Après des jours et des jours à planer, des jours sur un petit nuage, à me dire que ma carrière était lancée, tu imagines aisément ce que j'ai ressenti. On dit que la déception est toujours à la hauteur de l'espoir.
Elle a été gigantesque, infinie. Une chute brutale.
On dit que la déception est toujours à la hauteur de l'espoir. Elle a été gigantesque, infinie. Une chute brutale.
Ils ont pourtant cherché. À comprendre qui je suis, ou plutôt ce que je suis. Ce psychopathe, ce malade mental. Irresponsable, ont-ils affirmé. En êtes-vous sûrs, mesdames et messieurs les psychiatres ?... Facile de les berner, ceux-là! Ils s'attribuent le pouvoir de pénétrer ton esprit, de farfouiller dedans comme dans les rayons d'un supermarché. Sauf que personne ne peut jamais deviner ce qu'il y a dans la tête de l'autre. Déjà dur de savoir ce qu'il y a dans son propre cerveau... !
La nuit nous prépare à la mort, à doses homéopathiques ; un granule tous les soirs.
Sur son chemin, un homme. Allongé par terre, sur un carton. Avec, pour seule compagnie, une bouteille de vin presque vide. En passant, elle lui jette un regard. Alors que lui ne la voit pas. Normal, il fixe le mur du cimetière.
Il va sans doute crever de froid cette nuit.
Mourir, dans l'indifférence générale.
Tous coupables. Tous.
Pourtant, aux yeux de la loi, personne ne sera condamnable.
Personne.
Voilà le crime parfait.
Celui où l'on n'a aucun remords...
Souffrir et faire souffrir, il n’existe rien d’autre.
Deux meurtres sur la conscience. Un homicide involontaire, un assassinat.
Ce crime parfait, parfaitement insupportable.
Ce dangereux psychotique apprivoisé par une gamine de six ans ?
Un monstre, voilà ce que je suis. Tout ce que je peux être.
Voila ce qu’elle ne peut aimer. Ce que personne ne peut aimer.
Alors, détestez-moi.
Le sommeil, ainsi que la mort, on ne peut pourtant qu’y plonger seul.
J’aime votre peur.