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Citations sur Fêtes, fureurs et passions en terre d'Ardenne (9)

Comme on les aime et les adore ces femmes! Elles sont fraîches, fortes, fertiles! Leurs cous blancs comme une lampe posée, leurs bras blancs, leurs bras de lait, leur gorge lumineuse, leurs hanches rondes. Femmes en fleurs et en fruits, femme-fenil, femme-bouleau, agiles, alertes, belles comme du lait reposé :

Ma femme est un cabri,
Une ablette, une pomme d'api...

Elles sont voûtées, déformées par les grossesses, les encorbellements du ventre, le travail des champs et celui du ménage ; leurs mains sont potelées, plissées, usées comme la pierre de l'évier ; leur visage est noble, avec l'empreinte des joies, des douleurs et des drames.
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Quand j'étais enfant, les hautes maisons que nous habitions à liège - rue Bois-l'Evêque et rue Louis Fraigneux - accusaient de sourdes secousses et se fendillaient. Les plafonds se lézardaient, les murs s'ouvraient sur des apocalypses de plâtre, poussaient des flammes sombres, fuyantes, furtives. C'était des moments brefs et terribles où la terre tremblait et ma grand-mère - celle-là devenue Frédine chérie dans Julienne - me parlait de forêts mortes et d'un grand remue-ménage dans le sous-sol, loin en dessous de nos caves. Un peuple d'ombres s'affairait, havait avec des foreuses, des rivelaines et des pics autour des gisements noirs : des chevaux herschaient des wagonnets dans les ténèbres avec des tintements, des sonneries intermittentes : des lampes louvoyaient ; l'eau suintait comme des langues livides ; le grisou était tapi sous le grain serré de la terre, dans des poches qu'un coup de pioche suffisait à percer. Tout ce monde souterrain me faisait rêver comme un voyage au centre de la Terre.
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Au moment où mon grand-père, Julien Colin du Burnontige, file en douce avec juste ce qu'il faut de toux pour mourir, j'éprouve le besoin d'écrire avec les bouts et les rimes qui traînent, les refrains, les souvenirs inouïs, les péripéties d'une vie formidable, une ode pareille à l'orange qu'après avoir soigneusement écorcée on ouvre subitement : un jet d'acide jaillit de la déchirure ; on a des braises d'or dans les mains!
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C’est le printemps qui perce, dit Firmin. C’est vent et sève. Si on collait son oreille contre la terre, on entendrait des bruissements, des bouillonnements, des raclements de racines.
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Les répétitions de La Passion reprennent. Dans la salle du patronage, l'énorme poêle - un gros bonhomme en fonte noire, bouddhique, lippu, ventru - ronfle et refoule, par instants, des bouffées grises, grimaçantes. Dehors, le jour est pris dans l'ampoule pelue du gel. Ceux qui entrent ont les doigts gourds, les oreilles rouges, les yeux larmoyants. Sous leur caban, les femmes ont le bout des seins dur, gonflé comme le bouton des géraniums.
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Il découvre l'écriture, la calligraphie dans les cahiers à trois lignes. Il trempe le bec de la plume dans l'encre noir-bleu, la fait glisser contre le goulot pout faire couler le trop-plein ; il la lève, la presse à peine contre le papier, pose les l comme de petites ailes, trace la barre des t, arrondit les voyelles : le o goulot, leu des vallées et des cuves, le e espace de silence, le i droit et stoïque, petite baïonnette. Il arrondit certaines consonnes, les jambages des m et des n. Il sait lever le j majuscule, enfler légèrement le f petite elfe, pointer légèrement en les penchant le p et le q, dessiner le x comme deux coquilles collées. Il s'applique comme un artisan joaillier. Il descend en lui-même par la rondeur et la régularité des lettres.
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C’est la métamorphose des mécréants, des incrédules, des saint Thomas à la langue bien pendue, des sceptiques avec une pincée de sel dans la bouche, des libres penseurs qui font bonne chère pour combler le vide ! Venez à moi mes brebis, paix mes agneaux ! Ils adorent passionnément Marie, Sainte Marie, dans chaque pétale de verre fleurie d’œillets et de roses mis closes, les fenêtres autels avec leurs napperons, leurs bougeoirs, leurs saints de plâtre, les trottoirs parsemés, estampillés de pétale et de farine douce ! Les gens s’agenouillent, se penchent pour mieux se recueillir, toucher à l’ineffable. Voilà pour le sacré, et pour le profane, il y a Jean-Denys qui porte à bout de bras le bouquet aux milles fleurs, escorté d’une fanfare de clarinettes, de trompettes et de tambours. Ils visitent les demeures, donnent l’aubade devant chaque étal, chaque entrée de café ; ils dansent la valse et la polka avec les vieilles et les chipies ; ils mangent de petites crêpes chiffonnées et s’arrosent goulûment le gosier ; c’est la pentecôte des petits blancs.
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Le monde est à portée de main, dit-il, le firmament est en nous dès que l'on ferme les paupières.
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Nous montions par cette route qui ravine dans le Trou de Ferrières, longeant la rivière, puis coupant au court, à travers les taillis, jusqu'à un pommier avec ses fruits tombés dans les herbes. Une odeur forte nous prenait aux poumons, cherchant en nous une poignante réponse, une ardeur à se dissoudre sur les champs, les éteules passées au peigne fin, les sillons de terre moite et remuée où sourdait une brume comme une laine cardée.
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