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EAN : 9782070132096
272 pages
Gallimard (02/02/2011)
3.53/5   38 notes
Résumé :
Prison de la Santé, 1913. Les survivants de la bande à Bonnot attendent leur jugement. Ils ont vingt ans et voulaient vivre sans entraves. Communautés, insoumission, végétarisme et fausse monnaie, ils ont pris les chemins de traverse qu'emprunteront, bien plus tard, d'autres enfants de la révolte. Traqués, au terme d'une fuite en avant sanglante, ils deviendront ces bandits tragiques qui feront trembler la France. Parmi eux, André Soudy. Gamin tuberculeux, traîne-mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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une biographie de André Soudy, surnommé "l'homme à la carabine " , son nom ne dit pas grand chose mais si on vous dit qu'il côtoyais Bonnot et sa bande, là on voit .

André est passé par de petits boulots avant de faire le grand saut dans le banditisme; il n'a pas eu de sang sur les mains comme il aime à le rappeler; qu'à cela ne tienne, il finira quand même sur l'échafaud, condamné par ceux qu'il honnissait, sur l'hôtel de la réussite des nantis .
La gouaille de Pécherot nous fait entrer de plein pied dans l'histoire de ces anarchistes du début du 20ème siècle autant que ses descriptions des lieux et des personnages.

Comme souvent dans la littérature de l'auteur, on retrouve les mêmes thèmes: le combat du bien et d mal, les "petites gens" contre les capitalistes.

Lecture parfois complexe car l'auteur fait des allers-retours dans le temps, passant de 1912 à 1968 et incluant des célébrités en devenir mais encore inconnues dans les années 20.
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Il y a quelque chose d'enfantin dans la photo d'André Soudy qui orne la couverture du roman de Patrick Pécherot. Dans la manière de tenir la carabine et de mettre en joue le photographe, dans le manteau trop grand. le regard de Soudy, pourtant, est sérieux. du genre à effrayer le chaland, ou plutôt sérieux comme un enfant qui joue à être Billy le Kid ? On comprend que cette image et les autres photos d'André Soudy qui illustrent ce livre, issues de la même série ou d'archives policières, aient fasciné Patrick Pécherot.
Qui est André Soudy, l'homme à la carabine de la bande à Bonnot, guillotiné à 21 ans un matin froid d'avril ? Et comme cet homme, ce gamin, qui penche la tête sur les photos, Patrick Pécherot aborde l'histoire de biais. À travers le destin d'André Soudy, enfant pauvre devenu à 11 ans garçon d'épicerie, condamné à la prison pour vol de sardines avant de rejoindre la bande à Bonnot, l'auteur fait non seulement le portrait sensible d'un gosse rétif à toute autorité et d'une sensibilité exacerbée, mais aussi d'un milieu et d'une époque, de ces anarchistes illégalistes et des bas-fonds parisiens.
Patrick Pécherot multiplie les angles de vue qui permettent de dresser une biographie non pas romancée mais à laquelle il confère une véritable émotion en se glissant dans la peau de l'homme à la carabine. On est donc tour à tour Soudy, à la première personne, Soudy dans le regard de Pécherot examinant les photos, des flics ou de ses complices, Soudy dans la postérité – et pour cela Patrick Pécherot peut convoquer Brassens, Calet ou Arletty.
En nous attachant à la personne de ce gamin rongé par la tuberculose, la syphilis, un amour déçu et l'injustice que la vie réserve à ceux qui ne sont pas nés du bon côté du manche, il offre un magnifique portrait d'un homme courant vers la mort avec tristesse et joie mêlées dans un monde injuste mais bien plus fort que lui et ses amis.
Ce roman en forme de patchwork servi par un travail toujours aussi exceptionnel sur la langue de la part de Patrick Pécherot se révèle tendre, violent, désabusé et ironique à la manière du testament d'André Soudy :
« Moi, Soudy, condamné à mort par les représentants de la vindicte sociale dénommée justice, considérant et attendu qu'il est de mon devoir de faire part au peuple conscient et organisé du détail de mes volontés dernières :
1° Je lègue à Monsieur Etienne, ministre de la Guerre, mes pinces-monseigneur, mes ouistitis et mes fausses clés pour l'aider à solutionner et à ouvrir la porte du militarisme par la loi de trois ans ;
2° Mes hémisphères cérébraux au doyen de la faculté de médecine ;
3° Au musée d'anthropologie, mon crâne et j'en ordonne l'exhibition au profit des soupes communistes ;
4° Mes cheveux au Syndicat de la coiffure et des travailleurs conscients et alcoolisés, lesquels cheveux seront mis en vente, dans le domaine public et ce, au bénéfice de la cause et de la solidarité ;
5° Enfin, je lègue à l'anarchie mon autographe afin que les prêtres et les apôtres de la philosophie puissent s'en servir au profit de leur cynique individualité. »

