Clara Héraut a ce talent unique de frapper fort à chaque roman. Les trois romans qu'elle a publiés jusqu'à présent sont tous différents mais ils ont cette même puissance, force, qui nous touche en plein coeur.
Les coquillages ne s'ouvrent qu'en été ne fait pas exception. C'est une merveille à mettre entre toutes les mains, des plus jeunes ados jusqu'aux grands adultes.
Léna et Phoebe sont deux soeurs qui se sont éloignées au fil des années, chacune a ses propres raisons. Elles ont beau être soeurs, elles ne se ressemblent guère : si Léna est aussi éclatante qu'un soleil, Phoebe est plus réservée et calme, à l'image d'une nuit tranquille. Léna crie, hurle, s'indigne, vit intensément ses émotions, quand sa soeur a le plus grand mal à les exprimer. Si Léna se renferme en raison de ses questionnements vis-à-vis de son identité et des troubles que cela a causés dans ses relations, Phoebe s'est éloignée malgré elle, à cause des “Ombres” dans sa tête, son anxiété… et sa dépression.
Les coquillages ne s'ouvrent qu'en été est un roman d'été mais certainement pas un roman léger, les thématiques sont importantes, lourdes et sensibles pour certain.e.s, bien qu'elles soient traitées avec beaucoup de finesse et de sensibilité par l'autrice. La plume poétique et douce de
Clara Héraut transmet parfaitement les messages qu'elle souhaite passer. Je ne compte plus les passages que j'ai voulu surligner et relire, encore et encore, tant les mots trouvaient un écho en moi. J'ai rarement lu un roman pareil et rien que pour ça,
Les coquillages ne s'ouvrent qu'en été me marquera longtemps.
Durant les premiers 30% du récit, je craignais d'avoir du mal à accrocher en raison des personnages. Je ressentais beaucoup de compassion et de peine pour Phoebe, bien que je ne comprenais pas totalement ses agissements, mais Léna m'a agacée à de multiples reprises. Probablement parce que nous n'avons pas du tout le même tempérament ni la même façon de fonctionner. Léna se montre égoïste plusieurs fois, mais on peut la comprendre dans une certaine mesure. Les deux héroïnes ne remporteront pas l'unanimité parce qu'elles sont imparfaites, profondément humaines, elles font des erreurs… et c'est bien énoncé au cours de l'oeuvre. Elles sont jeunes, immatures, se trompent, s'excusent, regrettent, admettent leurs torts et c'est beau à lire.
Contrairement à d'autres, je n'ai pas pleuré (alors que je suis d'une sensiblerie à toute épreuve), sûrement parce que mes attentes étaient hautes (vu que j'avais vu passer je ne sais combien d'avis dithyrambiques) mais ça ne m'a pas empêchée d'être incroyablement touchée et émue par ce que je lisais. Une fois dépassé le milieu du roman, j'étais incapable de m'arrêter tant je voulais savoir ce qu'il adviendrait des deux protagonistes et de voir comment ces deux soeurs pourraient renouer le dialogue. La fin m'a énormément plu, j'avais la gorge nouée et le coeur en vrac.
Je regrette un peu d'avoir découvert tant de chroniques avant ma lecture, parce que je pense que c'est ce qui m'a empêché d'atteindre le coup de coeur : mes attentes ont grandi avec le temps. Je n'ai pas été aussi atteinte que je l'aurais souhaité. Pour autant, ça reste une excellente lecture que je relirais à coup sûr. Ce troisième roman confirme ce que je savais déjà :
Clara Héraut a ce don de me parler à chaque roman, de me toucher à travers tout un tas de personnages, et je continuerais de la lire à chaque fois.