Fils du célèbre acteur du même nom, même s'il a eu une carrière d'avocat, il est resté proche des milieux de l'Hôtel de Bourgogne. Il a en particulier écrit de nombreuses pièces, surtout des comédies, pour ce théâtre.
La femme juge et partie a été créée le 2 mars 1669, et semble avoir eu du succès, la pièce a été régulièrement reprise pendant une dizaine d'années. Montfleury s'est inspirée d'une pièce espagnole de Juan de Zavaleta er Sebastian de Villaviciosa qu'il a condensée. Nous sommes dans une oeuvre à la fois romanesque et burlesque, dans lequel un Scarron s'est illustré quelques années plus tôt.
Bernardille, à cause d'apparences trompeuses, a cru Julie, sa femme, infidèle, et l'a fait déposer sur une île déserte pour qu'elle y meure. Trois ans après, il s'apprête à prendre une nouvelle épouse. Béatrix, l'ancienne femme de chambre de Julie confie à Gusman, le valet de Bernardille, qu'en réalité, le galant supposé de Julie était le sien et que sa maîtresse était innocente. Bernardille sur le point d'épouser Constance, est agacé : non seulement, un ancien soupirant de sa fiancée, Dom Lope, continu à traîner dans le coin, mais s'y est adjoint un jeune homme, Frédéric, très empressé auprès de Constance. En plus il s'inquiète : et si à la faveur du mariage, la justice en venait à s'interroger sur les circonstances de la mort de sa femme, sur lesquelles il a menti. Mais en réalité, Julie n'est pas morte, elle s'est déguisée en homme, et elle ne fait qu'un avec Frédéric. Elle veut reprendre sa vie avec son mari, mais ne sait comment faire, elle a toujours peur qu'il lui en veuille, sans qu'elle sache pourquoi. Bernardille demande à Julie (Frédéric) de se faire attribuer la fonction de prévôt, auprès du Duc avec qui il est très bien, pensant ainsi échapper à la justice. Julie l'obtient pour elle-même, fait arrêter son mari, et finit pas lui faire avouer ce qu'il pense être le meurtre de sa première épouse. Menacé de mort, il doit prouver qu'elle a été infidèle pour échapper au châtiment. Mais Béatrix, appelée à témoigner, avoue que le galant venait pour elle et que Julie était innocente. Bernardille est au désespoir, Julie lui révèle son identité, le couple va pouvoir reprendre la vie commune, et Dom Lope épouser Constance.
C'est évidemment fort invraisemblable, comme dans la plupart des comédies de ce genre. La pièce contient pas mal d'allusions grivoises, fondées en particulier sur l'identité sexuelle trouble de Julie, ce qui lui a été reproché. Mais globalement elle est d'une indéniable efficacité dramatique, avec une action pleine de rebondissements. le personnage de Bernardille rappelle quelque peu le personnage d'Arnolphe de l'Ecole des femmes de
Molière : à l'ancienne mode, il ne veut pas se mettre en frais de toilette ni de festin pour le mariage, voudrait que sa jeune future épouse soit très raisonnable sur les toilettes et les sorties. On se demande bien comment Julie, qui semble jolie et avoir de l'esprit, puisse avoir envie de revenir vivre avec le bonhomme.
Bien sûr,
Molière dont le Tartuffe venait enfin d'être autorisé, est d'une toute autre envergure. Mais la pièce n'est pas sans qualités, et cela montre le genre de comique qui avait du succès à l'époque.