Le mot "personne" en français comme en anglais, vient du latin persona, ce qui signifie ; ce au travers de quoi (per) le son (sona) passe. Il s'agit aussi des masques portés autrefois par les acteurs du théâtre classique. Ces masques étaient dotés de larges bouches faisant offices de mégaphone, ce qui permettait de porter le son plus loin. Ainsi le persona, la personne, c'est le masque, c'est à dire le rôle que vous jouez.
L'image que vous avez de vous-même est une institution sociale au même titre que, par exemple la division des jours en vingt-quatre heures ou du mètre en cent centimètres ou que le tracé purement
imaginaire des latitudes et des longitudes à la surface de la terre.
Exactement de la même manière l'image que vous avez de vous-même est un concept imaginaire, pas autre chose en réalité qu'une caricature
On pourrait dire que la méditation n'a besoin ni de raison ni de but.
Ainsi envisagée, elle se situe à l'opposé de toutes nos activités, exceptées peut-être la danse et la musique.
Quand nous faisons de la musique, ce n'est pas pour atteindre un certain point, qui serait, par exemple, la fin du morceau. Si tel était le but de la musique, le meilleur exécutant serait évidemment le plus rapide.
Et quand nous dansons, nous ne nous déplaçons pas pour atteindre un certain endroit, un lieu donné, comme en voyage. Quand nous dansons, c'est le voyage même qui est le but; quand nous faisons de la musique, c'est la musique qui est à elle-même sa propre fin.
Il en est exactement de même pour ce qui est de la méditation.
La méditation est découverte que le but est déjà là, dans le moment présent.
Je veux parler du rapport étrange de ma tête et de mes yeux. Tout se passe comme si mon oeil était confronté à tout un monde; mais derrière mon oeil ne se trouve aucun point noir, encore moins quelque chose de flou et de brumeux. Il n'y a rien, rien du tout! Je n'ai en effet nullement conscience de ma tête comme d'un point noir au milieu de toute cette expérience visuelle lumineuse. Quant aux limites de mon champ de vision, elles ne sont elles-mêmes pas bien nettes : celui-ci affecte une forme ovale, mais derrière cet ovale visuel, il n'y a rien du tout. Bien entendu, si je me sers de mes doigts, c'est à dire du sens du toucher, je ressens bien qu'il y a quelque chose derrière mes yeux ; mais si je n'utilise que le seul sens de la vue, c'est le néant complet. Et malgré tout, à partir de ce néant, je vois.
Du fait que nous confondons les idées, les mots et les symboles chargés de désigner le monde avec le monde lui-même. L’ego, ce que nous éprouvons comme notre moi, est fait de l’image de nous-mêmes que nous voyons dans un miroir, bref, du masque, du rôle que nous jouons et auquel nous croyons nous identifier.