Ethan Frome est un homme physiquement brisé, distant, renfermé sur lui même. La quarantaine, marqué par ses souffrances personnelles, il est le mystère que le narrateur souhaite éclaircir. Il faut remonter 20 ans plus tôt pour comprendre ce personnage, mais seulement si l'on arrive à percer la coquille de cet homme.
le poids du devoir familial puis marital l'a enchaîné à la ferme. La maladie est la malédiction du jeune Ethan. Son père puis sa mère
et enfin sa femme ont tous flanchés, rendant sa vie triste, pleine de la souffrance de l'autre et du silence du malade.
L'arrivée de la jeune cousine de sa femme comme aide ménagère est un renouveau rafraîchissant pour Ethan. Un retour à la vie dans un quotidien pesant, qui redonne à Ethan tout les espoirs de sa jeunesse. L'amour naissant entre ces deux êtres, la présence silencieuse de l'épouse souffreteuse, . donnent un huis clos étouffant, que la saison hivernale alourdit encore.
Edith Warthon écrit ici une histoire banale d'amour impossible mais sa plume lui donne une profondeur étonnante. La construction du roman, originale, est formées de deux points de vue. Celui d'un étranger, curieux de l'histoire d'Ethan, dont la connaissance partielle des faits donne des indices sur la résolution tragique de cette histoire et le goût d'en savoir plus, de comprendre. Puis le regard d'
Ethan Frome sur les trois derniers jours avant « l'accident », vous attrape. Sa droiture, sa naïveté, autant de traits de caractères qui font de lui un homme que la vie va briser.
Écrit dans les années 20, ce roman est attachant par la capacité de l'auteur à faire du paysage un reflet de l'histoire. Cet hiver glacial, miroir de l'ambiance de la maison, auquel s'oppose la passion d'Ethan et de Mattie. L'espoir du printemps après un hiver trop long.
Le choix d'Edith Warthon de ne délivrer aucune pensée de l'épouse, juste son silence et sa froideur, pèse sur le récit.
Un roman troublant qui vous tient jusqu'à son dénouement, qui vous surprend plus que se à quoi vous vous attendiez.