec très peu de dialogues, sans vraiment donner des identités aux personnages, si ce n’est le fils, la mère, le prêtre et ainsi de suite. Et pourtant, il y a une puissance dans les mots, dans les phrases, dans cet univers un peu gothique que l’autrice a créé pour nous. Puissant, voilà le mot que je cherche.



L’époque n’est jamais donnée et on a même un grand écart entre les détails donnés dans le récit dans lequel on parle de villages lointains, de forteresses, d’hommes en armures, de guerre, mais aussi d’appareils photos, de caméras, d’hôpitaux, de voitures et de stars du rock.



J’ai arrêté de me mettre la cervelle en feu en tentant de comprendre à quelle époque le récit se déroulait, ce n’était pas important, de toute façon, ni même de savoir s’il y avait eu une sorte d’effondrement de la société.



Emporté par les flots tumultueux du récit, le reste est passé à la trappe. Et c’est mieux ainsi, cela m’a permis de me concentrer sur ce conte gothique, sur ce récit d’apprentissage et de pénétrer dans la noirceur des Humains.



Parce que oui, de la noirceur, il y en a, côtoyant la beauté. Dans ces pages, pas de manichéisme, un homme violent avec son épouse, peut être doux avec son fils. C’est pour ce garçon malade que l’on a fait appel à la mère, la guérisseuse, qui a envoyé son fils, car elle lui a passé le flambeau. Et les fantômes qui vont avec son don.



Ce roman est la preuve que l’on peut faire du puissant avec peu de pages, en choisissant ses mots, en sélectionnant ce que l’on va raconter ou taire, en écrivant à l’os, sans fioritures, sans approfondir plus qu’il ne faut ses personnages.



Et la preuve aussi que l’on peut s’attacher à des personnages en sachant si peu sur eux, tant ils sont forts, omniprésents dans ces pages, sans pour autant écraser le récit de leur présence.



Le final m’a glacé, tout comme certains passages du roman, sans pour autant que l’autrice cherche à faire du glauque ou à sucrer le sucre. Elle n’en rajoute pas, elle garde un bon équilibre et elle vous tacle d’un seul coup.



Un roman qui marque, qui m’a laissé un peu pantelante, me demandant ce que j’allais lire ensuite : un Petzi ou un autre roman aussi fort que celui-là ?


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La langue des choses cachées

Jeudi rencontre avec Cécile Coulon.

J'y suis allée sans impatience. "Seule en ma demeure" ne m'avait pas vraiment plus.

Mais voilà, cette jeune auteure m'a séduite par son intelligence et son humour.

Elle a publié son premier livre très jeune (16 ans). Elle écrit beaucoup de poésie ( prix de la révélation de poésie).

Née en Auvergne, elle déplore l'obligation de "monter" à Paris pour réussir.

Très tôt elle décide de situer ses romans dans la France rurale sans faire une littérature de terroir.

Elle a consacré sa thèse de fin d'études au thème "sport et littérature".

Et elle écrit ce roman très court, qui ne laisse pas de place au superflu, en s'imposant une discipline de fer: course a pied et écriture. Bien sûr elle évoque Murakami et son Autoportrait de coureur de fond.

L'histoire...Une guérisseuse est appelée auprès d'un enfant dans un hameau perdu, le" fond du puits". Trop âgée et fatiguée , elle laisse la place à son fils qu'elle a instruit des gestes et des plantes qui guérissent.

Dès son arrivée dans la maison de l'enfant le fils voit et entend des choses que les autres ignorent. Il suffira d'une soirée et d'une nuit pour que remonte à la surface toute l'histoire de ce lieu lugubre, pour que le fils fasse ce que sa mère n'avait pas fait des années auparavant.

Ce roman court est glaçant, sombre, poétique. Un conte que l'on ne peut ni situé ni daté. Une écriture très puissante.

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La langue des choses cachées

Cécile Coulon s’intéresse à la bestialité de l’homme (voir passage page 28, « C’est un humain qui ne mérite pas qu’on le nomme ainsi »), à ses manifestations les plus abjectes. Pourtant, au bout de cette noirceur vacille une lumière d’espoir. Cécile Coulon la poursuit sans relâche. Elle aime contempler la rose qui surgit du fumier.

Le prologue de son roman est de haute volée. Et quel merveilleux conte (p69) que cette jeune fille riche, laide et difforme que son père entoure de monstres (Freaks) pour qu’elle en paraisse plus jolie ! Une digression de quelques pages, hélas.

