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3,96

sur 686 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On présente ordinairement ce livre comme celui qui a fondé le roman d'espionnage moderne. N'ayant encore jamais lu John le Carré, j'avais bien compris que je n'allais pas me retrouver plongé en pleine jamesbonderie, mais il me faut bien reconnaître que je venais chercher quelque chose d'un peu stéréotypé peut-être : le bon vieux parfum de la Guerre Froide au début des années Soixante, l'atmosphère si particulière de Berlin à l'époque du Mur, le frisson qui vous parcourt l'échine tandis que le Vopo examine votre passeport de son regard implacable, et toutes ces sortes de choses. C'était au temps où le monde se figeait dans un équilibre précaire, équilibre que les nostalgiques de tous poils assimilent aujourd'hui à une stabilité désirable.

En fait, le livre de John le Carré ne parle que très accessoirement de cela. Il n'y a ici ni bons ni méchants : le monde est gris, et plutôt gris très sombre. L'espionnage n'est qu'un jeu où chacun redoute par-dessus tout d'être dupe de l'autre. Tous mentent, tout le temps, à tout le monde et souvent à eux-mêmes pour commencer. La machination que décrit le roman est d'une perversité glaçante, le lecteur ne comprenant qu'à la fin qui en est la cible réelle. C'est un microcosme qui n'existe qu'à travers le jeu impitoyable des rapports de puissance. Pas d'éthique, pas de conscience, ni règle ni droit. Les simples mots d'humanisme ou de justice feraient se tordre de rire si quelqu'un osait encore les prononcer. le Bureau des légendes, à côté, c'est les Bisounours.
La fin du roman voit le triomphe des arrangements glauques et des compromissions nauséabondes. Tous ceux qui conservaient une part d'innocence ou simplement de sens moral ont été éliminés sans états d'âme. Et ne restent dans le jeu que les cyniques aux mains sales. Très moderne, en effet.
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Et voilà qu'il gèle, un temps à vous présenter Leamas ! Ou pas ?
Début des années soixante, Berlin, check point Charlie, la nuit s'installe, au loin un homme à vélo passe le contrôle côté Est. Et puis, soudain, le hurlement des sirènes déchire le silence de la nuit et de puissants projecteurs balayent le bout de route pour cerner le cycliste, tirs des gardes, l'homme s'écroule. La nuit se referme sur un silence de mort.
Comment Mundt a-t-il pu savoir ? s'interroge Leamas...


Présenter L'espion qui venait du froid alors que ce livre a reçu le prix Edgar Allan Poe en 1965 et que le film avec en vedettes Richard Burton et Claire Bloom est passé de multiples fois à la télé ? Inutile, insultant, incongru. La guerre froide s'est terminée bien avant le réchauffement climatique, me direz-vous. Soit ! Je vous laisse le lien de la première scène du film pour mieux visualiser.


Alors quelques mots sur David Cornwell, ancien espion, alias John le Carré, un des meilleurs auteurs anglais toujours vivant ? Non plus, je vous renvoie à son excellente autobiographie : le Tunnel aux Pigeons, que j'avais chroniquée en février 2017, ainsi qu'à cette interview à domicile dans la grande librairie pour laquelle je place aussi le lien ci-dessous.


Je vous dirai juste que j'aime beaucoup le style de John le Carré, ses interrogations (notamment sur la raison d'état, les limites du droit, la liberté de l'être), et l'ambiguïté de ses personnages. Des récits d'espionnage bien plus réalistes que James Bond ou OSS117. Et celui-ci en particulier qui vous fait entrer dans un monde d'information et de désinformation au point où le doute finit par supplanter toute réalité, au point où la raison perd pied, au point d'assister au burn-out d'un espion bien avant que le nom ne soit inventé par quelque psy. Ah dans le renseignement et le contre-espionnage, ils sont diaboliquement forts ces Anglais !


https://www.youtube.com/watch?v=6e5rHbDpUuA
https://www.youtube.com/watch?v=PbsYa-m66VY
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John le Carre est un spécialiste des romans d'espionnage. La "guerre froide", le mur de Berlin, le bloc Est-Ouest, tout cela fait partie de son monde, où il se meut comme un poisson dans l'eau. Il n'y est pas question de la "grande histoire" mais de celle de quelques individus mêlés aux événements. Ayant fait partie du "Foreign Office" nous pouvons supposer que c'est dans ce lieu qu'il a puisé la "matière" de ces romans. le Carre est quelque part l'anti-Fleming ( créateur du fameux James Bond ). Ses héros sont mortels, ils ont des états d'âmes. "L'espion qui venait du froid " en est un exemple. Ces histoires ne sont peut-être pas toutes crédibles, mais elles ne tombent jamais dans le ridicule. C'est un bon moment de détente que de se laisser emporter dans ces ambiances ou les protagonistes ne pouvaient pas faire confiance à leur ombre.
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Généralement, le roman d'espionnage n'est pas ma came. Mais je ne regrette pas celui-là. Rien à voir avec James Bond.
Quelle construction!
D'un bout à l'autre, nous sommes maintenus dans l'incertitude: qui travaille pour qui? quelle est la victime et qui sera vainqueur? j'ai oscillé sans cesse, croyant avoir compris, puis remettant en cause ce que j'avais compris, parfois à tort et parfois à raison.
En plus, les personnages sont consistants, ont une épaisseur, les descriptions sont efficaces, et les lieux prennent vie.
Il ressort de tout cela un jeu cruel, absurde, fatal, et sans utilité. le sentiment est que le solde coût-bénéfice est à somme nulle. Pourquoi alors ces vies gâchées, et cet abandon de tout humanisme?
Eh oui, John le Carré nous surprend à philosopher, sans aucune lourdeur, et ce ne sont pas les moins bons passages du roman. Il a bien capté l'esprit de son époque, pourtant officiellement portée à l'optimisme.
Et le roman conserve pourtant les lois du genre, j'ai été accro du début à la fin. Mais à un certain niveau, il n'y a plus de genre, juste de la bonne littérature.
Suffisamment de raisons, je crois, pour ne pas snober cet excellent livre.
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Manipulation et cynisme, bienvenue dans le monde cruel de l'espionnage...

