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Cinq jours de bonté », irradiant, magnétique, riche d'émotions, ce livre est un battement de coeur.
Le relationnel mise son atout. Cinq jours pour que tout change et pour que le flottement des aiguilles se meurent sur la pendule.
Livre d'amour inestimable, d'une maturité inouïe, patient, obstiné, d'un calme olympien. La porte s'ouvre subrepticement sur un récit socle, profondément humain. Faire dire aux mots ce qui ne se murmure jamais. Cinq jours cruciaux pour que la rédemption advienne. C'est dire l'alliage de ce livre et sa portée immense.
C'est un hymne sentimental. Un havre où deux êtres vont communier au retour. «
Cinq jours de bonté » (mais que ce titre est beau!) qui arrime la force des épreuves à vaincre. Renaître tel le Phénix.
Ce serait donc l'heure une de la marée-basse. le commencement de la chance, la lumière noire et son contraire. La majuscule de ce récit , celle de la réalité. « L'homme qui me ressemblait avait été heureux à une certaine époque de sa vie, vraiment heureux… Ce qui était cassé était cassé. Il devait se faire une raison, d'autant qu'il était un piètre bricoleur. On ne lui avait pas appris. Il pleurait souvent ».
La traversée du miroir. le double cornélien de Thomas, le narrateur. L'histoire efface ses secrets. Résurgence, l'heure tourne et les jours sont perfectibles.
Thomas et Raya vivent ensemble. Jusqu'au jour où Raya est hospitalisée en psychiatrie. Thomas se rend à la clinique. Puisqu'il est l'heure. le Dr Bernier a autorisé Raya à franchir le dehors, l'avant. Cinq jours de confrontation pour réapprendre la gestuelle quotidienne.
Refouler l'antre, s'émouvoir d'une immobilité mensongère. La concorde sera pour demain. Dans ce temps présent, rassembler l'épars. Chercher les points sensibles et se risquer au contre-jour. Thomas est un homme tout aussi fragile. Tourmenté, en perte d'emploi et de sens, il est son propre anti-héros. Les non-dits comme des chapes de plomb sur sa conscience. Il doit mettre son masque. le dilemme, le paradoxe, la sincérité comme le bas qui blesse. Les faux-semblants comme du lait qui déborde, devenu trop brûlant.
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Cinq jours de bonté », de tendresse, de fiançailles apeurées. Apprendre à se méfier à l'instar de
Prosper Mérimée. Il a promis, l'attention, le soin, la prise de médicaments ponctuelle. Raya est-elle vraiment la plus malade ? Les psychologies vives, les sociologies d'un habitus mis à rude épreuve. Cinq jours pour changer la donne, cinq jours pour que la bulle éclate. Cinq jours d'initiation à la vie. Ils vont partir à Ostende. Un périple où le paysage sera pavlovien, le changement de décorum comme un outil. Bousculer le passé, les remords, les fausses pistes, les infidélités, et le manque du fils, si loin si loin.
« Chacun d'entre nous a besoin d'un témoin de sa vie, Franck, ce jour-là, jusque tard dans la nuit a été le témoin de la mienne ». L'exutoire crépusculaire, la parole salvatrice, le bréviaire du repentir. Ostende et son labyrinthe et les méandres des vies qui vont avouer. Ouvrir l'armoire des jours et jeter les habits mités. Bien au-delà de cet amour singulier, écorché vif, ce livre est vivifiant et la preuve des possibles. Tous, vont revenir vivants, (peut-être). L'obsession cardinale des infinies douleurs. Mais, ici, rayonne le pouvoir d'une trame annonciatrice. « J'étais le veilleur. Celui qui veillait, ou était censé veiller sur Raya ». Cinq jours pour lâcher prise avec l'adversité. «
Cinq jours de bonté » de volupté, de grâce virginale.
Michel Lambert est doué, très. Auteur aux nombreux livres reconnus et souvent primés, ici, c'est une mise en abîme conjugale et ce serait comme une démonstration rimbaldienne des drames de l'amour. Ce livre excelle de magnanimité, d'approche et d'une formidable intuition de l'âme humaine. Prodigieux. Publié par les majeures Éditions l'Herbier & le Beau Jardin . En lice pour le prix Hors Concours 2023 des éditions indépendantes.