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EAN : 9782807003590
172 pages
M.E.O Editions (08/12/2022)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Paru il y a quarante ans chez Robert Laffont sous le titre de Nicolas Gayoûle, voilà un livre qui a, comme certains vins, bonifié avec le temps. S’articulant autour de la figure tutélaire d’un grand-père, conteur et chansonnier, il se développe par épisodes dans une vie comme exaltée, où les coeurs purs côtoient les âmes damnées et où les faits et gestes s’inscrivent dans un registre tantôt truculent, tantôt tragique ou intime, pieux ou paillard, et toujours émouvan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un grand merci aux Editions M.E.O. et à l'opération Masse Critique Babelio, qui m'ont permis cette belle découverte littéraire. Une rencontre avec un auteur, avec une écriture surprenante et remplie de charme. Ce recueil de récits est une réédition, il était déjà paru en 1980. Il s'agit de souvenirs d'enfance, d'un retour sur le passé, à une époque pas si lointaine, mais révolue... L'auteur y évoque son grand-père... mais aussi la vie dans cette terre d'Ardenne, lorsque les hommes évoluaient encore dans les mines en compagnie des chevaux. Ce livre a un parfum de nostalgie, le parfum d'un monde définitivement perdu.
Sur la quatrième de couverture il est indiqué : "Liberté de ton, vigueur, mouvements d'humeur et traits d'humour dynamisent ces histoires de désir, de naïveté et de tendresse, les amours au fond du soir, les tentations terribles, les fidélités, les ivresses et les batailles..." Oui, il s'agit bien de tout cela en effet, mais aussi de la vie simple et tranquille de la campagne. On peut percevoir l'odeur de la terre, le parfum des sous-bois, sentir la fraicheur des cours d'eau, frissonner dans le vent, la neige ou le gel. Un récit puissant, bucolique, authentique, érotique parfois, ou violent avec les batailles d'ivrognes, mais un livre cependant très poétique.
J'ai beaucoup aimé ce texte, cette plume inattendue parfois, mais ce style travaillé qui approche la confidence, le secret... Est-ce réalité? Est-ce rêve? Un peu des deux peut-être, mais ceci n'est pas important, Jean-Pierre Otte, conte magnifiquement, comme on ne le fait plus guère.
Très beau livre, je suis sous le charme.
L'éditeur aussi a fait un excellent travail, ce livre est un bel objet. Très élégant, très lisible, d'un format agréable.
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Un bain de jouvence


Ce livre paru en 1980 sous le titre de Nicolas Gayoûle tient une place à part dans l'oeuvre de Jean-Pierre Otte. À un moment de son évolution, l'écrivain a voulu s'inscrire et se reconnaître dans une appartenance à un pays et aux personnages de ce pays wallon dont, en connivence, il partage les particularités, les caractères, les accents, les manières d'être. Il y a un désir qui s'arborise en nous au privilège d'un coin de terre qui en a reçu et favorisé les racines.

« À partir de mes paysages, confie-t-il, à partir de toutes sortes de points d'ancrage et d'appartenance, de connaissances et de reconnaissances, mon propre dessein, en y voyant les éléments d'une mythologie personnelle, était de me fabriquer des racines portatives, de m'enraciner dans la terre intérieure et d'errer de par le monde, en véritable sédentaire-voyageur, lequel, sur un fragment d'Héraclite, allait oublier où conduit le chemin, à l'exception du chemin qui le menait à lui-même. On voit bien que c'était une sacrée opération à réaliser concrètement et poétiquement en son for intérieur. »

Ce livre s'inscrit donc dans une histoire et un processus, et s'articule autour de la figure tutélaire d'un grand père, conteur et chansonnier, pour se développer par épisodes dans une vie comme irradiée, où les âmes pures côtoient les âmes damnées et où les faits et gestes sont tour à tour cocasses ou tragiques, éclatants, infâmes, mystérieux en diable.

Bouffées de fraîcheur et enchantements.Voilà un livre enchanté. Jean-Pierre Otte tend à chacun un petit miroir de poche où notre âme un moment se recueille et s'ennoblit, fait sourdre l'écho de sa vraie profondeur. Ce livre est à l'image de ce petit miroir. Seize chapitre, seize sujets, une fresque colorée écrite dans une langue claire, précise, drue, odorante, musicale. le livre s'ouvre comme on ouvre une fenêtre au soleil du printemps.

