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Critique de horline


Si la Provence a Pagnol et Giono, l'Afrique peut s'enorgueillir d'être au centre du magnifique roman Onitsha de le Clézio.
Avec une terre rouge, le fleuve qui charrie des eaux boueuses, le grondement de l'orage, les pluies torrentielles, l'odeur de l'igname cuit, la fureur des tambours, J-M G. le Clézio parvient à mettre tous nos sens en éveil dans une Afrique riche de couleurs et de sonorités. Il charme, il envoûte grâce à une écriture parfaitement maîtrisée qui fait de l'Afrique quelque chose de charnel et entêtant qui accompagne le lecteur tout au long du récit . Plus que les mots, c'est le rythme qui retient captif le lecteur. L'auteur a su capter et transmettre le rythme de l'Afrique tantôt avec une écriture fébrile, des phrases courtes et répétées qui deviennent envahissantes, obsédantes, tantôt avec une écriture qui s'étire toute en longueur et en langueur sublimant la contemplation de la nature qui s'avère fondamentale pour les trois protagonistes.

Geoffroy Allen rejoint par son épouse Maou et Fintan le fils qu'il connait à peine, a « échoué » à Onitsha, une ville du Golfe de Guinée où inévitablement tout s'échoue : les réminiscences de l'Empire britannique, l'arrogance méprisante des exilés européens pour les indigènes, les rêves de nouveau monde et de nouvelle vie, à l'image de l'épave du vieux George Shotton, l'un des prestiges de la marine anglaise enlisé dans les alluvions du fleuve Niger.
Au contact des indigènes et de la fureur des éléments, chacun à sa manière va se découvrir. On se laisse séduire par un fleuve fécond qui nourrit de manière mystique l'imaginaire du père et apaise Maou et Fintan, un fleuve capable de réunir des individus trop longtemps éloignés. Au point qu'on se prête à imaginer que cette famille disloquée va renaître.


Onitsha dépasse le cadre de la lecture, on referme ce livre avec la sensation de l'avoir vécu. Intensément lorsque la fièvre monte et pousse à la révolte ceux qui sont exploités, ou encore lorsque le soleil écrase de sa chaleur les maisons au toit de tôles. L'atmosphère est particulière, insaisissable.

Roman magnifique où Le Clézio se fait conteur, à la manière de la tradition orale de l'Afrique. Il parvient à nous absorber dans un univers primitif où se mêlent mysticisme et réalité. Un bel hommage à l'Afrique.
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