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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C'est à travers l'histoire d'André Soudy que l'on découvre la bande à Bonnot, bande de malfaiteurs anarchistes qui a semé le trouble dans les années 1910.
Le personnage principal, jeune et malade, est un garçon plutôt attachant. Malgré sa jeunesse, il a déjà un regard désabusé sur la société dans laquelle il vit.

Quelques photographies d'André Soudy viennent émailler le récit ainsi que quelques considérations personnelles de l'auteur. Ces photos servent de base pour mieux cerner cet individu complexe. Leur commentaire constitue le gros de la première partie qui décrit l'apogée de la bande à Bonnot. Dans ces passages, on se rend compte de l'attachement voire de la tendresse que l'auteur éprouve pour l'homme à la carabine. Quelques scènes où André Soudy parle à la première personne viennent compléter cette introduction. La suite du roman décrira le procès intenté à l'Homme à la carabine et à ses comparses, jusqu'à son dénouement mortel.

Le fil du roman est plutôt difficile à suivre car un certain nombre de personnages apparaît dès les premières pages, parfois appelés par leurs noms et/ou prénoms, parfois appelés par leurs surnoms. le fait que certains personnages portent le même nom ajoute encore à la confusion. La chronologie n'est pas linéaire. Une nouvelle page nous gratifie parfois d'un flashback (en italique dans le texte), suivie de la mention intérieur/extérieur jour/nuit qui rappelle un script de film. Loin d'être suffisantes à la compréhension, ces en-têtes nous préviennent juste que nous sommes face à une ellipse de temps et de lieu importante, et qu'il va falloir faire attention à tous les détails pour comprendre le contexte et les personnages impliqués dans l'action.

L'auteur s'attarde davantage sur l'idéologie du mouvement anarchiste que sur les faits qui lui sont reprochés. La dimension romantique de ce perdant magnifique (comme le décrit la quatrième de couverture) le fascine. Malheureusement pour le lecteur ignorant tout du sujet du roman, les crimes ne sont que très légèrement esquissés. On en apprend à peine assez pour se faire une idée de l'état d'esprit d'André Soudy quand il les commet.

La lecture de l'Homme à la carabine est difficile parce qu'elle suppose une connaissance importante de la bande à Bonnot. Malgré les morceaux de fiction introduits par l'auteur, celui-ci s'attache à rester le plus réaliste possible en utilisant même du vocabulaire désuet, qui n'aide pas à la compréhension de l'ouvrage. A l'évocation de certains lieux connus, on ne peut qu'admirer le travail de l'auteur pour restituer l'atmosphère de l'époque. Ces quelques passages où le contexte nous apparaît clairement rendent le reste du livre d'autant plus frustrant.
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La bande à Bonnot vue à travers le regard du plus jeune, André Soudy. Enfant malheureux et miséreux, exploité par ses patrons succéssifs, tuberculeux, il rejoint la bande. Il est vite dépassé par ce qui se trame, mais préfère être en rebellion qu'en esclavage. Malade, il ne pourra fuir longtemps, ni résister comme ses camarades. Il sera exécuté.
Un livre qui m'a malgré tout beaucoup touché, surtout une fois fait le calcul ce l'âge de Soudy : il était plus jeune que moi au moment de son exécution. Pécherot ne le victimise pas, mais essaie de comprendre comment il a pu en arriver à rejoindre Bonnot.
Une lecture glaçante tout de même : j'y ai retrouvé des traits de notre société actuelle ; on comprend mieux pourquoi tant de jeunes basculent dans la violence.
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Dans les années 1910, la bande à Bonnet fait beaucoup parler d'elle. Parmi ses membres, André Soudy est le plus jeune. Malingre, tubard, émotif, c'est celui qui tenait la carabine sur la photo..

