AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,47

sur 6639 notes
Quand on vit comme moi dans la vieille maison familiale où plusieurs générations se sont succédé, on tombe nez-à-nez avec des livres qui ne nous appartiennent pas. Une mine d'or pour certains. Un sentiment de culpabilité pour moi. Oui, à force de voir ces classiques dans les vieilles bibliothèques de ma maison, je me dis que ça la fout mal de ne pas les lire.
Alors de temps en temps, je me lance... Avec une pointe d'obligation... (qui ne doit pas être sans répercussion sur ma notation)

Ceci dit, je suis quand même capable de reconnaître la profondeur de l'écriture de John Steinbeck sous son apparente simplicité qui met en exergue l'inhumanité d'un exode forcé sous des dialogues d'apparente légèreté.

Je n'en lirais pas des dizaines, des livres comme ça, mais je suis persuadée d'associer définitivement la famille Joad à la grande dépression de 1929 aux États-Unis.
Commenter  J’apprécie          371
Les Joad avaient une petite ferme avec un lopin de terre en Oaklahoma. Les dettes se sont accumulées et ils ont dû vendre, laisser la places aux tracteurs qui tracent de longues lignes droites au travers des petites propriétés. Les Joad, comme beaucoup d'autres, ont pris la route 66 vers la Californie, la vallée des pêches, des raisins et du coton. Que les gens là-bas meurent de faim exploités par la loi du marché qui leur offre 25 centimes la caisse, ils ne voulaient pas le croire; que l'hiver personne ne les paierait, ils n'y pensaient pas; que les raisins que l'on laisse pourrir sur leur ceps en les arrosant d'essence pour soutenir le prix des fruits, ils n'imaginaient pas, comme beaucoup d'autres, à quel point ils nourriraient leur colère sourde.

Voici un roman magistral, digne successeur de nos Germinal et autres Misérables. Si un chapitre nous narre par le menu l'épopée des Joad, le chapitre suivant prend un envol lyrique ou métaphysique pour situer l'intrigue dans son contexte social ou géographique. Chaque chapitre a sa logique en soi, son début et sa fin, son humour, sa poésie, comme autant de nouvelles nous faisant revivre le destin des petites gens dans la tourmente sans pitié de la grande crise économique américaine des années 1920.
Commenter  J’apprécie          362
À mes débuts de lectrice, mon chemin croisait souvent celui d'un certain John Steinbeck. Son roman "Les raisins de la colère" était souvent mis en évidence sur les étagères de la librairie que je fréquentais. Pendant des années ce roman m'a intimidé, je me jugeais inconsciemment inapte à le lire. Puis le temps passant, je me passionnais davantage pour l'histoire et plus particulièrement pour l'Epoque Contemporaine. J'avais donc mûrit culturellement parlant. Lors d'un cours de littérature anglaise, je devais analyser un extrait « Des souris et des hommes"de John Steinbeck… Steinbeck revenait de croiser mon chemin. Après quelques tergiversations, je me décidais enfin d'attaquer "Les raisins de la colère". Je n'est donc qu'une chose à vous dire : "Foncez l'acheter !"

"Les raisins de la colère", c'est l'histoire des Joad, une famille de fermier victime du krach boursier de 1929. Décidant de fuir vers l'Ouest pour une vie meilleur, ils abandonnent leur terre d'Oklahoma. Ainsi débute leur parcours vers le rêve californien qui les mènera à une fin au combien symbolique mais tout à fait pathétique.

J'ai lu ce roman en trois temps car c'est un roman dense dont j'avais besoin de faire des pauses pour assimiler les nombreuses informations que je recevais. Je n'ai peu de critiques envers ce roman que je juge époustouflant tant il est réaliste.

J'ai apprécié tous les personnages du roman mais avec un certain faible pour Tom (comme beaucoup). Dès que j'ouvrais le roman, les personnages prenaient vie devant mes yeux. Ils sont les porte-paroles des opprimés trop souvent oubliés dans l'histoire.

Ce roman, c'est la rage de vivre ou devrais-je dire de survivre ! Survivre à un monde cruel dans lequel les grands écraseront toujours les petits. Nous y voyons les dérives du monde capitaliste. C'est donc un roman social à lire absolument !

