Écrit dans les années 1950, je découvre le "
Traité de civisme" de
Boris Vian au moment où l'on fête le 100e anniversaire de sa naissance puisque c'est l'occasion de rappeler la diversité de son oeuvre. D'ailleurs, il n'est pas surprenant que le parolier du Déserteur ou de la Java de la bombe atomique soit l'auteur de ce traité. Car ici c'est le citoyen qui parle. Il propose une sorte de réquisitoire contre des problèmes majeurs qui hantent l'humanité notamment le travail oppressant qui rend impossible la création et la guerre sous toutes ses formes.
C'est un livre plus doctrinaire qu'analytique et je ne le rejoins pas toujours dans les solutions qu'il propose, en particulier quand il prône l'individualisme et rejette en bloc, méprisant, tout ce qui touche à la politique. Si
Boris Vian privilégie les textes courts parce que « diluer les faits ne sauraient leur donner du poids », il admet aussi que c'est la paresse qui le tient éloigné de la politique.
Pour autant, sa haine excessive du parlementaire qu'il baptise parler-menteur ne m'a pas vraiment fait rire contrairement à ses propos sur le colonialisme car il trouve le ton juste et son humour est percutant.
Il faut dire qu'il est difficile de distinguer l'humour au sérieux parce que les sujets abordés sont plutôt graves.
Bref, il y a une ambiguïté volontaire dans ce qu'écrit
Boris Vian et tout est bon pour jouer avec les mots. J'ai donc fait un peu le grand écart entre la critique loufoque et l'excellent.
Nicole Bertolt nous explique qu'il ne cessa de modifier et d'enrichir tout au long de sa vie ce recueil qu'elle a complété dans une nouvelle édition de 2015 par des écrits dans le même esprit que les textes fondateurs du collège de
Pataphysique.
Les enjeux politiques, les problèmes sociaux et environnementaux ainsi que
Boris Vian les soulève font écho aux préoccupations de 21ème siècle. Ce qui est donc certain, c'est que ce «
Traité de civisme » est toujours d'actualité.