Ella Maillart arrive en URSS au début des années 30. le récit se déroule donc lors du grand plan quiquennal lancé par Staline qui doit, grâce à un effort commun, combler le retard qu'a accumulé l'Union par rapport à l'Europe occidentale.
En pleine expérience socialiste, la jeune aventurière s'était promis à elle-même de ne pas être assimilée aux pseudo-écrivains européens ou américains qui à, cette époque, envahissaient littéralement le pays, avec pour unique but de rendre copie de l'état de l'expérience socialiste à l'Occident.
En effet, l'auteure leur reproche d'établir des critiques incongrues, ternes et pleines de préjugés. Elle explique notamment cela par l'absence d'interaction avec la population, ceux-ci se contentant simplement de parcourir la ville en taxi et de retranscrire indifféremment ce qu'aurait réussi, avec plus de succès, un photographe amateur.
Il faut dire que dans ce livre, elle réussit brillamment son pari. Bien que presque la trentaine, elle raconte d'une main innocente ce que des yeux d'enfants ont perçu. Aucun jugement n'est porté, en bien ou en mal, que ce soit sur la mentalité des gens, sur l'idéologie politique ou encore sur le gouvernement.
Ainsi,
Ella Maillart va arpenter dans tout les sens les rues de Moscou avant de partir pour vivre une expérience inoubliable dans les montagnes du Caucase. Amoureuse de la nature et alpiniste dans l'âme, elle ne cessera de comparer les incroyables paysages qu'elle découvrira à ceux qu'elle connaît déjà.
Malheureusement, la narration de cette aventure, extraordinaire pour l'époque, est gâchée par un récit haché avec pour principales causes plusieurs retours en arrière ainsi que plusieurs ellipses saccadant ainsi la lecture. de plus, le style est également irrégulier et par moment même, incohérent.
Dans son livre, l'auteure n'a pas su rendre ses personnages charismatiques. L'immersion est par moment difficile car le lecteur éprouve du mal à s'attacher aux personnages. Cependant, l'imagination de celui-ci est tout de même vivement sollicitée notamment grâce à des descriptions précises, détaillées, concises.
A mi-chemin entre le récit d'aventure et l'expérience anthropologique,
Ella Maillart, nous renseigne sur le mode de vie des prolétaires à cette époque mais surtout sur leur mentalité, leurs ressentis vis à vis des événements qui se sont déroulés ainsi que sur leur façon de voir l'avenir. Depuis un point de vu étranger, occidental, la jeune écrivaine est à plusieurs reprises confrontée au choc des cultures, elle décrit merveilleusement bien diverses scènes qui pour nous sembleraient extravagantes or il n'en était rien dans la vie soviétique de tout les jours.
Pour conclure, la jeune écrivaine dépeint, à travers son aventure, le choc des cultures tout en relatant la vie de simples gens qui ont eu le bonheur ou le malheur de vivre durant la plus grande expérience socialiste qu'il n'est jamais eu. Un récit brut, authentique et enrichissant, à lire comme il a été écrit, sans à-priori.