AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 325 notes
5
8 avis
4
14 avis
3
9 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un roman merveilleusement bien écrit mais complexe. Il s'agit surtout de l'aventure de trois personnes avec des rêves et des attentes différentes. Trois personnes dont on ne connait pas grand chose de leur passé. Il y a, en 1948, le père, un anglais, installé à Onitsha où il travaille, qui fait venir sa femme italienne, et leur fils de 12 ans. le fils ne connait pas ce père et le regarde comme un étranger. Il y a aussi la colonie britannique remplie de préjugés et régnant sur les autochtones. L'enfant qui redoutait de partir pour l'Afrique, va y découvrir la liberté et va être marqué à vie par ces quelques mois passés au Nigeria. La mère attendait une autre Afrique, et souhaitait renouer avec son mari dont elle vivait séparée depuis très longtemps. le père vivait d'un travail administratif qui ne le satisfaisait pas vraiment, mais n'avait qu'une idée en tête, retrouver l'emplacement de la nouvelle Méroë en marchant sur les traces d'Arsinoë.
Le roman débute par le très long voyage sur un navire qui les conduit de Bordeaux jusqu'à Port Harcourt.
Et puis il y a l'installation à Onitsha, l'incompréhension, le désaveux de la communauté britannique.
Cela se concrétise par un retour précipité en Europe.
Le roman se termine en 1968, en Angleterre et dans le sud est de la France, alors que l'enfant, devenu adulte, est hanté par la tragédie du Biafra faite de guerre, de génocide et de famine... se questionne sur ce qu'ont pu devenir les gens qu'il a connu au Nigeria et prend conscience de l'importance qu'à eu pour lui son expérience africaine.
Le roman est ponctué aussi tout au long des 251pages d'une quête, ou d'une enquête, trouver le chemin emprunté par la reine Arsinoë accompagnée de son peuple au travers de l'Afrique pour y installer la nouvelle civilisation méroïtique.
Un roman qui fait aimer l'Afrique et donne envie de se documenter sur une civilisation disparue.
Commenter  J’apprécie          490
C'est la guerre en Europe, le père est loin dans une ville du Nigeria, dont la poésie tinte aux oreilles d'un jeune garçon : Onitsha. Il est attaché à sa mère comme les enfants monoparentaux le sont, il la regarde nue se douchant un jour, et sera, c'est attendu, jaloux de son père.
Ce n'est pas mon père, se dit Lintan , quand il débarque sur le fleuve Niger, et qu'il perçoit aussi le désappointement de sa mère Maou, qui avait rêvé de l'Afrique, « les randonnées à cheval dans la brousse, les cris rauques des fauves le soir, les forêts profondes pleines de fleurs chatoyantes et vénéneuses, les sentiers qui conduisaient au mystère. Elle n'avait pas pensé que ce serait comme ceci, les journées longues et monotones, l'attente sous la varangue, et cette ville aux toits bouillants de chaleur. »

Récit du voyage que Le Clézio a fait avec sa mère, de Nice à Port Harcourt, et dans les mêmes conditions.

Sauf que ce qui semble mal commencer devient une tendre histoire. Lintan l'enfant part pied nus en brousse, court avec les autres enfants, rencontre et regarde, observe et découvre, il se régale de la vie sauvage, pense être né là, dans la proximité du fleuve, vit tout ce qui peut enchanter les enfants en Afrique et parallèlement invente un roman( comme Le Clezio l'a fait avant lui).

Le père, plutôt absent, invente aussi une histoire, celle de la reine noire de Meroe, la capitale de Nubie, qui aurait migré depuis le Nil jusqu'au fleuve Niger. Pour ce faire, Le Clézio adopte une mise en page différente, mi page, comme dans son autre roman « Désert ».
C'est bien de fleuves dont il s'agit, le Niger omniprésent, c'est lui qui apporte les nouvelles, lui par qui les nouveaux arrivent, lui qui illumine tout le roman. Car c'est un roman lumineux, un peu comme Maou, inactive et sereine, sachant cependant s'opposer aux agissements d'un colon anglais, prétentieux et cruel, voulant faire construire une piscine par des prisonniers enchainés.

Elle découvre la lenteur « un mouvement très long et régulier, pareil à l'eau du fleuve qui coulait vers la mer, pareil aux nuages, à la touffeur de l'après midi, quand la lumière emplissait la maison et que les toits de tôle étaient comme la paroi d'un four. La vie s'arrêtait, le temps s'alourdissait. »

L'eau est toujours présente dans ce roman, celle du bain de la mère, du voyage qu'ils font ensemble de Bordeaux à Dakar puis de Dakar par la mer jusqu'à Cotonou et enfin Port Harcourt, enfin les deux fleuves, le Nil et le Niger, la jeune femme au profil égyptien, Oya, « l'eau », qui perd les eaux devant Fintan.

