Les citoyens doivent administrer eux-mêmes leurs affaires, puisque la principale cause du mal social dont nous souffrons vient de leur passivité. Telle est la conclusion pratique à laquelle ont abouti nos recherches précédentes. Mais quelle est la condition essentielle do l'autonomie ? A quel indice peut-on la reconnaître ? — Une commune, une province ne sont vraiment autonomes que si elles peuvent voter leur budget. Car qui dit autonomie, dit indépendance, du moins relative. Or le groupement social, qui tient la bourse et peut en disposer, jouit d'une certaine indépendance; il ne ressemble pas aux conseils municipaux ou généraux actuels, pauvres nécessiteux, qui vont mendier des ressources à l'État et se font souples, flatteurs, service mémo pour obtenir une plus grasse subvention.
Protéger efficacement les droits, là ne se bornent pas les fonctions de l'État. A cette fonction de justice vient s'ajouter une mission civilisatrice, une mission d'utilité publique. Sans doute, sous peine de verser dans l'erreur socialiste, il ne faut pas, faire de l'Etat la Providence universelle des particuliers, chargée de leur procurer directement le bonheur temporel.
L'imitation du passé, comme le goût de l'exotisme, peut entraîner bien loin, s'il n'est pas éclairé. Les anciens théologiens étaient enclins plutôt à accroître qu'à restreindre le rôle de l'État en matière d'aide et d'assistance.