J'ai longtemps été perplexe quant à ce roman, me demandant, au fil des pages, s'il n'avait pas trop vieilli (la publication remonte à 1963). le récit prend en effet place en pleine guerre froide, donc une période appartenant aux livres d'histoire. Et en fait, ce qui a fini par me sauter aux yeux, c'est finalement la modernité du propos. Manipulation et cynisme donc, trahison, individus broyés par des régimes politiques autoritaires, qui pourrait nier que ceci reste malheureusement plus que jamais d'actualité ?

Il me reste peut-être désormais à découvrir l'adaptation ciné de ce roman de John le Carré.
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Faux passeports et valises de billets,  pellicules, échanges de coups tordus et basses exécutions.. rien ne manque pour nous plonger dans cette époque de guerre froide, dont John le Carre fut un maître quasi documentariste...
Pas toujours facile à suivre, les négociations sont tortueuses, le double langage est permanent et chaque indice nécessite une attention soutenue pour arriver à garder le contact avec l'intrigue.
Rien de spectaculaire, pas de second degré, l'auteur nous fait partager au plus près du terrain et dans les pas de Leamas cette ambiance d'incertitude, de danger permanent, de méfiance envers tout le monde.
Je ne suis pas un fan des romans d'espionnage mais il faut avouer que celui-là est vraiment bien fait, et aujourd'hui il prend une valeur historique !
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J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce classique de l'espionnage : l'impression de regarder un vieux film en noir et blanc. Tout un contexte que je ne connais que par les livres, et qui m'a donné l'impression que ce texte était déjà daté. La femme n'y est vraiment pas à l'honneur et on sent que tout était tendu dans ce climat d'après guerre où on ne sait pas vraiment qui est le méchant ou plutôt où chacun des protagonistes est le méchant.
Un roman cynique et à l'opposé d'un roman optimiste. le pire c'est qu'il semble réaliste.
Pas un mauvais moment, contente d'avoir découvert cet auteur.
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Alec Leamas, l'espion de John le Carré, mène une vie qui est loin d'être de tout repos ! Dans ce milieu, être découvert c'est au mieux être « grillé », au pire être arrêté, torturé ou même tué. Dans ces conditions, la marge d'erreur est infime. le suspense est intense tout au long de l'oeuvre et rapidement on ne sait plus très bien qui manipule qui.

John le Carré nous immerge dans l'univers de l'espionnage, un monde qu'il connaissait bien et dont il a su s'inspirer pour créer sa fiction. J'ai beaucoup aimé ce roman, que j'ai lu quasiment d'une traite.

J'ai déjà choisi mon prochain livre du même auteur (la constance du jardinier), qui me permettra de voir si j'aime aussi son style lorsqu'il est appliqué à un autre domaine que l'espionnage.
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L'espion qui venait du froid - John le Carré

Je découvre cet auteur et c'est une très belle découverte. Je ne lis pas beaucoup de romans d'espionnage, j'ai lu quelques SAS il y a très très longtemps, mais là c'est vraiment talentueux.

J'ai trouvé ce livre passionnant. L'histoire est compliquée, pour ne pas dire tordue. J'ai bien cru que j'allais m'y perdre mais non. C'est tellement bien écrit et bien tourné que malgré le nombre de personnages et l'histoire compliquée, je n'ai pas perdu le fil un seul instant. C'est noir, c'est glaçant et c'est captivant.

A lire absolument
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Je ne lis quasiment jamais des romans d'espionnage, mais j'ai fait une exception pour J. le Carré. En particulier, j'ai lu "L'espion qui venait du froid" quand j'étais jeune, peu après sa parution en France (1963). Je ne l'ai jamais oublié. le contexte, qui est celui de la guerre froide, peut paraitre vieillot. Mais les régimes totalitaires - et les espions qu'ils manipulent - continuent à exister maintenant comme autrefois.
L'intrigue imaginée par l'auteur m'a semblé diaboliquement construite. le chemin suivi par le héros Leamas, programmé par le chef des services secrets britanniques, est tortueux et dangereux. Il s'agit d'une manoeuvre subtile pour mettre en échec et (si possible) faire fusiller Mundt, le redoutable maître espion de l'Allemagne de l'Est qui donne vraiment trop de fil à retordre à "Control", le chef de Leamas. Ce dernier ira donc en RDA.... mais pas seul, contrairement au plan initial. Naturellement, rien ne se passera comme prévu. le suspense est à son comble lors du procès de Mundt en Allemagne de l'Est, en présence de Leamas. Et le dénouement est aussi vraiment saisissant.
Bien entendu, le propos principal de l'auteur est de souligner que les services occidentaux ont recours souterrainement à des manoeuvres qui n'ont rien à voir avec les idéaux humanistes qu'ils prônent publiquement; dans ce domaine, ils rendent coup pour coup à leurs ennemis (c. à. d. les "méchants" communistes), avec les mêmes méthodes. En tout cas, l'histoire, quoique compliquée, me parait plausible et bien replacée dans son contexte historique. Les personnages, notamment le héros principal, ont vraiment une certaine épaisseur. Ce thriller est à mes yeux une grande réussite, d'autant que J. le Carré ne traîne pas dans son récit, rebondissant vite d'un coup de théâtre à l'autre. Un livre à lire, même pour un lecteur qui n'est pas "fan" des romans d'espionnage.
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