Si l'auteur construit, comme annoncé par l'éditeur, ses poèmes sur les débris de son enfance, alors cette enfance n'a visiblement pas été bercée par les fées.
La violence peut être écrite dans le sang et les viscères. Tel est l'apanage des auteurs de thrillers.
Elle peut aussi survenir de façon beaucoup plus insidieuse et terrible, voire inattendue dans la poésie. Et vous envoyer une claque d'autant plus forte qu'elle vous abandonne à vos propres images.
Mais qui imagine encore que poésie rime exclusivement avec douceur et miel ?
Aux antipodes du doux Bobin, voici donc
Nicolas Giral. Douleur et fiel.
Ici, la violence sourd de chaque phrase, sans répit.
Qu'on en juge :
« Au nombre des miens, personne. D'ailleurs non plus moi-même. Je descends d'une généalogie minérale. »
« Je suis né d'un désert »
« La vie s'apparie avec le cercle des morts Nous occupons un espace vide et dépecé Peut-être faut-il relancer les dés Car une femme saisit la main du fou »
A la première lecture c'est une dureté d'acier qui vous saisit.
A la seconde, car il en faut toujours de multiples avec la poésie, c'est moins âpre. Et on arrive alors à se laisser bercer par les mots mais sans lâcher la rampe de peur que les chiens nous déchirent et que les hurlements nous traversent.
Merci à Babelio et à sa géniale Masse Critique et aux Éditions de l'Agneau pour m'avoir permis de découvrir cet auteur.