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C'est un roman merveilleusement bien écrit mais complexe. Il s'agit surtout de l'aventure de trois personnes avec des rêves et des attentes différentes. Trois personnes dont on ne connait pas grand chose de leur passé. Il y a, en 1948, le père, un anglais, installé à Onitsha où il travaille, qui fait venir sa femme italienne, et leur fils de 12 ans. le fils ne connait pas ce père et le regarde comme un étranger. Il y a aussi la colonie britannique remplie de préjugés et régnant sur les autochtones. L'enfant qui redoutait de partir pour l'Afrique, va y découvrir la liberté et va être marqué à vie par ces quelques mois passés au Nigeria. La mère attendait une autre Afrique, et souhaitait renouer avec son mari dont elle vivait séparée depuis très longtemps. le père vivait d'un travail administratif qui ne le satisfaisait pas vraiment, mais n'avait qu'une idée en tête, retrouver l'emplacement de la nouvelle Méroë en marchant sur les traces d'Arsinoë.
Le roman débute par le très long voyage sur un navire qui les conduit de Bordeaux jusqu'à Port Harcourt.
Et puis il y a l'installation à Onitsha, l'incompréhension, le désaveux de la communauté britannique.
Cela se concrétise par un retour précipité en Europe.
Le roman se termine en 1968, en Angleterre et dans le sud est de la France, alors que l'enfant, devenu adulte, est hanté par la tragédie du Biafra faite de guerre, de génocide et de famine... se questionne sur ce qu'ont pu devenir les gens qu'il a connu au Nigeria et prend conscience de l'importance qu'à eu pour lui son expérience africaine.
Le roman est ponctué aussi tout au long des 251pages d'une quête, ou d'une enquête, trouver le chemin emprunté par la reine Arsinoë accompagnée de son peuple au travers de l'Afrique pour y installer la nouvelle civilisation méroïtique.
Un roman qui fait aimer l'Afrique et donne envie de se documenter sur une civilisation disparue.
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C'est la guerre en Europe, le père est loin dans une ville du Nigeria, dont la poésie tinte aux oreilles d'un jeune garçon : Onitsha. Il est attaché à sa mère comme les enfants monoparentaux le sont, il la regarde nue se douchant un jour, et sera, c'est attendu, jaloux de son père.
Ce n'est pas mon père, se dit Lintan , quand il débarque sur le fleuve Niger, et qu'il perçoit aussi le désappointement de sa mère Maou, qui avait rêvé de l'Afrique, « les randonnées à cheval dans la brousse, les cris rauques des fauves le soir, les forêts profondes pleines de fleurs chatoyantes et vénéneuses, les sentiers qui conduisaient au mystère. Elle n'avait pas pensé que ce serait comme ceci, les journées longues et monotones, l'attente sous la varangue, et cette ville aux toits bouillants de chaleur. »

Récit du voyage que Le Clézio a fait avec sa mère, de Nice à Port Harcourt, et dans les mêmes conditions.

Sauf que ce qui semble mal commencer devient une tendre histoire. Lintan l'enfant part pied nus en brousse, court avec les autres enfants, rencontre et regarde, observe et découvre, il se régale de la vie sauvage, pense être né là, dans la proximité du fleuve, vit tout ce qui peut enchanter les enfants en Afrique et parallèlement invente un roman( comme Le Clezio l'a fait avant lui).

Le père, plutôt absent, invente aussi une histoire, celle de la reine noire de Meroe, la capitale de Nubie, qui aurait migré depuis le Nil jusqu'au fleuve Niger. Pour ce faire, Le Clézio adopte une mise en page différente, mi page, comme dans son autre roman « Désert ».
C'est bien de fleuves dont il s'agit, le Niger omniprésent, c'est lui qui apporte les nouvelles, lui par qui les nouveaux arrivent, lui qui illumine tout le roman. Car c'est un roman lumineux, un peu comme Maou, inactive et sereine, sachant cependant s'opposer aux agissements d'un colon anglais, prétentieux et cruel, voulant faire construire une piscine par des prisonniers enchainés.

