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EAN : 9782246728511
358 pages
Grasset (23/01/2008)
3.81/5   42 notes
Résumé :
En 1863, Eugène Fromentin publiait Dominique, fiction autobiographique dans laquelle le héros éponyme raconte son amour impossible, quoique réciproque, pour Madeleine d’Orsel. Aujourd’hui, Julie d’Orsel, sœur cadette de Madeleine et personnage secondaire du roman de Fromentin, toujours vivante puisque « les héros de romans ne meurent jamais », raconte ce que Dominique n’a pas su... Car, si Dominique n’a d’yeux que pour la belle et blonde Madeleine, Julie, « noiraude... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Julie est amoureuse de Dominique, lequel l'est de Madeleine qui ne s'en rend pas vraiment compte et épouse Alfred qui ne l'aime pas et la traite « comme une fille de ferme ».

Une légère inquiétude me saisit tout à coup. Dans quelle histoire me suis-je embarquée ? Un tel scénario à priori « facile » risque de basculer rapidement dans un marivaudage sans intérêt.

Mais voilà, je suis dans un roman de Jacqueline Harpman qui a le talent de nous plonger dans une histoire banale avec un regard empli de finesse et de sensibilité.

Julie est terriblement attachante, observatrice sans concessions, en rébellion constante avec les impératifs du « savoir-vivre ». Elle vient nous livrer des confidences que Dominique n'a semble-t-il pas perçu ni seulement imaginé. Dès le début, Julie nous prévient en déclarant que Dominique est « un homme aux idées étroites qui se croit large d'esprit car il a souffert ».

Ces analyses subtiles confèrent aux personnages une vraie profondeur et les « seconds rôles » (notamment le père et le cousin) ont une présence réelle et indispensable. Au-delà de la qualité narrative, Jacqueline Harpman par la maitrise d'une plume tellement précise offre un pur bonheur de lecture.

Je me suis laissée emporter par cette histoire où l'on découvre les contraintes que s'imposait à elle-même une certaine société avec le culte de la pureté et de la fidélité comme vertus cardinales jusqu'à en arriver à une hypocrisie malsaine.

Après le magistral « Moi qui n'ai pas connu les hommes » j'ai eu envie de découvrir un autre texte de l'auteure et mon choix s'est porté sur « Ce que Dominique n'a pas su ».
Un peu par hasard je dois dire car j'ai découvert ce roman chez un bouquiniste alors que je n'y cherchais rien de précis.
Ce fut une belle découverte.
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Un des romans qui m'a le plus accrochée ces dernières semaines. Julie d'Orsel est un magnifique personnage de roman, intelligent, sensible et sensuel, dont on comprend mal la passion pour un Dominique plutôt falot, emprunté et pas vraiment vif d'esprit…
Jacqueline Harpman – que je découvre à cette occasion – utilise ici un procédé littéraire qui m'a emballée : sa narratrice est un des personnages secondaires du « Dominique » d'Eugène Fromentin. Dès les premières lignes , Julie nous interpelle : « Il se peut que des lecteurs dociles à Dominique qui n'a regardé que ma soeur, Madeleine, ne m'aient pas remarqué : je suis au fond de la scène, toujours présente et toujours en colère. Je continue. Et je vais raconter ce que Dominique n'a pas su ou, s'il le savait, n'a pas dit ».
C'est ainsi qu'elle va nous conter l'histoire d'amour platonique, et fatale, que Madeleine sa soeur a vécu avec le jeune homme. Julie, dès la première rencontre, alors qu'elle n'est qu'une enfant, tombe amoureuse de Dominique, l'ami de son cousin germain Olivier. Dominique, lui, n'a d'yeux que pour Madeleine qui, les premières années, ne voit en lui qu'un adolescent maladroit. Pour son plus grand malheur, elle va accepter un mariage avec le Comte de Nièvre, un homme brutal qui fera son malheur. C'est plus tard qu'elle prendra conscience du trouble que fait naître Dominique chez elle mais, en épouse et femme conforme aux moeurs de son temps, elle luttera pour rester fidèle aux voeux prononcés.
Au-delà de l'histoire assez classique de Madeleine, jeune femme du XIXème siècle, soumise aux codes de la bonne société, le vrai coup de coeur c'est Julie d'Orsel. Celle-ci se rebelle très tôt contre le carcan imposé aux femmes : cela commence par le refus des bigoudis et du fer à friser et se poursuit par celui du mariage. Julie comprend très tôt que son amour restera secret, elle n'entend pas lutter pour ravir le coeur de Dominique à sa soeur, qu'elle aime infiniment. Dominique ne le regarde pas, ne la voit pas et elle fait le deuil d'une vie affective tant elle est sûre qu'aucun homme ne pourra rivaliser avec lui. Pour autant, ce qu'elle ne peut avoir, elle aimerait que Madeleine l'obtienne et elle pousse celle-ci à succomber à sa passion.
Julie d'Orsel, c'est aussi une jeune femme, qui entend bien profiter des plaisirs de la chair. Elle choisit comme amant son cousin Olivier, personnage très attachant lui aussi – orphelin qui trimballe un spleen que seules la fantaisie et la liberté de sa jeune cousine vient distraire. Couple romantique, un peu désespéré, ils incarnent la modernité par la volonté qu'ils ont de vivre selon leurs propres codes.
Un roman que je n'ai pas lâché avant de l'avoir terminé, souriant de la répartie de Julie, de ses audaces, émue par l'amour qu'elle porte à sa soeur et à son père qui l'amène à de gentilles intrigues pour qu'ils trouvent le bonheur alors qu'elle en a banni pour elle toute idée, de l'amitié amoureuse qu'elle entretient avec Olivier.
Harpman réussit une jolie mise en abyme, un roman aux parfums du XIXème mais très contemporain dans le style et qu'on quitte vraiment à grand peine.
Je ne suis pas sûre que ma critique rende hommage au plaisir que m'a procuré cette lecture et ça me désole un peu : dans tous les cas, ne passez pas à côté « Ce que Dominique n'a pas su », ce serait dommage.
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Dominique aime Madeleine

