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4,47

sur 6639 notes
Relecture après une trentaine d'années. Je redécouvre avec émerveillement l'écriture de Steinbeck ! Quel grand écrivain, quel roman époustouflant, une belle claque .
J'ai bien aimé le rôle de la mère de famille, la " citadelle" de la famille; et cette citation m'a donné à réfléchir " Elle semblait connaître, accepter, accueillir avec joie son rôle de citadelle de la famille, de refuge inexpugnable... Elle semblait avoir conscience que si elle vacillait, la famille entière tremblerait, et que si un jour elle défaillait ou désespérait sérieusement , toute la famille s'écroulerait , toute sa volonté de fonctionner disparaîtrait."
Deux autres jolies phrases à ne pas oublier :
- " Maintenant je sais qu'on ne peut arriver à rien tout seul".
- " Vis donc dans le présent. Passe la journée d'aujourd'hui . Ne te tourmente pas ! "
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Quoi ? Ce livre a été écrit en 1939 et le sujet qu'il traite n'a pas pris une seule ride ?
Mais comment l'humanité n'a pas pu progresser en 80 ans ?
Alors bien sûr, les migrants ne sont pas les mêmes, les raisons économiques ne sont pas les mêmes...
Mais quand même ! L'homme aurait pu apprendre de son histoire !

Et puis au delà du sujet, je dois avouer à ma grande honte que c'est le premier Steinbeck que je lis... la force de cette écriture !!!!!
J'ai souffert aux côtés des Joad et des Okies durant tout ce bouquin. Je me suis dit que le capitalisme était un fléau pour l'homme à cette époque, plus que les catastrophes climatiques, mais a-t-il réellement changé ?
Ce bouquin devrait être une lecture obligatoire !
Merde, serais-je une rouge ?
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Que peut-on écrire après ça? Que peut-on lire, même, après "Les Raisins de la Colère"?
Bien sûr, il en reste à découvrir des chefs d'oeuvre ou simplement de bons, voire de très bons livres... Et les coups de foudre ne manqueront pas qui me soulèveront et me feront d'enthousiasme défaillir. Mais quand même, "Les Raisins de la Colère".
C'est au delà de la déflagration, au delà de l'uppercut et du coup de poignard et en plus, c'est sublime.

Oklahoma, 1929 ou peut-être quelques années après. La Grande Dépression frappe de plein fouet, le dollar qui n'était que roi se fait sacrer empereur et les banques, et les grands propriétaires se taillent la part du lion quand les petits propriétaires, les simples fermiers peinent à arracher de quoi vivre à la terre ingrate . Sur le pas de leurs portes, ces derniers voient de plus en plus souvent débouler les engins qui fracassent leurs pauvres granges -celles qu'avaient bâties leurs grands-pères et leurs pères-, qui épuisent la terre et la meurtrissent à coups de hachoirs.
Et ils s'endettent, jusqu'à être pris à la gorge. Jusqu'à devoir partir.
Ce destin-là, c'est ce qui attend la famille Joad, qui, comme ses voisins, comme de nombreux okies, se résout à quitter sa ferme pour trouver mieux ailleurs.
Pour eux comme pour leurs compagnons d'infortune, le mieux est à l'ouest, l'eldorado est en Californie, là où les orangers ploient sous le poids des fruits gorgés de soleil, là où la terre est grasse et l'herbe bien verte. Là-bas, mieux que des rivières de lait et de miel, il y a du travail. Si, si, c'est vrai. Les Joad ont trouvé des prospectus qui l'affirment en grosses lettres: en Californie, il y a de l'ouvrage pour chaque membre de la famille et la promesse d'avoir à nouveau une maison à soi et des projets d'avenir.
Péniblement, alors, ils entassent leurs maigres possessions dans un vieux camion et s'en vont cahin-caha sur les routes dans une odyssée qui s'achève dans une apothéose quasi-biblique. Les dernières pages!..
C'est grandiose, c'est beau même si ça prend aux tripes jusqu'à en avoir mal, même si ça révolte. Heureusement d'ailleurs qu'il révolte ce roman sublime.
Le roman des laissés-pour-compte du rêve américain.

