"Il vécut et mourut pour la vérité. Dès son plus jeune âge fusèrent dans son esprit les inspirations de l'au-delà, comme si elles avaient éclos avec lui à l'instant où l'avait caressé le premier rayon de lumière."
Akhénaton le renégat est une merveilleuse illustration de l'incompatibilité viscérale entre la Vérité et le Pouvoir.
Simone Weil disait: « Si un homme, membre d'un parti, est absolument résolu à n'être fidèle en toutes ses pensées qu'à la lumière intérieure exclusivement et à rien d'autre, il ne peut pas faire connaître cette résolution à son parti. Il est alors vis-à-vis de lui en état de mensonge ». Akhénaton ne fut jamais en état de mensonge vis-à-vis de lui même, et c'est bien cela qui causa sa perte.
Jeune homme au coeur sensible, au corps difforme, mystique sur les bords, illuminé et indigne successeur de ses ancêtres selon la Cour et les faiseurs de rois, Akhénaton attisa autant l'admiration que la haine. Reniant les dieux de ses ancêtres pour un nouveau Dieu unique qui s'est manifesté à lui, il déstabilisera son royaume et réduira à néant la prospérité qui lui a été léguée.
Plaidant l'amour, le pardon, la fraternité, la paix et la justice, ce Christ avant l'heure sera persécuté en particulier par le Clergé. Sa naïveté et sa foi radicale dans la bonneté des coeurs n'est également pas sans rappeler le pince Muichkine de
Dostoïevski dans
l'Idiot.
A travers une enquête menée par un jeune homme quelques années après la mort d'Akhénaton auprès des principales figures de son règne,
Naguib Mahfouz nous plonge dans cette Egypte ancestrale qui aura marqué
L Histoire et attisé légendes et fantasmes. C'est également une immersion dans la vie intérieure du pharaon et une invitation à interroger le sens de la vie et la place de la Vérité. Une Vérité que le relativisme des différents témoignages dans le roman met en péril comme pour insister sur la difficulté d'y accéder.
"Sois comme
L Histoire qui prête l'oreille à tous les conteurs, qui ne prend parti pour personne, et qui gratifie d'une vérité limpide celui qui la lui réclame".