Invisible

Il est à l'hôpital après un drame. Que lui est-il arrivé ? Il y a la mère, le père, la petite soeur tant aimée, Luna, la psychologue de l'hôpital, la fille aux cent bracelets, Kiti, le garçon avec une cicatrice au sourcil, Zaro et ils savent, ils savent ce qui s'est passé et pourtant, ils ont feint de ne pas voir, de ne pas savoir… Ne pas savoir ce que faisait le garçon avec neuf doigts et demi…

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Eloy Moreno, né en 1976, est un écrivain espagnol qui a actuellement vendu plus de 1 500 000 exemplaires de ses oeuvres dans plus de trente pays. Il a obtenu une licence en ingénierie technique et informatique de gestion à l'Institut Francisco Ribalta de Castellón de la Plana. Il a travaillé dans une entreprise informatique jusqu'à ce qu'il travaille à la mairie de Castellón de la Plana .

Il a publié plusieurs romans, El bolígrafo de gel verde en 2011, un roman auto-édité qui a depuis lors été réédité en 2023 et vendu dans plusieurs pays, Lo que encontré bajo el sofá en 2013, Cuentos para entender el mundo en 2013 qui rassemble des contes espagnols recueillis à travers tout le pays, El regalo, Cuentos para entender el mundo 2 avant de publier Invisible en 2018. Ce roman devient un best-seller, il est vendu à l'étranger et il est lauréat du Prix Yoleo 2018, du Prix Hache 2019, du Prix du roman pour la jeunesse El Corte Inglés 2020 et du Prix Cento Italia 2021 et il a également été finaliste aux prix Menjallibres 2018. Il est adapté en série sur la plateforme Disney+. En 2022, pour commémorer les cinquante éditions du livre, un tirage à 5 000 exemplaires d'une version luxueuse est lancé et en moins d'une semaine, tous les exemplaires sont épuisés. Une édition spéciale illustrée par Ignasi Font a également été publiée en 2023.

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Eloy Moreno propose un roman d'avertissement sur le harcèlement scolaire. Ce roman choral donne la parole dans de courts chapitres lapidaires à différents personnages, le héros, une jeune garçon, le narrateur qui décrit la vie du héros et celle du harceleur, les témoins silencieux, la mère, le père, la petite soeur, la meilleure amie amoureuse, le meilleur ami, le camarade de classe tortionnaire et la professeure de littérature, la seule à réagir…

Nous connaissons de nombreux romans adolescents sur le harcèlement scolaire depuis La guerre des chocolats de Robert Cormier à Ici et seulement ici de Christelle Dabos sans oublier les incontournables 13 reasons why (Treize raisons) de Jay Asher, Les petites reines de Clémentine Beauvais ou les classiques Il faut sauver Saïd de Brigitte Smadja et Elliot de Graham Gardner. de nombreux romans récents abordent aussi cette thématique, nous pensons à Une sonate pour Rudy de Claire Gratias, Blacklistée de Cole Gibsen, Ma réputation de Gaël Aymon, À copier 100 fois d'Antoine Dole, La Sans-Visage de Louise Mey, Chère Fubuki Katana de Annelise Heurtier, Rattrapage de Vincent Mondiot, Eleanor & Park de Rainbow Rowell, La rumeur qui me suit de Laura Bates, Ronde comme la lune de Mireille Disdero, Secrets.com de Florence Hinckel, le journal malgré lui de Henry K. Larsen de Susin Nielsen, Silent Boy de Gaël Aymon, Dans de beaux draps de Marie Colot, Nos vies en l'air de Manon Fargetton, River de Claire Castillon, Un garçon c'est presque rien de Lisa Balavoine, #toutlemondedétestelouise de Annelise Heurtier, Riposte de Louisa Reid…

Ici, Eloy Moreno décrit peu les situations de harcèlement, il s'agit plutôt d'analyser le processus de stigmatisation puis de harcèlement et ses conséquences. La mécanique est effroyable et Eloy Moreno cherche surtout à montrer l'absence de réaction de tous les proches, la famille, les amis, les camarades de classe, le corps enseignant pour mieux dénoncer l'horreur du crime, la complicité silencieuse. Il s'agit moins d'un roman pour la jeunesse qu'un exercice de style pour dénoncer et amener chacun à changer de comportement.

C'est parce que ce livre m'a énormément touchée que je ne conseille pas sa lecture auprès de n'importe qui. Comprenez bien : c'est une lecture nécessaire, un texte à la narration originale et à la plume juste, dont la poésie parfois glaçante sert toujours le propos. Mais la force de ce livre est telle que, à l'instar d'une consultation psychiatrique, il vaut mieux veiller d'abord à ce que les personnes fragilisées qui se trouveraient dans l'engrenage décrit par Eloy Moreno aient l'occasion de lécher leurs plaies avant de se confronter à cette fiction parfois trop vraie. Comme l'auteur le rappelle avec finesse, les victimes – les survivants, pour reprendre le terme très intelligent qui survient dès les premiers chapitres – recouvrent leur vécu présent d'un voile qui leur donne une illusion de contrôle mêlé d'idées noire. C'est à celles-ci que je pense, et qu'il faut impérativement veiller à ne pas nourrir.

Je me suis reconnue. C'était une lecture à fleur de peau voire écorchée, tantôt dévorée, tantôt difficile. Chaque personnage est construit avec beaucoup d'intelligence, jamais mauvais, toujours piégé. Aucun autre n'aurait pu les remplacer aux rôles qu'ils occupent dans un système patiemment disséqué par l'auteur, compréhensif quand il doit l'être, et sentencieux quand il le faut.