Pour le reste, il m’a semblé que l’auteure était tétanisée par un de ses romans fétiches, « Le puits » d’Iván Repila, dans le fond (rapport mère-enfants, âmes damnées, brutalité…) comme dans la forme. Avoir choisi pour toponyme de son livre « Le fond du puits » ne doit rien au hasard.

Elle ne mérite pas la comparaison. Là où le roman de Repila tenait du miracle par la manière dont les pires horreurs étaient susurrées, celui de Coulon apparaît poussif et répétitif. On s’égare un peu dans cette histoire de guérisseurs aux pouvoirs surnaturels que les pauvres humains réclament pour purger leurs bassesses, conjurer on ne sait trop quels maléfices. Chez Coulon, le non-dit devient artifice. La magie du silence masque l’attendu.

Comme on dirait dans « The Voice », Cécile Coulon a « un univers à elle » (avec beaucoup d’araignées) mais elle n’en tire pas toujours le meilleur.

Dommage, parce qu’elle est douée de poésie.

Bilan : 🔪

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Une bête au paradis

Rien de vaporeux ou d’évanescent dans ce Paradis de terre.



Ce Paradis, c’est une ferme qui n’a de paradis que le nom.



Où ? On ne sait.

Quand ? Non plus on ne sait.



Un lieu isolé, maudit pour certains, et, comme pour les trois mousquetaires, habité par quatre personnes: La grand-mère, Emilienne, son commis, Louis (enfant battu qu’elle a ôté des coups de son bourreau) et ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel, jeunes orphelins de la route, sinistrés dès l'enfance .



A part l’école, pour les enfants, pas d'échanges sociaux, aucuns, et une éducation rustre et austère, terne comme le quotidien.



Unité de lieu : La ferme. Un vase clos, un microcosme, un territoire retiré, coupé du monde.



Comme une chape de plomb recouvre le lieu, de ce plomb dont on pourrait fabriquer les balles que l’on se tire.



Rapidement Blanche se développe, donne formes à un corps qu’elle sait regardé par Louis, transi, de dix ans son aîné.



Un climat s’installe dans une prose sublime qui effeuille les pétales hachés d'une fleur vénéneuse que l'on sent croitre sur ce terreau empoisonné.

Devenue jeune adolescente, Blanche accepte de ‘sortir' avec le bel Alexandre, un copain de lycée (qui rêve tant d’ailleurs), au grand dam de Louis, alimentant sa sourde souffrance muette.



Le vers est entré dans le fruit !



Et Gabriel le voit, ce vers, Gabriel, terrassé par le dragon de la mélancolie et le manque de ses parents. A part, il observe, voit Louis souffrir l'enfer de n’être pas admis au paradis de Blanche dont toutes les portes sont ouvertes à Alexandre. Mais il devine qu'Alexandre se veut beau des villes quand Blanche restera belle des champs.



Alexandre s’évapore…Blanche a 17 ans, c’est la désolation.



L'avenir est en marche qui ne peut qu'assombrir encore plus un paradis déjà perdu pour la joie d'y vivre.



Le temps passe et fige un marasme qui engloutit la ferme dont Gabriel va parvenir cependant à s’échapper, contre toute attente. Blanche s’étiole et grisaille, déjà une Emilienne en devenir.



Soudain, Blanche a 30 ans et, comme la Mathilde de Brel, Alexandre est revenu, il a mis le temps!



- Pourquoi est-il revenu, dans quelles intentions ?

- Blanche saura-t-elle lui rouvrir l’entrée de son paradis ?

- Louis pourra-t-il souffrir de nouveau de côtoyer ce rival qui lui avait ravi sa place ?

- Quelle est cette bête au Paradis ?



Un histoire banale somme toute, ordinaire même, un amour d’adolescence qui prend tout l’espace laissé libre dans la vie d'une jeune fille solitaire et dévastée.



Une histoire simple, certes, mais magnifiée par un sens aigu du récit, l’opportunité du détail (l'odeur du mauvais savon…) et un style envoûtant qui vous enduit d’empathie pour les personnages qui se laissent aller à suivre le cours indolent mais sinueux du destin qui est le leur.



On vibre comme on se laisse engourdir, on vit, tout simplement, comme des résidents de ce paradis qui n'a rien d'artificiel.