Elle découvre la lenteur « un mouvement très long et régulier, pareil à l'eau du fleuve qui coulait vers la mer, pareil aux nuages, à la touffeur de l'après midi, quand la lumière emplissait la maison et que les toits de tôle étaient comme la paroi d'un four. La vie s'arrêtait, le temps s'alourdissait. »

L'eau est toujours présente dans ce roman, celle du bain de la mère, du voyage qu'ils font ensemble de Bordeaux à Dakar puis de Dakar par la mer jusqu'à Cotonou et enfin Port Harcourt, enfin les deux fleuves, le Nil et le Niger, la jeune femme au profil égyptien, Oya, « l'eau », qui perd les eaux devant Fintan.

L'eau, plus que la guerre, évoquée au début du livre, raison de l'éloignement du père, et guerre du Biafra des années après, pour le pétrole sous marin. « Pour la main mise sur quelques puits de pétrole, les portes du monde se sont fermées sur eux (les enfants sacrifiés) les portes des fleuves, les iles de la mer, les rivages. Il ne reste que la forêt vide et silencieuse. »
Je lis ce roman comme un histoire d'eaux, et de femmes : Maou, Oya, Marima, et l'héroïne du père, la reine de Meroe et sa descendance de femme en femme , jusqu'à Arsinoe.
Ceci est ma lecture, très partiale ( l'eau, les femmes, la sérénité africaine), cependant Le Clezio a écrit, avec Onitsha, aussi, un livre très documenté, qu'il met comme en parenthèse par sa manière de scinder les pages en deux, et qui demande une érudition que je n'ai pas.
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Un livre que j'ai été longue à lire et pourtant, il m'a beaucoup plu.

On découvre l'Afrique, que l'auteur a si bien connue enfant,une Afrique magique et envoûtante. A travers le regard d'un autre enfant ( son double?), Fintan , qui , au début du livre, quitte cet univers aimé. Poignant est son départ, son adieu à cette Afrique qu'il a appris à aimer.

Le livre présente aussi la vision irréelle du père, Geoffroy, en quête du peuple étrange au signe sur le front, de la reine Arsinoë Oya , déesse troublante du fleuve.

Maou est un autre personnage que l'on aime d'emblée.

Le fleuve s'étire, plein de langueur, symbole de la vie qui s'écoule, de l'oubli de tout. Et on se prend à rêver, nous aussi, de ce continent fiévreux et mystérieux ...

Une lecture fluide,poétique, porteuse de songes...
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La lecture d'un roman de M. le Clézio est toujours un enchantement. Ici, après un long voyage en bateau, il nous transporte en Afrique, et à travers les yeux de Fintan on vit quasi en live, toute la magie de ce pays. Les difficultés d'adaptation, connaitre et accepter une autre culture, ne sont pas toujours facile pour un enfant.
Maou la maman, de son côté s'intègre plutôt bien avec les femmes du village, affectionne le peuple et prend aussi la défense des prisonniers et autres domestiques maltraités. Elle sera mal vu par les colons qui eux abusent et profitent bien de leur position.
Quant à Geoffroy, il se prend de passion pour la dernière pharaonne Méroé, et s'investit dans des recherches minutieuses et prenantes.
L'aventure est vivante, l'ambiance, tout est fait pour nous emporter dans ce pays.
Le retour est difficile tant pour Fintan et ses parents et pour le lecteur.
Une très belle lecture une fois encore avec cet auteur.
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C'est l'histoire tendre de l'enfance de le Clézio. Il y dépeint l'Afrique sauvage et hostile qu'il aime et qu'il a dû quitter. J'aime beaucoup ce livre parce ce qu'il m'a été conseillé par une femme exceptionnelle, une patiente, avec qui j'avais parlé littérature et qui m'a fait une longue liste de livres à lire et Onitsha en faisait partie. Je remercierais jamais assez cette Grande Dame, qui m'a redonné goût à la lecture.
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Si la Provence a Pagnol et Giono, l'Afrique peut s'enorgueillir d'être au centre du magnifique roman Onitsha de le Clézio.
Avec une terre rouge, le fleuve qui charrie des eaux boueuses, le grondement de l'orage, les pluies torrentielles, l'odeur de l'igname cuit, la fureur des tambours, J-M G. le Clézio parvient à mettre tous nos sens en éveil dans une Afrique riche de couleurs et de sonorités. Il charme, il envoûte grâce à une écriture parfaitement maîtrisée qui fait de l'Afrique quelque chose de charnel et entêtant qui accompagne le lecteur tout au long du récit . Plus que les mots, c'est le rythme qui retient captif le lecteur. L'auteur a su capter et transmettre le rythme de l'Afrique tantôt avec une écriture fébrile, des phrases courtes et répétées qui deviennent envahissantes, obsédantes, tantôt avec une écriture qui s'étire toute en longueur et en langueur sublimant la contemplation de la nature qui s'avère fondamentale pour les trois protagonistes.

