Dans cette interview, découvrez Nathalie de Broc et Karine Lebert, se rencontrer et échanger sur leur passion commune : l'écriture.
Au programme :
Leurs habitudes d'écriture : matinales, nocturnes ?
La peur de la page blanche : mythe ou réalité ?
Sont-elles organisées ou au contraire ?
Une rencontre enrichissante et inspirante pour tous les amoureux des livres !
Livre de Nathalie de Broc "L'espoir sur le rivage" : https://www.lisez.com/livre-grand-for...
Livre de Karine Lebert "Les Mille et une vies de Lucie" : https://www.lisez.com/livre-grand-for...
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#litterature #ecriture #rencontres #auteurs #livres #terresdefrance
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L'automne était là. La brume se déposait sur la forêt. Sur les terres, les équipages s'élançaient, caracolant, ayant à coeur de se précéder les uns les autres. Des lièvres se dressaient entre les touffes d'herbes, immobiles, puis soudain bondissants, ayant compris la menace. Au-dessus d'eux, des brassées d'oiseaux s'élevaient pareil à un lâcher de ballons. Dans les profondeurs des bois, des animaux écoutaient, reniflaient, l'oeil inquiet, puis filaient [...].
Il y a quelque chose d’étrange et de désespérant à se sentir étrangère dans son propre pays. Quand les armées françaises ont pénétré dans Baden-Baden, j’ai éprouvé du soulagement et de la joie. Pour que cette dernière soit complète, il aurait fallu que je sois sûre d’une chose : que les Français se conduiraient avec dignité. Pour l’instant, mes sentiments restent ambivalents.
Elle plongea les yeux dans les siens et il lui sembla que plus rien n'existait en dehors de leurs deux regards qui se rencontraient.
Ils auraient sans doute aimé s’installer à Honfleur en toute discrétion, mais le maire tient à leur faire bon accueil. Les sentiments sont toutefois partagés. Si tout le monde est curieux de les voir, il y a ceux qui se montrent humains et les autres.
Nos aïeux ne nous transmettent pas seulement des ressemblances physiques ou des gènes. Nos choix peuvent être dictés ou simplement influencés par ce que nos ancêtres ont vécu.
- Isaure et Lucille s'entendaient-elles bien? On dit les jumeaux fusionnels...
...
- Eh bien, détrompez-vous. Si elles étaient identiques physiquement, leurs natures différaient au point qu'elles en devenaient presque incompatibles. Isaure était douce, timide, alors que sa sœur possédait une force de caractère peu commune, qu'elle ne mettait pas toujours à profit pour faire le bien.
Fanny attendait un enfant.
Elle flottait entre la hantise et la joie, tremblante à l'idée de grossir, redoutant que le fait de devenir mère ne la relègue parmi les femmes pour lesquelles on ne faisait plus aucune folie. Une partie de sa jeunesse disparaissait à mesure que son ventre prenait de l'ampleur. Parfois, cette excroissance lui paraissait étrangère, presque inopportune, et parfois elle la couvait d'un regard fier, possessif, en excluant toute autre priorité de ses pensées.
[...] elle emprunta à Henri une feuille de papier blanc et s'installa à la table de la cuisine avec un crayon qu'elle se mit à mordiller en fronçant les sourcils. Un petit bout de langue rose pointait entre ses lèvres. En chemise, les cheveux en bataille, elle était irrésistible et sa vue aurait davantage conquis Geoffrey que toutes les missives du monde.
A la question de leurs métiers, ils répondaient peintres, écrivains, poètes, sculpteurs, comédiens, humoristes, chansonniers, même s'ils n'avaient enfanté qu'une œuvre, même si leurs toiles se bradaient pour quelques sous aux Puces et si, pour se renflouer, ils haranguaient le public dans les foires ou jouaient les acrobates au cirque, barbouillaient des livres pornographiques et fuyaient leurs créanciers. Mais ils songeaient que le destin n'avait pas permis de rassembler sur cet îlot un groupe d'artistes sans but. Qu'ils soient le courant d'un nouvel art ou périssent tous ensemble dans l'effondrement de la Butte, il devait se passer quelque chose. D'où leur persévérance, pour certains déjà récompensée, alors que d'autres n'en obtiendraient jamais gain de cause.
C'était fini, bien fini... Inutile d'essayer de reconquérir un semblant de séduction par des artifices. Ces derniers n'opéraient plus. Elle buvait. Elle buvait trop. La vie lui apparaissait alors plus clémente, tous les espoirs étaient permis. Et son cerveau à jeun lui dévoilait une réalité si cruelle qu'elle préférait encore se leurrer dans les brumes factices de l'alcool.
Elle devenait dépendante. Elle buvait presque sans plaisir, ayant seulement pour but de noyer sa mélancolie, unie à l'alcool par ce contrat : elle consommait et elle exigeait une charitable amnésie.