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sur 6639 notes
Je me revois encore dans un bus nous menant au coeur du Rajasthan...Secouée de tous cotés par les aléas de cette route de campagne, je dévorais cette épopée à cent mille lieux des paysages indiens qui s'étalaient sous mes yeux, pour me plonger dans l'ouest américain de la grande récession, avec la famille Joad, elle aussi sur les routes... Si la lenteur de Steinbeck m'a au début déroutée, je n'ai ensuite que plus apprécié la description des personnages et de leurs aventures. Un livre extrêmement fort qui va crescendo pour devenir une grande oeuvre.
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John Steinbeck fait partie des écrivains du 20ème siècle qui ont choisi de mettre au grand jour les failles, les insuffisances et les injustices de la société américaine.
Avec "Les raisins de la colère" publié en 1939, il complète sa fresque en trois volets sur les difficultés de vie des ouvriers agricoles en Californie.
Dans ce roman épique, il peint avec justesse le sort réservé à toute une famille qui quitte l'Oklahoma pour la Californie. Leur périple va être éprouvant et tragique, de camps de réfugiés en bidonvilles, dans une Amérique en proie à la misère.
C'est la période de la grande dépression mais face à la crise économique on trouve un vibrant appel à la solidarité et c'est ce que j'ai particulièrement apprécié.
Digne de son prix Nobel de littérature, Steinbeck alterne entre l'histoire de la famille Joad et des descriptions poétiques du paysage américain, le tout assemblé donnant une vision à la fois belle et tragique de cette histoire que John Ford a rendu célèbre en l'adaptant au cinéma.


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Ma première lecture de ce livre remonte à très longtemps, ses pages ont jauni et la colle de sa reliure est en piteux état, mais une critique de cmpf m'a donné envie de le relire. Je me souvenais des grandes lignes de l'histoire mais sans plus, et j'ai retrouvé un livre malheureusement toujours actuel. On parle aujourd'hui de migrants et plus d'Okies, mais le monde a bien peu changé depuis les années 1930. Nos migrants n'ont même plus de camion, les campements sauvages existent toujours et si on ne les incendie pas, le résultat n'est guère plus flatteur. A quand un nouveau Steinbeck pour écrire un remake du 21 ème siècle avec son climat fait d'un mélange flou d'un peu de compassion et de beaucoup d'hypocrisie et de xénophobie. Relisez "les raisins de la colère", ce livre mériterait une réédition qui le remettrait en tête de gondole.

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Ils ont été chassés de leur terre, héritée depuis des générations, par les tracteurs plus productifs de grandes sociétés anonymes dorénavant propriétaires. En désespoir de cause, ils migrent alors vers la Californie, terre promise, où le travail est assuré. Mais voilà : 300 000 de ces miséreux, dédaigneusement nommés Okies, se mettent en route avec la même espérance.
La désillusion sera grande car de travail il n'y en a quasiment pas ou si mal payé.
C'est au travers de la famille Joad, que Steinbeck façonne le portrait de ces migrants méprisés, rejetés, maltraités par les propriétaires des vergers avec la complicité des shérifs locaux.
Dans le contexte de la Grande dépression ce roman dénonce l'exploitation d'une main d'oeuvre de pauvres gens acculés dont la paye de chaque jour suffit à peine pour se nourrir.
Et bien, voilà un sujet très contemporain, toujours d'actualité si l'on songe à tous les migrants qui affluent aujourd'hui en Europe. Les conditions de vie précaires sont les mêmes, le rejet, la relégation dans des campements de fortune.
Dans cette triste épopée, le personnage central Man, la mère, est le solide pilier qui tient toute la famille. Jamais elle ne baisse les bras, toujours prête à relancer, elle n'hésite pas à affronter l'avis de tous droite et digne pour sauvegarder l'unité familiale. Elle houspille avec rudesse et sait se faire tendre et attentionnée lorsque la santé de l'un ou de l'autre est menacée. Figurent de très belles scènes d'amour filial avec sa fille Rose de Saron et surtout avec son préféré Tom. Les deux plus jeunes enfants Ruthie et Winfield sont également décrits avec beaucoup de justesse : l'insouciance et la légèreté de l'enfance, les chamailleries fraternelles parfois revanchardes.
La tragique condition humaine dépeinte par Steinbeck balaie les trajectoires les plus pathétiques à l'image de ce garagiste mesquin prêt à extorquer un maximum d'argent pour de minables voitures aux plus lumineuses comme celle de l'ex pasteur Casy qui disait
«… qu'une fois il était allé dans le désert pour tâcher de trouver son âme, et qu'il avait découvert qu'il n'avait pas d'âme à lui tout seul. Il disait qu'il avait découvert que tout ce qu'il avait, c'était un petit bout d'une grande âme. »
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Je crois que s'il y avait plus d'étoiles, je lui en aurait mis plus à ce bouquin !!! C'est juste sublime comme oeuvre... Steinbeck est un grand, un monument !!! Il nous prend le coeur et en fait ce qu'il en veut ! Voilà un chef d'oeuvre qui m'a ému, ravi, réjouie, attristé, sublimé, élevé, jeté à terre et bien plus encore. Je ne peux que vous conseiller de prendre ce livre entre vos mains, ouvrir la première et vous laisser porter... vous ne regretterez jamais, jamais, jamais ce voyage !
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Une oeuvre magnifique.

