[écouté en livre audio]
L'inculte que je suis ne connaissait Mankell que de nom, après avoir croisé une demi douzaine de fois la bannière marketing "Découvert par l'agent de Mankell!" sur les livres d'un de mes chouchous des polars :
Ragnar Jonasson.
Ce monsieur qui fait visiblement référence dans le milieu est donc le papa du célebre Wallander, dont le nom, en revanche, me parle beaucoup plus!? Très bien, je n'ai donc plus le choix, je dois m'y plonger! et quoi de mieux que de commencer par le commencement et de découvrir ces 2 grands noms du polar dans leur premier tome.
Le style d'ambiance et d'écriture ne m'a étonnament pas du tout surpris. C'est même quasiment le cliché de ce que mon cerveau imaginait grossièrement correspondre aux "polars nordiques des années 80". C'est noir, c'est lent, c'est calme. Les phrases s'enchainent comme on aligne les pas lors d'une randonnée, sans précipitation ni relief, pas forcément toujours emprunts d'un plaisir 'direct' mais qui ne sont jamais perdus et vont toujours dans le bon sens.
L'intrigue ne m'a pas spécialement transporté et le rythme qui n'est donc pas très vivant, joue un rôle ambigu tant il pose une ambiance très précise, ce qui m'a plu, tout en jouant quand même alégrement sur la mince limite entre finesse et ennui.
Notons néanmoins un détail de la construction de
Meurtriers sans visage qui m'a paru d'une très grande originalité : Il y a une enquête dans l'enquête et on met carrément la résolution du double meurtre en pause le temps d'en résoudre un autre, totalement indépendant. .
Mais evidemment, le plus marquant dans tout ça est à chercher du coté de la sociologie. le double meurtre dont fait l'objet cette première aventure de Wallander est teinté des prémices du "racisme justifié par les faits divers" que nous connaissons malheureusement si bien de nos jours, et dont l'un des principaux terreaux depuis quelques années est sans aucun doute la Suède..
Lire qu'en 1989, les enquêteurs de la police suedoise se méfiaient de rendre public des détails de l'enquête à la décharge de suspects étrangers pour éviter un mouvement social démesuré en forme de chasse aux sorcières, est particulièrement troublant quand on voit ce qui s'est passé sur ces sujets en Suède lors des 34 années qui séparent cette critique de la sortie de ce livre.
Je lirai d'autres Mankell, mais peut être en vacances ou un peu plus tard. C'est sympa, c'est solide, c'est très bien fait, mais ça ne m'a pas non plus paru comme une lecture très excitante. Je soupçonne que ça le devienne avec le temps et la connaissance des personnages et du terrain. On verra!