L'auteur a souhaité évoquer la bande à Bonnot en parlant plus précisément de Soudy. Texte libre, extraits de journaux et d'audience, références à des écrivains qui ont publié sur le sujet (Aragon, Colette, Boris Vian,...). Cet essai n'est ni un roman, ni une biographie, plutôt un puzzle dont on doit reconstituer les morceaux.

J'apprécie beaucoup Patrick Pécherot, aussi bien "Tranchecaille" que sa trilogie sur Paris parue en Série noire, c'est pourquoi j'ai immédiatement pris ce livre. Je dois dire que je me suis perdue dans ces chapitres qui, en ne voulant pas être linéaires, m'ont semblé bien labyrinthiques !

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Au bout de son fil accroché au veston, le monocle se balance comme un pendule. Bonnot a repris son arme:
"- Ecris! Ecris, nom de Dieu: "Nous brûlerons nos dernières cartouches sur les roussins et s'ils n'osent pas venir, nous saurons bien les trouver!" Voilà, signé: Jules Bonnot. Je veux lire ça dans la prochaine édition.
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Tu n'as pas vu la der des der, la terre gorgée de cadavres, enfouis, mutilés, déchiquetés, expédiés au casse-pipe. Les rues portant le nom de ceux qui les ont envoyés. Des gamins de ton âge vidés de leurs boyaux, appelant leur mère sous le feu du ciel. Et les plus vieux, une photo sur le cœur, leurs souvenirs en compote dans leur gibecière. Tu n'auras pas vu les fantômes, les gazés au souffle fuyant, semblable au tien. La même terreur vous tord, aux heures de l'asphyxie. Le même sang dans la bouche.
Tu ne verras pas les revenants, ceux qui donnent la chair de poule et la honte d'être en vie. Les moignons médaillés, les gueules cassées aux trous béants, les lèvres retroussées, recousues comme on peut parce qu'il faut bien le faire, tout de même, mais on ne sait même plus où poser le regard tant elles font mal, les chairs à vif. C'est du rouge, du tuméfié d'éternité, des faces d'écorchés au musée Dupuytren, des nez de cuir et des crânes rafistolés. De l'homme-machine, bricolé avec des bouts de ferraille, des crochets, des manivelles et des roulettes. Des plaques d'acier boulonnées dans la tête qui font hurler à la mort, pareils aux fous, pareils aux loups, quand le temps s'y met. Comme tu hurlais, enfant, sous les coups de battoir du sang à tes tempes.
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- Je serais peut-être resté avec mes sardines, mais c'était plus possible, Edouard, Octave, Valet, Raymond, Jules, même.
Qu'est-ce qui les a conduits là, hein?
Ils sont pas venus au monde avec un flingue en pogne.
Je suis pas né homme à la carabine, moi. Le déterminisme, vous lui avez filé un sacré coup de pouce.
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Prenez le tram à l'Opéra, passé la porte des Lilas, il vous mènera jusqu'à Romainville. Après les fortifications, vous longerez les carrières de gypse. Les cratères et le blanc crayeux comme une Voie lactée évoquent un décor de Méliès mais vous n'êtes pas sur la Lune, vous arrivez place Carnot. Descendez, à présent. Vous êtes rue de Bagnolet. Suivez-la. C'est une rue tranquille, avec ses maisonnettes et de petits immeubles. Le n°16 jouxte les établissements Renaud, meubles neufs et d'occasion. On y voit un pavillon à étages, d'assez belle allure. Poussez la grille, entrez dans le jardin. Il ressemble à ceux qu'on dit de curé mais vous n'y rencontrerez nul ecclésiastique. Quoique strictement végétariens, ceux qui vivent ici en font leur ordinaire. (p.41)
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- Ils ont retrouvé la bagnole. Tout de même, on avait encore jamais vu ça. Le hold-up en auto, c'est de l'inédit. Je sais même pas si en Amérique ils y ont pensé. Pourtant, ils en ont des gangsters en Amérique. Et des autos aussi. Eh bien, le premier hold-up à moteur, il a eu lieu chez nous. A Paris. Rue Ordener. C'est historique... (p.82)
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Videos de Patrick Pécherot (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Pécherot
Rencontre avec Patrick Pécherot au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale 2018 à Arras, le 1er mai. Dernier roman : Hével. La Série Noire/Gallimard
Médiation : Tara Lennart Captation : Colères du Présent
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