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De toutes les entreprises humaines, la guerre est certainement la pire, la plus atroce et la plus injuste pour ceux qui la subissent et même pour ceux qui la font, la plus honteuse pour ceux qui la dirigent ou la commanditent. La guerre ouvre la porte, avec une absolution absolue, à tous les débordements imaginables tapis dans l'âme humaine : le meurtre, le viol, le pillage et le vol, la spoliation, la satisfaction des envies les plus viles, des désirs les plus immondes, la guerre c'est la mort et la souffrance en même temps.
Au fil du temps et des conflits, la guerre a donné lieu à bien des romans, bien des livres de témoignages, certains inoubliables (relisez Ceux de 14 de Maurice Genevoix). La 1ère guerre mondiale, en particulier, a suscité plusieurs romans bouleversants, écrits pour la plupart par des combattants, ou ancien combattants, ou des personnes qui, de près ou de loin, ont pris part au conflit : le feu (Henri Barbusse - 1916), Les croix de bois (Roland Dorgelès - 1919), A l'Ouest rien de nouveau (Erich Maria Remarque - 1929), pour ne citer que trois d'entre eux. Plus tard, d'autres écrivains se sont penchés sur le sujet, avec peut-être un autre regard, moins directement concerné, bien sûr, pour ne pas l'avoir vécu dans leur chair, mais tout autant profond, tout autant critique, tout autant dénonciateur, peut-être aussi plus ouvert ou plus compatissant pour ceux d'en face. Les exemples sont nombreux : La chambre des officiers (Marc Dugain - 1998), Au revoir là-haut (Pierre Lemaître - 2013) mais pour moi, le livre sur la guerre de 14 le plus fort, le plus impressionnant, le plus émouvant, écrit par un non-contemporain, c'est bien Un long dimanche de fiançailles, de Sébastien Japrisot.
Un long dimanche de fiançailles (1991) commence en 1917, lors des sinistres fusillades "pour l'exemple" organisées par l'Etat-major français (sur ce sujet voir absolument le film de Stanley Kubrick Les Sentiers de la gloire - 1957). Cinq soldats français sont fusillés et passent pour morts. Mais il se pourrait que l'un d'eux soit encore vivant. Mathilde, une jeune fille handicapée, mais d'une volonté de fer, est certaine que Manech, son fiancé, est ce rescapé. le livre raconte son enquête qui nous fait replonger dans l'enfer des tranchées et dans l'atmosphère, à la fois euphorique et désespérée de la victoire et de l'immédiate après-guerre.
Un long dimanche de fiançailles est donc à la fois un roman historique (la reconstitution de la tranchée est sidérante de vérité), un roman policier (on assiste à toutes les étapes de l'enquête, les bonnes surprises et les fausses pistes), un roman dénonciateur pour les bouchers et les profiteurs, et, à l'inverse infiniment compatissant pour les victimes, quelles qu'elles soient, militaires ou civiles, mortes ou vivantes, mais surtout c'est un immense roman d'amour.
Si vous voulez lire un roman sur la guerre de 14, prenez ceux que je vous ai conseillés plus haut, vous ne le regretterez pas. Mais surtout, lisez absolument Un long dimanche de fiançailles : vous passerez un très beau moment de lecture (vous ne pourrez pas le lâcher avant la fin) et vous aurez une vision des plus exactes, des plus plausibles, de ce qu'a vraiment été la guerre de 14.
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La persévérance est réellement une vertu.
Sans elle je serai passée à côté de l'une des lectures les plus bouleversantes de ma vie.
Car oui, j'ai failli abandonner ce livre dès les premières pages, j'ai cru qu'il viendrait s'ajouter à la liste des romans écrits de nos jours sur la Grande Guerre qui m'ont déçus.
Pourquoi ? La faute au style de l'auteur ; cette écriture tellement singulière et déroutante. Une narration écrit au présent (mais pourquoi ?) et les déambulations des premières pages où on ne sait qui est qui et qui fait quoi. Il s'en est vraiment fallu de peu pour que tous ces éléments aient raison de moi.
Mais j'ai persévéré, je ne sais pourquoi. Et aujourd'hui je m'en félicite.Car une fois accommodée au présent ainsi qu'aux va-et-vient, on entre de plein pied dans une des histoires les plus déchirantes qui soit : la quête d'une jeune femme éperdument amoureuse pour retrouver son fiancée en pleine grande guerre. Un amour sans faille et sans limite de temps et d'espace. J'en ai rarement lu d'aussi beau et aussi pur.