Comment retourner à Liège sans penser à ces «têtes de houille au fond de la Meuse», une vision populeuse et lyrique de la ville de son adolescence. Comment ne pas suivre avec un sourire amusé ce milicien campagnard qui entraîne ses parents sous les néons de certaines rues obscures à Cologne ? Comment ne pas considérer d'un regard neuf les vieux usages, les gestes du commencement, qui sont la beauté drue et la vérité même de la vie, comme la fabrication du pain, pendant que «la pâte lève, enfle d'une haleine extensible, comme un beau ventre enceint entre les hanches du pétrin»… Ainsi le présent se mêle au passé dans un coude à coude fraternel d'un Jean-Pierre Otte dressé à la croisée européenne des mutations et des migrations, planté dans son terroir mais accueillant à l'universel, Sentimental, admiratif, lyrique, truculent, complice, sarcastique, Jean-Pierre Otte est tout entier dans son livre. Le Nouvel Observateur l'a salué comme étant le premier écrivain à avoir donné à la belgitude ses lettres de noblesse.


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Paru il y a quarante ans sous le titre de Nicolas Gayoûle, voilà un livre dont on peut dire qu'il a, comme certains vins, bonifié avec le temps. S'articulant autour de la figure tutélaire d'un grand-père, conteur et chansonnier, il se développe par épisodes dans une vie comme exaltée, où les coeurs purs côtoient les âmes damnées et où les faits et gestes s'inscrivent dans un registre tantôt truculent, tantôt tragique ou intime, pieux ou paillard, toujours émouvant.
Liberté de ton, vigueur, les mouvements d'humeur et les traits d'humour dynamisent ces histoires palpitantes de désir, de naïveté et de tendresse, les amours au fond du soir, les tentations terribles, les fidélités et les infidélités, les ivresses et les batailles. Une allégresse de vivre et de voir court à travers tout le livre.
Il faut, écrit Jean-Pierre Otte dans un mot de préface, une littérature pour nous rendre les terres en friche de nos mémoires, dans la recherche d'une manière plus exaltante de se conjuguer au présent de l'indicatif.


Né en 1949 dans les Ardennes, Jean-Pierre Otte vit depuis la fin des années quatre-vingt à Larnagol, sur un causse du Lot. Épicurien, passionné par le vivant, aimant la marche et le vin, il vit depuis ses débuts de sa plume et de sa voix, en étant également chroniqueur dans les journaux, peintre et conférencier dans les universités espagnoles et pour l'Alliance française en Europe de l'Est. Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages parmi lesquels L'Amour au jardin, La Sexualité d'un plateau de fruits de mer, Un camp retranché en France, Petite tribu de femmes, Un cercle de lecteurs autour d'une poêlée de châtaignes., le labyrinthe des désirs retrouvés.....(Julliard)
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Un livre aux allures de compilation de ces histoires que, dans les chaumières, les vieux racontaient à la veillée, où se mêlent en désordre légendes, souvenirs d'enfance et fantasmes. Ça se passe dans les Ardennes belges, et si ce n'est quelques mots de wallon, ce pourrait être dans n'importe quelle autre campagne.

Des évocations de querelles, de jalousies, de rivalités, de paillardises, des drames ou des comédies où trouvent leur place des portraits impitoyables, tracés au rasoir, de personnages pittoresques, rares et paradoxaux aux surnoms féroces sur mesure. Puis, de loin en loin s'immisce un passage abscons.

Un langage où s'accumulent, se bousculent, s'entrechoquent des mots parfois pléonastiques, parfois brutaux, parfois mystérieux qui amplifient un récit à la fois concret, scabreux et poétique.
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Chroniques et souvenirs de la vie quotidienne dans la région de Liège, dans les Ardennes belges.
Une jolie écriture teintée de poésie et de grivoiserie. Des expressions wallonnes que j'arrive à comprendre et d'autres qui doivent être locales et qui fleurissent le texte.

Je n'ai pas trouvé de fil conducteur à ces histoires, qui selon la quatrième de couverture, devaient s'articuler autour de la figure d'un grand-père. L'auteur évoque le grand-père au début et à la fin mais je n'en ai pas trouvé mention dans les autres histoires.