Tout est parfait dans ce texte, tout est à sa place et Steinbeck est un magicien. Je ne sais par quoi commencer...
Par l'écriture de Steinbeck peut-être, à la fois hyperréaliste et d'une puissance sans pareille qui fait s'alterner des chapitres généraux, presque documentaires et les autres, ceux qui racontent les Joad et leur épopée avec fluidité, un sens aigu de la narration et du romanesque, une force incroyable. A la réflexion, Steinbeck était, pour la perfection de son style et de son roman, bien plus qu'un magicien.
Et puis de cette écriture jaillissent des personnages complexes, vrais, d'une densité rare auxquels on s'attache presque douloureusement. Moi, je me suis particulièrement attachée aux pas de Tom, de Mam et du pasteur…
Il ressort enfin de ce récit et de ces protagonistes une fresque sans concessions qui certes dénonce la condition de ces milliers d'américains victimes de la grande dépression et broyés par le système mais qui revêt aussi une dimension encore plus vaste. L'exil des Joad partis en quête d'un monde meilleur pourrait être celui de n'importe quel migrant, d'où qu'il vienne et où qu'il aille; hier, aujourd'hui ou demain. Leur histoire aussi m'a fait penser -peut-être parce que c'est de ce monde que je viens- aux agriculteurs, aux petites exploitations qui se sont éteintes parce qu'elles ne tenaient pas la distance dans la grande course à la modernité et à l'industrialisation et à celles qui luttent encore jour après jour pour exister et ça m'a fait mal.
On a encore besoin des Raisins de la Colère pour tellement de raisons... et on a toujours besoin d'une grande histoire, d'un grand roman. de beauté aussi.
Les chefs d'oeuvre ne sauveront peut-être pas le monde, mais ils le rendent souvent plus beaux et meilleur parfois.

Mais j'ai déjà trop écrit et j'ai un film à chercher!






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Autre roman de John Steinbeck que j'ai adoré bien que je l'ai lu il y a de nombreuses années. J'en ai beaucoup apprécié le style direct et sans fioritures, l'écriture soignée mais sobre; les personnages criants de réalisme auxquels on ne peut s'empêcher de s'attacher: on vibre, on souffre, on espère avec eux. L'auteur nous fait découvrir un visage sombre de l'Amérique des années 30, pas si éloigné que ça de l'Amérique d'aujourd'hui.
Ce roman au souffle épique nous fait réfléchir sur le comportement des hommes en situation de crise: que signifient alors des mots tels que solidarité, bienveillance, amour du prochain??
Une lecture aussi divertissante qu'instructive, malgré tout porteuse d'espoir en la nature humaine.
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Au moins deux chemins de ma vie me menaient aux Raisins de la colère de Steinbeck. Tout d'abord, ma lecture Des souris et des hommes, dans ma jeunesse, qui m'avait bouleversé, la découverte d'un auteur majeur. L'envie de lire l'autre oeuvre marquante était donc forcément présente. L'album The Ghost of Tom Joad de Bruce Springsteen, hommage du Boss au personnage central des Raisins et réécriture moderne de la mythologie humaine créée par Steinbeck.

Pourquoi ai-je-mis autant de temps à emprunter ces chemins, c'est là une question à laquelle j'ai du mal à répondre ? Mais quel bonheur de l'avoir enfin fait, quelle nouvelle claque émotionnelle, humaine l'on ressent à la lecture de ce chef d'oeuvre. Dès qu'on a commencé à accompagner ces gens sur la route de leur épreuve, on ne peut plus les quitter, on fait partie de la famille à l'image du révérend Casey, pièce rapportée comme nous et pasteur devenu philosophe humaniste face aux douleurs que les hommes s'imposent entre eux. On espère avec eux, on s'effondre avec eux.

On pourrait réfléchir à la manière qui a permis à Steinbeck d'impliquer autant son lecteur dans le destin de ces personnages (les nombreux dialogues retranscrits dans leur gouaille populaire, les alternances entre courts chapitre décrivant le contexte général et longues séquences aux côtés de la famille Joad) mais les recettes littéraires ne suffisent sans doute pas à expliquer le miracle qu'est un livre pleinement réussi, qui touche au coeur de l'âme humaine dans ce qu'elle a de fragile, de terrible et de merveilleuse. On ne peut que, à l'image de Springsteen, se dire que L Histoire ne fait que se répéter, dans ses drames mais aussi dans la solidarité qui émergera toujours des épreuves subies par l'humanité.
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A lire et relire, ce livre est pour moi est un chef-d'oeuvre.
Ce sont l'Amérique des années 30, le rêve américain qui se retrouvent sous le bistouri de l'auteur pour une dissection en bonne et due forme.
Très belle leçon de vie, de courage, à remettre en toutes les mains.


