AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782823614169
240 pages
Editions de l'Olivier (06/02/2020)
3.61/5   9 notes
Résumé :
" À terre. À terre tout de suite. J'ai dû aller trop vite. Non, tu n'allais pas trop vite. Je n'allais pas trop vite ? Tu n'as rien fait de mal. Alors pourquoi me contrôlez-vous ? Pourquoi suis-je contrôlé ? Fais voir tes mains. Les mains en l'air. Lève les mains. "

L'attaque est préméditée, assumée, d'une violence intolérable. Ou bien c'est simplement la langue qui fourche sans qu'on s'en rende compte, et le racisme parle à travers notre bouche. Citi... >Voir plus
Que lire après Citizen : Ballade américaineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sur la question du racisme aux États-Unis, on peut lire des tragédies (Beloved), des drames (Dites-leur que je suis un homme), des témoignages (Les moissons funèbres).
On peut aussi lire de la poésie.
Et ce n'est pas la littérature la moins parlante, loin de là.
Après Maya Angelou et avant Amanda Gorman, il y a Claudia Rankine.
Quelle découverte !
La poétesse ne s'encombre pas de vers, elle écrit en prose, pour nous raconter ces petites tranches de vie, ces anecdotes, ces épisodes qui font que jour après jour, être noir·e aux États-Unis est un combat.
"Quand tu arrives et que tu te présentes, il laisse échapper, Je ne savais pas que vous étiez noire !
Puis il ajoute, Ce n'est pas ce que je voulais dire.
Tout haut, dis-tu.
Comment ? demande-t-il.
Vous ne vouliez pas le dire tout haut."
Claudia Rankine recense tout, depuis la petite agression verbale jusqu'aux atroces violences policières, dans une langue poétique et impitoyable – traduite impeccablement par Maïtreyi et Nicolas Pesquès.
Le recueil est ponctué d'oeuvres d'artistes noir·es, qu'elle commente en nous faisant profondément ressentir ses propres émotions.
L'ensemble est exceptionnel, déchirant, magnifique.
Lisez Claudia Rankine.
Puis allez voter.

Challenge Poévie
Commenter  J’apprécie          272


critiques presse (1)
Actualitte
04 février 2020
La représentation des relations humaines, teintées de colère ou de haine ou juste d’ignorance, s’expose au fil des pages avec toute la dureté nécessaire à faire entrer le message. La société y passe, en prend pour son grade, même visuellement, alors que des photos (sourcées et leur origine est parfois sidérante) accompagnent le texte.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Citizen ‒ Citoyen


Extrait 3

Sur le bout d’une langue une note qui en suit une autre est un
autre chemin, une autre aube où le ciel rose est l’injecté de
sang d’un choc, d’une insomnie, d’excuses, d’un absurde, chut.
Ces années d’avant et durant moi et mes frères, les années de
passage, plantation, migration, de la ségrégation à la Jim Crow,
de la pauvreté, des centres-villes, profils-types, d’un sur trois,
deux boulots, garçon, hé garçon, chacun un crime, s’addition-
nent dans les heures à l’intérieur de nos vies où nous nous
retrouvons tous pendus, la corde étant en nous, l’arbre en nous,
ses racines sont nos membres, une gorge tranchée et quand
nous ouvrons la bouche pour parler, des fleurs, oh des fleurs,
aucun endroit où sortir, frère, cher frère, ce bleu kind of blue.
Le ciel est le silence des frères tous les jours qui mènent à mon
appel.


//Traduction de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.
Commenter  J’apprécie          40
Citizen ‒ Citoyen


Extrait 2

Dans cet instant assombri un corps gratifié d’une lumière bleue,
une lampe-torche, s’avance insouciant, avec ou sans préconcep-
tions, et doutes, avec un désir, le cœur battant, une déception,
avec des désirs –

Tiens-toi où tu es.

Tu commences par te déplacer en quête des quelques pas qui
seront nécessaires avant que tu sois rejetée à l’intérieur de ton
propre corps, rejetée dans ton besoin d’être trouvée.

La destination est illusoire. Tu soulèves tes paupières. Personne
n’est en train de chercher.

Tu t’épuises à regarder vers la lumière bleue. Toute une journée
le bleu creuse l’atmosphère. Ce qui ne te sied pas ne sera pas vu.

