Presque trente ans de poésie inscrite au creux de la chanson, du blues, du jazz et du rocailleux.
Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/03/03/note-de-lecture-la-musique-des-mots-arthur-h/
De son premier album, simplement intitulé «
Arthur H », en 1990, à son avant-dernier en date, « Amour chien fou », en 2018, le chanteur jazz, blues et rock invente des musiques entêtantes et des paroles qui ne le sont pas moins. La collection Points Poésie qui, bien avant le prix Nobel de littérature de
Bob Dylan en 2016, considérait déjà depuis longtemps que certaines autrices et auteurs de chansons (à l'image de
Leonard Cohen, Yves Simon,
Georges Brassens,
Lou Reed ou
Léo Ferré, dans la même collection) figurent bien, quoi qu'en pensent à l'occasion les grincheux, au coeur de ce que produit
la poésie contemporaine (ce que nous avions déjà évoqué sur ce blog à propos, notamment, de
Till Lindemann, de
Benoît Pinette, ou de Nina Hagen), nous offrait ainsi cette intégrale des chansons d'
Arthur H en septembre 2018 (excluant donc de facto le tout dernier album en date, « Mort prématurée d'un chanteur populaire dans la force de l'âge », sorti en 2021). Traitant des textes écrits par l'auteur, le recueil n'incluait donc logiquement pas les deux magnifiques anthologies poétiques réalisées avec le complice
Nicolas Repac, «
L'or noir » (poésie antillaise, 2012) et « L'or d'Éros » (poésie amoureuse, 2014), que je vous recommande néanmoins plus que chaleureusement (les interprétations du «
Cahier d'un retour au pays natal » d'
Aimé Césaire dans l'une et du « Prendre corps » de
Gherasim Luca dans l'autre valent à elles seules le détour).
Porteur continu de cette formidable gouaille douce-amère de l'authentique bluesman (que magnifie bien entendu sa profonde voix rocailleuse dès que le son s'en mêle),
Arthur H enchaîne les déclarations d'amour et les ironies subtiles, les rages portuaires et les jeux de mots à cibles multiples, les échappées discrètement fantastiques et les vertigineux comiques de situation. de « Bachibouzouk » (1992) à « Soleil dedans » (2014), en passant par « Trouble-fête » (1996), « Pour Madame X » (2000), « Négresse blanche » (2003), « Adieu tristesse » (2005), « L'homme du monde » (2008) et « Baba love » (2011), c'est bien à un joyeux festival de la grande « Musique des mots » que nous sommes ici conviés. Si la tendresse y est souvent acérée et si le miel y dédaigne rarement le vinaigre, si les prénoms féminins (et même parfois masculins) peuvent secréter ici autant de rêves bleus que de farces mordantes, si à l'occasion le Général de Gaulle peut même s'inviter en une scène que ne renierait peut-être pas le
Vladimir Sorokine du « Lard bleu », le battement fondamental du jazz n'est jamais très loin, quand il n'éclate pas directement dans le choix des images et le rythme des sons choisis avec minutie. Et c'est ainsi que
la poésie, bien vivante et délurée, se fraie toujours de multiples chemins parmi nous.
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