Les Raisins de la colère relate l'exil vers la Californie des Joad, famille d'agriculteurs américains du Midwest, en plein coeur de la grande dépression des années 30. Chassés de leurs propres terres, il partent vers l'ouest dans l'espoir d'une vie meilleure. Mais la réalité sera toute autre…

L'histoire est passionnante. A travers le voyage des Joad, Steinbeck dépeint la nature humaine sous toutes ses formes, dans un récit foisonnant aux multiples personnages. le réalisme des scènes, les dialogues, les descriptions… tout contribue à nous immerger, à nous donner l'impression d'être dans ce camion brinquebalant, sur une route poussiéreuse de l'ouest américain.

Dans cet écrin de littérature, Steinbeck aborde des nombreux thèmes qui lui tiennent à coeur : la famille, l'amour de la terre, la lutte des classes, l'injustice, l'instinct de survie, la quête du bonheur, la confiance en l'autre…. de nombreux messages sont transmis. Pour agrémenter l'ensemble, de courts chapitres descriptifs puissament évocateurs donnent un aspect quasi cinématographique au roman.

Un livre très fort et admirablement bien écrit, qui justifie à lui seul le Nobel de littérature.
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Je crois n'avoir jamais lu une dernière page de roman aussi saisissante !
Aussi ahurissante de grâce, de grandeur et de puissance.
Une dernière page capable de déplacer les montagnes,
d'installer l'Atlas au fin fond du Texas, et la Cordillère des Andes dans les plaines arborées de Californie.


Mais si ces lignes couvent en leur sein toute l'infinité du monde, tout son amour, tout son désespoir, c'est qu'elles se révèlent être le couronnement d'un roman exceptionnel.


Un roman forgé quelques années après l'une des périodes les plus sombres que les Etats-Unis aient connue : La Grande Dépression.
Le 24 octobre 1929 a lieu, à New York, l'un des krachs boursiers les plus importants de l'Histoire : une gigantesque bulle spéculative éclate, les défauts de remboursement se comptent par centaines et les banques font faillite les unes après les autres. Impossible de renverser la tendance, le pays ne compte plus assez de liquidités. La production industrielle baisse de moitié entre 1929 et 1933, le chômage ouvrier augmente drastiquement et on considère que deux millions d'américains sont sans-abri lorsque Roosevelt arrive au pouvoir. Les populations rurales meurent de faim et les grèves se multiplient dans tout le pays.
À ce contexte apocalyptique s'ajoute une effroyable sécheresse qui affecte tragiquement les prix agricoles. Des milliers de fermiers des Grandes Plaines n'ont d'autre choix que de migrer vers l'Ouest, à la recherche de travail et de pain.


