Citations sur Éclair d'été (78)
Vous les hommes, vous êtes tous les mêmes, rétorqua Mim. Vous ne voyez pas ce qui vous crève les yeux si ce n’est pas peint en lettres phosphorescentes !
Sans Maureen, il n’avait plus aucun but dans la vie, plus aucune raison de rester ici. Chaque jour lui ramenait le souvenir de son épouse - sa silhouette de plus en plus floue, debout sur le pont du bateau, et sa chaleur, alors qu’elle se tenait serrée contre lui, sa tête aux boucles sombres posée contre son épaule.
Il la vit rougir et remarqua que son chemisier lui collait à la peau. Elle aurait dû suivre l’exemple de Kate, pensa-t-il, et se débarrasser de ses dessous, de tout ce harnachement inutile. Ce qui n’aurait pas été correct en Grande-Bretagne devenait ici une question de simple bon sens.
Cet homme n’avait rien à voir avec le Henry qu’elle connaissait, le lord qui avait rompu avec sa famille par amour, qui s’était réjoui à l’idée de la venue au monde de son bébé. La sympathie qu’elle avait éprouvée pour lui fut soudain balayée par une vague de fureur.
Laisser partir ce brave homme, séduisant, chaleureux, généreux et riche... sans doute une occasion en or lui passait-elle entre les doigts. Pourtant, elle le trahirait et se trahirait elle-même si elle changeait d’avis.
À bout de souffle, elle sentait ses forces s’épuiser. Il lui écartait les jambes, prêt à atteindre son but. Dans un mouvement désespéré, elle tendit la main, sentit un objet froid et lisse qu’elle agrippa instinctivement. Avec une violence décuplée par la terreur, elle lui assena un coup. Il ouvrit la bouche et tomba en arrière, la nuque sur le bastingage. Brusquement, desserrant son étreinte, il tomba lourdement sur le sol.
Face à cet individu grand et fort, elle savait que, quelle que soit sa propre énergie, elle n’aurait aucune chance de s’échapper. Elle devait à tout prix dissimuler à quel point il lui répugnait et se contenter de jouer le jeu en espérant que l’occasion de s’esquiver se présenterait rapidement. Un marin passant à côté d’eux ou un couple en promenade suffiraient à lui fournir l’opportunité voulue sans qu’elle ait besoin d’humilier son indésirable accompagnateur.
Elle aimait écouter sa voix profonde, épicée d’une pointe d’accent traînant qui n’était ni irlandais ni typiquement londonien, mais évoquait plutôt les vastes étendues australiennes où ce Britannique s’était fait une situation.
Elle aimait Henry avec passion mais, bon sang, quel idiot il pouvait être parfois ! Pourquoi ne voyait-il pas ce qui crevait les yeux ? Le fait de rendre la montre avait été un geste adroit de Paddy : sa présence constante, ses conseils avisés et le cadeau des couvertures et de la nourriture faisaient partie d’un plan, elle en était certaine - même s’il lui était impossible de savoir pour l’instant de quel plan il s’agissait. Elle sentait simplement qu’il fallait se méfier de cet homme. Plus tôt le bateau accosterait, plus vite ils se sépareraient de leur soi-disant ami, mieux cela vaudrait.
Elle était mûre à point, prête à être cueillie. Il sentit son corps vibrer tandis que son regard s’élevait du cou mince jusqu’aux yeux sombres et à la bouche sensuelle. Kate Kelly avait beau paraître l’incarnation du dédain et de la femme vertueuse, il l’imaginait étendue au-dessous de lui, les cheveux défaits, les jambes enroulées autour de ses hanches, gémissant de plaisir tandis qu’il s’emparait d’elle.