Madeleine ne le sait pas

Julie aime Dominique

Dominique ne le sait pas

Madeleine aime Dominique

Mais il est trop tard

Julie ne dira jamais qu'elle aime Dominique

Julie protège Madeleine...

On pourrait presqu'en faire une ronde. C'est le jeu du "Je sais que tu sais que je sais". Dominique, le roman d'Eugène Fromentin a inspiré ce nouveau roman à Jacqueline Harpman. Julie, la jeune soeur révoltée, qui se marginalisera volontairement dans cette société du XIXe siècle brimant les femmes, société les menant au mariage comme pouliche à l'étalon, nous conte sa version des faits, "Ce que Dominique n'a pas su". Dans un style châtié, les tournures de phrases, les concordances de temps nous enfouissent dans une époque révolue dont l'incidence perdurera dans la mentalité jusque très loin au XXe siècle. C'est donc une histoire qui touche la femme et lui rappelle le dur chemin qu'elle a dû mener pour arriver à se dépêtrer de tous les conditionnements dans lesquels hommes et société l'ont maintenue durant des décennies. L'amour, dit à peu près Madeleine, c'est dans les livres et non dans le mariage. La fidélité dans l'engagement pris la mènera à se sacrifier, voire à mourir. Julie, la cadette, observe, disserte (en elle-même et avec son cousin Olivier) sur la stupidité du système et nous fait comprendre, à nous, ses non-contemporaines, combien il ne fut pas évident d'exister par soi-même. Une femme pouvait-elle penser? Non. Une femme pouvait-elle vivre? Non. Une femme pouvait-elle aimer et connaître les émois amoureux? Non, à peine savait-elle ce que c'était... C'est un livre qui dénonce, c'est un livre qui remue, c'est un livre qui étonne de par le choix d'un roman qui pourrait paraître poussiéreux et qui sous la plume de Jacqueline Harpman, prend une autre couleur. C'est un livre qui fait relativiser nos "désespérances" actuelles. On a envie de relire Dominique et d'aller plus loin dans le parallélisme entre les deux avis. On retrouve chez Jacqueline Harpman les grandes maisons aussi parlantes que les êtres qui y vivent, la médecine (ici à ses balbutiements) et la jeune fille qui regarde et pénètre au coeur de la dualité humaine. La complexité des pensées et des sentiments donne envie d'en discuter...

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Julie D'Orsel est amoureuse de Dominique de Bray. Qui lui l'est de Madeleine (soeur de Julie), qui elle ne le voit pas. Madeleine épouse finalement Alfred de Nièvres. Julie se console avec son cousin Olivier.

Julie d'Orsel, personnage secondaire du livre d'Eugène Fromentin « Dominique » (1863) est l'héroïne principale de « Ce que Dominique n'a pas su ».
Cela faisait longtemps que je voulais lire Jacqueline Harpman et je n'ai pas été déçue, bien au contraire.
Même si l'histoire peut paraître banale ou trop sentimentale, la façon dont Jacqueline Harpman met en scène les personnages et l'histoire elle-même donne une vraie vivacité à ce livre. On ne s'ennuie pas en compagnie de la toute jeune et moderne Julie d'Orsel, que l'on voit grandir et découvrir la vie avec ses joies et ses peines.

Les conditions de vie des femmes de la « bonne société » sont bien décrites et même si leur vie est plus « facile » que pour les femmes du « peuple », ce n'est pas non plus évident de suivre les convenances et de ne pas faire de vague : mariages arrangés, non-dits, discrétion…

Une très belle découverte que je poursuivrai avec d'autres livres de Jacqueline Harpman et puis j'ai un faible pour les belges.
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Premier livre de Jacqueline Harpman que j'ai lu et il m'a donné très envie d'en lire d'autres du même auteur !

Le récit est une reprise du Dominique d'Eugène Fromentin, mais vu par Julie, un personnage secondaire de l'histoire originale. 
Comme si Jacqueline Harpman voulait nous rappeler que chacun est le personnage principal du récit de son existence.

