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3,87

sur 1008 notes
C'est la deuxième fois que je lis un roman de Romain Gary. La vie devant soi m'a tellement émue que j'étais vraiment effrayée à l'idée d'ouvrir un autre livre de cet auteur et de me prendre une baffe romanesque en pleine face (pardonnez mon langage)

J'ai pris mon courage à deux mains car il serait bien bête de ne pas lire ces grands auteurs de peur de l'impact qu'ils pourraient avoir sur nous.

Clair de femme est un livre plein de douceur et de douleur. L'écriture marie délicatesse et force, à l'image des deux protagonistes de l'oeuvre.

Michel et Lydia se rencontrent au détour d'une rue, à partir d'un moment de vie on ne peut plus banal et leurs douleurs respectives les feront s'accrocher l'un à l'autre le temps d'une nuit.

Le sujet du livre est délicat : comment continuer à vivre après la perte d'un être profondément aimé. Lydia vit depuis quelque temps dans cette situation, Michel lui le découvre ce soir là. En côtoyant Lydia, Michel cherche à fuir ce qu'il ne peut changer tout en restant près de la personne qu'il aime plus que tout, reconstruisant son couple à travers Lydia.

Niveau relationnel, la situation de Michel et Lydia, aussi émouvante soit-elle, est empreinte de malaise, de fuite et de compréhension. Comment accepter ce que demande Michel ? Michel ne veut que le bonheur, refusant de s'apitoyer sur sa douleur. Lydia a peur de bafouer la mémoire des êtres disparus, s'empêchant de vivre pleinement, sauf pour Michel cette nuit là. Si ces deux personnages peuvent se soutenir le long d'une nuit, ils ne pourront pas s'entre-aider, la demande de l'un ne correspondant pas au besoin de l'autre.

Un très beau livre sur le deuil, sur l'amour, sur la construction personnelle. le sujet m'a énormément surpris et il est assez difficile de résumer un tel livre. Voilà un vrai écrivain, sachant manier les belles phrases et les beaux sujets.
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Mon coup de foudre pour la plume de Romain Gary remonte à plusieurs années. Je me suis délectée de la plupart de ses oeuvres.

Avec "Clair de femme", Romain Gary signe un roman étrange. Deux êtres désespérés se rencontrent à un moment tragique de leur existence. Leur désarroi les attache l'un à l'autre et vont les unir. Michel, homme sensible, est rongé par le malheur et les souffrances de sa femme, Yannik. Mourante, elle n'a plus qu'une seule volonté faire perdurer leur amour et le lien qui les unit. Yannik lui a fait promettre de continuer à l'aimer même si c'est au travers d'une autre femme : " La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer ".

Michel fait alors la connaissance de Lydia. Tout comme lui, elle est en proie à une grande souffrance. Elle a perdu sa fille dans un grave accident de voiture et son époux est resté gravement handicapé. Ils vont tenter ensemble de survivre et de combattre la solitude qui les ronge.

Au-delà de cette toile de fond tragique, Romain Gary dissèque le couple. Avec ironie, il nous offre une vision éclairante de cette entité particulière et hybride qu'on nomme le couple, ce qui le construit et le fait vivre au travers du temps.

J'ai aimé la plume de Romain Gary et toute la finesse de cet ouvrage même s'il ne m'a pas transportée. Je suis sortie de ma lecture avec un sentiment mitigé. Ainsi, le fil narratif demeure parfois confus et redondant même si de nombreux passages sont littéralement magnifiques.
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Ce furent les 178 pages les plus longues de ma vie...

C'est l'histoire de deux êtres abîmés par l'amour et qui tentent de se reconstruire mutuellement. Michel vient de perdre sa femme, emportée par un cancer, tandis que le mari de Lydia n'est plus exactement le même suite à un grave accident de voiture.

Comme le dit la quatrième de couverture, ce roman met en avant la «troisième dimension de l'homme et de la femme: le couple». L'idée de départ est bonne; l'histoire met en scène deux personnages un peu hagards, déboussolés par la perte un être cher. Malgré tout, ils veulent continuer à vivre et à aimer: «la plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer» dit Yannick à Michel avant de disparaître. C'est comme ça que Michel est parti chercher du réconfort dans les bras de Lydia, et vice versa. «Je te demande d'être à mes côtés dans la profanation du malheur ».

Le roman aborde plutôt bien cette idée de « troisième dimension de l'homme et de la femme » qu'est le couple. Et ça aurait pu me plaire, sauf que voilà, moi qui ne suis pas vraiment regardante en ce qui concerne le style d'écriture, dans le cas de Romain Gary, c'est ce qui m'a le plus... agacée. Au fil des mots, j'avais l'impression qu'il cherchait toujours le beau, la bonne formulation, comme s'il cherchait à dire les choses de manière grandiose, avec les bons et beaux mots.. Je trouve que les dialogues et l'écriture manquent de naturel. Clair de femme aurait pu être plus séduisant avec un peu plus de simplicité.