En conclusion, "Les raisins de la colère" vous prend aux tripes tellement qu'il hurle de vérité ! Les plus belles pages sont pour ma part les 200 dernières. Qu'est-ce que vous attendez donc à le lire ?
Commenter  J’apprécie          361
Je vous salue Mâme Joad, pleine d'amour, pleine de courage, pleine d'abnégation, pleine de tant de grâces. Je vous salue les Joad, pleins de générosité ; et plus que jamais dans l'adversité.
Je vous salue, riches que vous êtes, plus que tous les nantis réunis du monde entier, de vos coeurs et de vos âmes dévoués.
Joad, Wlison, Wallace, Wainwright… ils sont la vraie Humanité, malgré leurs pieds crottés. L'homme avec un grand H, qui sait qu'il n'est qu'une part d'une seule communauté, élément d'un grand tout, parcelle d'un unique monde, membre d'une seule famille. Ils savent, eux qui n'ont pas oublié, que la seule loi qui vaille, la seule règle qui importe, c'est de se soutenir, c'est de s'aider. C'est le seul sens de la vie, la seule direction à prendre. C'est le plus grand plaisir qui soit, celui de partager. C'est le seul moyen d'être grand, l'unique accès à la dignité.
Il en sera pour dire que c'est une vision angélique. C'est rigoureusement faux ! Des sociétés premières qui ont vécu sans État, contre l'État même (P. Clastres) et dans l'égalité, uniquement régies par le don et le contre don, et vécurent plus longtemps que tous les empires battis par des conquérants, à toutes les manifestations de solidarité qui s'observent, chaque fois, lors des grandes catastrophes (R. Bregman), l'histoire de l'humanité, de ceux qui la peuplent en grand nombre, même s'ils ne l'écrivent pas, de ceux qui l'honorent même s'ils ne nourrissent pas nos imaginaires fourvoyés, cette histoire noble comme un chêne, dont chaque branche porte mille fruits, tire sa sève de l'entraide.
Mais nous continuons d'enseigner Taylor, ce fou furieux qui choisissait l'ouvrier le plus habile et le traitait comme un gorille, estimant nécessaire de le rééduquer pour qu'il travaille comme il faut. Les Joad, superbe illustration de l'histoire populaire de la science (Conner) ne sont-ils pas l'intelligence-même ? L'adaptation personnifiée ?
Mais nous continuons de d'encenser Hobbes, Machiavel et tous les prétendus penseurs de la politique qui estiment que les hommes sont mus par un gêne égoïste qu'un tyran doit mater. Les Joad et tous leurs frères, sublime incarnation de la loyauté, de l'engagement, du courage et de la force au service de tous, ne sont-ils pas le plus noble visage d'une autre histoire, populaire, fière, belle, de l'humanité (P. Kropotkine, F. Scheidler, F. van Ingen… P. Servigne et G. Chapelle…) ?
Toutes ces valeurs que l'on promeut et dont on veut faire croire qu'il faut les réhabiliter, quand elles sont, en réalité, empêchées dans nos organisations, bafouées par nos institutions, subverties au sein de notre culture même, ne sont-elles pas le ciment de la décence ordinaire (Orwell) ?
Socialisme, communisme, mutualisme, convivialisme, qui se soucie chez les Joad de donner un nom à la seule manière de rester humain ?
Vivre c'est essayer. Essayer c'est trébucher. Se relever c'est persister. Et parvenir c'est alors comprendre, qu'il n'existe qu'un moyen, au service d'une seule fin : s'unir. Vivre une vie d'homme ne se conjugue jamais au singulier. Être nécessite d'être… ensemble.
Commenter  J’apprécie          365
Quelle gifle !!
Voilà un grand, un énormissime ouvrage. de par son propos, de par sa construction, de par son style.
Ici, on sent que tout est à sa place, que chaque mot a été soigneusement choisi.
J'ai été touché par l'originalité qu'offrait cette alternance dans les chapitres. D'abord un chapitre général où la vérité sur les conditions de vie des "Okies" nous est révélée, assénée, martelée même. Une vérité crue, nue, sans détour, terrible, qui nous est livrée à coup de répétitions savamment distillées, de descriptions ciselées, précises, intenses.
Puis une plongée, une illustration, un zoom indiscret sur l'épopée des Joad, famille formidable qui lutte contre l'adversité et un système implacable qui n'aura de cesse de tenter de les mettre à bas. Et on suit leurs aventures comme une magnifique mise en abyme, souffrant et luttant avec eux, redoutant leur destin que l'on sent inéluctable.
J'ai appris beaucoup sur ce pan de l'histoire américaine que je connaissais peu, j'ai rêvé, vécu, frémi, souri, été attendri, été triste, subjugué. N'est ce pas tout ce qu'on demande en ouvrant un livre ?
Ce qui est sûr, c'est que les "raisins de la colere" resteront longtemps dans mon esprit "comme un sacré fantôme de cimetière"
Commenter  J’apprécie          362
Quelle poésie ! C'est sublime ! J'avoue être restée en extase et avoir buggé face à des phrases aussi simples et efficaces que "L'aube se leva, mais non le jour" (Est-ce qu'il y a un truc qui cloche chez moi ?!?...) Alors que j'écris cette remarque, je me souviens que cette pureté tellement efficace avait déjà été une de mes remarques de Des Souris et des hommes. Cela semble être la marque de M. Steinbeck. J'ai relevé un nombre incommensurable de citations ! Il trouve les mots justes pour faire comprendre l'ambiance de cette traversée, sa longueur, sa difficulté. Cela m'a fait voyager à travers les États-Unis avec cette famille. J'aimais également la façon de présenter des situations, des personnages a priori sans rapport avec notre histoire, et rattacher les wagons petit à petit. Mais c'était fait avec parcimonie, ce qui fait que l'on n'était pas perdu ni ennuyé.