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Seule en sa demeure

Ce que j’ai ressenti:



« La musique était une affaire de souffle, de peau, d’engagement. »



La littérature aussi, il me semble puisque il y a eu quelques crépitements sur l’épiderme, la respiration, l’euphorie quand je lisais Seule en sa demeure…Je ne saurai précisément dire si c’est au niveau, du coeur, de la langue ou du ventre, mais c’est un fait, la sensation est là, bien réelle…Inépuisable. Alors, va vers ce petit bijou de la rentrée littéraire, car sous la terre et les ronces: l’amour, le pouvoir, la violence, le désir, l’intimité, la peur se répondent, avec une poésie envoûtante. Tout est affaire de beautés dans ces pages, et il me paraît impensable qu’on puisse se passer d’elles…



Cécile Coulon nous emmène au XIXème siècle, sur une propriété privée, le domaine Marchère, et commence alors, le silence et l’effroi…



Doucement, lentement, assurément…



Le mystère plane et nous suivons Aimée, jeune mariée qui découvre les lieux, la vie conjugale, la forêt, ceux et celles qui vont vivre dorénavant avec elle, fantômes compris…



Seule en ma demeure, je prends le temps d’observer avec ce retour dans le temps, la condition féminine à l’époque. Et ce n’est pas bien reluisant. Entre le silence forcé, l’emprisonnement domestique, le mariage arrangé, les frustrations diverses, j’ai ressenti une grande empathie pour cette jeune femme qui voit petit à petit, son monde se rétrécir.



Doucement, fatalement, inévitablement…



Et puis, lire Cécile Coulon, c’est se laisser séduire par une plume d’abord, sa poésie est bouleversante, et puis ensuite, par cette ambiance gothique sublime, qu’elle nous instaure avec brio. Tout est délicat, précis, travaillé. Du petit détail au basculement final, c’est finement dentelé, oppressant, et mystérieux. Un huis-clos efficace et émotionnel qui nous hante pendant longtemps…C’est vraiment pour cette atmosphère réussie et la sensation de malaise qui ne m’a pas quittée durant la lecture, que je vous conseille d’aller sur le domaine Marchère, pour aller y dénicher les secrets enfouis…




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Seule en sa demeure

Coulons-nous en arrière, dans ce XIXème siècle et ces familles aisées qui arrangeaient mariages et transmissions. Enfonçons-nous profondément dans un domaine terrien jurassien, omniprésent et oppressant. Frottons-nous à la vie recluse d’une jeune mariée, encore jamais sortie de son cocon familial, devenue carcan marital.



A l’opposé de nombre de romans contemporains autocentrés de la rentrée littéraire, CC conte. Cécile Coulon dépeint autant un environnement que des émotions.



Une ambiance pesante, « hantée » comme le dit la quatrième de couverture. Mais en rien à la façon d’un Stephen King, plutôt hantée par le souvenir d’une ancienne présence, par le poids du silence, par la lourdeur de secrets. Le tout étouffé par la densité d’une forêt emprisonnante, réceptacle de douleurs.



Un personnage à part entière que cet endroit. Il ajoute de la pesanteur à l’écriture aérienne de l’autrice.



Tous les ingrédients de cette histoire ont de quoi la ranger dans le roman noir, ambiance, violences cachées, douleurs et mort, passé pesant, comportements énigmatiques. Jusqu’à un final en forme de rebondissement et d’accélération.



Pourtant le livre s’oriente davantage vers les ressentis, évocateurs des tourments de l’âme et des émois incompris. Du coup, il est plus inclassable qu’il n’y paraît, et c’est tant mieux, au diable les étiquettes.



Cécile Coulon est joueuse à se projeter ainsi en arrière, à s’adapter à l’époque, à coller sa plume à la manière de penser du passé. A coups de références clairement assumées envers de grands classiques de la littérature. Rien d’original, en somme, et c’est sans doute assumé.



Cette imagerie de sentiments, exacerbée par la froideur croyante du maître du château, touche par sa sensibilité. L’amour en est le cœur, la passion en est le sang. Une certaine sensualité plane, même si certains personnages ne savent pas poser de mots dessus. Non-dits et incompréhensions.



Cette lecture se vit au plus près des personnages ; sentiments enrobés dans une écriture évocatrice et poétique. Du coup, j’aurais aimé davantage de développements encore, quelques couches d’épaisseurs supplémentaires pour rester auprès d’eux. Un brin frustrant.