Geoffroy Allen rejoint par son épouse Maou et Fintan le fils qu'il connait à peine, a « échoué » à Onitsha, une ville du Golfe de Guinée où inévitablement tout s'échoue : les réminiscences de l'Empire britannique, l'arrogance méprisante des exilés européens pour les indigènes, les rêves de nouveau monde et de nouvelle vie, à l'image de l'épave du vieux George Shotton, l'un des prestiges de la marine anglaise enlisé dans les alluvions du fleuve Niger.
Au contact des indigènes et de la fureur des éléments, chacun à sa manière va se découvrir. On se laisse séduire par un fleuve fécond qui nourrit de manière mystique l'imaginaire du père et apaise Maou et Fintan, un fleuve capable de réunir des individus trop longtemps éloignés. Au point qu'on se prête à imaginer que cette famille disloquée va renaître.


Onitsha dépasse le cadre de la lecture, on referme ce livre avec la sensation de l'avoir vécu. Intensément lorsque la fièvre monte et pousse à la révolte ceux qui sont exploités, ou encore lorsque le soleil écrase de sa chaleur les maisons au toit de tôles. L'atmosphère est particulière, insaisissable.

Roman magnifique où Le Clézio se fait conteur, à la manière de la tradition orale de l'Afrique. Il parvient à nous absorber dans un univers primitif où se mêlent mysticisme et réalité. Un bel hommage à l'Afrique.
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Dans ce livre imprégné de ses propres souvenirs d'enfance, JMG le Clezio nous raconte un enfant de douze ans (Fintan) et sa maman (Maou, pour Marie-Louisa, elle est d'origine italienne) qui, en 1948, quittent la France où ils habitaient pour rejoindre Geoffroy, le père de Fintan, un fonctionnaire colonial anglais, qui vit à Onitsha sur le fleuve Niger et qui n'a jamais vu son fils. Fintan et plus encore Maou vont connaître quelques désillusions en s'installant à Onitsha (l'hideuse société coloniale, les paysages d'où la forêt a disparu, le mari distant ou le père violent ...) mais l'un comme l'autre trouveront des belles compensations à leur dépit. Fintan se lira d'amitié à un jeune noir Bony qui lui apprendra à devenir un africain, Maou s'emploiera à aider des jeunes africaines. le père, quant à lui, rêve de retrouver les traces de la "reine noire de Meroë", dernière pharaonne qui aurait guidé son peuple chassé de la haute vallée du Nil jusqu'à une île sur le fleuve Niger, propice à la fondation d'une nouvelle cité. Un jour, pourtant, la famille devra quitter l'Afrique pour toujours.