Pour le thème, c'est un peu "Germinal" version US des années 1920. C'est le roman des pauvres face aux puissants, d'un rêve, d'une terre d'espérance dans laquelle ils mettent tout. Et l'on sent bien qu'ils seront déçus. Parce que, c'est terrible mais, les plus faibles semblent toujours perdre…

C'est aussi une ode à la terre, au travail manuel de la culture, au lien étroit qui se crée entre le paysan et celle qu'il adore ou déteste, lien que viennent détruire les tracteurs.

Dommage pour la fin (qui n'en est pas vraiment une pour moi) et qui m'a frustrée. Bien sûr, une happy end aurait été complètement inappropriée mais enfin une petite conclusion quoi…

Quoi qu'il en soit, une lecture marquante et intense ! Etape suivante : le film…

Edit après visionnage du film : j'ai trouvé qu'il manquait tellement que j'ai eu du mal à apprécier. Mon mari, n'ayant pas lu le livre, a tout-de-même aimé le film et a trouvé que la plupart des messages étaient délivrés (mais c'est à coup sûr largement moins intense).

~ Pioché dans ma Pal par Neneve
~ Challenge multidéfis 19 : coup de coeur d'un challengeur (MissSherlock)
~ Challenge solidaire classiques 2019
~ Challenge 50 objets-2 : dispense de la lumière
~ Challenge USA : Oklahoma
~ challenge BBC
~ Challenge XXe
Commenter  J’apprécie          367
Ah "les raisins de la colère"!
Un monument que j'emmènerai à coup sûr sur une île déserte.

C'est autant l'ampleur que l'absurdité et la cruauté de la grande Dépression des années 30 aux Etats-Unis que Steinbeck a réussi à restituer, à travers ce récit de l'exode d'une famille de paysans pauvres chassés de leur terre par la misère (et plus prosaiquement, par la banque), jusqu'en Californie, terre rêvée gorgée de fruits et pourvoyeuse de travail pour leur bras.

Perchée sur le toit du vieux camion qui traverse le pays en bringuebalant, j'ai fait le voyage au côté de cette famille tout au long de ce roman magistral, parsemé de passages d'anthologie (les machines qui prennent la place des paysans et violent la terre, l'arrivée en Californie...) et servi par une plume tantôt crissante de terre rocailleuse, tantôt empreinte d'envolées hugoliennes.

