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Katia Holmes (Traducteur)Joseph O'Connor (Préfacier, etc.)
EAN : 9782752900173
288 pages
Phébus (03/09/2004)
3.71/5   173 notes
Résumé :
Hugo Hamilton
Sang impur

Issue de l'union d'une Berlinoise antinazie avec un nationaliste irlandais, une portée de gamins grandit dans les quartiers misérables du Dublin des années 1960. Talochés par un père dont les échecs affligent toute la famille, les petits Hamilton essuient au dehors les insultes du voisinage. Mais auprès de leur douce mère, Hugo, Franz et Maria apprennent le bonheur d'être en vie, de s'aimer et de se serrer fort contre l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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La vie n'est pas simple pour Johannes, Franz et Maria, les enfants Hamilton. Il leur faut apprendre l'anglais, la langue de leur père puis l'allemand, la langue de leur mère et encore le gaélique, la langue que leur père, un irlandais nationaliste, tient ardemment à sauver de l'oubli . Engagé dans une guerre linguistique anti-britannique, il utilise ses enfants comme une arme destinée à la préservation de la culture irlandaise. Les petits ont l'interdiction formelle de prononcer le moindre mot anglais à la maison sous peine de sévères corrections. Leur mère est une femme douce qui a la nostalgie de son pays natal. Elle en parle beaucoup à ses enfants, elle chante et leur raconte des histoires en allemand. Elle fait rentrer un peu de son pays en se faisant envoyer des livres, des vêtements et des jouets par sa famille.
Dans ce contexte culturel compliqué, les petit Hamilton se sentent bizarres, différents des autres gamins. Ils sont des "brack people ", des bigarrés à double identité à l'image de leur tenue vestimentaire: lederhosenen en bas et pull-over à torsades en laine d'Aranen en haut.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire racontée par un enfant d'une dizaine d'années qui n'est autre que l'auteur lui même. Les tournures volontairement maladroites pour correspondre à l'âge du narrateur contrastent trop étrangement avec le réseau complexe d'allusions à la littérature, la politique et l'histoire. La sensation est désagréable mais disparaît rapidement pour laisser place au plaisir de découvrir cette famille pas ordinaire.
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Très beau récit d'enfance irlandaise, largement autobiographique, couronnée du prix fémina étranger en 2004, et que j'ai lu il y a déjà plusieurs années, mais dont je reparle à l'occasion de ma future rencontre avec l'auteur dans le cadre des prochaines assises du roman qui auront lieu fin mai sur Lyon.

Vue décapante d'une famille pas comme les autres dans le Dublin un peu miséreux des années 50, l'enfance d'Hugo Hamilton, tiraillé entre un père violent qui accumule les échecs, et une mère allemande antinazie et si aimante.

Drole, cocasse, parfois tragique, intense, et plein d'espoir, un de ces nombreux très beaux livres irlandais, qui prouvent la diversité et la qualité de la littérature irlandaise.
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Véritable coup de coeur que ce livre , l'auteur nous fait partager son enfance atypique entre un père irlandais , sans concessions , qui oblige ses enfants à parler Irlandais ( il faut savoir que la langue irlandaise est très peu parlée et que le fait de ne parler que cette langue marginalise les enfants ) et d'autre part une mère allemande , dans le contexte de l'après seconde guerre mondiale . Une mère vue bien sûr comme une étrangère , mais aussi comme une ennemie de la communauté irlandaise , et voilà l'auteur et son frère ballotés dans des querelles qui les dépassent , mais qui arrivent à trouver un peu d'amour dans leur enfance grâce à leur mère . Un très beau témoignage , sur l'enfance des années après-guerre.
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Dans cet excellent roman autobiographique Hugo Hamilton raconte son enfance en Irlande, à Dublin, dans les années 50 et 60. Une enfance partagée entre trois langues et trois cultures.

Celles de sa mère, une Allemande issue d'une famille antinazie. Venue en Irlande pour un pèlerinage après la guerre, elle y a rencontré son mari. C'est une femme chaleureuse qui confectionne de nombreux gâteaux, une femme dont sa jeunesse dans l'Allemagne nazie a fait une non-violente qui pense que les conflits doivent se régler par la parole et non par le poing.

Celles de son père, nationaliste irlandais qui interdit à ses enfants de parler Anglais et qui a renié son père, marin dans la marine britannique qui ne parlait pas un mot d'Irlandais. C'est un homme qui parle du pouvoir de la parole pour convaincre les Irlandais de parler leur propre langue et qui n'hésite pas à utiliser le poing quand ses enfants profèrent un mot de la langue des colonisateurs.