Mais il n'y a pas que ça. J'ai littéralement été happée, engloutie toute entière dans ce mystère du Bingo Crépuscule. Il m'a hanté presque autant que Mathilde elle-même.
Cela dit il faut bien s'accrocher car l'enquête est profonde et tortueuse. Un vrai labyrinthe. Les indices, témoignages, lettres et indices n'arrivent qu'au compte-gouttes. Mais que ce fut passionnant. Passionnant et émouvant, parce que cette histoire c'est l'histoire de cinq condamnés à morts dans ce que la guerre a de plus atroce, de plus sombre.
Car il n'y a pas que Mathilde et Manech dans cette histoire, et c'est ce que j'ai aimé le plus : on plonge également dans l'histoire des autres protagonistes de cette nuit là. Les quatre autres, ainsi que les lieutenants et caporaux qui les accompagnait. On va aller au coeur de leur parcours à chacun, le reconstituer pièce par pièce, une véritable toile d'araignée de vies entremêlées. Mathilde n'est pas la seule femme qui recherche son homme, il y a (entre autre) l'inoubliable Valentina qui m'a tellement attendrie et que j'ai adoré. Son amour pour son Nino est l'un des plus poignant de l'histoire.
Kléber, Nino, Benoit, Benjamin, Esperanza, Tina, Véronique, Elodie,...
Bref c'est le destin d'un groupe que l'on va découvrir et ô combien bouleversant. Je me suis attachée à tous, vraiment tous. J'ai été émue au plus profond. L'auteur a su peindre non seulement les affres de la guerre avec une justesse saisissante mais aussi la diversité et la profondeur des sentiments humains d'une façon des plus poignantes. Ah et son écriture, oui cette écriture si déconcertante, et bien une fois assimilée...elle dégage en fait une extrême poésie.
Ce livre est une gigantesque histoire d'amour. Chacun des destins brisé ou sauvé l'a été par amour. L'amour sous toutes ses formes.

Bien m'en a pris de continuer ce roman. L'un des plus marquants de ma vie.
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C'est un roman que je souhaitais découvrir depuis longtemps et je ne suis pas déçue. Sachant que je n'ai jamais vu le film non plus, c'était une véritable découverte de l'histoire, et Mathilde a su m'emmener avec elle dans sa recherche de vérité.
L'écriture de Sébastien Japrisot a ce petit quelque chose d'atypique. Par conséquent les premières pages m'ont fait un peu douter... Mais ce style, proche du langage oral parfois, m'a agréablement surprise tant il sert si bien ce roman, en retranscrivant les sentiments des personnages et en dégageant quelque chose de fort à la lecture. Plus les pages se tournaient, plus je m'attachais à Mathilde, cette jeune fille entière.
Beau moment de lecture qui m'a fait découvrir cet auteur.
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La guerre ce n'est pas mon truc et le premier chapitre a été un peu dur à lire.
Cela change dès le deuxième chapitre, le premier est repris avec un autre regard, il y a cette jeune Mathilde qui entre en scène. Les personnages sont très bien décrits. le langage est beau.
J'aime les remarques réalistes et un peu brutales qui parsèment le texte.
Je n'aurais jamais lu ce livre s'il ne m'avait pas été conseillé. Une très belle surprise.
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J'ai eu énormément de mal au début, la narration est assez particulière, il n'y a pas vraiment de transition entre une idée et une autre (au début surtout), on a l'impression que tout est mélangé dans la tête de Mathilde (bien que c'était sans doute le cas). Il faut s'y habituer et ça n'a pas toujours été facile. J'ai mieux apprécié et suis bien rentrée dedans une fois que je m'étais fait au rythme.