Certes, ce livre fait réfléchir et fait se poser des questions, mais malgré quelques passages et citations qui m'ont fait sourire, je suis tout de même assez déçue de cette lecture. Ça arrive.
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Tendre et nostalgique, Romain Gary nous entraine sur les tristes chemins de la douleur et de la séparation. Intime et lumineux, son livre regorge d'images, de visages et de sentiments gravés tendrement à l'encre d'une nostalgie sourde... Tout en nuances, Clair de femme rend le plus beau des hommages à la vie, à l'amour et au couple. Une découverte pleine de charme et de tendresse. Une pluie nostalgique d'une beauté fascinante... A découvrir !
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Au commencement…
Michel Follain voit son épouse emportée par le cancer et lui fait la promesse de continuer à aimer, malgré tout. Alors qu'il erre seul avec son désespoir, Michel croise par hasard le chemin de Lydia. Lydia Towarski qui, de son côté, vient de perdre sa fille dans un accident ayant de surcroit rendu son mari aphasique. Michel et Lydia, deux solitudes naufragées dans un monde grotesque, dont la rencontre permettra peut-être d'alléger leurs chaines de la fatalité et de la culpabilité.

Ce que j'en retiens…
Une lecture exigeante, voire même parfois énigmatique, mais qui, au fil des pages, emmène vers une beauté mélancolique à la hauteur des espérances humaines soulevées. L'humour ironique de Romain Gary et quelques scènes cocasses (Señor Galba et ses animaux, Michel et la belle-famille de Lydia, …) apportent des moments bien nécessaires de dérision et d'absurde légèreté dans cette esquisse de la condition humaine, dont toute la gravité découle ici du couple, des séparations et des rencontres.

Une citation soulignée...
« Vous avez vu dans la rue de très vieux couples inséparables qui se soutiennent en marchant ? C'est ça, la part du feu. Moins il reste de chacun, et plus il reste des deux… »

Autour du roman…
Adapté très fidèlement au cinéma en 1979, par Costa-Gravas, avec Romy Schneider et Yves Montand dans les rôles principaux.
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Clair de femme/Romain Gary
Michel Folain, commandant de bord à Air France et Lydia viennent de connaître tous deux une « rupture » d'avec l'être aimé, deux « ruptures » différentes que je ne dévoilerai pas pour respecter le roman.
Leur rencontre inopinée et assez improbable va mettre un terme apparent à leur solitude toute récente.
« Il ne suffit pas d'être malheureux séparément pour être heureux ensemble. Deux désespoirs qui se rencontrent, cela peut bien faire un espoir, mais cela prouve seulement que l'espoir est capable de tout. »
Avec un humour décalé et dérision, Romain Gary nous offre ici un récit décapant tout plein de tendresse et de dénuement. Plagiant Lamartine pour tourner en dérision la sollicitude de l'entourage :
« Un seul être vous manque et tout est surpeuplé… »
Quel style magistral, original, alerte et riche pour nous entrainer dans les méandres de cette rencontre ou pour décrire un personnage.
« Je ne portais pas ma tenue de commandant de bord, mais j'avais toujours su garder, aux yeux des passagers et de l'équipage, l'ai tranquille de celui qui a charge d'âme et qui a l'habitude de revenir de loin. J'avais le physique, comme on dit : des épaules solides et un regard bien ancré. »
Et encore ce passage sublime :
« Nous avions besoin d'oubli, tous les deux, de gîte d'étape, avant d'aller porter plus loin nos bagages de néant. Il fallut encore traverser le désert où chaque vêtement qui tombe, rompt, éloigne et brutalise, où les regards se fuient pour éviter une nudité qui n'est pas seulement celle des corps, et où le silence accumule ses pierres. Deux êtres en déroute qui s'épaulent de leur solitude et la vie attend que ça passe. Une tendresse désespérée, qui n'est qu'un besoin de tendresse…Ce que nous avions de commun était chez les autres mais nous unissait le temps d'une révolte, d'une brève lutte, d'un refus du malheur…Un refus de s'aplatir sous les roues, d'ainsi soit-il. Je sentais ses larmes sur mes joues. J'ai toujours été incapable de pleurer et c'était un soulagement qu'elle m'offrait. Dès qu'il y eut, chez elle, regrets ou remords, chute, gêne et culpabilité, elle se leva…Je ne m'étais encore jamais vu un tel intrus, dans un regard de femme. »
En peu de mots il nous dit beaucoup sachant à merveille manier le paradoxe :
« J'ai connu tant de femmes, dans ma vie, que j'ai pour ainsi dire toujours été seul. Trop, c'est personne. »
Et le burlesque de certaines situations et de certains dialogues, notamment avec le señor Galba, un personnage haut en couleur, ne fait qu'exacerber paradoxalement le sentiment de solitude qu'éprouve chacun des deux protagonistes.
La poésie aussi pour Romain Gary est une arme pour exprimer la solitude et la détresse :
« Mouettes et corbeaux, cris, déchirements, derniers instants, une place en Bretagne, ton front à mes lèvres, éclair de femme, et des paupières lourdes qui luttent pour ne pas choir comme tant d'autres boucliers. »
Une poésie qui parfois côtoie le délire verbal et même le délire tout court avec une mise en scène empreinte de dérision de situations complètements loufoques, inattendues et tragiques.
Quand l'humour est caustique cela donne : « Tout le monde aujourd'hui exige d'être heureux…même les Juifs ! Nous les vieux, nous avons appris… » (Rappelons que Romain Gary de son vrai nom Roman Kacew était d'origine juive ashkénaze.)
Il y a beaucoup d'émotion également dans ce récit dont les deux personnages principaux racontent avec pudeur leur histoire.
Et quelques belles phrases : « Aimer est une aventure sans carte et sans compas où seule la prudence égare… Une femme, un homme -- et voilà qu'un coup de dés abolit le hasard. »
Peu à peu au fil des pages la vérité se fait jour mot après mot de ces « ruptures » où une destinée inéluctable entre en jeu et Romain Gary distille goutte à goutte l'amour.
Ce sublime roman est un véritable hymne à l'amour, un magnifique épithalame.
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Une fois encore Romain Gary m'a à la fois émue et enchantée…

