Vaste livre sur la vie et l'oeuvre de
James Joyce. Mon impression dominante est que j'ai trouvé en Joyce un génie tenace. Sans le sou à Trieste, assisté par son frère, il est tellement convaincu que sa littérature est bonne qu'il persiste. Il est malgré tout obligé de travailler à l'école
Berlitz ou dans une banque pour subsister. Les années italiennes sont pour lui des années de disette, de pauvreté matérielle mais de grandeur intellectuelle. Il passe par Zürich pour rejoindre ensuite Paris dans les années 1920 où il rencontre le milieu littéraire :
Sylvia Beach,
Valéry Larbaud qui l'aideront pour éditer
Ulysse. Joyce a vécu les dix-huit premières années de sa vie en Irlande.
C'est ensuite devenu une sorte de juif errant littéraire, constamment à la recherche d'un langage neuf, en but à la censure (aux USA notamment pour la publication d'
Ulysse) et à l'incompréhension (peu de gens comprennent
Finnegans Wake). Ons e demande souvent comment il a fait pour tenir entre sa femme qui ne s'occupe pas de littérature, sa fille – son alter ego et inspiratrice- qui devient folle et ses yeux qui nécessitent plusieurs opérations. Il tient aussi avec l'alcool (on raconte des cuites mémorables) et son incomparable érudition : il parlait plusieurs langues couramment, connaissait la plupart des auteurs anciens et modernes en Europe et il voue un tel culte à
Ibsen qu'il va apprendre le norvégien pour lui écrire.
A chaque nouveau livre, Joyce a un projet littéraire et artistique dans lequel la fascination des mots et du langage entrai en jeu. Il réinventait l'anglais. du très classique
Dubliners, où sont rassemblées des nouvelles centrées sur des moments-clé que Joyce appelle des « épiphanies » jusqu'à
Finnegans Wake, c'est une constante révolution littéraire. Joyce explique simplement ses derniers projets :
Ulysse est le livre du jour,
Finnegans Wake celui de la nuit aussi bien fictive que langagière.
« Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? »
Joyce : « Pour occuper les critiques pendant trois cents ans. »