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Tom Joad a tué un homme. Il a été condamné à sept ans de prison, mais vient d'être libéré pour bonne conduite, après quatre ans d'emprisonnement.
Il rentre donc chez ses parents, près de Sallisaw, dans l'Oklahoma. Mais, quand il arrive près de la petite maison des Joad, accompagné par l'ancien pasteur du coin, Jim Casy, il constate que le logement familial est abandonné.
Les Joad se trouvent chez l'oncle John. Ils ont quitté leur maison après que les tracteurs soient venus les chasser. Ce sont les sociétés agricoles et les banques qui sont propriétaires des champs et ceux-ci doivent être travaillés grâce aux nouvelles machines. Les petits métayers comme les Joad n'ont donc plus de raison d'être.
La famille Joad a reçu des prospectus expliquant la recherche de main d'oeuvre en Californie et s'apprête donc au grand départ. Tom et Casy les rejoignent à temps pour les accompagner.


"Les raisins de la colère" a remporté le Prix Pulitzer en 1940. Depuis, ce roman a fasciné des millions de lecteurs.

Plusieurs de ces lecteurs trouvent le récit bouleversant d'actualité. Et c'est vrai: j'ai trouvé de nombreuses similitudes entre le texte de Steinbeck et mon cours d'économie politique d'il y a deux ans. A l'occasion d'un module consacré à l'agriculture et aux multinationales, nous avions visionné un documentaire qui donnait plusieurs éléments d'informations sur l'agriculture mondiale:

- au Brésil, les petits exploitants, qui cultivent à la main des lopins de terre leur appartenant depuis plusieurs générations, sont chassés par les multinationales. Celles-ci regroupent l'ensemble des terrains, les transformant en parcelle de milliers d'hectares et les cultivent mécaniquement, en utilisant énormément d'engrais. Cela rappelle la situation de la famille Joad;

- les multinationales cultivant des milliers d'hectares peuvent se permettre de vendre une tonne de leur production a un prix extrêmement compétitif; tandis que les agriculteurs africains, par exemple, doivent vendre la même tonne plus cher (puisqu'ils ont plus de difficultés à produire, n'utilisant ni machines ni engrais). Résultat: les multinationales écoulent plus facilement leurs produtits et les petits agriculteurs ne parviennent plus à vivre de leur métier. Ils quittent leurs fermes et rejoignent les villes où ils espèrent trouver un emploi. La plupart du temps ils ne trouvent rien et viennent grossir la population des bidonvilles. Encore une fois, les Joad se retrouvent dans la même situation, notamment lorsqu'ils s'installent à Hooverville.

Je pourrais continuer comme ça encore longtemps.

La famille Joad, donc, se retrouve dans une situation particulièrement désespérée. Ils n'ont que peu d'argent et pas beaucoup à manger pour faire le grand voyage jusqu'en Californie. Et on a l'impression que, lorsqu'il quittent leur terre, ils quittent aussi une partie d'eux-mêmes. Ainsi, les membres de la famille Joad commencent à se détacher les uns des autres: certains meurent, d'autres décident de s'en aller et de ne pas continuer le voyage.

Steinbeck nous offre donc un récit très dur et, dans un sens, violent. le sentiment d'injustice qui s'en dégage est tout simplement révoltant, encore à notre époque. Les Joad, victimes d'un système qui ne veut plus d'eux et qui les dépasse, nous deviennent peu à peu sympathiques; le lecteur s'attache réellement à cette famille et souffre des humiliations qu'ils doivent subir en silence.

Et ces milliers d'anonymes, ces autres familles en route vers le paradis qu'on leur a promis, sont autant à plaindre. L'impression qui se dégage du récit de leur transhumance est celle d'une certaine extermination, comme si les banques et les sociétés ne souhaitaient qu'une chose: que ces milliers de personnes soient rayées de la carte, qu'elles disparaissent afin de ne plus les gêner. Comme si le seul moyen de s'en débarasser était de les laisser mourir de faim...

Très émue par ce magnifique roman, je me suis aussi souvenue d'une chanson, que je n'ai pourtant plus écoutée depuis des années: "The Ghost of Tom Joad", de Bruce Springsteen. Inspirée par Les raisins de la colère (comme Springsteen le précise dans ses remerciements à la fin de l'album), la chanson est aussi touchante que le roman.
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Les raisins de la colère nous bouleverse par la combativité et la dignité de ces hommes et de ces femmes acculés à la misère la plus absolue.
Ils errent sur les routes au gré d'un travail saisonnier leur donnant à peine de quoi survivre, mais ils sont ainsi des milliers alors, comme souvent, le profit d'une poignée d'Hommes retentit sur le quotidien de tous les autres.

