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EAN : 9782362791154
454 pages
Alma Editeur (05/06/2014)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Mort à 34 ans, Frank Vandenbroucke – « l’enfant terrible » du cyclisme belge – a captivé Olivier Haralambon, qui fut son coéquipier. Histoire d’une amitié et d’une fascination, ce récit d’une grande force littéraire décrit de l’intérieur les années où le cyclisme est passé de la légende au business.
Né dans une famille de cyclistes, Frank Vandenbroucke est un gamin du Hainaut dont la vie a été façonnée pour et par le vélo. Au seuil de l’an 2000, après un par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le bonheur vient-il sans amertume ? La dépression est-elle la conséquence logique du refus du bonheur ? Non, ce ne sont pas les sujets du baccalauréat de philosophie pour l'an prochain, mais bien les questions sous-jacentes au Versant féroce de la joie, d'Olivier Haralambon. Rien que ça !

Outre ses études de philosophie avant d'être journaliste, l'auteur a surtout évolué pendant dix saisons en tant que coureur cycliste, en côtoyant notamment le sujet de cette biographie, l'« enfant terrible du cyclisme belge », Frank Vandenbroucke. Mort le 12 octobre 2009 à 34 ans dans un hôtel du Sénégal, nous débutons les premières pages sur son suicide réussi ! Mais ce sont bien ses années de coureur professionnel, de ses premières armes à ses derniers débordements, qui constituent le coeur de cette biographie, puisqu'évidemment ils ont rythmé sa vie privée et publique.
Et que d'opportunités gâchées chez ce coureur ! Bien sûr, nous vivons le monde du cyclisme de l'intérieur, c'est parfaitement rendu, entre omerta sur le dopage, dépassement de soi et exigences de chacun, mais finalement l'essentiel est ailleurs. Ici, nous suivons surtout un homme, considéré par lui, ses proches puis le monde cycliste, comme un prodige, mais qui à chaque formidable montée embrayera sur une chute phénoménale. Si nous ajoutons à cela, ses crises liées au dopage régulier et à ses diverses addictions, son incapacité à se construire une vie stable et sa difficulté à côtoyer famille, dirigeants et coureurs concurrentiels, le bilan devient très vite négatif pour Franck Vandenbroucke. C'est vrai qu'il fut un beau coureur gâché par les affaires de dopage, mais son charisme et son tempérament qui lui valent de s'élever l'ont toujours systématiquement desservi.
Replonger dans le cyclisme des années 1990 et 2000 ne fait jamais de mal, non seulement par nostalgie envers la jeunesse, mais surtout pour voir que tout n'est pas réglé encore dans ce sport, malgré tous les efforts et l'avance considérable sur d'autres sports encore moins humains, voire complètement déconnectés des réalités, le football en premier lieu. Ce livre est vraiment touchant, Olivier Haralambon en zoomant sur des aspects très humains du cycliste et en romançant des aspects très privés du fils, du mari, du père aussi, qu'il fut. Il est vrai que l'occasion de publier ce livre s'est peut-être présentée lors de la mort de Philippe Gaumont (le 17 mai 2013, à 40 ans), dit « La Gomme », auteur de Prisonnier du dopage en 2005, et qui joue un rôle non négligeable ici dans l'inexorable descente aux enfers du fameux VDB.

Le Versant féroce de la joie, avec son titre énigmatique et sa sortie opportune juste au moment du Tour de France, est un récit touchant, mélancolique et empli de la sueur des coureurs. le dopage, le quotidien, les malheurs, peu de choses nous sont épargnées et c'est tant mieux !