Cécile Coulon est une conteuse, clairement. Qui sait habiller les sentiments (et les déshabiller aussi). Qui sait parler de désirs de manière aussi pesante qu’aérienne. Seule en sa demeure est un roman d’époque certes, mais dont les émotions sont intemporelles.
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Seule en sa demeure

Rentrée littéraire ● 4ème titre.

Auteure du livre à succès "Une bête au paradis", Cécile Coulon signe avec "Seule en sa demeure" son huitième roman. Premier livre que je lis d'elle, ce dernier roman est malheureusement une grande déception. J'ai espéré jusqu'aux dernières pages que le dénouement allait rattraper le coup mais c'était peine perdue...



La première chose qui m'a dérangé, c'est les personnages, ou du moins leurs personnalités. je les ai trouvé bien trop caricaturaux, archétypaux, manquant d'originalité. On retrouve la personnalité du mari froid, mais qui veut à tout prix satisfaire son épouse, tout en étant étrange et inquiétant. La relation d'Aimée avec Candre me rappelle trop celle de Thorn avec l'héroïne de la saga jeunesse "La Passe-Miroir" de Christelle Dabos. Il y a aussi le cousin insolent, railleur rigolard et vantard déjà présent dans plein d'autres livres (il me fait penser à Keefe, dans Gardiens des Cités Perdues de Shanon Messanger). En outre, ces personnalités manquent de profondeur, de complexité, d'humanité. Ils ressemblent à des personnages clichés de romans jeunesses. Chacun à deux ou trois traits de caractères, auquel il ne déroge jamais, ils ne "craquent" pas, ils ne semblent pas vraiment humains.



Le deuxième point qui me dérange, c'est l'écriture. Je la trouve ennuyante, académique, trop simpliste. On dirait une caméra qui se contente de décrire, lassée, blasée, ce qui se passe et ce que pensent les personnages, sans émotion, sans délicatesse. Par conséquent, l'autrice n'est pas parvenue à me faire ressentir l'ambiance des lieux, qui se veut oppressante, étrange, inquiétante. Elle tente de "faire peur" à certains passages mais ça ne marche pas, la magie n'opère pas, dans certaines situations qui se voulaient angoissantes j'ai explosé de rire tant la manière dont les faits sont racontés était ridicule. Il manque d'ailleurs des descriptions de l'intérieur de la maison, des pièces, des décors. Ce qui participe au fait que je ne suis pas rentré dans l'histoire et dans l'univers comme c'aurait pu être le cas. Je me suis trop rendu compte que je lisais une histoire, des lignes, des mots d'encre et de papier et je n'ai pas "plongé" dans l'intrigue comme dans la plupart des livres que je lis, où j'oublie que l'histoire et les personnages n'ont jamais existé pour "rentrer" vraiment dans la lecture. D'ailleurs, la volonté de cette ambiance et l'intrigue/le thème de "Seule en sa demeure" a déjà été resservie dans beaucoup d'autres livres et films ; j'en reviens donc au manque d'originalité. Pour continuer sur l'écriture, de nombreuses métaphores et comparaisons sont navrantes de ridicule : "Le temps, au domaine Marchère, se rembourrait de paille. Ses habitants s'enfonçaient dans ce foin, sans plus rien savoir des jours et des semaines". Ou encore : "les rides creusaient la chair comme des sillons retournés par les boeufs". Encore : "La salle donnait sur les montagnes ; si proches, elles semblaient sur le point de passer leurs cimes par la fenêtre pour se joindre à la conversation". Et enfin : "Aleth parlait vite. Elle débitait les mots comme des troncs". Bref, je trouve cette écriture ridicule...



Et pour finir, le dénouement était prévisible dès le début du roman. Je me suis dit : "Tout ça pour ça. 320 pages à me forcer à lire ce livre qui se veut plein de suspens pour arriver ce que je savais dès le début...".



Je suis très négatif sur "Seule en sa demeure" mais j'ai quand même éprouvé un peu de plaisir à cette lecture (je ne l'ai pas abandonnée, bien que j'en ai eu l'idée de nombreuses fois), mais ce n'est pas du tout un coup de coeur, loin de là. Parmi les nombreux titres de cette rentrée littéraire, il y en a d'infiniment mieux !!!
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Une bête au paradis

"Une bête au paradis" se lit d'une traite, vite, peut-être un peu trop vite...oui mais voilà la langue est belle, écriture acérée, tranchante, des chapitres brefs, de belles métaphores, une puissance descriptive accrocheuse des personnages, de leurs sentiments, de leur âme « [...] un frère défait [...] aux yeux baignés de larmes et de peine » , « Le vert si dur, si beau de ce regard avalé par le temps se transformait en gris, un gris de terre, un gris de jument, un gris qui ternissait tout, amplifiait les petites peurs, les angoisses sans importance. » ....