La montée – ou plutôt la descente vers le climax est écrasante, d'autant plus inéluctable que le roman ouvre sur les conséquences, montre les causes et culmine avec l'acte. Une construction qui pourra sembler cynique à certains, puisqu'elle invite le lecteur à relire, créer une boucle à laquelle lui seul peut mettre un terme : en agissant. C'est un peu pour les mêmes raisons que ce lecteur pourra se retrouver déçu face à une fin à ce point ouverte qu'elle laisse un goût d'inachevé.

C'est un livre qui contient autant d'amour que de sévérité, de tendresse que de rage. Un coup de coeur qui mérite sa traduction française, dans l'espoir qu'un dragon ou deux le fera étudier à sa classe.

Invisible c'est l'histoire d'un drame annoncé.

Le roman s'ouvre sur une chambre d'hôpital, auprès d'un jeune adolescent qui tente de retracer comment il est arrivé là. Des supers pouvoirs dont il s'est longtemps cru doté, notamment le pouvoir ultime : l'invisibilité. Mais derrière ces images fantasques, on découvre peu à peu une terrible réalité, celle d'un collégien bon élève, “trop” gentil, qui devient le souffre-douleur de la petite brute de la classe…

Ce qui saisit en premier lieu dans ce roman, c'est le style de l'auteur. Très métaphorique, il faut un peu de temps pour comprendre où l'on va, même si on se doute fortement du sujet que l'on va découvrir. Peu à peu, tout prend sens, le choix des mots reflets d'une réalité qui apparaît au premier regard étrange mais qui s'avère être l'expression judicieusement choisie, celle qui fait sens pour le narrateur et pour le lecteur quand il comprend quel souvenir elle recouvre.

Certes, on pourrait se dire que c'est un énième livre sur le harcèlement mais honnêtement, il ne pourra pas vous laisser indifférent. Il parle évidemment de violence exercée par le harceleur mais aussi et surtout de toutes les violences des personnes qui feignent de ne pas voir ce qui se passe : les camarades de classe, les amis, la famille.

L'auteur use pour cela d'une narration oscillant entre une innocence enfantine et une vision acérée de la réalité pour dépeindre les luttes et les rêves brisés de cet ado, le harcèlement scolaire et surtout le sentiment d'invisibilité sociale qui apparaît peu à peu et qui lamine les dernières forces.

Invisible est une pierre supplémentaire dans la lutte contre le harcèlement, un témoignage qu'il est nécessaire de porter, de lire et faire lire tant que cela restera un sujet malheureusement d'actualité.

Quel roman magnifique, si poignant, effrayant, bouleversant. Il est très difficile pour moi de vous en parler et en même temps, il est tellement nécessaire que je vous le partage.

Invisible, c'est l'histoire d'un adolescent que personne ne voit, qui se sent presque invisible. On le rencontre à l'hôpital, et on découvre son histoire au fil des pages. Une histoire Ô combien difficile à lire. Et à mesure qu'on s'approche de la fin, de la vérité, on comprend, on réalise. « Tant que ça ne me touche pas, ce n'est pas mon problème ».

Ce roman, il est d'une puissance rare, à la fois détaché et si proche de ses personnages. L'histoire est racontée par morceau, et il est difficile de tout comprendre aux premiers abords. Différents points de vue s'entre-mêlent, différents personnages interviennent. Et finalement, on se rend compte que cette histoire, c'est celle de beaucoup d'entre nous, et c'est vraiment effrayant.

Je ressors bouleversée de cette lecture, de ce roman si bien écrit, si percutant. Moi aussi, j'ai parfois été invisible, alors forcément, cette histoire, elle me percute de plein fouet. Tout comme celle du Dragon, qu'on découvre aux dernières pages.

Vous l'aurez compris, ce roman parle de harcèlement, et de toutes les conséquences que cela engendre. J'aurai aimé pouvoir offrir ce roman à une personne qui m'est chère, avant qu'il ne soit trop tard. Partagez ce roman autour de vous, vraiment.

TW majeur concernant le traumatisme du harcèlement scolaire

Un plongeon dans l'horreur qui commence par un garçon semblant avoir perdu ses super-pouvoirs d'invisibilité. Une lutte s'ensuit... Lutte entre le rêve et le cauchemar, l'inexplicable et le légendaire, l'amitié et la lâcheté, les souvenirs édulcorés et la douleur de la réalité que l'on a préféré ignorer par pudeur, par peur d'être le ou la suivante ou encore parce que c'était bien plus simple ainsi, malgré tous les voyants qui clignotaient d'un rouge plus que préoccupant...

La réalité est rude, fait froid dans le dos et donne le vertige mais elle est pourtant si vraie... et oblige chacun d'entre nous à se regarder une bonne fois dans le miroir et réaliser quelle place nous tenons réellement dans le conte de la souris... Car une seule personne, une seule a vraiment essayé de faire la différence et d'éviter l'inévitable drame imminent. Ce dragon de puissance, de danger mais aussi de protection des plus faibles doit nous pousser, chacun d'entre nous, à oser agir, à notre échelle. Sans devenir un super-héros, juste en se comportant comme un véritable être humain.

On ne ressort pas indemne d'invisible, on en ressort définitivement chamboulé, grandi et avec une véritable prise de conscience sur les personnes qui nous entourent. Faisons en sorte que chacun puisse trouver sa place, sans jugement, sans humiliation ni tentative de blesser parce que la différence nous perturbe. Faisons en sorte de rendre l'invisible visible.
Une leçon de vie