Si je m'en étais tenu à la première moitié du livre, j'aurais probablement écrit une critique très réservée, déplorant sans doute la raideur du style de l'auteur, la distance qu'il met entre lui et ses personnages, comme s'il décrivait des photographies qui ne le concernent pas vraiment. Et puis, vers le milieu du livre, les choses ont commencé à s'inverser et les personnages, ainsi que l'Afrique, se sont mis à vibrer, et cette vibration s'est propagée à moi, je devenais Fintan, et Maou et Geoffroy, et Oya et Okawho et Bony et la rivière Omerun, et les marques Itsi sur les visages d'Oya et d'Arsinoë, et l'épave du George Shotton au bout de l'île Brokkedon et la piste vers Aro Chuku et je cherchais sur Wikipedia et Google Maps les détails qui me manquaient, je rêvais à mon tour de la reine noire de Meroë, je descendais les eaux "couleur d'ambre" du fleuve Niger. le livre m'avait transpercé, j'étais devenu un des leurs. Je suis et je resterai un fan d'Onitsha.
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En 1948, Fintan, jeune garçon de 12 ans, s'embarque avec sa mère Maria Luisa (surnommée Maou par son fils), en direction de l'Afrique pour rejoindre un père qu'il n'a jamais connu, Geoffroy Allen. Ce dernier les a quittés pour s'installer à Onitsha, petit port fluvial, où il travaille pour la United Africa. Pour Maou, l'Afrique est la fin des préjugés de classe et l'amour auprès d'un mari sans le sou. Pour Geoffroy le père, exilé de par la Seconde Guerre mondiale et qui rêve du peuple Méroë , l'Afrique est l'ailleurs. Pour Fintan le gamin, c'est une découverte et une initiation. Au carrefour de la puberté, il quitte vite la voie parentale et ses chaussures de cuir pour courir pieds nus, la chemise et le short déchirés par les épines, avec les jeunes Noirs.
Jean-Marie Gustave le Clézio romance ici ses propres souvenirs et on y retrouve ses thèmes de prédilection : le voyage et la découverte, le passage de l'enfance à l'âge adulte, le racisme colonial, la beauté de l'Afrique. Très poétique, comme d'habitude.
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Une merveille. L'on est bercé, transporté, envoûté par ce livre. Le Clezio au sommet de son art : un style incantatoire, une impression de plénitude absolue dans cette vision du monde si poétique, et pourtant si proche de notre mère nature. L'Afrique sur un piédestal, telle une déesse. LE LIVRE A LIRE ...
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Onitsha, cela commence par Oni, comme onirique.
Une fois de plus, Le Clézio nous emmène au pays des rêves, non pas de nos rêves, mais des rêves qui tournent la tête des personnages, qui les animent, qui leur offrent raison de vivre, et puis qui les déçoivent, voire les détruisent.
Comme son grand-père dans le chercheur d'or, comme l'auteur lui-même dans le Voyage à Rodrigues, les acteurs principaux de ce roman, à l'occasion d'un voyage qui les déporte dans la différence, dans l'étrangeté, ici d'un village africain qui disparaîtra dans la tourmente de la guerre du Biafra, se trouvent vite entraînés dans la spirale aspirante de la fascination de l'autre.
Ainsi, Fintan et sa mère Maou quittent en 1948 Marseille pour Onitsha, où ils rejoignent, l'un son père qu'il n'a pas connu, l'autre son mari qu'elle n'a pas vu depuis des années.
Le père, Geoffroy, anglais au service d'une entreprise coloniale, personnage classiquement leclézien, est obsédé par la recherche de traces mythiques, celles de l'exode de la dernière pharaonne noire de Meroé, Amanirenas, nommée Candace par Strabon, du Nil vers le Niger, et de l'installation, par sa fille Arsinoé, de son peuple dans la région d'Onitsha. Geoffroy poursuit et déchiffre les signes, sur la terre, dans les ruines, dans les tatouages rituels que portent les aînés de chaque famille d'Onitsha, dans la beauté pure et lisse de la mystérieuse Oya, venue de nulle part, muette et sauvage, qui ressemble à Ouma, la sauvageonne du Chercheur d'Or.
Fintan, très vite, puis Maou, plus lentement, se rapprochent de l'indigène, et sont corollairement méprisés et mis à l'écart par les blancs de la région.
Fintan a pour initiateur le jeune Bony, l'équivalent de Denis pour l'enfant Alexis dans le chercheur d'or.

Maou devient la jumelle de sa servante Marima.
Dans cet ailleurs est un endroit qui se situe outre, comme si l'exil ne pouvait être justifié, ou supporté, que par la croyance en l'existence, au-delà de la montagne, du fleuve, ou de la mer, ou des conventions, d'un archi-pays dont la quête obsessionnelle permet d'oublier soit les liens avec le pays d'origine, soit la déception de se retrouver dans un pays qui ne répond pas à l'image idyllique qu'on s'en était faite :
Au Mananava de Denis et D Alexis correspondent pour Bony et Fintan l'île formée par un bateau échoué au milieu de l'embouchure du fleuve, et pour Geoffroy, conduit par Okawho, le lac de vie perdu dans la forêt.
Onitsha brisera Geoffroy, ôtera chez Maou toute envie de voyage, mais laissera chez Fintan une durable amertume, un goût nostalgique d'inachevé, et le regret de ne pas s'y être fondu, assimilé, africanisé.
Onitsha est un roman de l'échec : échec de la recherche « historique » pour Geoffroy, échec de l'adaptation à la vie coloniale pour Maou, échec de l'initiation pour Fintan.
Fintan, fin du temps : l'histoire a pour cadre temporel la fin de la colonisation, échec historique.
Symbole de ces échecs : le bateau échoué au milieu du Niger, à l'embouchure…
Un regret concernant cette édition: la présence, à la page 177, d'un énorme barbarisme sur le passé simple du verbe souffrir.

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