Alors, oui, je me suis laissée happer par ce petit coin de paradis, dans cette ferme témoin de souvenirs accumulés depuis plusieurs générations, témoin des dures conditions de vie en milieu rural et qui résiste au temps grâce à la vaillance, au courage de deux femmes, Émilienne la grand-mère et Blanche sa petite-fille.

On pénètre dans l'intimité de cette famille et l'on découvre que la vie dans ce paradis n'est pas toujours simple, ni rose, que l'espoir cède en un éclair de temps sa place au désespoir, que les rancoeurs, les regrets ternissent l'atmosphère, qu'il est un environnement hostile à la quête du bonheur et que comme tout Paradis ... il est bel et bien empoisonné !

« Le Paradis était un endroit maudit tenu par un ange au visage aussi creux qu'une gamelle, aux épaules un peu bases, à la poitrine trop large pour ce corps ramassé.

Émilienne ressemblait à ce que la terre avait fait d'elle : un arbre fort aux branches tordues. Ses mains, ses pieds, ses oreilles semblaient grandir en dehors de son buste, tandis que ses jambes, ses hanches et son ventre, noueux, presque inexistant, n'étaient que muscles et os. Émilienne était solide mais cassée, elle avait collecté les morceaux de sa propre vie, se levant chaque matin à l'aube, se couchant chaque soir après Gabriel, Blanche et Louis, consciente que l'un d'entre eux devrait, un jour, lui succéder. »

Une ambiance particulière dans ce roman et une atmosphère qui se noircit et devient au fil des pages de plus en plus pesante, étouffante jusqu'à la chute ... prévisible (ça c'est un peu dommage !).

Il est question de trahison, de vengeance, d'attachement viscéral à la terre, de passions, de chagrins, d'amour aussi « Comment guérir d’un amour vivant ? » ...dans un environnement circonscrit à la ferme et ses proches alentour.

Alors que notre familiarité avec la terre s'effrite de plus en plus et que le mode de vie urbain est privilégié dans notre société, ce livre est un hymne aux racines, à la terre ; la confrontation urbain-rural, vie nourricière-population urbanisée qui occupe la toile de fond de ce roman, le rend justement très intéressant.

« Déjà, ailleurs, on s'armait contre la concurrence, d'une cruauté sans pareille, moderne, dévorante, indifférente ; la concurrence sonnait ses cloches dans les campagnes, aux informations on évoquait la détresse des agriculteurs, on parlait des suicides, des impayés, de la solitude affreuse. »

« On construirait bientôt des maisons qui se ressembleraient, jumelles multipliées, fonctionnelles, la ville arriverait avec ses bras de goudron, de peinture et de péages, elle viendrait jusqu'au Paradis et il ferait partie de cette ville rampante. Les hommes et les animaux mourraient pour que les villes continuent de grandir, dévorantes. »

Des personnages denses et bouleversants, à l'exception d'un d'entre eux, que je n'ai pas su percer...



Des verbes comme titres de chapitres qui pourraient résumer à eux seuls ce roman de vies brisées :

Faire mal, Protéger, Construire, Surmonter, Grandir, Tuer, Naître, Observer, Risquer, Fuir, Se tordre, Rêver, Percevoir, Savoir, Guérir, Continuer, Dire, Avoir faim, Séduire, Cacher, Battre, Rencontrer, Sécher, Frapper, Aider, Vieillir, Soigner, Revenir, Attendre, Se retrouver, Aimer encore, Y croire, Être heureux, Vendre, Tomber, Avouer, Pleurer, Cogner, Lire, Remplir, Venger, Surgir, Vaincre, Vivre...



Troisième rencontre avec la plume de Cécile Coulon, et ce ne sera pas la dernière.



Roman de la rentrée littéraire de septembre dernier, j'arrive un peu après la bataille...Lu pourtant en novembre 2019... Chez moi, il y a la pile de livres à lire (immense) et celle de livres "hérisson", bourrés de post-its marque-pages et de bouts de papier rassemblant mes idées, à chroniquer (conséquente) ;-))
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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