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Olivier Haralambon restitue le drame de la vie du champion cycliste Frank Vandenbroucke appelé, ou plutôt poussé, vers une brillante carrière qu'il a lui même détruite sous les influences de son environnement. La réussite de ces 450 pages que j'ai lues presque d'une traite tient au fait qu'Olivier Haralambon est lui même ancien cycliste et est à présent journaliste après avoir fait des études de philosophie. Il sait très bien nous faire vivre le drame de Vandenbroucke de l'intérieur. Il nous restitue vraiment une individualité, sans jamais tomber dans des généralités sur le cyclisme ni le dopage.
Nous sommes aspirés dans la vie d'un sportif de haut niveau. le mot vie doit ici s'entendre « survie » plutôt que « force vitale ». En effet Frank Vandenbroucke tente et échoue par trois fois d'en sortir par suicide. Il réussira à se suicider lentement par usages de drogues diverses.
Le drame de la vie du champion cycliste est raconté à la façon d'une tragédie dans laquelle le héros a, en apparence, des choix pour orienter ses actions et sa vie, mais est mû par des forces intérieures qui le poussent vers la mort après avoir dévasté ses proches. Une vie qui alterne entre éblouissements, amoureux, paternels, sportifs, et aveuglements, consommations de drogues, relations délétères, refus de l'amour.
O.Haralambon fait très bien ressortir comment l'enfance de Vandenbroucke lui a donné à la fois la force motrice de sortir de lui-même et un environnement familial qui lui donnent les moyens de réaliser son idéal, et une force mortelle qui le pousse à faire ce qu'il faut pour échouer.
Ce livre permet aussi de penser à d'autres personnes qui ne sont pas sportifs de haut niveau mais qui sont pris dans la même spirale d'idéaux, d'ambitions et de pulsions mortifères : artistes du show-biz, politiciens, cadres, ….Avec les mêmes capacités et dons déposés dans le berceau par une bonne fée à la naissance et les mêmes obsessions monomaniaques insufflées par une méchante sorcière.
Olivier Haralambon sait très bien rendre à la fois les sensations physiques du cyclisme et la perception extérieure que peuvent en avoir les spectateurs, anonymes ou proches du champion. le style est à la fois très imagé et introspectif, ni banal, ni passe partout. Il peut néanmoins être parfois un peu lassant, à l'image d'une très longue ligne droite parcourue en vélo dans un pays plat, les Flandres par exemple, région d'origine de Vandenbroucke. Heureusement, nous avons le vent de dos. En effet, des rebondissements et changements de rythmes surviennent suffisamment souvent pour que l'ennui n'ait pas le temps de s'installer.
L'absence de jugements négatifs sur Frank Vandenbroucke est particulièrement appréciable. le passage à la brigade des stupéfiants est à ce titre remarquable, notamment par l'attitude du policier qui est très bien incarné.
Un livre donc que je conseille, d'autant plus qu'il m'est arrivé dans mes mains par hasard, que je ne l'aurait pas acheté spontanément de crainte de tomber sur un livre bateau sur le dopage, écrit dans un style scolaire. Ce livre est au contraire original et bien écrit. Je suis heureux de l'avoir lu.
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Je connaissais Olivier Haralambon au travers de ses articles dans la presse cycliste spécialisée. Articles fort intéressants et bien écrits. Il arrive à donner corps et âme, intérêt, intelligence et sensibilité à un papier sur le test d'un vélo de route... Ce qui fait preuve d'un certain talent d'écriture ! Quand j'ai appris qu'il avait écrit un roman, je l'ai acheté sans réfléchir.

Le versant féroce de la joie. On y sent les brumes et l'humidité des Flandres, les routes glissantes et ce climat rude. On y entend le cliquetis des roues libres et des dérailleurs, le souffle court des coureurs, contenu afin de ne pas donner d'information aux adversaires, le sifflement des roues en carbone, sous les relances puissantes. On y découvre, au travers un récit à la fois pudique et cru, parfois philosophique, sans jamais de jugement de valeur, la vie mélancolique et douloureuse de VDB. Et on pense "quel gâchis". J'avoue avoir été quelque peu déstabilisé par ce livre, assez lourd à lire pour moi, non tant par son écriture, au demeurant très bonne, mais par cette ambiance persistante des brumes, qu'elles soient sortie des terres humide ou des états narcotiques de l'intéressé. L'ombre et la lumière s'y côtoient, c'est l'ombre qui gagne. Douleur et plaies d'enfance non refermées, et sans doute certaines rencontres néfastes feront gagner l'ombre. Malgré la belle amitié de Nico et l'amour prodigué par ses compagnes et celui qu'il portait à ses filles.