Inoubliable!
Commenter  J’apprécie          363
Quel roman peut mieux illustrer les conséquences de la Grande Dépression de 1930 sur les plus démunis ?
Quand en plus le "Dust Bowl" s'en mêle et détruit toutes les récoltes dans le Middle-West, ce sont trois millions de personnes, principalement issus des états d'Oklahoma et d'Akansas, qui se retrouvent sur les routes en direction de l'Eldorado californien.
Steinbeck décrit le parcours de la famille Joad poussée sur la route 66 à la suite de la perte de l'exploitation familiale et la destruction de leur maison. La famille voudrait bien demander des comptes à ceux qui les mettent dehors de chez eux mais à qui demander des comptes quand ce sont des banques ou de grosses sociétés anonymes qui possèdent la terre ?
9 personnes parmi lesquelles Tom le père, le patriarche, un peu perdu par les évènements défavorables qui s'enchainent. Tom le fils, l'insoumis qui sonne la révolte et Man, la mère qui est le ciment de la famille, celle qui prend les choses en main à chaque fois que le désespoir s'installe.
Car après les illusions "à manger du raisin et à cueillir des agrumes quand ça leur chanterait" ou "se la couler douce en Californie". C'est la dure réalité de la survie qui apparait car du travail malgré des tracts prometteurs il y en en a peu, heureusement la solidarité s'installe, il y a même des camps autogérés, trop peu nombreux, où les décisions sont prises démocratiquement, où il y a des blocs sanitaires avec des douches chaudes et où il y a même des bals organisés tous les samedis mais cela n'est qu'une utopie car il manque l'essentiel à l'épanouissement de l'Homme : le travail ! le travail qui permet à tout un chacun de subvenir aux besoins primaires de sa famille. le travail qui donne sa dignité et son utilité à l'Homme.
Et quand les grands propriétaires détruisent les surplus invendus, pour éviter que les cours ne s'effondre, plutôt que de nourrir cette population affamée par la cupidité de ce capitalisme extrême. C'est la colère qui s'éveille parmi les démunis.
"et la colère commence à luire dans les yeux de ceux qui ont faim. Dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines"

Steinbeck est le grand romancier de la pauvreté, il dénonce la marchandisation des hommes et préconise l'unité des prolétaires et la création de syndicats pour contrer cet ogre insatiable. L'union fait la force.

Un grand roman qui n'a pas pris une ride à l'heure, où capitalisme et mondialisation continuent de provoquer de grandes catastrophes naturelles ; où les cours des matières premières agricoles sont toujours manipulées par quelques brokers cupides ; où les enfants et les travailleurs continuent d'être exploités travaillant dans des conditions sanitaires déplorables pour un salaire de misère ; et où des populations entières migrent vers les pays riches, fuyant la guerre ou la pauvreté vers l'Eldorado qui bien souvent n'apporte que désillusion et colère grandissante dans le coeur des Hommes.

Un pur chef-d'oeuvre !

Samuel l'Jackson (Pulp Fiction)
"La marche des vertueux est semée d'obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin surgir l'oeuvre du Malin. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui, au nom de la charité, se fait le berger des faibles qu'il guide dans la vallée d'ombre, de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J'abattrai alors le bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l'éternel quand sur toi s'abattra la vengeance du Tout-Puissant"

Challenge pavé 2020
Challenge multi-défis 2020
Challenge Nobel
Challenge XXème siècle
Pioche dans ma PAL
Commenter  J’apprécie          354
Comment ai-je pu passer à côté de ce livre aussi longtemps ? Ce fut une pure révélation, bien sûr je connaissais sa réputation et son succès mais je ne m'attendais tout de même pas à une lecture aussi intense !

Cette chronique familiale en pleine période de crise et d'expropriations illégales où l'exode vers des terres que l'on imagine meilleures se trouve être la meilleure des solutions a été passionnante à lire. Ce pavé se termine en quelques jours voire quelques heures tant le récit est prenant et dense. Aucune page ne laisse le temps de se reposer, l'intrigue est présente d'un bout à l'autre et l'écriture magistrale.

Un conseil : si vous ne l'avez toujours pas lu, foncez et n'attendez plus !
Commenter  J’apprécie          351
Mais pourquoi ai-je donc attendu si longtemps avant de le lire?
J'ai adoré ce roman au sujet grave et aux personnages si touchants.
Chassés de leur terre au moment de la Grande Dépression, les Joad entament un long périple qui va les mener de l'Oklahoma en Californie dans l'espoir de trouver du travail et un endroit où vivre...
Une histoire poignante, d'espoir et de courage.
Un coup de coeur en ce qui me concerne.

Commenter  J’apprécie          353




Lecteurs (23774) Voir plus



Quiz Voir plus

Les raisins de la colère - John Steinbeck

Comment s'appelle la famille au centre du récit ?

Les Johnsson
Les Joad
Les Andrews
Les Creek

10 questions
130 lecteurs ont répondu
Thème : Les raisins de la colère de John SteinbeckCréer un quiz sur ce livre

{* *}