Moi qui avais adoré le film, j'étais super contente en voyant ce livre (pour une fois que le livre gratuit pour deux autres achetés me tapait dans l'oeil...), et c'est d'ailleurs ce jour-là que j'ai appris que le film était une adaptation (je l'ignorais totalement).

C'est donc sûre de moi que j'ai commencé ce livre. du coup, je suis un peu déçue dans le sens où je ne l'ai pas trouvé aussi prenant, aussi émouvant que ce à quoi je m'attendais. Et je pense que le fait d'avoir déjà vu le film m'a grandement aidé à bien suivre le livre, sans me perdre.

Alors je ne dis pas que je n'ai pas aimé, loin de là, j'ai même beaucoup aimé finalement. Il faut juste s'accrocher, persévérer au début.

Mais une fois n'est pas coutume, j'ai préféré l'adaptation cinématographique.

[Lu en août 2020]
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Janvier 1917.
Ils étaient cinq, cinq soldats condamnés par la cour martiale à être lâchés, les mains attachés dans le dos, dans le « pays de personne », le no-man's-land entre les tranchées françaises et allemandes. Condamnés à survivre, si ils le peuvent, à se faire descendre par les boches, comme c'est le plus probable. Parmi les cinq, il y en avait un de même pas vingt ans, un bleuet du nom de Jean Etchevéry, que tout le monde au pays appelle Manech.
Le pays, c'est le Cap-Breton' dans les Landes, où vit Mathilde, qui aime Manech. Quand elle reçoit quelques mois plus tard une lettre qui lui annonce que Manech est mort,, tué par l'ennemi, elle n'y croit pas, car si Manech était mort, elle le saurait. Alors elle mène l'enquête pour savoir ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit-là, de Janvier 1917...

Si il y a bien un genre que je n'aime pas vraiment lire, ce sont les histoires d'amour. Pourtant, Un long dimanche de fiançailles est une histoire d'amour, et j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire. Pourquoi ?
Je vois trois raisons :

Tout d'abord, si il s'agit bien d'une histoire d'amour, la romance n'est pas au centre du roman. L'intrigue se concentre surtout sur l'enquête que mène Mathilde pour reconstituer le puzzle du destin des cinq condamnés à mort. Elle mène un véritable travail de détective, recherche les témoins, recoupe leurs déclarations... On progresse pas à pas, de révélations en fausses pistes, comme dans un roman policier, un genre que j'affectionne.

Ensuite, il y a la période historique. La Grande Guerre – comme s'il y en avait des petites – de 1914 est une période que je connais mal, mais qui m'intéresse. J'oserais même dire qui me fascine, bien que ce soit morbide : l'image de deux armées embourbées dans des tranchées, à quelques centaines de mètres seulement, parfois moins, l'une de l'autre. L'essentiel du roman se déroule après la guerre, mais les quelques scènes de bataille racontées sonnent vraies, tout comme la France de l'entre-deux guerres dans laquelle évolue les personnages.

Enfin, il y a la forme. Sébastien Japrisot a une belle plume, riche et poétique, et surtout très humaine. Une bonne partie du récit se compose de lettres, et chaque personnage possède son phrasé, ses expressions, son vocabulaire. C'est vivant. Dans les parties écrites à la troisième personne, les phrases sont longues, pleines de virgules, avec des répétitions qui donnent un rythme, une musique à la phrase. Ça donne l'impression d'être dans la tête de Mathilde, de suivre ses idées, même si ce n'est pas elle qui raconte, puisque c'est écrit à la troisième personne, mais c'est tout comme.

Et puis la quatrième raison de pourquoi j'ai aimé ce roman – oui, je sais, j'ai dis trois et j'en donne quatre, mais c'est ma critique, je fais ce que je veux – c'est Mathilde. Mathilde aime Manech et Moi j'aime Mathilde. Une jeune fille qu'on voit devenir femme, une femme forte et obstinée, une femme attachante, drôle, sensible. Un beau personnage, émouvant, qu'on a envie de suivre dans son voyage. Les autres personnages ne sont pas en reste, il y en a une belle galerie, mais il faut bien reconnaitre qu'ils restent tous dans l'ombre de Mathilde.