*


C'est cette histoire que nous racontent Les raisins de la colère de Steinbeck.
Et celle de la famille Joad, forcée de quitter sa terre dans l'espoir de trouver de l'emploi, rejoignant la file ininterrompue des caravanes se dirigeant vers la Californie et s'enfonçant par là même, et comme des milliers d'autres familles, dans une absurde misère et un désespoir dévorant.


Il y a dans l'écriture de Steinbeck une puissance évocatrice hallucinante et un sens poétique indéniable. C'est une poésie de la sobriété et de la terre, une poésie de l'action et du silence qu'il nous livre ici.
Un phrasé d'une pureté absolue, scandé brutalement,
redoutable,
des tâches de couleur apposées au couteau,
sans concession.


Et puis c'est une histoire aussi bouleversante que révoltante, qu'il est impossible de laisser de côté une fois entamée. Ma, Pa, John, Tom, Al, Rose de Saron, Ruthie et Winfield deviennent, le temps de la lecture, des membres à part entière de notre famille. Nous les chérissons autant que nous aimons nos parents, nous admirons leurs qualités et apprenons à nous montrer magnanimes face à leurs défauts.
Car nous le savons, un long chemin nous attend en leur compagnie.


Leur histoire, Steinbeck la raconte de la plus brillante des manières : avec sobriété, intelligence et tendresse.
Le résultat est impressionnant de réalisme et de maîtrise.
Alors chapeau bas l'artiste comme qui dirait,
c'est un Chef d'oeuvre,
sans l'ombre d'un doute!
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Une oeuvre magnifique qui parle de la crise économique aux Etats-Unis au début du XXe. J'ai adoré découvrir la vie de cette famille qui fait tout pour retrouver sa dignité dans un pays qui les abandonne totalement. Cette histoire était entrecoupée de texte plus politique/économique que j'adorais. Cela permet d'avoir une autre vision de l'histoire et renforce les propos de la fiction. En bref une super lecture que je recommande vivement !
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Enfin j'ai pu comprendre l'engouement dont fait l'objet ce roman. L'écriture de Steinbeck vous emporte à l'époque de la grande dépression aux Etats Unis, après la crise de 1929, où l'on suit une famille de fermiers de l'Oklahoma expulsée par la banque et obligée de quitter leur ferme. La famille Joad nous entraine dans cette vague migratoire, entre misère, famine, mais aussi solidarité et liens familiaux indéfectibles. Sublime ouvrage qui nous prend aux tripes et que je regrette de ne pas avoir lu avant, mais l'erreur est réparée. Quelle belle plume ce Monsieur Steinbeck.
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La sécheresse s'est abattue sur certains états américains du sud et du centre. Les pluies de sable et la poussière étouffent la terre et plus rien ne pousse. Les petits fermiers s'endettent pour faire vivre leur famille. Peu à peu, leurs terres sont rachetées par les banques et les consortiums. « Les grandes compagnies ne savaient pas que le fil est mince qui sépare la faim de la colère. » (p. 398) C'est la fin des petits domaines, la naissance des propriétés qui s'étendent à perte de vue et la toute-puissance du tracteur aveugle. Alors, des familles entières partent sur les routes, abandonnant maison et possessions pour un nouvel Eldorado. « Dans leurs petites maisons, les métayers triaient leurs affaires et les affaires de leurs pères et de leurs grands-pères. Ils choisissaient ce qu'ils emporteraient avec eux dans l'Ouest. Ces hommes étaient impitoyables parce qu'ils savaient que le passé avait été souillé, mais les femmes savaient que le passé se rappellerait à eux à grands cris dans les jours à venir. » (p. 123)