Des histoires d'hommes et de femmes avec leurs bonheurs et leurs malheurs. Et de belles descriptions de la nature, de l'arrivée de printemps notamment, ma saison préférée.

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'étais enfant, les hautes maisons que nous habitions à liège - rue Bois-l'Evêque et rue Louis Fraigneux - accusaient de sourdes secousses et se fendillaient. Les plafonds se lézardaient, les murs s'ouvraient sur des apocalypses de plâtre, poussaient des flammes sombres, fuyantes, furtives. C'était des moments brefs et terribles où la terre tremblait et ma grand-mère - celle-là devenue Frédine chérie dans Julienne - me parlait de forêts mortes et d'un grand remue-ménage dans le sous-sol, loin en dessous de nos caves. Un peuple d'ombres s'affairait, havait avec des foreuses, des rivelaines et des pics autour des gisements noirs : des chevaux herschaient des wagonnets dans les ténèbres avec des tintements, des sonneries intermittentes : des lampes louvoyaient ; l'eau suintait comme des langues livides ; le grisou était tapi sous le grain serré de la terre, dans des poches qu'un coup de pioche suffisait à percer. Tout ce monde souterrain me faisait rêver comme un voyage au centre de la Terre.
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Comme on les aime et les adore ces femmes! Elles sont fraîches, fortes, fertiles! Leurs cous blancs comme une lampe posée, leurs bras blancs, leurs bras de lait, leur gorge lumineuse, leurs hanches rondes. Femmes en fleurs et en fruits, femme-fenil, femme-bouleau, agiles, alertes, belles comme du lait reposé :

Ma femme est un cabri,
Une ablette, une pomme d'api...

Elles sont voûtées, déformées par les grossesses, les encorbellements du ventre, le travail des champs et celui du ménage ; leurs mains sont potelées, plissées, usées comme la pierre de l'évier ; leur visage est noble, avec l'empreinte des joies, des douleurs et des drames.
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C’est la métamorphose des mécréants, des incrédules, des saint Thomas à la langue bien pendue, des sceptiques avec une pincée de sel dans la bouche, des libres penseurs qui font bonne chère pour combler le vide ! Venez à moi mes brebis, paix mes agneaux ! Ils adorent passionnément Marie, Sainte Marie, dans chaque pétale de verre fleurie d’œillets et de roses mis closes, les fenêtres autels avec leurs napperons, leurs bougeoirs, leurs saints de plâtre, les trottoirs parsemés, estampillés de pétale et de farine douce ! Les gens s’agenouillent, se penchent pour mieux se recueillir, toucher à l’ineffable. Voilà pour le sacré, et pour le profane, il y a Jean-Denys qui porte à bout de bras le bouquet aux milles fleurs, escorté d’une fanfare de clarinettes, de trompettes et de tambours. Ils visitent les demeures, donnent l’aubade devant chaque étal, chaque entrée de café ; ils dansent la valse et la polka avec les vieilles et les chipies ; ils mangent de petites crêpes chiffonnées et s’arrosent goulûment le gosier ; c’est la pentecôte des petits blancs.
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Il découvre l'écriture, la calligraphie dans les cahiers à trois lignes. Il trempe le bec de la plume dans l'encre noir-bleu, la fait glisser contre le goulot pout faire couler le trop-plein ; il la lève, la presse à peine contre le papier, pose les l comme de petites ailes, trace la barre des t, arrondit les voyelles : le o goulot, leu des vallées et des cuves, le e espace de silence, le i droit et stoïque, petite baïonnette. Il arrondit certaines consonnes, les jambages des m et des n. Il sait lever le j majuscule, enfler légèrement le f petite elfe, pointer légèrement en les penchant le p et le q, dessiner le x comme deux coquilles collées. Il s'applique comme un artisan joaillier. Il descend en lui-même par la rondeur et la régularité des lettres.
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Les répétitions de La Passion reprennent. Dans la salle du patronage, l'énorme poêle - un gros bonhomme en fonte noire, bouddhique, lippu, ventru - ronfle et refoule, par instants, des bouffées grises, grimaçantes. Dehors, le jour est pris dans l'ampoule pelue du gel. Ceux qui entrent ont les doigts gourds, les oreilles rouges, les yeux larmoyants. Sous leur caban, les femmes ont le bout des seins dur, gonflé comme le bouton des géraniums.
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