L'eau, plus que la guerre, évoquée au début du livre, raison de l'éloignement du père, et guerre du Biafra des années après, pour le pétrole sous marin. « Pour la main mise sur quelques puits de pétrole, les portes du monde se sont fermées sur eux (les enfants sacrifiés) les portes des fleuves, les iles de la mer, les rivages. Il ne reste que la forêt vide et silencieuse. »
Je lis ce roman comme un histoire d'eaux, et de femmes : Maou, Oya, Marima, et l'héroïne du père, la reine de Meroe et sa descendance de femme en femme , jusqu'à Arsinoe.
Ceci est ma lecture, très partiale ( l'eau, les femmes, la sérénité africaine), cependant Le Clezio a écrit, avec Onitsha, aussi, un livre très documenté, qu'il met comme en parenthèse par sa manière de scinder les pages en deux, et qui demande une érudition que je n'ai pas.
Commenter  J’apprécie          4612
Un livre que j'ai été longue à lire et pourtant, il m'a beaucoup plu.

On découvre l'Afrique, que l'auteur a si bien connue enfant,une Afrique magique et envoûtante. A travers le regard d'un autre enfant ( son double?), Fintan , qui , au début du livre, quitte cet univers aimé. Poignant est son départ, son adieu à cette Afrique qu'il a appris à aimer.

Le livre présente aussi la vision irréelle du père, Geoffroy, en quête du peuple étrange au signe sur le front, de la reine Arsinoë Oya , déesse troublante du fleuve.

Maou est un autre personnage que l'on aime d'emblée.

Le fleuve s'étire, plein de langueur, symbole de la vie qui s'écoule, de l'oubli de tout. Et on se prend à rêver, nous aussi, de ce continent fiévreux et mystérieux ...

Une lecture fluide,poétique, porteuse de songes...
Commenter  J’apprécie          370
C'est l'histoire tendre de l'enfance de le Clézio. Il y dépeint l'Afrique sauvage et hostile qu'il aime et qu'il a dû quitter. J'aime beaucoup ce livre parce ce qu'il m'a été conseillé par une femme exceptionnelle, une patiente, avec qui j'avais parlé littérature et qui m'a fait une longue liste de livres à lire et Onitsha en faisait partie. Je remercierais jamais assez cette Grande Dame, qui m'a redonné goût à la lecture.
Commenter  J’apprécie          263
Si la Provence a Pagnol et Giono, l'Afrique peut s'enorgueillir d'être au centre du magnifique roman Onitsha de le Clézio.
Avec une terre rouge, le fleuve qui charrie des eaux boueuses, le grondement de l'orage, les pluies torrentielles, l'odeur de l'igname cuit, la fureur des tambours, J-M G. le Clézio parvient à mettre tous nos sens en éveil dans une Afrique riche de couleurs et de sonorités. Il charme, il envoûte grâce à une écriture parfaitement maîtrisée qui fait de l'Afrique quelque chose de charnel et entêtant qui accompagne le lecteur tout au long du récit . Plus que les mots, c'est le rythme qui retient captif le lecteur. L'auteur a su capter et transmettre le rythme de l'Afrique tantôt avec une écriture fébrile, des phrases courtes et répétées qui deviennent envahissantes, obsédantes, tantôt avec une écriture qui s'étire toute en longueur et en langueur sublimant la contemplation de la nature qui s'avère fondamentale pour les trois protagonistes.

Geoffroy Allen rejoint par son épouse Maou et Fintan le fils qu'il connait à peine, a « échoué » à Onitsha, une ville du Golfe de Guinée où inévitablement tout s'échoue : les réminiscences de l'Empire britannique, l'arrogance méprisante des exilés européens pour les indigènes, les rêves de nouveau monde et de nouvelle vie, à l'image de l'épave du vieux George Shotton, l'un des prestiges de la marine anglaise enlisé dans les alluvions du fleuve Niger.
Au contact des indigènes et de la fureur des éléments, chacun à sa manière va se découvrir. On se laisse séduire par un fleuve fécond qui nourrit de manière mystique l'imaginaire du père et apaise Maou et Fintan, un fleuve capable de réunir des individus trop longtemps éloignés. Au point qu'on se prête à imaginer que cette famille disloquée va renaître.


Onitsha dépasse le cadre de la lecture, on referme ce livre avec la sensation de l'avoir vécu. Intensément lorsque la fièvre monte et pousse à la révolte ceux qui sont exploités, ou encore lorsque le soleil écrase de sa chaleur les maisons au toit de tôles. L'atmosphère est particulière, insaisissable.