Quand Tom Joad sort de prison, il trouve sa famille sur le départ. La terre qui se transmettait de génération en génération ne produit plus et de toute façon, elle n'est plus à eux. La famille Joad se dirige vers la Californie où, paraît-il, on embauche chaque jour des milliers de personnes pour cueillir les oranges et les pêches. Tous les biens sont entassés dans une voiture bricolée en camion et tous, des plus vieux aux plus jeunes, s'entassent sur le véhicule, vers un Ouest prometteur et fantasmé. « La 66 est la route des réfugiés, de ceux qui fuient le sable et les terres réduites, le tonnerre des tracteurs, les propriétés rognées, la lente invasion du désert vers le nord, les tornades qui hurlent à travers le Texas, les inondations qui ne fertilisent pas la terre et détruisent le peu de richesses qu'on pourrait y trouver. » (p. 167) Mais avant d'atteindre la Californie, la route est longue et semée de difficultés. Des membres de la famille Joad disparaissent et l'issue du voyage semble de plus en plus incertaine au gré des rencontres. Il paraît qu'ils sont déjà des millions à avoir déferlé dans les plaines vertes de la Californie, qu'ils sont mal reçus et mal payés. La main d'oeuvre est plus abondante que l'ouvrage et les exploitants diminuent les salaires chaque jour. « Alors, faut prendre ce qu'on veut vous donner, hein ? Ou crever de faim, et si on rouspète, on crève de faim ? » (p. 344) C'est une autre sorte de sécheresse qui attend les Joad, loin de chez eux, et tout ira de mal en pis.

John Steinbeck dépeint avec un talent immense la cruauté de la machine qui renverse les maisons et qui laboure les cours des fermes, mais aussi l'impensable catastrophe humaine, sociale et démographique que représente cet exode, cette ruée vers l'or sucré des vergers de Californie. « C'est pour ça que les gens se déplacent toujours. Ils se déplacent parce qu'ils veulent quelque chose de meilleur que ce qu'ils ont. Et c'est le seul moyen de l'avoir. du moment qu'ils en veulent et qu'ils en ont besoin, ils iront le chercher. » (p. 179) le chômage explose, les migrants s'installent dans des campements sordides qui sont régulièrement détruits par les autorités, les velléités de rébellion et toutes les manifestations plus ou moins communistes sont violemment réprimées. « Ils distribuent l'ouvrage aux enchères, c'est pas compliqué. Ils vont bientôt nous faire payer pour travailler, sacré nom de Dieu ! » (p. 471) Face à des propriétaires arrogants qui règnent sur des domaines immenses sans jamais en toucher la terre, il y a des petits fermiers qui ne demandent qu'à travailler pour nourrir leur famille. L'angoisse de la faim et la fatigue du voyage sont les ferments de la colère. « Ils tâchent à nous démolir le moral. Ils voudraient nous voir ramper et faire le chien couchant. Ils voudraient nous réduire. Sacré bon Dieu ! mais voyons, Man, il arrive un moment où la seule façon pour un homme de garder sa dignité, c'est de casser la gueule à un flic. » (p. 388)

Le personnage de la mère est admirable : cette femme prend les rênes de l'expédition et de la famille en lieu et place du père qui était tout-puissant dans la ferme, mais se trouve démuni sur la route. La mère fait tout pour garder les siens unis avec un coeur ouvert et généreux. « C'est pas de la faute des gens. [...] Ça vous plairait, à vous, de vendre votre lit pour pouvoir faire votre plein d'essence ? » (p. 178) Son courage est structurant, pragmatique et sa colère n'en est que plus amère devant la faim qui tord le ventre de ses enfants. « Comment vivre sans nos vies ? Comment pourrons-nous savoir que c'est nous, sans notre passé ? Non faut le laisser. Brûle-le. » (p. 126) Celle de Tom est plus bouillonnante et cherche un moyen d'exploser. Tom qui sort de prison pour meurtre est hanté par cet acte et même s'il ne veut que rester tranquille auprès des siens, il est comme marqué par un déterminisme sinistre : il a tué, donc il tuera. Et la scène finale est une sublime image de Madone, un espoir au milieu de la fin du monde.

Cette longue odyssée vers le rien et la mort est une oeuvre monumentale et magnifique, un texte qui me marquera pour longtemps. J'avais énormément apprécié À l'est d'Éden et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé dans Les raisins de la colère la scène qui m'avait le plus touchée dans La grande vallée, celle d'un petit déjeuner offert sans contrepartie. Il me reste à voir le film de John Ford et à poursuivre ma lecture de tous les textes de John Steinbeck.
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