Il importe de connaître les conditions de la science ; nous l'avons vu en Logique ; mais il importe plus encore de connaître les conditions de la moralité, parce que, s'il est utile de savoir, il est indispensable de bien faire. La science est le privilège d'une élite ; la moralité est le devoir de tous.
C'est ce qui rend de plus en plus profonde la croyance que le bonheur des autres est une condition nécessaire du nôtre, qu'il y a étroite solidarité entre le bien individuel et le bien général. C'est pourquoi il vient un moment où les tendances altruistes l'emportent sur les sentiments égoïstes. Arrivé là, l'homme croit qu'il s'oublie et se dévoue aux autres ; mais en réalité c'est de l'égoïsme latent.
La morale formelle étant la science du devoir, c'est-à-dire de l'obligation d'agir selon la loi du bien, il est naturel de l'ordonner en lui donnant pour centre l'idée du devoir.