Vidéo de Jean-Pierre Jeunet
Je me souviens d’une publicité pour McDonald’s au Québec : « Le délicieux festin d’Aurélie Poulet »...
[LE FABULEUX DESTIN D’AMÉLIE POULAIN]
À huit ans, je fabrique un petit théâtre de marionnettes. J’écris l’histoire, bidouille le décor, déglingue les lampes de poche de la maison pour créer l’éclairage, et fais payer mes vieux pour assister au spectacle. Me voilà producteur.
[L’ENFANCE]
Je me souviens de mon dentiste qui tout en me besognant m’annonce qu’il écrit des scénarios le week-end... Dès que j’ai pu lui répondre, je lui ai dit : « En fait, moi c’est pareil, le week-end j’arrache quelques dents... »
[ET POUR FINIR]
A 17 ans, je suis en vacances avec mes parents au Sables d'Olonne. Le cinéma de la ville repasse tous les films de l'année avec des copies toutes pourries. Je découvre ainsi Il était une fois dans l'Ouest..je suis en état de choc. Incapable de parler pendant 3 jours. mes parents : qu'est qui t'arrive? tu es malade?" non, non, vous ne pouvez pas comprendre"
Rater sa vie est un droit inaliénable.
Le seul ami d'Amélie s'appelle Le Cachalot. Malheureusement, l'ambiance familiale a rendu le poisson rouge neurasthénique et suicidaire.
Dans Le Jour se lève, il y a un passage où Jean Gabin parle tout bas à Jacqueline Laurent, parce que les parents adoptifs de la jeune fille dorment dans la pièce d'à côté. Cette scène est l'une des plus sublimes et des plus touchantes du cinéma français. L'idée de faire murmurer les acteurs est merveilleuse. Je m'en suis souvent inspiré : quand des comédiens sont mal à l'aise, faites-les murmurer, et la scène fonctionne !
C'est l'angoisse du temps qui passe qui nous fait tant parler du temps qu'il fait.
Ext. jour, façade de l'immeuble.
On suit l'insecte le long de la façade. Il atteint une fenêtre à l'étage supérieur et vient heurter des clochettes.
Le visage d'un homme âgé, à l'oeil rond et vif, apparaît derrière le carreau. M. Potin enclenche un aérateur de fenêtre… qui aspire l'insecte !
Derrière l'aérateur : un broyeur se met en route. Potin place un verre sous l'appareil… et ouvre un robinet. Du jus de hanneton s'écoule… Le vieil homme salive…
On découvre alors que M. Potin, chaussé de bottes en caoutchouc, patauge sur un sol inondé de vingt centimètres d'eau. (p. 16)
" Il y a d'abord eu plusieurs titres. Amélie des Abesses. Mais qui connait les Abesses en dehors de Montmartre? les aventuriers de la chair de poule.. no comment..Finalement, c'est Sacha Guitry, auteur du destin fabuleux de Désirée Clary, par ailleurs enterré à Montmartre, juste sous le pont Caulaincourt, qui me souffle le titre".