Roman magnifique où Le Clézio se fait conteur, à la manière de la tradition orale de l'Afrique. Il parvient à nous absorber dans un univers primitif où se mêlent mysticisme et réalité. Un bel hommage à l'Afrique.
Commenter  J’apprécie          212
En 1948, Fintan, jeune garçon de 12 ans, s'embarque avec sa mère Maria Luisa (surnommée Maou par son fils), en direction de l'Afrique pour rejoindre un père qu'il n'a jamais connu, Geoffroy Allen. Ce dernier les a quittés pour s'installer à Onitsha, petit port fluvial, où il travaille pour la United Africa. Pour Maou, l'Afrique est la fin des préjugés de classe et l'amour auprès d'un mari sans le sou. Pour Geoffroy le père, exilé de par la Seconde Guerre mondiale et qui rêve du peuple Méroë , l'Afrique est l'ailleurs. Pour Fintan le gamin, c'est une découverte et une initiation. Au carrefour de la puberté, il quitte vite la voie parentale et ses chaussures de cuir pour courir pieds nus, la chemise et le short déchirés par les épines, avec les jeunes Noirs.
Jean-Marie Gustave le Clézio romance ici ses propres souvenirs et on y retrouve ses thèmes de prédilection : le voyage et la découverte, le passage de l'enfance à l'âge adulte, le racisme colonial, la beauté de l'Afrique. Très poétique, comme d'habitude.
Commenter  J’apprécie          100
Partir de Nice pour aller à Onitsha, quitter sa ville natale pour retrouver un père inconnu, Fintan et sa mère Maou font ce voyage jusqu'au Nigeria pour rejoindre Geoffroy, médecin dans une colonie anglaise d'Onitsha, séparé par la guerre et à la recherche de l'emplacement de la nouvelle Méroë.

Ce roman de J-M.G. le Clézio montre la relation complexe entre un fils et son père. Fintan est jaloux de partager sa mère et il haït la discipline imposée par l'inconnu qui lui est présenté comme étant son père. Par de nombreux points, cette relation fait echo à L'Africain, roman
autobiographique de l'auteur sur son père.

Comme dans de nombreux romans de J-M.G. le Clézio, l'Afrique est dépeint comme un terrain plein de mystère et dans lequel les protagonistes découvrent une liberté et une simplicité de vivre qui s'oppose au système colonialiste vu au travers des différents administrateurs et personnages qui interagissent avec les trois protagonistes. L'auteur profite pour dénoncer cette esclavage, la chute de ce système ainsi que la guerre du Biafra qui en résultera.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai beaucoup aimé la première partie sur le long voyage en bateau, que j'ai trouvé plus rythmée que le reste du roman. Onitsha est plus brutal et plus féérique à la fois, la fin est touchante mais je n'ai pas plus que ça été emballé par le récit. Ce n'est pas une question d'écriture, mais je n'ai pas trouvé de personnage principal qui m'ai attiré. La partie Aro chuku est celle qui m'a le moins plu, pourtant intégrée dans la même histoire que les autres, elle se détache par son style, je l'ai trouvée trop lente et avec moins d'informations intéressantes pour le lecteur. Finalement ma partie préférée est la dernière Loin d'Onitsha, avec ses longues lettres qui donnent une fin étrangement paisible malgré les violences racontées dans le roman. J'aime le format épistolaire dans les romans, car il faut un vrai talent pour ne pas donner l'impression que la personne s'écrit à elle-même, cela donne une intimité entre le lecteur et les personnages que j'apprécie.

Même si certaines parties m'ont moins plu, il n'en reste pas moins un très bon livre. Mon premier roman avec Le Clézio me donne envie d'en découvrir encore plus sur cet auteur.
Commenter  J’apprécie          60
Ce livre a été un coup de coeur lorsque je l'ai lu dans les années 90'. C'était la rencontre entre mon immense amour de l'Afrique et le style magnifique de J.M. le Clezio.
Commenter  J’apprécie          50
Peut-être le meilleur roman de JMG. Il a su ici dépeindre avec brio l'atmosphère à la fois sauvage et attachante de l'Afrique Noire, tout en dénonçant indirectement les méfaits du colonialisme et le conflit qui a suivi (la guerre du Biafra a été une catastrophe humanitaire). Certes il nous raconte toujours la même chose - l'homme occidental est très méchant - mais l'ancrage du récit dans L Histoire lui apporte la crédibilité qui manque parfois à ses romans.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (914) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage au pays des arbres

Quel est le personnage principal ?

Jules
Pierre
Mathis

3 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au pays des arbres de J.M.G. Le ClézioCréer un quiz sur ce livre

{* *}