« L'amour ……une prison qu'on se bâtit soi- même »….
« Elle se sentait seule , désemparée perdue. Alors, pour se venger ,elle commençait à remuer dans sa tête des pensées secrètes , abominables …. »
« La physionomie humaine est faite ainsi de mille petits riens à peine perceptibles , excessivement subtils et ténus , absolument insignifiants … »
« Elle se riait d'elle - même avec une honte délicieuse » ..
« Sans la lecture , elle serait tombée malade d'ennui. Les livres remplaçaient pour elle la vie réelle » .
Quelques extraits de ce petit bijou vibrant de passion contenue——roman de formation——- de haine irraisonnée , sauvage , de rancoeurs jamais assouvies , de douleurs infinies doublées d'un drame horrible ….
C'est l'histoire de l'auteure qui sous couvert de la fiction , dissèque avec un talent immense, un sens aiguisé de la dérision et de la psychologie des âmes , toutes les ambivalences , ambiguïtés de sa relation avec sa mère ..
L'enfant humiliée deviendra romancière …
Le lecteur l'apprend dans la préface écrite par
Olivier Philipponnat.
Dans le Paris des Années Folles, Gabri , onze ans , et sa petite soeur sont livrées à elles- mêmes .
Leur mère court les cabarets . Leur père , Bragance , toujours absent pour ses affaires est ensuite mobilisé . À son retour de la guerre l'équilibre familial pourrait être restauré mais …..
Ici , Irène devient Gabri, à la première enfance si misérable, dans l'appartement de la rue d'Armaillé dont un drame horrible avait transformé l'enfant joyeuse qu'elle avait été en « une manière de petite vieille , désenchantée, silencieuse , en proie encore à cette demi- hallucination qui suit la mort de ceux qu'on aime » …
Puis , plus tard s'éveille la jeune fille de dix-sept ans, armée de toute la violence confuse de l'adolescence , contre une mère indifférente , égoïste ,hypocrite , doucereuse , cette « PETITE Mère, occupée seulement et exclusivement d'elle -même .
Une vieille coquette sur le déclin aux prises avec son dernier amour …..
N'en disons pas plus ….
La haine , abominable , le défi, la colère , le désir, l'ironie mordante , la détresse , la bouderie affleurent à chaque page.
L'auteure n'a pas son pareil pour dresser un portrait à charge , tisser habilement , des descriptions , des portraits au petit point de la société déboussolée des années folles .
Elle renaît sous sa plume agile, cruelle , fine , sensible à l'extrême , cette « petite mère » nommée Francine: dédaigneuse ,défaillante , à la recherche de légèreté , distraite , inconséquente ……
Ce conte cruel, biographie déguisée , suit le terrible apprentissage par Gabri d'une féminité naissante et d'une solitude irréductibles , à l'ironie mordante , où bientôt le visage de l'être tant détesté devient au plus haut point haïssable que ces traits se confondent peu à peu avec les siens .
Cette satire cruelle et féroce , drolatique, dense , électrique ,un peu excessive paraît en1928 , en trois parties sous un pseudonyme .
Rappelons que l'auteure ,née en1903 mourra à Auschwitz en 1942 .
J'ai lu énormément de livres de cette auteur depuis
Suite francaise :
Le-Bal,,
le vin de solitude, Jesabel, Chaleur de sang ,
La proie ,
le maître des âmes … achetés en poche mais je ne connaissais pas celui - là , déniché chez mon libraire …
Merci à lui !