Nicolas Pitz sera présent en visio afin d'échanger sur "Traquée - La cavale d'
Angela Davis" !
Les personnes connectées et présentes à la librairie pourront, après l'achat de la BD à La tête à Toto, obtenir une dédicace qui sera envoyée ultérieurement par Nicolas à la librairie !
Dès les premiers temps de l'esclavage, les femmes noires ont avorté seules. De nombreuses femmes esclaves refusaient de faire naître des enfants dans un monde de travaux forcés qui n'avait pas de fin, synonyme pour les femmes de chaînes, de fouet, et de viols quotidiens.
Et leur myopie historique les empêche de comprendre qu'en dépeignant le Noir comme un violeur, on invite ouvertement le Blanc à faire usage du corps de la femme noire. Cette fiction du violeur noir a toujours renforcé son complément : l'impudeur prétendue des femmes noires. Une fois que l'on a accepté que les Noirs ont une sexualité bestiale et des besoins irrépressibles, la race entière est investie de la même bestialité.
Il serait abusif de considérer cette institutionnalisation du viol comme l'expression du refoulement sexuel du maître, hanté par le spectre de la féminité blanche : cette explication est beaucoup trop simpliste. Le viol était une arme de domination, une arme de répression dont le but secret était d'étouffer le désir de révolte des femmes et démoraliser leurs maris.
Depuis la fin du 18e siècle, époque où l'emprisonnement s'est peu à peu imposé comme la norme en matière punitive, les femmes condamnées étaient considérées comme étant, par essence, différentes de leurs homologues masculins. Certes, les hommes qui commettent le genre d'infractions considérées comme punissables par la loi sont qualifiés de déviants sociaux. Néanmoins, la criminalité masculine a toujours été perçue comme étant plus "normale" que la criminalité féminine ; il y a toujours eu une tendance à considérer les contrevenantes punies par l'État comme singulièrement plus anormales et menaçantes pour la société que leurs nombreux homologues mâles.
Lorsqu'on cherche à comprendre cette différence de perception genrée envers les personnes détenues, il faut se rappeler qu'alors même que l'enfermement devenait la norme en matière de répression publique, les femmes ont longtemps continué à subir des châtiments non reconnus comme tels. Par exemple, les femmes ont été plus souvent enfermées dans des instituts psychiatriques que dans des prisons. Les études montrant que les femmes ont plus facilement été internées en hôpital psychiatrique que les hommes semblent indiquer que, si la prison jouait un rôle central dans le contrôle des hommes, l'asile a joué un rôle similaire pour les femmes. Autrement dit, les hommes déviants étaient perçus et traités comme des criminels alors que les femmes déviantes étaient perçues comme des malades mentales. Cette construction continue à influencer de nos jours les règlements intérieurs des prisons pour femmes : les psychotropes sont toujours administrés en plus grande quantité aux femmes qu'aux prisonniers masculins.
Mon livre ne va pas faire plaisir à tout le monde , il va jeter un pavé dans la mare parce qu'il va nous rappeler à nous les Noirs Américains que nos premiers leaders étaient des femmes et qu'elles n'étaient pas forcément hétérosexuelles .
« J’étais comme une exploratrice qui revient chez elle au bout de plusieurs années, avec des cadeaux précieux et personne à qui les donner. »
« Il y avait les organisations culturelles nationalistes, qui parlaient d’une nouvelle culture, d’un nouveau système de valeurs, d’un nouveau style de vie pour le peuple noir. Il y avait les factions rigoureusement opposées aux blancs, qui pensaient que seule une mesure des plus draconiennes – l’élimination de tous les blancs – pouvait délivrer le peuple noir du racisme. D’autres voulaient simplement se séparer d’eux et fonder une Nation noire, distincte à l’intérieur des Etats-Unis. Et certains voulaient retourner en Afrique, la terre de nos ancêtres. Il y avait ceux qui pensaient que la tâche la plus urgente du mouvement était de développer l’esprit d’affrontement au sein du peuple noir. Ils voulaient provoquer des soulèvements de masse semblables aux révoltes de Watts et Detroit. Très proches d’eux, il y avait ceux qui nous enjoignaient de « prendre les fusils », mais ils semblaient rarement savoir ce qu’ils allaient obtenir avec. »
Je décidai (...) de prendre le français comme matière principale. Cette année-là, je me plongeai totalement dans mon travail : Flaubert, Balzac, Rimbaud et les milliers de pages d'A la recherche du temps perdu, de Proust. Sartre m'intéressait toujours de façon aiguë – à chaque instant de loisir, je me plongeais dans son œuvre : La Nausée, Les Mains sales, Les Séquestrés d'Altona, ainsi que toutes ses autres pièces, anciennes ou récentes, et les romans inclus dans la série de Chemins de la Liberté. Je lus quelques-uns de ses essais philosophiques et politiques, et m'aventurai même dans L'Etre et le Néant. Puisque, d'une façon ou d'une autre, il fallait que je m'accommode de l'isolement du campus, je décidai d'en faire une utilisation constructive en passant le plus clair de mon temps dans la bibliothèque, ou cachée quelque part avec mes livres.
60 – [Le Livre de poche, n° 4898, p. 171]
l’institution de la prison sert aujourd’hui de lieu où parquer les personnes qui incarnent les principaux problèmes sociaux
« Je découvris avec détresse que parmi certains leaders noirs, la tendance était d’abandonner complètement le marxisme comme étant « la chose de l’homme blanc ». J’avais depuis longtemps la certitude que, pour parvenir à ses buts ultimes, la lutte de libération des noirs aurait à s’insérer dans le mouvement révolutionnaire qui, lui, englobait tous les travailleurs. Il était aussi clair pour moi que ce mouvement devait se diriger vers le socialisme. Et je savais que les noirs – les travailleurs noirs – devaient avoir un rôle de leadership important dans la lutte finale. »