Julie est une jeune femme qui se veut libre, une jeune femme d'aujourd'hui dans un 19e siècle rigide et opprimant. Tombée amoureuse de Dominique, elle ne veut pas rester dépendante dans cette attirance. Elle veut vivre pleinement, elle veut apprendre et découvrir même s'il faut tricher et se dissimuler pour cela.
Julie assiste impuissante au destin malheureux de Madeleine, sa soeur. Madeleine et Dominique, c'est l'histoire d'une "presque" rencontre. Ils auraient peut-être pu être ensembles, amants et heureux. Mais cette fine barrière qui sépare encore les êtres avant qu'ils ne se trouvent n'a jamais été franchie. Madeleine, très belle jeune femme mariée par convenance à un rustre, se fane et finit par mourir.

Si l'histoire pourrait paraître un peu sentimentale, il n'en est rien. En effet, au delà des personnages particuliers, ce sont les questionnement et les non-dits dont les cicatrices hantent nos âmes qui sont le vrai sujet du roman et que Jacqueline Harpman décrit très justement...
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Mon époque était relativement calme, la Révolution et les guerres napoléoniennes étaient finies, si l’on massacrait les Indiens en Amérique, nous n’en étions guère informés : cela n’a rien de commun avec votre époque, vos bombes atomiques, votre terrorisme, les buildings, les autobus, les mosquées et les synagogues qui explosent, les serial killers, le sida, la pneumonie atypique, les trous dans la couche d’ozone, le réchauffement planétaire, vos innombrables calamités. Je me demande où vous allez et j’espère fermement que l’on continuera à lire Fromentin, car je tiens beaucoup à connaître la suite de votre histoire.
Mais je digresse, je digresse ! Je recule devant le souvenir de cette nuit. Non qu’il s’y soit produit d’autre événement que ma conversation avec Olivier, mais j’y pris claire conscience qu’il ne fallait rien espérer, que Dominique ne se tournerait jamais vers moi et que cela ne me détacherait pas de lui. Quelle est cette folie qui nous rive à un seul être dont nous savons que nous ne l’aurons pas ?
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J’ai tout su sur le malheur d’aimer à contretemps. Oh ! comme j’ai haï cela! L'espoir vorace qui dévore, brûle le cœur et, phénix monstrueux, renaît toujours pour mieux consumer, le regard qui cherche le regard et ne trouve qu’un œil terne qui ne voit pas, l’oreille qui capte chaque inflexion, l’étudie et n’y trouve rien – Il a prononcé mon nom ? Mais c’était pour savoir si Madeleine viendrait, car Madeleine ne vient jamais sans Julie –, ah! comme cela est douloureux à dire, mais puis-je y échapper et être véridique? Je préfère être légère, avec un zeste de cynisme, moqueuse, et laisser dans l’ombre l’intolérable tourment qui a régi ma vie : mais alors il faut me taire tout à fait, et je n’en ai pas envie. Je veux rétablir la vérité, la mienne et celle de Madeleine, qui ont complètement échappé à cet amoureux myope.
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Je ne m’interrogeai pas sur mon étourdissement, le lien avec la fureur était évident. Il ne faut pas oublier que je suis d’un temps où les dames s’évanouissaient pour un oui, pour un non – quand je me demande d’où vient que cela ne leur arrive plus, je me dis que ce qui s’est perdu est la notion de dame
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Elle avait les yeux en amande, la bouche en cerise : une pâtisserie au miel. Sans doute mon beau, mon méchant Dominique aimait les douceurs. Moi, je suis noiraude, petite, et, pour rester dans la métaphore alimentaire, j’ai le cheveu chocolat foncé, pas noir comme les admirables chevelures des Hindoues qui se déroulent quand elles les libèrent, c’est une eau qui coule et les enveloppe de nuit. Les miens sont légèrement ondulés et tous les soirs ma mère les emballait dans des papillotes. J’endurai ce régime jusqu’à mes onze ans où, excédée, j’inventai de terribles maux de tête. On fit venir un médecin. Comme ces gens-là ne palpent pas l’imagination, après une longue auscultation il interrogea, je le conduisis aux bigoudis, il les interdit et je me crus sauvée. Hélas ! ma mère ne croyait pas qu’une fille sans boucles pût trouver un mari et, bien que trop jeune pour les épousailles, je fus soumise au fer à friser que l’on chauffait sur la braise, ensuite on vérifiait la température en le passant sur du papier journal, qui devait à peine jaunir.
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. Il dit, pendant près de trois cents pages, qu’il aime Madeleine : peut-on aimer et être à ce point aveugle à ce que l’on aime? Pour moi, aimer, c’est regarder, je ne l’ai jamais quitté des yeux, et même si depuis des décennies je ne l’ai plus vu, je le regarde toujours. J’ai, comme chaque fois, refermé le livre avec fureur, mais cette fois-ci je me suis dit que je devais rétablir la vérité.
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Videos de Jacqueline Harpman (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline Harpman
Lectomaton, extrait de "La plage d'Ostende", de Jacqueline Harpman, lecture par une étudiante IESSID, bibliothécaire documentaliste.
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