Celles de la rue où l'on parle majoritairement Anglais. Où les autres enfants se moquent des petits Hamilton qui ne sont pas comme eux, que l'on traite de nazis parce qu'à moitié Allemands.
Mais cette Irlande où l'on tape sur des enfants accusés des crimes du nazisme c'est aussi celle où la mère peut s'entendre dire : "Bien joué les Allemands, pour la sacrée belle raclée que vous avez flanquée aux British ! Bien joué pour ça au moins, Hitler !"

Hugo a du mal à se situer au milieu de tout cela. Il est conscient de sa différence et aimerait parfois être un enfant comme les autres cependant il s'aperçoit qu'il n'arrive pas à renier les valeurs qui lui ont été inculquées.

Le livre est très bien écrit dans un style d'une apparente simplicité qui restitue les sensations de l'enfance, mêlant réalité et imagination. le jeune Hamilton apparaît comme un garçon intelligent et attachant.

Des extraits de l'oeuvre :
"Comme ça, on a eu un ami pour la vie. On a appris à nager et à plonger et, pendant tout l'été, on est allé à la piscine municipale tous les jours. On a économisé et on s'est acheté des lunettes de plongée pour pouvoir aller sous l'eau et faire des concours pour repêcher des pennies au fond de la piscine. On jetait la pièce au fond du grand bassin et on la regardait tourner pendant qu'elle s'enfonçait dans l'eau et qu'elle disparaissait. Après, on plongeait pour la chercher sous l'eau et là il n'y avait pas de langue, juste des bulles qui bourdonnaient tout autour de nous. On se chronométrait chacun son tour pour voir qui pouvait tenir sous l'eau le plus longtemps et je gagnais presque toujours parce que je pouvais rester là jusqu'à ce que mes poumons éclatent presque,quand je risquais de mourir et que j'étais obligé de remonter pour retrouver des mots. J'étais champion du pas-respirer. Des fois, on descendait tous les trois ensemble et on se serrait la main. On avait l'impression qu'on pourrait vivre là en bas, juste assis au fond de la piscine à se faire des signes. Quand on ressortait de l'eau, on avait les genoux violets, les mains violettes, les lèvres violettes. Et on claquait des dents. Et puis, c'était l'heure de rentrer à la maison et on s'achetait du chewing-gum. Noel trouvait qu'il avait encore de l'eau dans une oreille et il devait se pencher d'un côté pour la laisser se vider, comme une cruche. On était amis pour la vie et on rentrait à la maison avec nos serviettes autour du cou, on tapait nos maillots de bain sur les murs et ils laissaient des traces, comme des signatures sur tout le chemin. On attendait d'arriver au dernier réverbère avant d'arrêter de parler anglais."

