Si ce livre nous dévoile des fulgurances littéraires, son écriture semble calculée, bâtie sur des techniques qui brillent au premier abord, mais qui épuisent au fil de la lecture.
L'homme (car il ne s'agit pas d'un roman) qui se cache derrière ces mots semble se révèler misogyne et marqué par un narcissisme clinique. Son appréhension de l'avenir dépasse en intensité sa tristesse. Il tente de dissimuler ses angoisses existentielles et ses colères puériles derrière des exigences amicales, professionnelles et amoureuses.
Il montre des compétences indéniables, sans toutefois être un génie littéraire. Cependant, l'homme m'étant antipathique, je ne lirai pas ses autres ouvrages.
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Ce livre a du être une thérapie pour l'auteur dont on ne connaissait finalement que la partie haute de l'iceberg .on découvre une personne sensible, qui nous fait part de ses sentiments lors de la perte de son compagnon qui lui manque énormément . une vraie histoire d'amour !
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Morterolles, 10 novembre
Je n’en peux plus des gens qui parlent, qui parlent pour ne rien dire ou pour médire. Je ne les écoute pas. Je les fuis le plus souvent, certains me poursuivent de leurs assiduités et je cède parfois à leur sincérité provisoire. Je pourrais les mener en bateau, mais ce jeu serait minable.
Suis-je naïf ? Non, pas encore. Alors je me démène pour ne pas céder au découragement. Je m’en veux quand je me trompe. Les traîtres n’ont pas forcément des têtes de traîtres, voilà le problème, avec les traîtresses en revanche c’est plus simple, elles ont à la commissure des lèvres un pli qui les dénonce (même à vingt ans) et dans le regard une fourberie que leur sourire ne dément pas. Stéphane en avait repéré une parmi d’autres autour de moi que je n’avais pas démasquée à son sujet, je la croyais irréprochable.
C’est lui, je le crains, qui avait raison. J’aurai la preuve bientôt qu’elle s’occupe de ce qui ne la regarde pas. Les hommes aussi bavardent, mais ils ne savent pas mentir longtemps.
Je ne suis pas misogyne car il faut le talent de Guitry pour que ce mauvais penchant soit acceptable. Mais c’est vrai, je suis sans indulgence pour celles que leur comportement rend impardonnables. Les misogynes reprochent aux femmes d’être des femmes, moi c’est le contraire qui me scandalise, quand elles renoncent à leur différence.
Morterolles, 1er mars 1999
Ma vie avec Stéphane ressemblait beaucoup au bonheur. Je redoutais d’avoir un jour à en payer le prix. C’est fait. Quand on est pessimiste, on est sûr d’avoir raison finalement.
Depuis trois jours, écrire ce journal ne suffit pas à m’apaiser. Est-ce la lune montante qui me malmène ? Berl croyait à l’influence de la lune. Elle finira bien par redescendre.
Ce que je crois moi, c’est que l’amour est une proposition du diable, il faudrait savoir lui résister. Je suis resté longtemps insensible à ses avances, décidé de ne pas « tomber » amoureux, laissant cela aux jeunes filles perdues d’avance, et puis le diable l’emporte toujours. Souffrir toute la suite de ma vie pour dix-sept ans d’amour fou, la balance penche vraiment trop du mauvais côté…
Il faut rester tranquille, seul : « Quand on poursuit le bonheur, on court après le reflet d’un mot. » Je ne suis pas fait pour les grandes tragédies que sont l’amour et la mort, je suis fait pour la vie et je vois bien pourtant que la vie c’est l’amour et la mort. - Arrête mon petit Jean-Claude, va dire bonjour à tes ânes, ça ira mieux après…
Stéphane savait m’arracher à mes tourments car il ne doutait pas que l’amour vaut d’être vécu. Tu étais le diable mon amour !
L'intimité ne se réduit pas à l'amour physique, il en est parfois le prolongement heureux mais il ne le prouve pas, il ne l'éclaire pas. L'intimité c'est donner son âme à qui peut en partager les bonheurs et les tourments.
Morterolles, 23 juillet
C’est au crépuscule que je m’apaise le mieux. Mes angoisses tombent avec le jour, il y a là un mystère que Dieu seul pourrait expliquer s’il avait le temps de s’intéresser à moi. Je n’y compte pas, on le sait, il a assez à faire avec ses défauts pour ne pas s’embarrasser des mécréants.
Je mourrai un matin qui me surprendra au-delà de mes forces, incapable d’aller plus loin sans Stéphane. D’ici là d’autres sourires viendront peut-être qui me conduiront calmement jusqu’à lui.
On ne peut demander ça à personne de vous aimer sans repos, sans répit, c'est pourtant la seule chose que nous espérons secrètement. Nous vivons aux aguets.
Documentaire diffusé le 24 septembre 1991 sur France 3. Jean-Michel Vouzelaud va à la rencontre de Pascal Sevran à son domicile, pour l'interviewer.
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