Comme on dit dans le milieu cycliste, "j'suis dèpe".
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Le cyclisme est un sport unique qui produit des champions uniques.Frank Vandenbroucke est un de ces champions comme il en existe tous les 20 ans. Hélas, si le physique était à la hauteur , le mental lui ne l'était pas. Tout au long du livre on assiste à la déchéance de ce coureur perdu au milieu de toutes cette pharmacie.
Le verdict est sans appel, tout va très vite et sera hélas fatal
Au travers de ce roman on vibre dans la roue de ce champion aussi attachant qu'enervant.
L'auteur qu'on sent féru de cyclisme nous fait partager son admiration pour Frank. Loin de porter un jugement, il nous décrit la chute de VDB athlète surdoué mais tellement fragile.
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Un roman très atypique que je n'ai pas eu le courage de terminer. L'auteur, coureur cycliste, ayant ensuite étudié la philosophie puis devenu journaliste, s'attache au personnage de Frank Vandenbroucke, sa légende et son immense vulnérabilité. le livre s'ouvrant sur le suicide du héros, le lecteur n'a aucun doute sur le fait qu'il va assister à une longue descente aux enfers.
La plume sensible, souvent lyrique d'Olivier retranscrit si bien l'immense vide qui habite le champion que cette lecture m'a pesé. Arrivée à la moitié pourtant je n'ai pas eu le coeur de l'emmener en vacances et de retour je n'ai pas le courage d'assister à la suite des tourments de VDB. Je suis sûrement trop sensible ou pas assez passionnée de cyclisme pour aller au delà de ce sentiment...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Courir le rendait heureux, à tout le moins le soulageait, et épargnait aux autres son agitation infernale et son despotisme. Courir, dans la merveilleuse odeur des feuilles, dans les exhalaisons d’écorce. Briser les petites branches sur le sentier, sentir glisser son pied sur la boue quand la pente se fait plus forte. Le plaisir des premiers essoufflements qui font trembler la voix dans le martèlement irréversible de la foulée. Le danger joyeux du rire qui risque de ralentir la course. Se sentir emporté en avant, aspiré par le vide qu’on crée devant soi. Sentir la chaleur de son visage épouser la fraîcheur des brumes, et ses cheveux coller aux tempes. Les nuances des labours, l’immensité de la Flandre. Apercevoir de fines haleines à sang chaud monter du sol, d’entre les taillis morts. Bombés, les chemins pavés. Le revers des maisons, et leurs petites cours qu’on ne voit autrement que du train. Trébucher, le regard perdu dans les glèbes molles ou les ornières gelées, sur toutes les surprises et les brusqueries malicieuses du paysage, qui désagrégèrent les petites meutes de coureurs et en dissipent la chaleur organique. Les bifurcations qu’il ne faut pas manquer, où le chemin s’engouffre sous les arbres et oblige à courir l’un derrière l’autre. L’allure qui se tend, le pouls qui s’étrangle et se fait bruyant. Ne pas céder sa place, s’imposer du coude, en riant puis sans rire. N’accorder de larmes qu’à la vitesse et à l’air froid.
À la bouche, le gout ferreux du sang.
Toute mélancolie bue, le versant féroce de la joie.
Le sentiment époumoné de sa supériorité.

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Il devait compter avec les spécialistes qu’il admirait plus ou moins et qui attiraient une lumière qu’il estimait déjà lui revenir. Ballerini, Bortolami, Tafi et, entre tous, Museeuw, belge comme lui mais flahute pur souche. Le Lion des Flandres. Le gros Johan, à la voix fluette et aux fesses puissantes. Le moment n’était pas encore venu où, un soir d’excitation, ils chieraient, Nico et lui, dans le bidet du Lion ayant déserté sa chambre pour un joli cul (et encore, joli c’est pas sûr, Vdb disait « le Lion fait feu de tout fion »).

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Chez Lotto, Jean-Luc croyait encore en la valeur de sa science propre, de son expérience ; aux soins qui se transmettent de père en fils, ceux que les bleus reçoivent des anciens ; quand et combien de cortisone pour qu’elle ne bloque pas les muscles, combien et à quel moment précis les amphètes pour les débloquer, déboucher les gicleurs.

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Au dernier jour des longues courses, une petite goutte de tristesse venait parfois se diluer dans le soulagement d'en avoir fini. La fatigue n'est jamais pure, elle comporte ce soupçon de bile qui teinte la joie des aboutissements, la peur du silence qui suit les activités intenses. Les lundis matin sont souvent difficiles pour les coureurs. On a passé plusieurs semaines dans l'agitation et le bruit, on s'est jeté à l'assaut des pentes dans la foule fournaise, on traversé avec les autres d'interminables paysages striés par la pluie silencieuse, on s'est engouffré à pleine vitesse dans l'ombre menaçante des tunnels de montagne et des sous-bois, entre les barrières métalliques de la dernière ligne droite, et puis plus rien. Lundi, à la maison, la solitude et ses acouphènes. Chez les parents lorsqu'on est jeune, puis chez soi. Une épouse qui a manqué, mais dont ni la voix ni l'étreinte ne comble l'incomblable.
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Pas un objet du quotidien n'échappait au grand imaginaire du cyclisme qui, comme toute religion, met la vie en exercice jusque dans ses recoins les plus intimes. Manger, dormir ou déféquer, mais toujours comme un coureur. Autour de la table, invariablement chargée de la maigre opulence qui s'incarne en muscle pur - céréales, pâtes, chair blanche de volailles et de poisson, eaux gazeuses -, les conversations ne concernaient parfois que la nourriture. Manger et le dire. Se nourrir en évoquant l'esprit de la nourriture, porter en paroles le monde à sa bouche. Que devait-il faire disparaître dans l'obscurité vertigineuse des entrailles pour s'éveiller plus fort chaque matin, et marcher vers ce glorieux avenir dont personne ne le laissait jamais douter ?
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