Voilà donc pourquoi, même si je n'aime pas les histoires d'amour, j'ai aimé Un long dimanche de fiançailles.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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Manech aime Mathilde, Mathilde aime Manech...
Une jeune fiancée a perdu son amour dans les tranchées, mais est-il mort ? L'est-il vraiment ?
Une magnifique histoire d'amour mêlée à l'horreur de la "Grande Guerre", aux vies déchirées, aux familles endeuillées. Une oeuvre à lire d'une traite, non par facilité, mais parce que le lecteur est pris tout autant que Mathilde ou Tina Lombardi dans la recherche de la vérité, et de leur amour disparu, ainsi que dans les rebondissements administratifs criant de vérité. Un roman qui coupe le souffle, qui fait du bien. La détermination et l'amour sont les moteurs de la trame. Un énorme travail d'écriture qui vous voile, masque, fait entrapercevoir certaines choses,qui vous mène petit à petit à une fin digne de ce nom.
Sébastien Japrisot a réalisé ici une oeuvre splendide, où la beauté côtoie l'horreur, où l'humour côtoie la mort. A lire, et à relire !
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Janvier 1917. Cinq hommes, les mains liées, vont vers leur destin. Condamnés à mort, on les lâche entre 2 lignes de tranchées, l'une française, l'autre allemande, à Bingo Crépuscule.

Mathilde est la jeune fiancée du Bleuet, le plus jeune des cinq condamnés. Elle est riche, elle est décidée, et elle ne croit pas à la thèse officielle que donne l'armée.
S'ensuit une quête de longue haleine, pour découvrir la vérité.

Japrisot nous livre un récit poignant et sans complaisance de cette première guerre mondiale, à travers l'histoire de ces 5 soldats. Il nous rappelle qu'avant d'être soldat, souvent malgré eux, ils étaient d'abord des hommes, avec un passé, une famille, un avenir...Et qu'ils ont été livrés à la bêtise et la destruction humaine...
L'émotion est omniprésente, le style simple et percutant, j'ai d'ailleurs beaucoup aimé cette alternance entre récit et correspondance.
Mathilde est un magnifique personnage, à la fois d'amoureuse et également de femme moderne.
Une très jolie découverte.
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CHALLENGE ABC 2014/2015 (13/26)

En janvier 1917, cinq soldats condamnés pour mutilation volontaire sont envoyés, bras liés dans le dos, dans le no man's land, zone située entre les lignes françaises et allemandes, afin qu'ils y périssent sous les balles ennemies. Parmi eux Manech, 18 ans, l'amoureux de Mathilde qui n'a que 17 ans quand on lui annonce son décès. C'est en 1919 qu'elle en apprend les conditions, de la bouche d'un ancien sergent hospitalisé qui avait reçu l'ordre d'accompagner les 5 hommes vers leur destination finale. Il a en sa possession la copie des dernières lettres écrites à leur famille car étant blessés aux mains, les condamnés avaient eu besoin d'aide. En partant des éléments qu'elles contiennent, Mathilde va mener son enquête car son instinct lui dit que Manech en a réchappé.

Il faut reconnaître le travail de précision de l'auteur qui parsème son récit de détails minutieux afin que les pièces du puzzle prennent leur place correctement, tout en respectant le contexte historique. A la fois roman de guerre, d'amour et d'espoir, et enquête digne des meilleurs polars, il est difficile de rester insensible à cette quête émouvante et à son héroïne, d'autant plus, qu'ayant vu le film, j'avais la magnifique Audrey Tautou devant les yeux. J'apporterai un tout petit bémol quand même à mon enthousiasme, j'ai personnellement trouvé le style de Sébastien Japrisot un peu compliqué parfois, sans parler de la multitude de personnages, souvent affublés de sobriquets, qui ont parfois profité d'un manque d'attention passager de ma part pour m'obliger à relire un chapitre. Un beau 15/20 pour la persévérance de Mathilde.
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Coup de coeur des lecteurs
Belle histoire d'amour.
Mathilde se lance dans une quête émouvante et courageuse.
A la lecture se superposent parfois les images du film de Jean-Pierre Jeunet et Guillaume Laurant avec Audrey Tautou dans le rôle de Mathilde.
Ce texte magnifique est à déguster sans retard !
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