"Mrs Robinson a écarté ses voilages et regardé vers moi, de l'autre côté de la rue, je lui ai fait signe mais elle ne m'a pas vu à travers le brouillard. Des fois, elle nous laisse regarder la télévision chez elle et je connais l'odeur de sa maison. Ca sent différemment dans chaque maison : avec certaines odeurs, on se sent tout seul ; avec d'autres, on se sent chez soi. La maison de Miss Tarleton, elle a une odeur de serre et de chou bouilli ; chez Miss Hosford, ça sent comme chez le pharmacien. La maison de Miss McSweeney sent le caramel et le cirage. L'appartement de Miss Doyle, à l'étage, sent toujours les beans on toast. Chez Miss Ryan, ça sent la lessive et le repassage, avec aussi une petite odeur de réglisse ; et chez Miss Brown, on dirait un mélange de savon, de fumée de cigarette et de l'odeur qu'il y a derrière un poste de radio qui marche depuis un moment. Je ne sais pas ce qui rend l'odeur de chaque maison si différente mais chez nous, ça sent comme être heureux et avoir peur. Chez notre ami Noel, ça sent comme quand personne ne se met jamais en colère, parce que son père est médecin, que sa mère ne crie jamais et qu'ils ont un chien. La maison de Tante Roseleen sent la limonade rouge, et chez Onkel Ted ça sent comme dans un autre pays, comme dans la maison à la porte jaune et à la crème anglaise, là où on se languit toujours d'être chez soi."
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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La vie d'une jeune gamin, l'auteur, dans les années 50-60, dans une Irlande de plus en plus anglaise, de moins en moins irlandaise! Un gamin balloté entre, d'une part, son père violent, farouche nationaliste, défenseur de la langue et de la culture irlandaise, toujours à la recherche d'idées nouvelles, de coups plus ou moins tordus pour accroître les ressources du ménage...un homme toujours en échec, et, d'autre part, sa mère qui l'aime, un mère douce, d'origine allemande, qui a la nostalgie de ses origines et de son pays mais antinazie. Une origine qui lui colle à la peau et qui pèse encore quelques années après la fin de la guerre. Une origine qu'elle ne veut pas oublier et dont elle garde la nostalgie. Au contraire, elle en parle souvent à ses enfants, leur chante des chansons ou leur raconte des histoires dans sa langue natale, faisant ainsi de cette Allemagne une seconde patrie
Les parents ont interdit aux enfants de prononcer la moindre parole en anglais, sinon ils sont punis.
La mère a conservé des liens avec sa famille qui lui envoie des vêtements, des jouets, et des livres.
Du fait de la proximité de la guerre le gamin et ses frères sont confrontés à des réactions racistes, à des insultes du voisinage, à des mises à l'écart de la part des autres gamins de leur âge...un récit autobiographique touchant et émouvant
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Je sais qu'ils ne veulent pas de nous ici. Je peux les voir passer de la fenêtre de la chambre des parents, ils viennent du terrain de football qui est près de notre rue et ils redescendent vers les magasins. Ils ont des bâtons, ils fument des mégots de cigarette et ils crachent par terre. Je les entends rire. C'est juste une question de temps : on sera bien obligés de sortir et ils seront là à attendre. Ils découvriront qui on est. Ils nous diront de repartir là d'où on vient.
On n'a rien à craindre, dit mon père : nous sommes les nouveaux Irlandais. Pour partie originaires d'Irlande, pour partie d'ailleurs - mi-Irlandais, mi-Allemands. Nous sommes les gens tachetés, il explique, les brack people, 'les bigarrés'. Un mot qui vient de la langue irlandaise, du 'gaélique' comme ils l'appellent quelquefois. Mon père a été instituteur à un moment donné, avant de devenir ingénieur, et brack est un mot que les Irlandais ont apporté avec eux quand ils sont passés à l'anglais. Ca veut dire tacheté, pommelé, chiné, moucheté, coloré. Une truite est brack, un cheval tacheté aussi. Un barm brack est un pain avec des raisins dedans - un nom emprunté aux mots irlandais bairin breac. Ainsi, nous sommes les Irlandais tachetés, les Irlandais bigarrés. Un pain brack irlandais maison, truffé de raisins allemands.
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Peut-être que votre pays, c'est juste un endroit que vous vous fabriquez dans votre tête. Un truc qui vous fait rêver et chanter. Ce n'est peut-être pas du tout un endroit sur la carte, mais juste une histoire pleine de gens que vous rencontrez et de coins où vous allez, pleine de livres et de films que vous avez vus. Je n'ai pas peur d'avoir le mal du pays et de ne pas avoir de langue dans laquelle vivre. Je ne suis pas obligé d'être comme n'importe qui d'autre. Je marche sur le mur, Walk on the wall, et personne ne peut m'arrêter.
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D'abord, vous mélangez le beurre et le sucre. Vous devez tourner fort, ma mère explique, mais ensuite il faut y aller tout doux parce qu'on ne veut pas faire un gâteau malheureux. Si vous êtes en colère quand vous faites un gâteau, il n'aura le goût de rien. Vous devez traiter les ingrédients avec respect et affection. On soulève le mélange et on y glisse l’œuf battu comme une lettre d'amour dans une enveloppe, elle dit en riant fort. On laisse entrer des baisers d'air dans la farine et on tourne dans un seul sens, sinon les gens sentiront le goût du doute...
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- Ils veulent faire croire à tout le monde qu'ils sont innocents. Alors ils traitent les autres de nazis, aussi souvent qu'ils le peuvent. C'est partout pareil, dans le monde entier.
Elle m'a caressé le front. Ce que racontaient les gamins devant la boutique, ce n'était pas important. Si j'étais un vrai nazi, je le saurais. On arrive peut-être à cacher des choses aux autres en pointant le doigt ailleurs, mais des trucs pareils, on ne peut pas se les cacher à soi-même. Ce qui compte, c'est ce qu'on a dans la tête.
- Mais ça ne va pas les arrêter.
- Tu ne peux pas les arrêter, elle a dit. Tu ne peux pas passer ton temps à raconter au monde entier ce que tu n'es pas. Ce serait ridicule. (p. 114-115)
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L'odeur de café et de gâteau, c'est comme un signe de bienvenue chaleureux, comme prendre quelqu'un dans ses bras. Votre invité, il aura envie de monter droit au lit pour se pelotonner avec le gâteau. Et quand on sert le gâteau, il faut le couper sans le toucher. Il faut le servir avec autant d'affection qu'on a mis à le faire, avec la pelle en argent qui est dans la famille depuis des générations. Le gâteau doit se présenter sur l'assiette comme s'il n'avait jamais été touché par une main humaine. (p. 106)
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