"Démocratie et violence. C'est le sujet qu'avait eu à traiter François Hollande à l'épreuve de culture générale de l'ENA." Le roman national c'est le drame social qui se joue, qui se déploie sous nos yeux. Sous nos pieds plutôt. A nos yeux, à nos oreilles on donne autre chose à gober. Les acteurs de ce supplément au roman national sont : Kamel Barek, l'islamiste barré, Yann Guillois, l'invisible oublié, le peuple, la jeunesse françarabe et le meilleur d'entre tous, le Princeps : François Hollande. Vous l'aurez saisi dans ces derniers mots, le roman est gavé d'ironie, de provocation, de populace, de sang, de médias médiocres...etc... Tout ce qui fait la France, pauvre. Cette verve coule, agite un peu, prévoit la Révolution en 2007 dans un final pathétiquement épique. Alors facile, ce déploiement de tout, alors culotté ce premier roman d'un jeune premier propre sur lui (c't'allure sur le bandeau du bouquin !) ? C'est marrant mais les effets tombent comme ils ont été montés. Dans le vide semble-t-il. Alors si c'était l'objet, pour démontrer que tout nous conduit vers ce gouffre, l'effet est parfait, sinon... eh bien il nous reste un goût en tête, non celui d'une prophétie mais les images d'un chaos déjà en place, une résonance évidente avec l'actualité. (critique écrite en 2006...)
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Yann Guillois voudrait rencontrer le peuple dans la littérature. Dans cette insurrection à faire, il y aurait les mains jaunes des Noirs, combien leurs tranches sont épaisses sur les barres des métros, les mères de famille pauvres qui ressortent de chez Lidl, les sacs pleins d'une nourriture qui fait péter, les premiers travailleurs de l'amiante d'Aulnay-sous-Bois que l'Etat a fait crever de la plèvre, les mères africaines, le boubou éclatant, qui traversent tristes comme des girafes la cité des 4000. Mais non, rien, le peuple n'est nulle part.
Rien ne remonte des profondeurs, de la colère des Arabes et des Noirs, de l'impuissance des Blancs, de tous ceux qui sentent en eux le sang jeune bouillir pour rien, de la haine de tous pour tous, de l'envie de mort et du désir de fusion. Rien ne filtre. Mer d'huile. Monopole de la surface.
A l'occasion de la rentrée littéraire 2016, Samir Ouazzene présente son ouvrage, "La république magique" (Fayard), co-écrit avec Jean-Eric Boulin, réflexion autour des promesses et des limites de la république Française.