Tu pourrais construire un monde à partir du besoin ou tu pourrais
tenir toute chose en noir et voir. Tu renvoies le vernis.

Tu gardes tout le noir. Tu te restitues jusqu’à ce que rien ne reste
que le blues bleu s’estompant d’une métaphore.


//Traduction de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.
Commenter  J’apprécie          10
Extrait 3


À terre. À terre tout de suite. J’ai dû aller trop vite. Non,
tu n’allais pas trop vite. Je n’allais pas trop vite ? Tu n’as
rien fait de mal.  Alors pourquoi me  contrôlez-vous  ?
Pourquoi suis-je contrôlé ? Fais voir tes mains. Les mains
en l’air. Lève les mains.
Puis tu es plaqué sur le capot. Puis menotté. À terre tout
de suite.
Chaque fois que ça commence de la même façon, ça ne
commence pas de la même façon,  chaque fois que ça
commence c’est la même chose. Des gyrophares, une
sirène, un rugissement prolongé...

Peut-être parce que  j’habitais dans un  quartier que le
policier ne pouvait s’offrir, non qu’une raison fût néces-
saire, on m’a sorti de mon véhicule à une rue de chez moi,
menotté et poussé  à l’arrière de la voiture de police, le
genou du policier m’appuyant sur la clavicule,  l’haleine
chaude du policier s’exhalant  d’un visage plissé par le
sourire de sa bonne blague.


/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
Commenter  J’apprécie          00
Extrait 2
J’ai quitté la maison de mon client en sachant que je
serais contrôlé. Je le savais. J’en étais sûr. J’ai ouvert
ma mallette  sur le siège passager,  juste pour qu’ils
puissent voir. Oui monsieur l’agent tournait et retour-
nait sur ma langue, tel un battant de cloche qui ne
pourrait jamais sonner parce que son alarme était
le glas qu’il me faudrait ravaler.

Dans un décor remonté des abysses,  tu ne peux pas
ne pas devenir fou — tellement en colère que tu pleu-
res. Tu ne peux pas ne pas devenir fou. Ces façons t’é-
puisent. Nos façons t’épuisent pourtant tu n’es pas le
type en question. Puis des gyrophares, une sirène, un
rugissement prolongé... et tu n’es pas le type du signa-
lement mais quand même tu lui ressembles parce qu’il
n’y a qu’un seul type qui est toujours  le  type qui lui
ressemble
….

/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
Commenter  J’apprécie          00
Extrait 4


Chaque fois que ça commence de la même façon, ça ne
commence pas de la même façon, chaque fois  que  ça
commence c’est la même chose.
Vas-y,  frappe-moi connard m’a échappé mais le policier
n’a pas eu besoin de me frapper, le policier n’avait besoin
que de voir ma tête pendant toute la traversée de la ville.
Tu ne peux pas ne pas devenir fou.  Tu n’es pas fou. Nos
façons t’épuisent. Tu n’es pas le type en question.

C’est comme ça. Tu sais que c’est une erreur. Ça n’est pas
comme ça.  Tu dois te taire. C’est une erreur.  Tu dois la
fermer maintenant. C’est comme ça. Pourquoi parles-tu
si tu n’as rien fait de mal ?

Et tu n’es pas le type du signalement mais quand même
tu lui ressembles parce qu’il n’y a qu’un seul type qui est
toujours le type qui lui ressemble.


/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Claudia Rankine (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claudia Rankine
http://www.librairiedialogues.fr/ Adeline, Romain et Laure nous proposent leurs coups de coeur spéciale poésie : "Amoureux" de Hélène Delforge et Quentin Gréban (Mijade), "Nous, avec le poème comme seul courage 84 poètes d'aujourd'hui", anthologie (Le Castor Astral), "Courage ! – Dix variations sur le courage et un chant de résistance" anthologie de Bruno Doucey et Thierry Renard (Bruno Doucey) et "Citizen ballade américaine" de Claudia Rankine (éditions de l'Olivier). Réalisation : Ronan Loup.
Retrouvez nous aussi sur : Facebook : https://www.facebook.com/librairie.dialogues/ Twitter : https://twitter.com/dialogues Instagram : https://www.instagram.com/librairiedialogues/
+ Lire la suite
autres livres classés : jamaïqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (29) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1251 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}