Quand
Karine Lebert m'a dédicacé ce livre au salon du Neubourg, elle a écrit « Attachez votre ceinture, décollage immédiat, bon vol », elle ne savait pas alors que j'allais effectivement m'envoler puisque je déménageais loin de France. Dès mon arrivée j'ai tout de suite décidé de lire ce roman et je ne me doutais pas à quel point il allait me bouleverser.
Enlacer le ciel et les nuages c'est d'abord une magnifique histoire de femmes et de transmission. On navigue entre trois générations avec, en héroïne, Elisa, la pionnière, celle qui ouvre la voie et qui découvre le métier de convoyeuse de l'air. Elisa est infirmière elle pourrait se contenter de travailler dans un hôpital mais elle aime voler. le métier n'est pas de tout repos, les avions sont sans confort, les passagers sont malades, il fait souvent froid dans la carlingue, les trajets sont longs, les escales parfois inconfortables et c'est le meilleur endroit pour attraper des maladies comme le paludisme. Mais Elisa supporte tout ça parce qu'elle aime ce métier, c'est sa vocation et elle ne changerait pour rien au monde cette liberté qu'elle s'octroie, dans une époque où le patriarcat est encore de mise.
La jeune femme fait aussi une magnifique rencontre lors d'un vol, celle d'Alex, un journaliste Anglais, et si les jeunes gens ne font que se croiser, l'amour est là, il se conforte au fil des vols et des moments qu'ils passent ensemble. Reste à savoir s'ils vont pouvoir continuer de s'aimer et peut-être concrétiser cet amour par une union. Ils sont tous les deux très attachés à leur métier, à leur liberté, mais ils s'aiment passionnément.
On traverse les époques en suivant également le parcours d'Audrey, la fille d'Elisa, et de Lilly, sa fille et petite fille d'Elisa qui ont, elles aussi, embrassé la profession, elles ne sont plus convoyeuses mais désormais hôtesse de l'air. Voler c'est un vrai sacerdoce et le gène se transmet de mère en fille.
C'est lors d'un vol New-york-Paris, qu'Audrey découvre un article d'un journal anglais datant de 1948 ou l'on voit sa mère sur une photo. C'est son amie Marilyn qui lui a donné et qui a tout de suite reconnu Elisa. Audrey est perplexe, si c'est bien sa mère sur la photo que fait-elle là et qui est cette jeune femme de couleur avec qui elle semble très liée ? Elle assiste à un enterrement, pourquoi semble-t-elle si affectée ? Audrey compte bien interroger sa mère qui est en retraite dès son retour, mais Elisa est hermétique et ne veut rien dire. Audrey est désormais persuadée que sa mère lui cache un lourd secret qu'elle compte bien découvrir.
Karine Lebert nous embarque dans la vie de ces trois femmes avec les époques qui se croisent, s'entrechoquent, sans que l'on ne soit jamais perturbé parce que l'autrice n'hésite pas à mentionner les personnages et les années à chaque nouveau chapitre. L'histoire commence en 1937 pour se terminer en 2010 et c'est un roman totalement addictif qu'on ne peut pas lâcher. Cette histoire chamboule et bouleverse avec cet amour intemporel qui ne prend pas une ride malgré les aléas de la vie, avec ces trois femmes exceptionnelles qui ont en commun la passion de voler, avec les différents pays ou Elisa voyage et aussi les faits historiques qui sont remarquablement décrits.
Je m'attache directement à Elisa, j'admire son courage et sa résilience. C'est une femme pleine d'humilité et d'humanité. Elle est professionnelle jusqu'au bout et mène sa barque comme elle l'a décidé, n'en déplaise à sa mère qui rêve de la voir mariée et rangée. Sa fille Audrey lui ressemble beaucoup, elle a réussi à concilier vie de famille et travail, grâce aussi à un mari qui l'aide et l'épaule avec leur fille Lilly qui aura moins de chance plus tard dans sa vie personnelle et qui devra faire face à une grave addiction.
Avec ce roman je découvre le métier de convoyeuse de l'air que je ne connaissais pas du tout, j'avais déjà appris, dans un autre livre de l'autrice, l'histoire des Rochambelles, Karine ne se contente pas de nous divertir, de nous faire voyager, de nous donner du rêve, elle en profite aussi pour nous instruire, de façon ludique. On traverse le temps, les générations, sans prendre une ride, l'histoire commence en 1937 avec Elisa et se termine en 2010 avec Lilly et j'en veux encore ! j'aime tellement tous ces personnages bienveillants que je n'ai pas envie de les quitter !
Quel bonheur ce roman, il m'a procuré une tonne d'émotions, il m'a fait verser quelques larmes, il m'a contrarié à certains moments, puis c'était l'incompréhension. Finalement j'en ai retiré une certaine sérénité, je l'ai terminé presque apaisée, parce que dans les livres aussi, la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille.
Enorme coup de coeur et c'est souvent avec les livres de
Karine Lebert !
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