Ce n'est pas l'histoire, très banale dune femme amoureuse et jalouse habitée par une haine tenace, qui compte ici. Non, ce sont les décors fabuleusement retranscrits qui accrochent le lecteur.
L'histoire se passe en Australie. L'odeur des eucalyptus, des mimosas, des roses enivrent le lecteur. D'autres odeurs moins sympathiques vous chatouillent les narines, celles des moutons, vaches et taureaux qui paissent alentour. Les cris des animaux déjà cités ajoutés à ceux des oiseaux de toutes sortes vous étourdissent. La poussière charge vos vêtements d'une couleur rouge. Les larges plaines ressemblent à d'immenses étendues de terre craquelée ou de terres inondées quand la saison des pluies arrive. Des kilomètres de barbelés essaient d'endiguer la course folle des dingos et autres kangourous...
Vous vivez dans le bush et apprenez le langage et la difficile vie des éleveurs de bétail (et des animaux parfois malmenés). Vous apprenez à lire dans les yeux et la toison des animaux. Pour parcourir les kilomètres que forment la propriété, vous vous déplacez grâce à votre fidèle compagnon, le cheval.
Et puis vous apprenez aussi à respecter l'eau, si chère et si rare dans ce pays. Vous comprenez l'importance des forêts et des arbres centenaires. Vous connaissez aussi l'importance d'avoir des voisins, même éloignés...
Bref, une sacrée entrée dans le pays de Skippy !
J'ai adoré me plonger dans cette ambiance ! L'immersion a été totale et le dépaysement complet.
Paul Wenz, natif de Reims, est devenu le « grand romancier de l'hémisphère austral ». Mais le plus surprenant dans ce roman, très actuel dans toutes les idées écologiques citées, est d'apprendre que l'auteur est né le 18 août 1869. Qu'il s'est établi en Australie au tournant du siècle, après quatre tours du monde. Et que son roman date de 1931 !