Une lecture proposée par quelques Babeliotes …
Une vraie révélation. Quand je pense que cette autrice a à peine 30 ans, franchement, je l'inscris dans ma liste des personnes à suivre.
Combinaison d'un livre féministe et excellent thriller, j'avoue ne pas me souvenir d'avoir lu une telle oeuvre.
Une construction particulière, le livre se déroule sur une année, 12 chapitres sur 12 mois.
Le premier chapitre annonce le drame, la disparition de deux fillettes.
Les 10 mois suivants présentent 10 personnages féminins qui gravitent de près ou de loin dans l'univers de ces deux fillettes: le rivage de la péninsule du Kamtchatka, aux confins de la Russie. le village, la ville, le Nord du pays sont des éléments centraux dans le livre. Tout tourne autour des lieux. Soit parce que les protagonistes les ont quittés, y reviennent, ou rêvent de les quitter …
On croise Olya, une adolescente dont la maman travaille pour le parti, son amie Diana et la maman de celle-ci, Valentina Nikolaevna … des personnes insignifiantes, l'épouse du policier chargé de l'affaire de la disparition, la soeur d'un jeune homme du village, une jeune fille qui a quitté le village depuis plusieurs années pour aller étudier en ville …
A travers tous ces parcours de vie, l'autrice nous propose aussi une image très actuelle de la Russie, la nostalgie pour certains de la grande Russie au temps du communisme, l'envie des plus jeunes de s'échapper de ces souvenirs, de ces villes que l'on sent tristes, froides, grises … une ambiance terriblement lourde qui maintient le poids du thriller alors que finalement on n'en parle pratiquement plus. Ces disparitions sont présentes en filigrane mais ce sont surtout des portraits, des "nouvelles" qui constituent la majeure partie du livre.
Des personnages attachants, des portraits de femmes qui m'ont fait réfléchir à mon propre parcours de vie, même si je n'ai rien en commun avec aucune sauf peut-être d'être maman …
Le dernier chapitre nous laisse à penser que ... nous propose une fin ...
L'autrice nous fait confiance, elle sait que nous sommes capables de construire notre propre histoire. Et cela fait tellement de bien, par rapport aux auteurs/autrices qui s'obligent à écrire 600 pages pour tout nous expliquer ... comme si nous n'étions pas capables de comprendre les allusions, les ellipses.
La quatrième de couverture établit un parallèle entre l'écriture de
Julia Phillips et celle de
Laura Kasischke, j'adhère totalement à la comparaison.