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3,12

sur 34 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Premier roman d'Anouk Schavelzon, le bleu n'abîme pas est un roman fragmenté qui aborde des thématiques comme le métissage, les origines mais aussi les comportements outranciers dont les femmes peuvent être victimes.
J'ai aimé le style incisif de l'autrice qui interpelle son lecteur en le plaçant dans le rôle du personnage principal via l'utilisation de la 2e personne du singulier ainsi que les thèmes abordés et ô combien importants.
J'ai moins aimé le côté un peu décousu de la narration qui amène à faire des allers-retours entre les sujets sans lien apparent.



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Un roman audacieux sur les discriminations raciales.

Luna a vingt ans, c'est une jeune métisse vivant dans un logement social parisien avec sa mère et sa soeur. « le bleu n'abîme pas » commence directement avec le coeur du problème : Luna se fait agresser dans une boîte de nuit. Cette agression est à la fois sexiste et raciale.

« le corps se rapproche, il se colle, tu le sens qui se presse contre toi. Son souffle trop près, le filet de sa voix qui s'infiltre dans tes oreilles. Il dit quelque chose sur le métissage, sur les courbes de ton corps, sur son excitation qui grandit. »

A partir de ce moment, Luna va faire une rétrospection de sa vie, retrouver des souvenirs enfouis, et tenter de répondre, non pas à la question que tout le monde lui pose, à savoir « D'où viens-tu ? », mais plutôt à « Où vas-tu ? ».

Trois parties, trois dates clés dans la vie de Luna. 31 mai, 17 juin, 20 août.

« Il faut bien raconter les histoires. Les creuser jusqu'à la moelle. »

Ce roman est vraiment particulier, j'ai eu du mal à entrer dedans et cette lecture m'a déstabilisée.

L'écriture est spécifique, puisque l'auteure a choisi de dépersonnaliser ses personnages : elle utilise « La mère », « la soeur ».

C'est surtout la narration à la deuxième personne de singulier qui m'a demandé le plus d'effort d'adaptation. Ce n'est pas le genre de technique que j'apprécie le plus, mais il faut bien avouer que ce choix a été efficace et que son but a été atteint : j'avais l'impression d'être dans la peau de Luna, ma lecture était donc totalement immersive. Une fois la relation directe entre le narrateur et le lecteur établie, ce dernier peut réfléchir sur ses émotions et ses comportements vis-à-vis du sujet du roman, à savoir les discriminations raciales.

Les couleurs tiennent une place prépondérante dans le récit. La couleur de peau est souvent au coeur des préjugés et des inégalités raciales. L'agresseur est nommé « Mon tout blanc ». Anouk peint la vie à l'aide de toute la palette de l'arc-en-ciel, elle renverse les perspectives habituelles.

« Les briques rouges l'ont remplacée, ont délogé ses milliers d'habitants. Aujourd'hui, on parle de la ceinture grise, du tout gris, du béton gris. Béton souci. On parle de la ceinture verte qu'il faudrait créer. Ceinture verte sur la petite ceinture, sur l'ancienne ceinture de fer. »

Le récit navigue entre le passé et le présent. Les souvenirs de Luna affluent tel un kaléidoscope, obligeant le lecteur a se laisser porter. La plume d'Anouk est imagée, poétique, déstabilisante également.

Les chapitres ne sont pas franchement délimités, les dialogues ne sont pas introduits par un tiret. Ce choix de style épuré brouille la frontière entre la voix de Luna et celle des autres personnages.

Anouk utilise énormément de métaphores et de répétitions. Cela lui permet de mettre l'accent sur son idée et crée une espèce de musicalité rythmant la lecture. Certaines chansons accompagnent d'ailleurs le texte (la liste figure en fin de roman), je vous conseille de les écouter en même temps, elles accompagnent parfaitement la lecture.

« le bleu n'abîme pas » est une expérience littéraire riche et inhabituelle. Un roman qui peut se vivre sous différentes manières en fonction de votre envie de l'aborder. J'ai été agréablement surprise. Un moment de lecture à la fois doux et aérien, pourtant son sujet est grave. Anouk a réussi à le rendre enchanteur. Chapeau !

Je vous conseille ce roman pour l'expérience littéraire qu'il procure.

« Toujours ces mêmes voix, ces mêmes phrases qui te demandent d'où tu viens, d'où viennent tes cheveux, et ensuite te transforment en un morceau de chair exotique et baisable que l'on emmènerait bien faire un tour à l'hôtel. »

Je remercie les Éditions Seuil et la Masse Critique Babélio pour cette lecture.

#Lebleunabîmepas #AnoukSchavelzon #Seuil #Rentréelittéraire
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
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Le bleu n'abîme pas, il t'apaise, du moins c'est ce que tu penses alors tu repeins tout en bleu. Parce que tout était rouge, trop vif, trop lourd à porter tu as besoin de paix alors tout devient bleu, pour accepter tout ce qu'il s'est passé. 
Toi tu es métisse, une beauté qui attire les regards, les hommes, tu sens dans leurs yeux que tu les attires, qu'ils te désirent alors parfois, tu y vas. Dans tes veines coule le Niger, l'Algérie, l'Argentine et la France, tous ces pays qui font de toi ce que tu es aujourd'hui, qui te donnent un héritage culturel et ta beauté. Ce corps exotisé est autant un cadeau qu'une peine avec ces vautours qui te tournent autour jusqu'au jour où le pas de trop est passé. 
Tu vis avec ta mère et ta soeur, dans cet appartement où la radio marche sans cesse. des déboires vous en avez connu, l'incendie dans un immeuble parisien, la séparation de tes parents, un cambriolage à noël... 

J'ai aimé te lire, t'écouter, te connaître, te suivre dans tes sorties, dans ton intimité. Les sauts passés/présents dans lesquels tu te confies sans langue de bois, avec sincérité. Tu cherches à être toi à sortir de ce corps dans lequel on te voit depuis trop longtemps, tu décides de te l'approprier et petit à petit te découvrir de ce bleu pour sortir plus forte que jamais en apercevant le rouge sous le bleu qui s'écaille. 
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Le bleu du titre qui est une référence évidente à Toni Morrison est l'une des nombreuses couleurs qui rythment les images de ce roman détonant.

Luna navigue entre le récit de l'agression sexuelle dont elle est victime en boîte de nuit et celui de ses racines. La narration majoritairement à la troisième personne crée une distance entre l'héroïne et le traumatisme qu'elle a subi sur fond de fétichisme et de colorisme.

Difficile à appréhender, fragmenté et poétique, « le bleu n'abîme pas » tente de mettre en mots la souffrance de Luna et de son corps exotisé et érotisé. La langue créative d'Anouk Schavelzon en fait une des surprises de cette rentrée. Un roman qui ne plaira pas à tout le monde mais dont l'expérience de lecture vaut selon moi le détour.
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