C'est un chemin long et chaotique, sur une route pavée de dalles venues de l'enfer. La faim, l'épuisement, le désespoir... mais jamais le renoncement. Tant que la colère tient les Hommes, ils ne se résignent pas et ils avancent un pas de plus.

La solidarité entre miséreux redonne foi en l'humanité et aide à espérer un avenir enfin prometteur... c'est aussi ça qui leur donne la force de croire encore même quand la situation n'offre que désolation.

John Steinbeck a ce talent indéniable et incroyable de savoir donner un relief terriblement humain à ses personnages. On s'attache au destin de cette famille : Man, Pa, Tom, Al, Oncle John, Rose de Saron et tous les autres, en redoutant pour eux tous les obstacles, les espoirs déçus et les peines qu'ils traversent immanquablement, et on prie secrètement qu'enfin le ciel s'éclaire, mais il demeure si désespérément sombre...

Écrit en 1939 (et publié en français en 1947), ce livre est à la fois terriblement actuel puisqu'il nous rappelle que l'argent fait figure de valeur absolue pour quelques-uns et le nerf de la guerre pour beaucoup d'autres, mais il est aussi indéniablement moderne avec Man, qui à mes yeux constitue l'héroïne principale. Une femme forte, ou plutôt qui fait fi de sa vulnérabilité, pour mettre à l'abri les siens, une femme qui dans ce monde d'hommes agit, décide, organise et insuffle l'élan vital nécessaire à la survie de chacun et de tous.

Tombée sous le charme de l'écrivain avec Des souris et des hommes, je m'incline une fois encore avec Les raisins de la colère devant son talent.
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"Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition". Cette citation de Michel de Montaigne m'a obsédée pendant la lecture de ce douloureux chef d'oeuvre.

John Steinbeck alterne en effet des chapitres sur le périple de la famille Joad, et d'autres presque documentaires sur l'histoire avec un grand H et ce qu'ont vécu toutes ces personnes, ces "Okies" et autres exilés économiques voués à une misère si cruelle, injuste et révoltante.
Ces chapitres "historiques", presque "journalistiques", sont beaucoup plus courts que les autres, mais très précis, sans concession, et font la plupart du temps froid dans le dos.

Quand aux Joad, que dire sur cette "famille témoin", si ce n'est que nous vivons avec ses membres, souffrons avec eux, espérons beaucoup aussi, mais pleurons encore plus. Les chapitres les plus longs lui sont consacrés, semblant ne jamais se terminer à l'instar des malheurs de ces pauvres gens.
La solidarité qui règne dans cette communauté est bouleversante, et constamment mise en avant. À l'inverse les banques et propriétaires terriens sont dépersonnalisés, comme si de tels actes ne pouvaient émaner de personnes en chair et en os. Steinbeck, optimiste et idéaliste ? Peut être, même la fin apocalyptique est avant tout une immense aventure humaine.

J'ai commencé ce livre à reculons le croyant poussiéreux et ennuyeux, j'ai découvert un joyau.
Quelle langue, quelle vision, quelle émotion ! Et surtout quelle générosité. Merci Monsieur Steinbeck.
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« Dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant des vendanges prochaines » Une écriture descriptive, s'attardant sur les détails. Une pure beauté transpire des pages. Un très grand livre, traitant du sort réservé aux nombreuses familles de fermiers et ouvriers avant pendant et après le jeudi noir de 1929. La crise aux Etats-Unis décrite par John Steinbeck. Il concentre son récit sur une famille de fermiers souffrant des dommages que créent le capitalisme sans foi ni loi, et le productivisme ridicule. La pauvreté, la misère prend les tripes. Les personnages émeuvent d'humilité, de beauté. le lecteur ne peut que s'attacher à tel roman. Personne n'est à l'abris.
Extrait du livre sur fnac.com : « le soleil se leva derrière eux, et alors... Brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l'immense vallée. al freina violemment et s'arrêta en plein milieu de la route. - Nom de Dieu ! Regardez ! s'écria-t-il. Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d'arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit : - Dieu tout-puissant ! ... J'aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau. »
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