Pff ! que dire ! En refermant ce livre je suis sans voix, tout chamboulé, avec du mal à mettre des mots sur tout ce que j'ai ressenti à sa lecture.
Bon déjà, évidence au vu de ma note, j'ai adoré ce recueil de nouvelles qui en vraie est plus que ça. Car si effectivement on trouve ici une suite de petits, tous petits textes, 24 en tout, il n'ont rien d'indépendants, bien au contraire, ils sont tous plus où moins liés, imbriqués les uns aux autres. Les personnages, venant tous de la même réserve indienne, se croisent de l'une à l'autre des histoires, parfois de loin, souvent de près. Et on y trouve même un fil conducteur pour une partie d'entre elles.
Ces personnages, indiens donc, parfois mi-animaux mi-humain, sont majoritairement alcooliques ou ancien alcooliques, voir entre les deux. Ils ont des vies pitoyables, sont pour certains violant, pour d'autres aux moeurs douteuses, mais tous attachants.
Vous aurez compris, ce livre n'est pas très joyeux, même si parfois on rigole bien, surtout avec la nouvelle "Conseils pratiques à l'usage des célibataires alcoolos de la Rez" Rez étant le diminutif de réserve.
L'auteur nous dresse un tableau de la vie des indiens dans les réserves des plus sordides, où en plus de l'alcool, on y trouve de la violence conjugale, de l'abandon d'enfant, du viole, de l'homophobie, du suicide et j'en passe. Mais tout cela reste en filigrane, on ne tombe jamais dans le vulgaire ou le glauque, Même si la première nouvelle est assez gratinée et que je déconseillerais de mettre ce recueil entre n'importe quelles mains, surtout celles des plus sensibles et des plus jeunes.
L'écriture est un plaisir à lire, tantôt imagée, toujours juste et en accord avec le personnage que l'on suit alors. J'aimerais bien lire la version originale, pour voir si elle est à la hauteur de sa traduction française. Ce n'est d'ailleurs pas dans mes habitudes, mais je tire mon chapeau a la traductrice : Danièle Laruelle.
Bon comme, tout ne peut pas être parfait, je donnerais un seul bémol, c'est qu'il est trop court. Je veux une suite, je veux retourner dans la réserve, voir ce que deviennent tous ces personnages si attachants. je me moquent que toutes leurs aventures ne soient qu'anecdotiques et sans importances, moi j'en veux encore.
En conclusion, un livre pas facile mais très agréable à lire et qui ne laisse pas indifférent sur le sort des indiens prisonniers de réserves qui ne les préservent pas de la déchéance qui englobe leur peuple depuis qu'il a croisé celui de l'homme blanc et qu'ils ont gouté à leurs eaux de feu.
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« De quelle tribu tu viens ? » Je pose la question et je me demande si toute sa satanée tribu est aussi mal élevée que lui.
« Tribu ? Qu'esse tu racontes ? Je suis pas Indio, bordel, je suis Chicano. De Denver. »
Ben ça me démange de lui en retourner une et de lui demander si les Chicanos enseignent pas à leurs gosses le respect des anciens, mais je me retiens. Il me rend vraiment furieuse. Non mais, est-ce qu’il sait pas que les Mexicains sont indiens, eux aussi ? Et d’où il croit qu’elle vient, sa peau brune ? De manger trop de burritos aux haricots, peut-être ?
Le juge était un cocktail dangereux de manque d'éducation et d'absence d'humour.
Il rentra gentiment à la maison pour se laisser calmer par l'éblouissement cathodique du génocide électronique. Le poste de télévision était un carré parfait. Branchée en permanence, la machine à décerveler donnait une redif de Dowgie Howser, docteur en médecine et génie fou congénital créé par des auteurs fous et crétins congénitaux.
(Corbeau au cœur de la tourmente)
9. Si votre pelouse a besoin d'être tondue, attendez qu'un bon vent souffle dans le sens opposé à votre terrain. Cela vous évitera le ramassage. Si votre maison est entourée de mauvaises herbes géantes, vous pouvez toujours dire : "C'est ainsi que le voulait le Grand Esprit. Je suis traditionaliste."
(Conseils pratiques à l'usage des célibataires alcoolos de la rez)
"Il est grand temps que je retrouve cette fille je crois, que je lui dis.
-Je doute qu'elle veuille rentrer, qu'il me répond.
-Pourquoi tu dis ça, je lui demande.
-Ben, qu'il me dit, si elle avait envie d'être ici, dans le Dakota du Sud, elle serait pas là-haut.
-Hummmppphhh", que je fais. il y a des fois où parler à ce garçon, c'est comme parler à un poste télé. Le poste, il t'entend pas, et il te dit des trucs qui n'ont pas beaucoup de sens. Et certaines de leurs émissions, elles rient toutes seules de trucs qui sont même pas drôles. Ce garçon, il est comme ça. Parfois il se met à rire tout haut sans la moindre raison.
(L'aventure Cheyenne de tante Angie)