« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde :
- M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
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Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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Ce qu’on ne peut pas dire,
il ne faut surtout pas le taire, mais l’écrire
Ce qu'on ne peut pas dire,
il ne faut surtout pas le taire
mais l'écrire.
[L]a religion ne suit pas plus nécessairement le mouvement de la foi que celle-ci se précipite vers la foi en Dieu. Car si le concept de « religion » implique une institutions séparable, identifiable, circonscriptible, lié dans sa lettre au jus romain, son rapport essentiel à la foi et à Dieu ne vont pas de soi.
Le fascisme commence quand on insulte un animal, voire l'animal dans l'homme. L'idéalisme authentique consister à insulter l'animal dans l'homme ou à traiter un homme d'animal.
Ce qu'on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire , mais l'écrire.
Ce qu’on ne peut pas dire,
il ne faut surtout pas le taire, mais l’écrire
Au nom de quoi et de quel droit puis-je me dire encore juif? … Quel sens peut-il y avoir à dire, à affirmer, à signer, à maintenir un « me voici », moi un Juif, au-delà du sens et du vouloir-dire?
Pourquoi cette identification de jeunesse à Artaud ? J’ai commencé dans mon adolescence (elle a duré longtemps, jusqu’à 32 ans…) , à vouloir passionnément écrire, avec ce sentiment de vide : je sais qu’il faut j’écrive, que je veux écrire, que j’ai à écrire, mais au fond je n’ai rien à dire qui ne commence à ressembler à quelque chose qui a déjà été dit.
Supposez que la totalité, en quelque sorte, de ce que je, si l’on peut dire, viens de dire, soit une greffe erratique, peut-être parodique, du type, éventuellement d’un « j’ai oublié mon parapluie ».
S’il ne l’est pas en totalité, du moins ce texte-ci, que vous commencez déjà à oublier, peut-il être tel en certains de ses mouvements les plus dérapants, de sorte que l’indéchiffrabilité s’en propage sans mesure.
[...]
Supposez qu’il soit crypté ... pour des raisons dont je sois le seul à connaître l’histoire et le code. Voire selon des raisons, une histoire et un code qui pour moi-même n’ont aucune transparence. À la limite, pourriez-vous dire aussi, il n’y a pas de code pour un seul. Mais il pourrait y avoir une clé de ce texte entre moi et moi...
[...]
Supposez alors que je ne sois pas seul à prétendre connaître le code idiomatique...
Les complices mourront ... et ce texte peut rester, s’il est cryptique et parodique (or je vous dis qu’il l’est, de bout en bout, et je peux vous le dire parce que cela ne vous avance à rien, et je peux mentir en l’avouant puisqu’on ne peut dissimuler qu’en disant la vérité, en disant qu’on dit la vérité), indéfiniment ouvert, cryptique et parodique, c’est-à-dire fermé, ouvert et fermé à la fois ou tour à tour.
Ce traumatisme a provoqué en moi deux mouvements quant aux communautés diverses. D’un côté, le désir de me faire, de nouveau, accepter par les copains, les familles et le milieu non juif, qui était mon milieu. Et, par conséquent, de rompre aussi avec le mouvement juif de grégarité qui s’était, de façon légitime, constitué pour répondre à l’agression et au traumatisme. Je ne voulais pas appartenir à ce qui était la communauté juive […] je ne supportais pas l’enfermement dans cette communauté. En même temps, j’étais plus que sensibilisé, extrêmement vulnérable à l’antisémitisme. Les injures et insultes fusaient à chaque instant. Insultes […] pas seulement verbales, qui m’ont marqué à jamais et m’ont rendu vulnérable et hypersensible à toute manifestation d’antisémitisme et de racisme. Mais, simultanément, une rupture affective, profonde, avec le milieu de la communauté juive et tout ce qui pouvait rappeler d’une manière ou d’une autre ma propre famille ou communauté. Et cela, je dois dire, est resté. A la fois le sentiment, le désir de solitude, de retrait par rapport à toute communauté d’une certaine manière... je dirais presque, "nationalité". J’ai senti qu’au fond, j’appartenais à cette solitude [..] Dès que je vois se constituer même le mot de "communauté"[…], dès que je vois se constituer une appartenance un peu trop naturelle, protectrice, fusionnelle, je disparais.