Je l'aime bien sa gueule de métèque, de pâtre grec par son père et de juif errant par sa maman. Ses cheveux aux quatre vents ne sont apparus que vers ses trente ans.
Dans ce récit riquiqui, il ne s'agit pas de sa biographie mais de l'histoire que lui a livré
Siegfried Meir son ami qu'il transmet mot pour mot :
Il sera déporté de l'âge de 4 ans à 7 ans à Birkenau, il y perdra père et mère. Par l'avancée de l'armée rouge il sera transféré à Mauthausen où il sera protégé par des républicains espagnols, Saturino Navazo deviendra son père adoptif avec qui il vivra quelques années à Revel avant d'être musicien et de rencontrer
Moustaki.
L'horreur vécue a détruit des pans entiers de la personnalité de Siegfried. « Je ne me sens pas totalement intégré dans la vie normale. Les camps de concentration m'ont rendu prématurément blasé, m'ont fait perdre tout sentiment violent de peur, d'amour ou de joie. Ça m'empêche d'être sociable, de déconner, de rigoler. »
Siegfried Meir ne s'y est pas trompé en relatant l'indicible à Georges. Ses racines, son enfance heureuse à Alexandrie dans un milieu brassé mais tolérant, son charisme avec cette chaleur sereine et sa nonchalance apparentes ont constitué le réceptacle parfait afin de recueillir ce qui est inaudible et incompréhensible pour beaucoup.
Je ne peux pas parler de bon ou de mauvais livre, je ne peux qu'écouter et recevoir en espérant que nous ferons de chaque jour toute une éternité d'amour que nous vivrons à en mourir.
Mais j'ai tout de même des doutes.