Le narrateur, Michel, nous raconte la nuit où Yannick, la femme qu'il aime passionnément et à laquelle le lie une relation fusionnelle, a décidé de se donner la mort avant que le cancer qui la ronge ne la réduise à une longue agonie, puisqu'elle a "trop le goût de la plénitude pour accepter de lécher les restes dans l'assiette". Elle a souhaité le faire seule, pour laisser à Michel le seul souvenir des belles choses, et l'a, surtout, exhorté à trouver une autre femme, une soeur inconnue avec qui faire vivre la part d'elle qui l'habite, prolonger la jouissance de ce bonheur dont ils étaient à la fois les acteurs et les réceptacles, et envers lequel ils sont redevables, car "la plus cruelle façon de l'oublier serait de ne plus aimer". Il s'agit d'entretenir la flamme de leur passion pour sauver ce qu'ils ont été de plus beau, de faire survivre non pas tant Yannick que l'idée même de l'amour, de ne pas briser l'élan qui les a unis, portés, d'en faire profiter une autre pour le garder vivant, et en même temps de sauver Michel qui, elle le sait, ne pourra pas vivre sans elle.
"Dépense-moi, donne-moi à une autre."
Aussi, lorsqu'il tombe, littéralement, sur Lydia, qu'il bouscule en sortant d'un taxi, et devine à son regard la détresse qui la hante, il s'accroche à cette femme elle-même dévastée par la mort récente d'un enfant dans un accident, dont son mari a quant à lui gardé de lourdes séquelles psychiatriques.

Au cours du périple nocturne empreint d'un désespoir fébrile qui s'ensuit, Michel et Lydia se rapprochent, confrontent leurs douleurs, lui presque exalté par la grandeur de la mission que lui a confiée Yannick, elle circonspecte et triste face à l'étrange contrat que lui propose Michel, refusant de n'être que la dépositaire du souvenir d'une autre, estimant que c'est trop haut pour elle, cette "haute lutte, sorte de combat sauvage pour l'honneur humain", par moments tentée par l'échappatoire que laisse entrevoir le fou projet de Michel, mais trop embourbée dans le prosaïsme de son malheur pour répondre à son ardeur.

L'errance de Michel dans la nuit parisienne nous fait aussi croiser dans un cabaret un curieux Señor Galba, artiste et malade en sursis dont le spectacle consiste à unir un caniche et un chimpanzé le temps d'un pathétique paso doble, rencontre qui exhausse la dimension à la fois mélancolique et cocasse du récit. Et c'est bien ce qui fait l'immense richesse de ce texte beau et émouvant, cette alliance entre intensité -sans tomber dans le dramatisme- et dérision, entre absurdité et désespoir, l'auteur maniant l'humour comme pour compenser un éventuel excès d'emphase -pourtant inexistant- et replacer ses héros dans le prisme d'une vulnérabilité somme toute humaine, mais que vient faire parfois oublier la grandeur d'émotions qui à la fois les grandissent et les dépassent.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Mon premier Gary et certainement pas le dernier.
J'ai déjà envie de le relire tant c'est riche, beau, puissant et qu'avec une seule lecture, je suis certaine d'être passée à côté de beaucoup de choses.
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Il s'agit d'un livre sur l'amour, sur la mort, sur la vie...une survie à l'amour quand la mort s'en mêle. L'épouse de Michel est condamnée par un cancer qui la ronge. Ne pouvant supporter l'idée que la mort triomphe de leur amour, elle lui demande de trouver une femme et de continuer à aimer : "La plus cruelle façon de m'oublier, serait de ne plus aimé". Michel rencontre ainsi Lydia, une femme elle-même cabossée par la vie : ils forment alors un couple "d'entraide".
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Une très belle histoire magnifiquement incarnée à l'écran par Romy Schneider et Yves Montand.
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